Notice historique et archeologique sur le prieuré de Voulton, près Provins. - article ; n°1 ; vol.6, pg 331-343
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1845 - Volume 6 - Numéro 1 - Pages 331-343
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1845
Nombre de lectures 10
Langue Français

Extrait

Félix Bourquelot
Notice historique et archeologique sur le prieuré de Voulton,
près Provins.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1845, tome 6. pp. 331-343.
Citer ce document / Cite this document :
Bourquelot Félix. Notice historique et archeologique sur le prieuré de Voulton, près Provins. In: Bibliothèque de l'école des
chartes. 1845, tome 6. pp. 331-343.
doi : 10.3406/bec.1845.451835
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1845_num_6_1_45183517. о 13
NOTICE
HISTORIQUE ET ARCHÉOLOGIQUE
SUB LE
PRIEURÉ DE VOULTON
(PRÈS PROVINS).
Dans un des précédents volumes de ce recueil, en publiant une
notice sur le prieuré de Saint-Loup de Naud (1), dont les auteurs
du Gallia Christiana n'ont point parlé, j'avais cherché à démontrer
qu'il n'était pas sans utilité et sans intérêt de compléter le ta
bleau de notre France religieuse. Ce petit travail historique et
archéologique était un spécimen de la forme, des dimensions,
de l'esprit dans lequel, suivant moi, devraient être faites de sem
blables monographies. J'offre aujourd'hui à mes anciens lecteurs
l'histoire d'un autre prieuré, conçue sur le même plan que la pré
cédente, et pour laquelle je demande la indulgence.
A deux lieues de la ville de Provins , en descendant du côté
du nord la colline qui domine le village de Youlton, on voit
s'élever au-dessus des maisons le clocher quadrangulaire , les
contre-forts et les murailles d'une église. De loin , cette
église paraît entière et intacte, et rien dans son extérieur n'ac
cuse les ravages du temps ni des hommes. Mais , à mesure
qu'on approche, l'illusion diminue. En avant de la façade, est
un étroit cimetière tout plein d'herbe, et au milieu duquel s'é
lève une croix fichée dans un vieux chapiteau renversé. Les
trois portes en bois qui donnent entrée dans l'église tombent
de pourriture, et l'édifice est à l'intérieur un complet déla
brement. Depuis longues années, le temple , vaste et bien
ordonné , ne sert plus aux cérémonies du culte. L'humid
ité a donné aux murs et aux piliers des tons verdâtres ; les
vitres des fenêtres sont brisées, les boiseries et les statues
(1) Bibl. de l'Éc. des Ch., t. II, p. 244. 332
mutilées gisent à terre ; l'éclat des vieux carreaux coloriés a di
spara sous une couche de boue. Il n'y a plus d'autel, il n'y a
plus de bancs pour le prêtre et pour les fidèles absents.
Et cependant, il ne faut pas déplorer trop amèrement cet état
de choses; car il a été beaucoup plus mauvais. Le toit, long
temps resté sans réparation, était ouvert; la pluie tombait dans
les nefs délabrées et les inondait; il semblait que la destinée de
Notre-Dame de Voulton fût ou de s'écrouler bientôt d'elle-
même, ou d'être coupée et défigurée par ceux auxquels la garde
en avait été confiée. Mais des influences intelligentes l'ont sauvée;
on a réparé la toiture, replâtré les piliers, rendu à l'édifice quel
que solidité et quelque chance de durée. Espérons que l'œuvre
de restauration s'achèvera (1).
Avant de décrire l'église de Voulton, je dois tracer l'histoire
du prieuré dont elle était le temple. Les hommes avant les pier
res. A une époque que nous ne saurions préciser, il existait dans
le village de Voulton une petite chapelle dédiée à Notre-Dame.
Au onzième siècle, le nombre des fidèles ayant augmenté sans
doute, les seigneurs du lieu, entraînés par les exemples qu'ils
recevaient du dehors, songèrent à transformer cette chapelle en
église, et à y faire un service régulier. Vers l'an 1087, Raynaud
de Voulton et Odeline, sa femme, demandèrent à l'abbé d'Es-
sones (près Château -Thierry) , et obtinrent de ce chef d'une
communauté importante, un certain nombre de religieux aux
quels ils donnèrent une maison et des revenus ; ils furent ainsi
les fondateurs du prieuré où vinrent s'établir les moines d'Es-
sones. Le nom de ces pieux seigneurs a été conservé dans l'obi-
tuaire du couvent. On y lit : IV0 kalend, octobris, obitus Raynaldi
de Vultuno et domine Odeline, qui dederunt nobis liane ecclesiam,
et decimam, et atrium (2).
L'an 1093, Richer, archevêque de Sens, confirma à l'abbé
d'Essones, du consentement de Raynaud, de sa femme Odeline
et de leur fils Artaud, le droit de nommer les prieurs de Voul-
(1) Tout récemment une souscription vient d'être ouverte pour fournir les fonds
nécessaires à cette restauration.
(2) Répertoire de la fondation et dotation du prieuré fait en 1619 par messire
Jacques Le Fèvre , prieur commendataire (cité par M. Rivot, dans son Histoire
ecclésiastique de Provins , manuscrite, conservée dans la bibliothèque de Provins,
tom. V, p. 497). 333
ton (i). Dans la charte de Richer, donnée sur la demande de
l'abbé d'Essones, l'église de Voultonest appelée Allare quod est
in villa de Vultuno, in радо pruvinensi, in honore sancle Marie
dicatum. Les droits de l'abbé furent de nouveau confirmés en
1 127 par l'archevêque de Sens, Henri Sanglier (2), et dix ans
plus tard par le même prélat, en présence de Guillaume, archi
diacre de Melun, de Sigebaud, archiprètre de Provins, et de Clé
ment, chapelain de Saint- Ayoul (3). Le pape Alexandre III, par
une bulle de l'année 1164, ratifia en faveur de l'abbaye d'Es
sones la possession de tous les biens que ce monastère avait dans
le diocèse de Sens, reconnut sa suprématie sur l'église de Voul-
ton, et plaça le prieuré avec toutes ses dépendances sous la pro
tection spéciale du Saint-Siège (4).
Le prieuré de Voulton une fois institué, diverses donations
en augmentèrent successivement l'importance. Dans des lettres
datées de 1181, Gui des Noyers, archevêque de Sens, raconte que,
pendant un séjour qu'il fit à Provins, Geoffroy, abbé d'Essones,
vint le trouver avec le prieur de la Fontaine-au-Bois , pour le
prier de renouveler en sa faveur des chartes constatant la ces
sion de divers droits et biens faite en 1 107, par Émeiine, noble
dame de Provins, aux frères de la Fontaine de Saint-Ours, qui
paraissent avoir été des moines de Voulton. Cette cession avait
eu pour conditions ut ipsi fratres ad Vullunensem ecclesiam tan-
quam ad caput snum respiciant, et per singulos annos X solidos
ex de censuali debito persolvant. Elle avait été approuvée par
les enfants d'Émeline, signée par l'archevêque Daimbert , au
torisée par la comtesse Alix et les enfants du comte Thibault ;
Gui des Noyers la confirma, et en signa de nouveau l'acte en
1181(5).
A la fin du douzième siècle , l'église de Voulton s'enrichit par
l'acquisition d'une précieuse relique. Un chevalier , (6) nommé
(1) Interveniente et annuente Baynaldo de Vultuno cum uxore sua
Odelina et Artaldo,filio suo, ex quorum bénéficie esse vïdetur. (Ythier, Hist. eccl.
de Prov., ms. conservé dans la biblioth. de Prov., tom. IV, p. 205.)
(2) Id., p. 20Ó.
(3) Coram Willelmo, arcMdiacono melodunensi , Sigebaudo , archipresbytero
pruvinensi, et Clémente, Sancti Aygulphi capellano. (id., p. 207.)
(4) Id., p. 207.
(5) Id., p. 208.
(6) M. Michelin , dans ses Essais historiques, etc., sur le département de Seine-ct-
1 . ( Deuxième série.) 23 334
Raoul, rapporta de la Palestine une croix faite du bois de la
croix du Sauveur, et la donna aux religieux, ainsi que des pro
priétés et des droits qui lai appartenaient (1). La croix fut volée
en 1590, par quatre malfaiteurs qui, après avoir fondu l'argent
dont la relique était ornée, jetèrent dédaigneusement au feu la
relique elle-même ; mais s'apercevant, dit la légende, que le bois
sacré ne brûlait pas, ils le retirèrent et le cachèrent dans une
cave où il fut retrouvé intact quelques années plus tard, grâce
aux révélations de Tun des voleurs. C'est à l'occasion de cette
relique que tous les ans, le mardi de Pâques, les chapitres de
Saint-Quiriace et de Notre-Dame du Yal de Provins et le curé-
prieur de Sourdun allaient en procession au prieuré de Voulton.
Une joyeuse collation avait lieu chez le

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