Paul F. Lazarsfeld (1901-1976) et Jean Stoetzel (1910-1987) et les sondages d opinion : genèse d un discours scientifique - article ; n°1 ; vol.23, pg 5-23
20 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Paul F. Lazarsfeld (1901-1976) et Jean Stoetzel (1910-1987) et les sondages d'opinion : genèse d'un discours scientifique - article ; n°1 ; vol.23, pg 5-23

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
20 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Mots - Année 1990 - Volume 23 - Numéro 1 - Pages 5-23
PAUL F. LAZARSFELD (1901-1976) ET JEAN STOETZEL (1910-1987) ET LES SONDAGES D'OPINION: GENESE D'UN DISCOURS SCIENTIFIQUE Les sciences sociales ont produit historiquement un discours particulier sur les sondages d'opinion, leur nature et leurs usages. Ce discours doit être analysé si l'on veut comprendre les modalités d'introduction et de légitimation de cette technique en France depuis l'origine. A travers l'exhumation des écrits de Paul F. Lazarsfeld et de Jean Stœtzel, il apparaît que le discours sur les sondages d'opinion est aussi et surtout un discours sur la science.
PAUL F. LAZARSFELD (1901-1976) AND JEAN STOETZEL (1910- 1987) AND OPINION POLLS : THE BIRTH OF SCIENTIFIC DISCOURSE The social sciences have historically produced a specific discourse concerning the nature and the uses of the opinion poll. This discourse must be analyzed in order to understand the muodalities behind the introducing and legitimizing of this technique in France. By delving back into the writings of Paul F. Lazarsfeld and Jean Stœtzel, opinion poll discourse appears to be scientific discourse as well, and especially so...
PAUL F. LAZARSFELD (1901-1976) Y JEAN STOETZEL (1910-1987) Y LOS SONDEOS DE OPINION: GENESIS DE UN DISCURSO CIENTIFICO Las ciencias sociales han producido historicamente un discurso de tipo particular sobre los sondeos de opinion, su naturaleza y sus usos. Se debe analizar este discurso si se quiere comprender las modalidades de introduction y de legitimación de esa técnica en Francia. Mediante la exhumation de los escritos de Paul F. Lazarsfeld y Jean Stœtzel el discurso de los sondeos de opinion se présenta como un discurso sobre la ciencia.
19 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1990
Nombre de lectures 47
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur Loïc Blondiaux
Paul F. Lazarsfeld (1901-1976) et Jean Stoetzel (1910-1987) et
les sondages d'opinion : genèse d'un discours scientifique
In: Mots, juin 1990, N°23. pp. 5-23.
Resumen
PAUL F. LAZARSFELD (1901-1976) Y JEAN STOETZEL (1910-1987) Y LOS SONDEOS DE OPINION: GENESIS DE UN
DISCURSO CIENTIFICO Las ciencias sociales han producido historicamente un discurso de tipo particular sobre los sondeos de
opinion, su naturaleza y sus usos. Se debe analizar este discurso si se quiere comprender las modalidades de introduction y de
legitimación de esa técnica en Francia. Mediante la exhumation de los escritos de Paul F. Lazarsfeld y Jean Stœtzel el discurso
de los sondeos de opinion se présenta como un discurso sobre la ciencia.
Abstract
PAUL F. LAZARSFELD (1901-1976) AND JEAN STOETZEL (1910- 1987) AND OPINION POLLS : THE BIRTH OF SCIENTIFIC
DISCOURSE The social sciences have historically produced a specific discourse concerning the nature and the uses of the
opinion poll. This discourse must be analyzed in order to understand the muodalities behind the introducing and legitimizing of
this technique in France. By delving back into the writings of Paul F. Lazarsfeld and Jean Stœtzel, opinion poll discourse appears
to be scientific discourse as well, and especially so...
Résumé
PAUL F. LAZARSFELD (1901-1976) ET JEAN STOETZEL (1910-1987) ET LES SONDAGES D'OPINION: GENESE D'UN
DISCOURS SCIENTIFIQUE Les sciences sociales ont produit historiquement un discours particulier sur les sondages d'opinion,
leur nature et leurs usages. Ce discours doit être analysé si l'on veut comprendre les modalités d'introduction et de légitimation
de cette technique en France depuis l'origine. A travers l'exhumation des écrits de Paul F. Lazarsfeld et de Jean Stœtzel, il
apparaît que le discours sur les sondages d'opinion est aussi et surtout un discours sur la science.
Citer ce document / Cite this document :
Blondiaux Loïc. Paul F. Lazarsfeld (1901-1976) et Jean Stoetzel (1910-1987) et les sondages d'opinion : genèse d'un discours
scientifique. In: Mots, juin 1990, N°23. pp. 5-23.
doi : 10.3406/mots.1990.1514
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mots_0243-6450_1990_num_23_1_1514BLONDIAUX Loïc
Centre d'études de la vie politique française
Fondation nationale des sciences politiques
Paul F. Lazarsfeld (1901-1976) et Jean
Stœtzel (1910-1987) et les sondages
d'opinion : genèse d'un discours
scientifique
Discours des sondages mais aussi tout à la fois discours sur les
sondages, le corpus de textes étudié ici correspond à un moment
dans le processus de légitimation des sondages d'opinion et oblige
à un détour par l'histoire des sciences sociales. L'exhumation de
certains des écrits de Paul Lazarsfeld et de Jean Stœtzel peut
amener à comprendre comment les sondages d'opinion ont pu
apparaître, dans un contexte socio-historique déterminé, comme
partie intégrante du dispositif instrumental des sciences sociales.
L'assimilation des sondages d'opinion à une pratique scientifique
légitime constitue un chaînon essentiel dans le processus général
d'acceptation et de reconnaissance de cette technique. Le discours
sur les sondages d'opinion en France comme aux Etats-Unis a
pris aussi, et surtout, la forme d'un discours sur la science.
Cet éclairage met en scène deux acteurs principaux : Paul
Lazarsfeld et Jean Stœtzel, reconnus, l'un comme ayant contribué
de façon décisive à la promotion d'une sociologie de type
empirique, incrémentaliste et quantitative aux Etats-Unis, et l'autre
pour être le « père fondateur » des sondages d'opinion en France,
créateur du premier institut de — l'IFOP — en 1938 !.
1. Il y aurait à s'interroger sur les mécanismes sociaux « d'attribution secon
daire » ou « d'attribution de responsabilité » (B. Latour, 1989) par lesquels on a
prêté à Jean Stœtzel et surtout à Paul Lazarsfeld la paternité d'idées ou
d'innovations à l'origine desquelles ils ne se trouvaient pas impliqués en propre,
les constituant ainsi comme archétypes sur lesquels ont convergé à la fois les
dénonciations et les éloges. Les références entre parenthèses renvoient à la
bibliographie en fin d'article. Le lien qui unit ces deux acteurs n'est pas seulement conceptuel.
L'homologie de leurs trajectoires, la proximité de leur projet et
la nature de leur influence — ensemble d'éléments qu'il s'agira
d'aborder ici sans pouvoir s'y arrêter longuement — peuvent
justifier une telle association. Un dernier élément a présidé à ce
double choix : tous deux ont choisi, avec une constance remar
quable, de théoriser leur pratique, et multiplié les prises de
position en faveur d'une certaine science sociale. Un dialogue
imaginaire, qu'il s'agit de restituer, s'est peu à peu institué entre
ce « couple d'épistémologies faites hommes » (selon le qualificatif
donné par P. Bourdieu à P. Lazarsfeld et T. Adorno) qui peut
aider à comprendre les formes empruntées par un discours
particulier de légitimation des sondages d'opinion aux résonances
contemporaines.
Ce nouvel éclairage porté sur des trajectoires parfois connues1
conduit à reconsidérer la nature de l'introduction des sondages
d'opinion en France à partir de la fin des années 1930 dans la
mesure même où cette importation ne s'est pas résumée au simple
transfert d'une technique statistique particulière mais a mobilisé
un certain nombre de représentations et de croyances qui en
constituaient en quelque sorte le « mode d'emploi ». Entre la
question des usages sociaux d'une pratique scientifique
(P. Lazarsfeld) et celle des usages scientifiques d'une pratique
commerciale (J. Stœtzel), cette petite histoire des sondages d'opi
nion, vue à travers le prisme de deux discours particuliers et
historiquement situés, tente de retraduire la nature de ce mode
d'emploi.
Une définition commune de la science
Paul Lazarsfeld et Jean Stœtzel sont tous deux représentatifs
— sinon porte-parole et principaux représentants dans leurs pays
respectifs — d'un courant sociologique qui s'exprime et se déve
loppe aux Etats-Unis à partir de la seconde guerre mondiale, puis
s'étend à la France dans les années 1950 (M. Pollack, 1976 ;
A. Drouard, 1982 ; C. de Montlibert, 1982), courant qui présume
1. Nous songeons surtout ici aux travaux de M. Pollack sur P. Lazarsfeld
(M. Pollack,1979). la possibilité d'une connaissance objective des faits sociaux, pré
conise le recours aux enquêtes statistiques quantitatives et privilégie
un certain type de rapport à la demande sociale.
Formation du discours et de ses enjeux
Au fondement d'une définition nouvelle des pratiques scienti
fiques légitimes, on retrouve la disqualification d'un modèle de
recherche, assimilé aux Etats-Unis à la sociologie européenne,
d'une sociologie qui ne se serait pas dépouillée de ses oripeaux
philosophiques, globalisante et critique, incarnée, selon une figure
récurrente, par des « hommes de cabinet », incapables de mener
des recherches de terrain1. La définition proposée de la recherche
légitime, fondée très largement sur une comparaison avec les
sciences de la nature, impose la vérification systématique des faits,
débouche sur une vision cumulative du progrès scientifique et
priviligie les techniques quantitatives d'enquête parmi lesquelles la
survey research où les sondages d'opinion se voient dotés d'un
statut particulier. L'issue à ce qui est considéré comme une
impasse métaphysique est d'ordre méthodologique et statistique,
le credo de ce courant pouvant être résumé en cinq points : souci
de raffinement des techniques statistiques et des instruments de
recherche ; adoption d'une conception nominaliste ou individualiste
de la société ; attrait pour l'induction et l'incrémentalisme ; neut
ralité axiologique et prééminence du travail en équipe au sein
de laboratoires de recherches sociales appliquées (C. G. A. Bryant,
1989, p. 66-68).
C'est l'influence de ce modèle qui s'exprime lorsqu'en 1948 Paul
Lazarsfeld de retour d'un voyage en Europe rapporte avec
étonnement avoir rencontré de jeunes sociologues incapables de
penser « qu'ils puissent substituer les données empiriques à
Nietzsche, Kant ou à tout a

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents