Des sensibles communs dans le «De anima» d Aristote - article ; n°83 ; vol.89, pg 401-420
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1991 - Volume 89 - Numéro 83 - Pages 401-420
In De anima 425al4-a30, Aristotle tries to account for the perception of the common sensibles without supposing a specialized organ and sense for them. Commentators agree about this, but interpretations vary on several points. This paper is an attempt to show that what is at stake remains the same beyond the diversity of detailed understandings. What is essential in this Aristotle's text is that there is a correspondance between the unity of the sensitive faculty and the unity of the perceived thing. The unity of the former warrants the identity and identification of the latter.
Dans le De anima 425al4-a30, Aristote s'efforce de rendre compte de la perception des sensibles communs en évitant qu'un organe sensoriel et un sens spécialisés leur soient consacrés. Si les commentateurs s'accordent sur ce point, les divergences d'interprétation sont cependant nombreuses à partir de cette base commune. Le présent article tente de montrer que par delà les désaccords entre interprètes, l'enjeu essentiel du morceau demeure le même: l'unité de la faculté sensitive correspond ici à l'unité de la chose perçue (de son identité et de son identification) et la garantit.
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Publié le 01 janvier 1991
Nombre de lectures 56
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Danielle Lories
Des sensibles communs dans le «De anima» d'Aristote
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 89, N°83, 1991. pp. 401-420.
Résumé
Dans le De anima 425al4-a30, Aristote s'efforce de rendre compte de la perception des sensibles communs en évitant qu'un
organe sensoriel et un sens spécialisés leur soient consacrés. Si les commentateurs s'accordent sur ce point, les divergences
d'interprétation sont cependant nombreuses à partir de cette base commune. Le présent article tente de montrer que par delà les
désaccords entre interprètes, l'enjeu essentiel du morceau demeure le même: l'unité de la faculté sensitive correspond ici à
l'unité de la chose perçue (de son identité et de son identification) et la garantit.
Abstract
In De anima 425al4-a30, Aristotle tries to account for the perception of the common sensibles without supposing a specialized
organ and sense for them. Commentators agree about this, but interpretations vary on several points. This paper is an attempt to
show that what is at stake remains the same beyond the diversity of detailed understandings. What is essential in this Aristotle's
text is that there is a correspondance between the unity of the sensitive faculty and the unity of the perceived thing. The unity of
the former warrants the identity and identification of the latter.
Citer ce document / Cite this document :
Lories Danielle. Des sensibles communs dans le «De anima» d'Aristote. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série,
Tome 89, N°83, 1991. pp. 401-420.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1991_num_89_83_6692Des sensibles communs dans le
«De anima» d'Aristote*
1. Les réflexions qui suivent auraient pu s'intituler: «D'une fonc
tion de l'aiaGnaiç koivt| chez Aristote». En effet, si cette expression
que le latin traduisit par sensus communis n'apparaît, au dire des
différents spécialistes, que trois fois dans le corpus aristotélicien — en
De anima, 425a27, en De memoria, 450a 10 et De partibus animalium,
686a31 — , elle se présente dans le De anima, à l'endroit où est
examinée la question de la perception des sensibles communs, à savoir
au milieu du passage de 425al4 à 425bll, C'est précisément sur cette
problématique des Koivd dans le livre III du traité De l'âme, et plus
particulièrement sur la portée des lignes 425a 14 à 425a30 que je
centrerai ici l'ensemble de mes observations.
2. Pour être en mesure de faire parler ces lignes, il convient, je
pense, de les situer d'abord dans le développement global du De
anima 1 .
Remarquons d'emblée que la faculté sensitive occupe la place
prépondérante dans l'ensemble du traité.
Le livre I est une introduction générale. Il pose la question qui va
guider toute l'enquête: qu'est-ce que l'âme? De la yv%T\, il s'agit de
déterminer «èv xivi tcûv yev&v icai xi ècm» (402a23), dans quel genre
elle entre et ce qu'elle est; ou encore quelle est sa nature — sa <J>ugiç et
son oùcria (402a8). Aristote évoque en ce premier livre les difficultés
méthodologiques de la démarche et les types de problèmes qu'il lui
faudra affronter. Après quoi, d'une manière qui lui est coutumière, il
examine les opinions de ses devanciers sur la question, en souligne les
contradictions et faiblesses.
* Texte d'une communication prononcée devant la Société philosophique de
Louvain le 28 mars 1990.
1 Je ferai abstraction des problèmes que peuvent poser le découpage du texte en
trois livres et la chronologie relative des différentes parties pour m'en tenir à la
présentation traditionnelle du texte. Danielle Lories 402
Au livre II commence l'exposé des thèses proprement aristotélicien
nes, qui s'ouvre par une discussion relative à la définition la plus
générale de la \|/uxr| comme «entéléchie première d'un corps naturel
organisé» (412b5)2. Argumentée, cette définition n'en est pas moins
insuffisante et elle appelle les analyses qui vont constituer toute la suite
du traité et annoncées en 11,2 et 3. L'âme, comme principe de vie, est
principe des fonctions propres aux êtres vivants. Aller au-delà d'une
«notion commune» de l'âme «qui ne conviendrait en propre à aucun
être réel» (414b25-26) exige dès lors d'examiner une à une les quatre
facultés qui assurent les fonctions caractéristiques des vivants: les nutritive, sensitive, pensante et locomotrice.
Cet examen, Aristote l'entreprend dès le chapitre 4 du livre II,
consacré à la faculté nutritive. En II, 5 il aborde la faculté sensitive au
sens le plus général, mais cette faculté va en fait occuper dix chapitres
entiers du De anima: 11,6 où il est question des différents types de
sensibles; 11,7 à 11 où il est traité successivement de chacun des cinq
sens; 11,12 qui conclut brièvement cet ensemble d'exposés distincts par
un retour au sens général de TaicrGiiCTiç et de l'aiaGâveaGai, de la
sensation et du sentir; 111,1 et 2 enfin, qui touchent à des questions qui
concernent la faculté sensitive dans son ensemble: peut-on envisager
l'existence d'un sixième sens? Qu'en est-il des sensibles communs et des
sensibles par accident? Comment ou par quoi perçoit-on que l'on
perçoit? Comment ou par quoi perçoit-on les différences entre sensibles
de différents sens?
Le troisième chapitre du livre III traite de l'imagination — je laisse
de côté la question de savoir s'il faut ou non le rattacher à l'examen de
la faculté sensitive. Les chapitres 4 à 8 sont consacrés à la faculté de
penser — sans oublier le lien de la faculté sensitive à cette dernière. Les
chapitres 9 à 1 1 portent sur la locomotion. Les deux derniers chapitres
(12 et 13) concluent ce troisième livre en revenant sur les rapports
hiérarchiques des différentes facultés.
Cette simple esquisse révèle à mon sens le développement globale
ment fort cohérent et linéaire du traité et suffit à montrer que la faculté
sensitive y est assurément le principal centre d'intérêt.
Pour repérer l'importance de la problématique des Koivd dans
l'ensemble du parcours relatif à cette faculté, il convient de voir où et
2 Je cite la traduction de Barbotin {Aristote. De l'âme, texte établi par A. Jannone,
Paris, Belles Lettres, 1980). Des sensibles communs dans le «De anima» d'Aristote 403
comment cette question est amenée. La séquence des chapitres qui
concernent la faculté sensitive est conforme à la méthode générale
d'approche des différentes facultés, annoncée par Aristote au début de
11,4. Il s'agira chaque fois, indique-t-il, de déterminer l'essence (le xi
êori) de la faculté concernée, «grâce à quoi on étudiera ensuite les
propriétés qui s'y rattachent, c'est-à-dire tout le reste» (4 15a 15- 16).
Pour cerner l'essence d'une faculté, il faut d'abord déterminer son acte:
«en effet, les actes et les opérations < aï èvépyeiai kcù ai rcpà^eiç >
sont logiquement antérieurs aux puissances» (a 19-20). Cela signifie,
ajoute Aristote, qu'il faut envisager tout d'abord les objets auxquels ont
trait les activités de la faculté. Aussi, après avoir, dans une première
ébauche de définition de la sensation et de la faculté de sentir en
général, en 11,5, mis l'accent sur les sens de «puissance», de «pâtir» et
d'« altération» qui s'appliquent à cette faculté et à la sensation en tant
que passage de la puissance à l'acte, Aristote enchaîne tout naturell
ement en 11,6 sur les types de sensibles, à savoir ce qui est susceptible de
faire passer à l'acte, de mouvoir, la faculté sensitive. Des trois catégor
ies d'aiCTÔTixa qu'il distingue: propres (i'8ia), communs (Koivà), par
accident (lcaid aunPePr|KÔç), il suit de la méthode adoptée qu'il faut
s'attacher d'abord aux sensibles propres: perceptibles par un seul des
cinq sens. La couleur, en ce qui concerne la vue, le son, en ce qui
concerne l'ouïe, par exemple, vont en effet permettre de déterminer
chacun, une des modalit

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