La connaissance morale dans le «Protreptique» d Aristote - article ; n°58 ; vol.58, pg 185-219
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1960 - Volume 58 - Numéro 58 - Pages 185-219
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Publié le 01 janvier 1960
Nombre de lectures 74
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

J. Donald Monan
La connaissance morale dans le «Protreptique» d'Aristote
In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième série, Tome 58, N°58, 1960. pp. 185-219.
Citer ce document / Cite this document :
Monan J. Donald. La connaissance morale dans le «Protreptique» d'Aristote. In: Revue Philosophique de Louvain. Troisième
série, Tome 58, N°58, 1960. pp. 185-219.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1960_num_58_58_5037La connaissance morale
dans le « Protreptique » d'Aristote
Presque trente ans après la publication des vues révolution
naires de W. Jaeger sur l'évolution de la pensée d'Aristote, D. J. Al
lan pouvait écrire que, quoi qu'il en soit des modifications intro
duites par certains savants dans d'autres domaines de la construction
jaegerienne, l'interprétation des Ethiques donnée en 1923 recueillait
toujours une adhésion à peu près unanime (1>. Pour exacte qu'elle
ait pu être au moment où elle fut formulée, cette affirmation ne le
serait plus aujourd'hui. Au contraire, la liste est imposante de ceux
qui ont récemment manifesté leur désaccord avec Jaeger sur le dé
veloppement de la morale d'Aristote, et elle comprend la plupart
des interprètes les plus en vue à l'heure actuelle (2).
Le moment semble donc opportun de réexaminer la doctrine
aristotélicienne de la connaissance morale dans son ensemble, en
tenant compte des textes originaux aussi bien que des découvertes
apportées par les interprètes des trente-cinq dernières années. Sans
un effort sérieux pour intégrer ces différents apports de détail, au
cune perspective d'ensemble n'est possible ; aucune vue synthétique
de la connaissance morale chez Aristote ne sera atteinte.
L'étude d'un objet aussi vaste ne sera ici qu'amorcée ; nous
espérons la poursuivre ultérieurement dans un ouvrage plus étendu.
Nous nous limiterons ici aux premiers écrits aristotéliciens qui nous
livrent une théorie de la connaissance morale, afin d'en dégager
la doctrine à laquelle le Stagirite a donné sa première adhésion for
melle. Cette analyse nous fournira un point de référence d'où nous
<*> D. J. ALLAN, The philosophy of Aristotle, 1952, p. 14.
<*> Pour n'en nommer que quelques-uns, Allan, Wilpert, Kapp, S. Mansion,
Stark, Gauthier, Dirlmeier ont exprimé des réserves sur l'un ou l'autre élément
de l'interprétation jaegerienne. 186 /. Donald Motion
pourrons juger la multitude d'interprétations contradictoires que
l'on donne actuellement du Protreptique, et qui servira en même
temps comme point de départ à une étude des Ethiques ultérieures
d'Aristote.
Nous résumerons d'abord les interprétations actuelles du Pro
treptique ; nous tenterons ensuite une analyse nouvelle des textes ;
il nous restera enfin à confronter les résultats acquis dans les deux
premières étapes.
1
Dès la découverte par Bywater, en 1869, d'une série de fra
gments appartenant au Protreptique d'Aristote, les interprètes se
partagèrent précisément sur la question de savoir quelle est la part
exacte des éléments platoniciens et des vues « typiquement aristo
téliciennes » qui s'y trouvent (3>. En tête des interprètes « aristoté-
lisants », Bywater lui-même a simplement emboîté le pas à Ber-
nays, qui ne soupçonnait même pas l'existence d'une période pla
tonicienne dans la pensée d'Aristote (5>. H. Diels a quelque peu
nuancé cette interprétation en distinguant le niveau d'un langage
platonicien de celui d'une pensée strictement aristotélicienne (t>.
Toutefois, ce n'est que sous l'influence postérieure de Jaeger qu'il
a admis la présence d'une doctrine authentiquement platonicienne
dans le Protreptique. P. Hartlich a ajouté des interprétations sem-
<•' Dans les limites d'un article, on ne peut résumer tous les arguments
militant en faveur de l'authenticité des textes du Protreptique. Mais on doit citer
un ouvrage récent (W. RABINOWITZ, Aristotle's Protrepticus and the sources of it»
reconstruction, t. I, 1957) qui voudrait remettre sérieusement en question cette
authenticité. Le succès de cette tentative ne pourra être jugé qu'après la parution
du deuxième tome. Cependant, tout en exprimant notre admiration pour l'érudi
tion dont l'auteur fait preuve, nous pouvons souligner dès maintenant l'erreur
fondamentale qui semble entacher la méthode. Comme M11* S. Mansion l'a fait
remarquer, la rigueur que l'auteur exige d'une preuve d'authenticité nous semble
nettement exagérée. Cf. Revue phil. de Louvain, 1958, p. 319.
<*> 1. BYWATER, On a lost dialogue of Aristotle, dans Journal of Philology,
t. 2, 1869, pp. 55-69.
<*> J. Bernays, Die Dialoge des Aristoteles in ihrem Verhaltniss zu seinen
Ubrigen Werken, 1863.
<*> H. Diels, Zu Aristoteles' Protreptikp* und Ciceros Hortensius, dans Archio
fèr Geschichte der Philos., t. 1, 1888, pp. 477-497. « Protreptique » d' Aristote 187 Le
blables à celle de Diels, en formulant cependant certaines réserves
quant à leur degré de certitude (7).
C'est la vision synthétique de W. Jaeger sur le développement
de la pensée aristotélicienne qui a définitivement accrédité l'inte
rprétation platonicienne du Protreptique. Etant donné l'importance
fondamentale du travail de Jaeger pour notre étude, nous lui consa
crerons plusieurs pages plus loin. Pour l'instant, contentons-nous
de souligner que cet ouvrage a déterminé les orientations majeures
que devaient suivre les interprètes pendant plusieurs décades. Ainsi
E. Bignone <8) a approfondi la méthode introduite par Jaeger, et
P. Wilpert a adopté ses vues, quoiqu'il ait vu dans l'utilisation du
mot a nature » au lieu du terme « Idée » la possibilité d'un change
ment dans la doctrine des Idées chez Platon lui-même {9). A. Festu-
gière a suivi les tendances platonisantes de Jaeger (10), et, en 1958,
R. Gauthier déclare son adhésion inconditionnelle à ces vues (11).
Toutefois, une réaction contre cette interprétation platonicienne
se dessine peu à peu de nos jours. K. von Fritz et E. Kapp ont émis
des doutes sur la fidélité du jeune Aristote à la théorie des Idées.
D'ailleurs, en signalant un certain nombre de conceptions qui rap
l' Aristote évolué, ils ont même remis pellent fortement celles de
en question le caractère platonicien du Protreptique (12>. Une opi
nion analogue à propos de l'attitude du jeune Aristote vis-à-vis de
la théorie des Idées s'était déjà fait jour dans des doutes exprimés
par E. Frank (I3), et, plus tôt encore, par I. During (14). Ce dernier
s'est avancé plus loin encore dans deux articles plus récents (15) qui
(7) P. HaRTUCH, De exhortationum a Graecis Romantique scriptarum hi$toria
etindole, dans Leipz. Studien zur Clan. Philol., t. Il, 2, 1889, pp. 209-272.
(8) E. BlGNONE, L'Aristotele perduto e la formazione filosofica di Epicuro,
2 t., 1936.
(•) P. WlLPERT, Zwei aristotelische FrUhschriften tiber die Ideenlehre, 1949,
pp. 64-65.
<"> A. FesTUCIÈRE, La révélation d'Hermès Trismégiste, 2 t., 1949.
<"> R. Gauthier, La morale d' Aristote, 1958, pp. 6-7.
<"> K. VON Fritz and E. Kapp, Aristotle* Constitution of Athene and related
texte, 1950, p. 34.
<"> E. Frank, The fundamental opposition of Plato and Aristotle, dans Amer.
Jour, of Philol., t. 61, 1940, pp. 34-53; 166-185.
<"> I. DURING, Aristotle and the theory of Ideas, dans Eranos, t. 35, 1938,
pp. 120-145.
<"> I. DURING, Problems in Aristotle's Protrepticus, dans Eranos, t. 52, 1954,
pp. 139-171, et Aristotle in the Protrepticus, dans Autour d' Aristote, 1955, pp. 81-97. 188 /. Donald Monart
ont suffi, semble-t-il, à faire de leur auteur le chef d'une école d'in
terprétation qui voudrait sérieusement contester la validité des cadres
jaegeriens pour la lecture des fragments (16). Nous consacrerons
plusieurs pages à l'analyse de l'interprétation « typiquement aristo
télicienne » du Protreptique donnée par During, et de la doctrine
sur la connaissance morale qu'il en dégage.
Ainsi deux noms, celui de Jaeger et celui de During, symbol
isent les diffé

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