La déduction transcendantale de Kant au point de vue social - article ; n°25 ; vol.75, pg 49-73
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Revue Philosophique de Louvain - Année 1977 - Volume 75 - Numéro 25 - Pages 49-73
Objective knowledge and knowledge valid for everyone can be envisaged, according to the statement in the Prolegomena, as interchangeable concepts (Wechselbegriffe). The Allgemein gültigkeit in which the objectivity of the object is then resolved supposes that its synthesis is effectuated by a subject invested with a public function and acting according to rules which are themselves public. Categories, schemes and principles of pure understanding can be interpreted as the whole of the dispositions of an original contract — there is no need to see in it an historical fact — instituting, in the critical sense, the function of the transcendental subject and, correlatively, the form of the transcendental object. It is a priori that men must be able to reach an agreement about what they understand by an object valid for everyone and about the point of view which they keep to in the synthesis of this object. It is likewise a priori that the rules of this aperceptive synthesis must be capable of being represented.
Connaissance objective et connaissance valable pour chacun peuvent être envisagées, d'après le mot des Prolégomènes, comme des concepts interchangeables (Wechselbegriffe). L'Allgemeingültigkeit en laquelle se résout alors l'objectivité de l'objet suppose que sa synthèse soit effectuée par un sujet investi d'une fonction publique et agissant selon des règles elles-mêmes publiques. Catégories, schemes et principes de l'entendement pur peuvent être interprétés comme l'ensemble des dispositions d'un contrat originaire — il n'est pas besoin d'y voir un fait historique — instituant, au sens critique, la fonction du sujet transcendantal et, corrélativement, la forme de l'objet transcendantal. C'est a priori que les hommes doivent pouvoir s'accorder sur ce qu'ils entendent par un objet valable pour chacun et sur le point de vue auquel ils se tiennent dans la synthèse de cet objet. C'est a priori également que doivent pouvoir être représentées les règles de cette synthèse aperceptive.
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Publié par
Publié le 01 janvier 1977
Nombre de lectures 123
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Michel Canivet
La déduction transcendantale de Kant au point de vue social
In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, Tome 75, N°25, 1977. pp. 49-73.
Abstract
Objective knowledge and knowledge valid for everyone can be envisaged, according to the statement in the Prolegomena, as
interchangeable concepts (Wechselbegriffe). The Allgemein gültigkeit in which the objectivity of the object is then resolved
supposes that its synthesis is effectuated by a subject invested with a public function and acting according to rules which are
themselves public. Categories, schemes and principles of pure understanding can be interpreted as the whole of the dispositions
of an original contract — there is no need to see in it an historical fact — instituting, in the critical sense, the function of the
transcendental subject and, correlatively, the form of the transcendental object. It is a priori that men must be able to reach an
agreement about what they understand by an object valid for everyone and about the point of view which they keep to in the
synthesis of this object. It is likewise a priori that the rules of this aperceptive synthesis must be capable of being represented.
Résumé
Connaissance objective et connaissance valable pour chacun peuvent être envisagées, d'après le mot des Prolégomènes,
comme des concepts interchangeables (Wechselbegriffe). L'Allgemeingültigkeit en laquelle se résout alors l'objectivité de l'objet
suppose que sa synthèse soit effectuée par un sujet investi d'une fonction publique et agissant selon des règles elles-mêmes
publiques. Catégories, schemes et principes de l'entendement pur peuvent être interprétés comme l'ensemble des dispositions
d'un contrat originaire — il n'est pas besoin d'y voir un fait historique — instituant, au sens critique, la fonction du sujet
transcendantal et, corrélativement, la forme de l'objet transcendantal. C'est a priori que les hommes doivent pouvoir s'accorder
sur ce qu'ils entendent par un objet valable pour chacun et sur le point de vue auquel ils se tiennent dans la synthèse de cet
objet. C'est a priori également que doivent pouvoir être représentées les règles de cette synthèse aperceptive.
Citer ce document / Cite this document :
Canivet Michel. La déduction transcendantale de Kant au point de vue social. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième
série, Tome 75, N°25, 1977. pp. 49-73.
doi : 10.3406/phlou.1977.5921
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0035-3841_1977_num_75_25_5921La déduction transcendantale de Kant
au point de vue social
Comme à la tour de Babel, il est arrivé à la métaphysique deux
choses en même temps, selon Kant: l'impossibilité de poursuivre la
construction et la confusion des langues chez les bâtisseurs1. Le
problème de la métaphysique, qui a donné son impulsion à l'œuvre
critique, comporte ainsi une dimension sociale. Les textes initiaux de
la Critique de la raison pure et des Prolégomènes, notamment, con
statent amèrement que le désaccord règne chez les collaborateurs jusque
dans la méthode à suivre2, que l'on se livre à des combats de
parade où l'avantage reste toujours au dernier interlocuteur3, que le
public se scandalise ou se désintéresse4, que les sceptiques comprom
ettent les dogmes et le lien social que ceux-ci représentent5 et que,
pour comble, le pouvoir politique menace, par ses ingérences, de
supprimer la liberté de penser6.
Les Prolégomènes, suivis en cela par l'introduction de la seconde
édition de la Critique, posent le problème à la fois théorique et social
de la métaphysique en termes de Wirklichkeit. Nous lisons par
exemple: «il est heureux que, tout en ne pouvant pas admettre que
la soit, comme science, réelle (wirklich), nous puissions
cependant dire avec assurance que certaines connaissances synthétiques
pures a priori sont réelles et données (wirklich und gegeben), à savoir les
mathématiques pures et la physique pure; car ces deux sciences ren
ferment des propositions reconnues, d'une façon générale, comme
1 Cf. Critique de la raison pure, trad. A. Tremesaygues et B. Pacaud, Paris,
P.U.F., 1965, p. 489 (dans les éditions originales: A 707, B 735).
2 Cf. C.r. pure, p. 15 (B vu).
3 Cf. C.r. p. 18 (B xv) et p. 336 (A 442, B 450).
4 Cf. C.r. pure, p. 26 (B xxxiv).
5 Cf. C.r. p. 6 (A ix) («burgerliche Vereinigung»).
6 Cf. C.r. pure, p. 26 (B xxxiv); voir aussi p. 507 (A 738, B 766) et suiv.,
la section sur l'usage polémique de la raison; voir encore l'écrit de 1786, Qu'est-ce
que s'orienter dans la pensée?, trad. A. Philonenko, Paris, Vrin, 1967, p. 86. 50 Michel Canivet
vraies»7. L'emploi du terme «wirklich» est audacieux en ce qu'il
paraît identifier le consensus scientifique avec la scientificité même.
On peut voir que ce terme sert néanmoins au déploiement de la
problématique.
Mathématique, physique pure et métaphysique renferment des
jugements synthétiques a priori. Les deux premières sont réelles, c'est-
à-dire unanimement reconnues en fait comme en droit. On se demande
si la troisième, bien qu'elle ne réalise pas l'unanimité, a du moins une
prétention légitime à cet égard. Est-elle du moins possible! Pour ce qui
est des deux autres, «qu'elles doivent être possibles (môglich), c'est
démontré par leur réalité (Wirklichkeit)»8. Que l'on recherche donc
ce qui dans les sciences réelles les rend possibles, c'est-à-dire justifie
le consensus réalisé autour de leurs jugements synthétiques a priori,
et l'on pourra voir si ces conditions de possibilité se retrouvent en
métaphysique. La solution du problème particulier de la métaphysique
requiert ainsi le déploiement de la problématique aux dimensions d'une
quaestio inris portant sur la connaissance a priori en général. Et cette
question consiste non seulement à se demander de quel droit notre
connaissance a priori nous ouvre à quelque objet mais encore à se
demander de quel droit elle nous ouvre à l'accord nécessaire avec
autrui.
Dans ce rappel de la problématique, un grand poids est accordé
à ce que Kant appelle la méthode analytique ou régressive, qui part
d'un consensus constaté et accepté dans les sciences dites réelles9.
Il faut tenir pour secondaire la démarche que Kant appelle synthétique
ou progressive et qui consiste à donner et à justifier d'emblée les
éléments a priori du savoir dans le but de décider ensuite de la valeur
d'un savoir qui serait fondé sur eux. On a coutume d'attribuer la
première méthode aux Prolégomènes et l'autre à la Critique de la raison
pure10. Cela n'est vrai qu'au niveau de la présentation. Le titre
7 Prolégomènes à toute métaphysique future qui pourra se présenter comme
science, trad. J. Gibelin, Paris, Vrin, 1967, pp. 32-33; voir aussi p. 9 et C.r. pure,
pp. 15-17 (B vii-xii) et 44 (B 20).
8 C.r. pure, p. 44 (B 20).
9 Cf. A. Philonenko, L'œuvre de Kant, 2 vol., Paris, Vrin, 1969, tome I, p. 91 :
«ce l'astronomie' qui est 'réel' pour ce parler sont comme les résultats Descartes des calculs — et des ce réel mathématiques, est, en même les temps, 'raisons conde
naissance: l'objet authentique est la science elle-même, donnée et considérée comme
factum, et l'ensemble des lois qui la constituent».
10 De même on attribue souvent la méthode analytique ou régressive aux
Fondements de la métaphysique des mœurs par opposition à la Critique de la raison
pratique. déduction transcendantale de Kant au point de vue social 51 La
d'Elementarlehre donné par Kant à la majeure partie de la Critique
ne doit pas induire en erreur. Il ne s'agit nullement de fonder enfin
le savoir sur des bases élémentaires, mais bien plutôt de mettre au clair
les valeurs qui s'y trouvent déjà, et cela afin d'empêcher qu'on y
pêche en eau trouble. Le fond de l'argumentation reste toujours
l'existence des sciences réelles, auxquelles Kant souscrit et suppose
que son lecteur souscrit également. Prenons l'exemple, dans YEsthé-
tique transcendantale, de la thèse de l'apriorité de l'espace. Il est peu
probable que l'argument tienne dans le fait purement psychologique
que l'on «ne peut jamais se représenter qu'il n'y ait pas d'espace,
quoique l'on puisse bien penser qu'il n'y ait pas d'objet dans l'

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