La démonstration métaphysique du libre arbitre (suite) - article ; n°78 ; vol.20, pg 181-204
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Revue néo-scolastique de philosophie - Année 1913 - Volume 20 - Numéro 78 - Pages 181-204
24 pages

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Publié le 01 janvier 1913
Nombre de lectures 34
Langue Français
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Extrait

Fr. P. M. De Munnynck
La démonstration métaphysique du libre arbitre (suite)
In: Revue néo-scolastique de philosophie. 20° année, N°78, 1913. pp. 181-204.
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De Munnynck P. M. La démonstration métaphysique du libre arbitre (suite). In: Revue néo-scolastique de philosophie. 20°
année, N°78, 1913. pp. 181-204.
doi : 10.3406/phlou.1913.2056
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/phlou_0776-555X_1913_num_20_78_2056X.
LA DÉMONSTRATION MÉTAPHYSIQUE
DU
LIBRE ARBITRE.
(Suite*).
n.
L'intelligence et la volonté.
Après avoir analysé le principe de causalité qui est en
quelque sorte la « forme » du débat, il importe de placer
nettement devant les yeux l'intelligence et la volonté qui
en sont la « matière », disons plutôt le point d'appli
cation.
S'il est une chose certaine et fondamentale en métaphys
ique, c'est la doctrine que traditionnellement on exprime
par l'adage : Operari sequitur esse. La formule a passé
par trop d'esprits, elle s'est frottée à trop de contingences,
elle s'est trouvée dans trop de manuels pour conserver une
signification très précise et unique. Il ne nous appartient
pas de fournir ici sa base métaphysique 1). Précisons simple
ment les idées :
On veut dire parfois par cet adage que « l'opération est
*) V. Revue néo-scolastique de Philosohie, 1913, p. 13.
*) La chose en vaudrait la peine cependant. Pour faire accepter
l'adage on compte beaucoup trop sur l'automatisme du sens commun. P. De Munnynck 18£
logiquement postérieure à l'être » ; que Y agir, et dès lors
le devenir, doit s'appuyer sur ce qui est. Ce sens manif
este a moins de crédit que certains auteurs ne paraissent
l'imaginer ; il est directement opposé, au moins par cer
taines de ses modalités, aux vues traditionnellement attr
ibuées à Heraclite. Le dynamisme radical et les doctrines
bergsoniennes sur Y évolution créatrice doivent aussi le
récuser.
D'autres fois l'aphorisme implique davantage. Il pro
clame le lien nécessaire entre l'existence et l'opération, de
telle manière que tout être doit posséder une opération ; et
que dans tout être impliquant une potentialité, cette opéra
tion entraîne un devenir. C'est la formule a priori d'une
constatation empirique, que nous avons rappelée ci-dessus :
le réel de l'univers s'offre à nos investigations sous un
double aspect : statique et dynamique. Cette deuxième
signification, d'une importance énorme, écarte évidemment
les paralogismes des Eléates.
Enfin, on trouve encore, comme troisième sens du prin
cipe : Operari sequitur esse, un corollaire des deux pre
mières significations. L'activité d'un être est, dans sa
nature, proportionnée à la nature de l'être même. On passe
par cette voie de l'ordre d'existence à l'ordre métaphysi-
quement connexe des essences ; on dit certainement davan
tage, mais on ne dit rien de nouveau.
Admettons cette triple interprétation du principe tradi
tionnel : Operari sequitur esse, sans nous préoccuper de
discussions possibles, car il faut bien commencer quelque
part. Immédiatement s'en dégage une conséquence import
ante, si on le rapproche de la notion même de « connais
sance intellectuelle » .
Il est une chose dont aucun criticisme ne dégagera
l'homme aux facultés saines : c'est la conviction qu'il est
un être au milieu d'autres êtres, que sa vie mentale lui
impose, d'une manière inconditionnée, la distinction du
moi et du non-moi, de l'objet et du sujet. Démonstration métaphysique du Libre Arbitre 183 Là
Mais cette distinction n'est elle-même concevable que
par un contact entre les réalités distinctes. C'est la raison
qui distingue, et elle ne peut distinguer que ce qu'elle ren
ferme simultanément en elle-même. La distinction même
du moi et du non-moi suppose, comme une condition, leur
identité au moins relative, leur jonction vitale au sein de
l'intelligence.
Invinciblement, la raison admet le non-moi comme tel ;
mais elle ne peut l'affirmer que pour autant qu'elle le
moi devienne le non-moi, pour autant que le non-moi
enrichisse son propre être, et soit reconnu comme un
enrichissement. Le moi n'est pas la totalité du réel ; mais,
malgré toutes les relativités qu'il se reconnaît à certains
égards, le moi reste et s'impose comme le centre du réel,
puisque celui-ci n'est affirmé, c'est-à-dire nest pour lui,
que par l'existence du non-moi en lui, par la convergence
« intentionnelle » de la totalité du monde vers lui.
Or, tout être tend à l'action : Operari sequitur esse
(deuxième sens). Le dynamisme radical repose ou sur une
confusion, ou sur une métaphore : il prend le résultat pour
sa racine, ou pour marquer leur connexion profonde, trans
cendante, il désigne la racine sous le nom du résultat.
L'être est antérieur à l'action ; mais celle-ci est si « méta-
physiquement » connexe avec l'être, que l'être ne se conçoit
en aucune manière sans l'action, et qu'il faut concevoir
l'être et l'action plutôt comme deux aspects, proportionnés
à l'intelligence humaine, d'un seul réel, que comme deux
réalités consécutives à la manière de deux phénomènes qui
se succèdent.
Si donc le non-moi vient enrichir l'être du moi, celui-ci
doit acquérir une activité proportionnée à cet enrichisse
ment (Operari sequitur esse, troisième sens). On conçoit
dès l'abord que cette activité puisse être inhibée, si elle est
particulière, relative, par une tendance simultanée anta
goniste, comme dans la nature une impulsion peut être
frustée par une série causale interférente. Mais à l'envi- P. De Munnynck 164
sager en soi, sans complication d'éléments étrangers,
chaque enrichissement intellectuel doit avoir comme corol
laire une activité. Celle-ci sera déterminée, informée, par
le non-moi représenté ; elle correspondra et à ce non-moi
et à l'être qui le représente ; ou plutôt, tout étant reçu
à la manière de celui qui reçoit, l'activité correspondra
à la représentation du non-moi.
Mais tout acte perfectionne celui qui agit et tend à la
perfection de son principe. L'essentielle dépendance de
l'activité vis-à-vis du principe actif implique une essentielle
dépendance dans l'ordre de la finalité. L'instrument pur
n'agit pas pour soi, mais il n'agit pas par soi ; en tant que
simple instrument il n'est qu'actionné. Ce qui agit, en toute
rigueur de termes, agit pour soi. Il tend à quelque chose ;
il agit pour ce quelque chose ; et s'il est permis d'employer
des termes anthropomorphiques dont il est plus facile de se
dégager dans l'esprit que dans le langage, il veut ce quelque
chose. Et il parviendra au terme de son action, il cessera
d'agir, lorsqu'il aura atteint ce quelque chose, lorsqu'il le
possédera ou l'aura réalisé. Tout ce qui opère, opère pour
soi. Rien n'opère qu'en raison de l'état dans lequel il se
trouve, parce que son être actuel est déterminé à l'action.
Mais l'action étant causalité, étant dynamisme, tend au
divers, implique changement. Donc, intrinsèquement, sans
illusion anthropomorphique et finaliste, tout opère pour
autre chose, autre chose postulé par l'être actuel de l'agent.
Tout opère donc pour soi dans la mesure où il opère par
soi. C'est là une finalité absolument intrinsèque, transcen
dante aux intentions humaines, et dégagée de toute illu
sion l). C'est une des significations de cet adage très pro
fond et gros de conséquences : Rien n'est parfait qu'en
retournant à son principe.
La volonté dans l'homme n'est que la tendance à l'actif
*) Nous faisons abstraction de la finalité divine des actions surnatur
elles qui ne nous concernent pas, et s'accomplissent d'ailleurs par un
principe divin. Démonstration métaphysique du Libre Arbitre 185 La
vite correspondant à son enrichissement intellectuel. Parce
que l'

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