Pierre Renouvin et la science politique - article ; n°3 ; vol.25, pg 561-574

Jean-Baptiste Duroselle

Description

Revue française de science politique - Année 1975 - Volume 25 - Numéro 3 - Pages 561-574
PIERRE RENOUVIN AND POLITICAL SCIENCE, by JEAN-BAPTISTE DUROSELLE For Pierre Renouvin, historian, what sort of relationship should history have with political science ? Certainly one of dependence since in his opinion there coul be no political science without history or, to be more precise, without the data with which history provides the political scientist. In fact, through his enlightened scepticism with regard to political science, Pierre Renouvin condemned the now widespread tendency to speculate upon abstractions representing concrete phenomena before these concrete phenomena have been studied in depth. Lastly, to see political science only as present-day history, lacking in scope and neglected, was to reassert the superior and demanding conception of history that Pierre Renouvin professed throughout his work. History is much more than a science ; it is the instrument which provides the human sciences with the raw material that they must shape to their own ends. Which is a modest way of saying that nothing is outside the scope of history. [Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 561-574.]
PIERRE RENOUVIN ET LA SCIENCE POLITIQUE, par JEAN-BAPTISTE DUROSELLE Pour Pierre Renouvin, historien, quelle relation l'histoire devait-elle entretenir avec la science politique ? Certainement une relation de dépendance car il ne pouvait y avoir selon lui de science politique en dehors de l'histoire, plus précisément en dehors des données fournies au politologue pour l'histoire. En fait, à travers ce scepticisme éclairé à l'égard de la science politique, Pierre Renouvin condamnait la tendance, si répandue de nos jours, à spéculer sur des abstractions représentant des phénomènes concrets avant que ces phénomènes concrets n'aient été étudiés en profondeur. Finalement, ne voir dans la science politique qu'une histoire d'aujourd'hui, petite et mal aimée, c'était réaffirmer la haute et exigeante conception de l'histoire que Pierre Renouvin professa à travers son œuvre : l'histoire, bien plus qu'une science est l'outil qui fournit aux sciences humaines la substance, qu'elles doivent modeler selon leurs propres fins. Ce qui était une manière modeste d'affirmer que rien n'est en dehors de l'histoire. [Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 561-574.]
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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• Publié le: 01 janvier 1975
• Nombre de lectures: 20
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Extrait

Monsieur Jean-Baptiste
Duroselle
Pierre Renouvin et la science politique
In: Revue française de science politique, 25e année, n°3, 1975. pp. 561-574.
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Duroselle Jean-Baptiste. Pierre Renouvin et la science politique. In: Revue française de science politique, 25e année, n°3,
1975. pp. 561-574.
doi : 10.3406/rfsp.1975.393619
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1975_num_25_3_393619Résumé
PIERRE RENOUVIN ET LA SCIENCE POLITIQUE, par JEAN-BAPTISTE DUROSELLE
Pour Pierre Renouvin, historien, quelle relation l'histoire devait-elle entretenir avec la science politique ?
Certainement une relation de dépendance car il ne pouvait y avoir selon lui de en
dehors de l'histoire, plus précisément en dehors des données fournies au politologue pour l'histoire. En
fait, à travers ce scepticisme éclairé à l'égard de la science politique, Pierre Renouvin condamnait la
tendance, si répandue de nos jours, à spéculer sur des abstractions représentant des phénomènes
concrets avant que ces phénomènes concrets n'aient été étudiés en profondeur. Finalement, ne voir
dans la science politique qu'une histoire d'aujourd'hui, petite et mal aimée, c'était réaffirmer la haute et
exigeante conception de l'histoire que Pierre Renouvin professa à travers son œuvre : l'histoire, bien
plus qu'une science est l'outil qui fournit aux sciences humaines la substance, qu'elles doivent modeler
selon leurs propres fins. Ce qui était une manière modeste d'affirmer que rien n'est en dehors de
l'histoire.
[Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 561-574.]
Abstract
PIERRE RENOUVIN AND POLITICAL SCIENCE, by JEAN-BAPTISTE DUROSELLE
For Pierre Renouvin, historian, what sort of relationship should history have with political science ?
Certainly one of dependence since in his opinion there coul be no political science without history or, to
be more precise, without the data with which history provides the scientist. In fact, through his
enlightened scepticism with regard to political science, Pierre Renouvin condemned the now
widespread tendency to speculate upon abstractions representing concrete phenomena before these
concrete phenomena have been studied in depth. Lastly, to see political science only as present-day
history, lacking in scope and neglected, was to reassert the superior and demanding conception of
history that Pierre Renouvin professed throughout his work. History is much more than a science ; it is
the instrument which provides the human sciences with the raw material that they must shape to their
own ends. Which is a modest way of saying that nothing is outside the scope of history.
[Revue française de science politique XXV (3), juin 1975, pp. 561-574.]RENOUVIN ET LA SCIENCE POLITIQUE PIERRE
JEAN-BAPTISTE DUROSELLE
PIERRE
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privées devait être accessible pour on pût entreprendre une
recherche de première main Cette condition qui pour les périodes
anciennes de histoire se trouvait remplie sans difficulté aucune
devenait pour historien contemporain une question de principe En
simplifiant existait en France la règle des cinquante ans avant
écoulement desquels accès aux archives restait interdit la recherche
historique devait arrêter une date déjà ancienne sauf bien entendu
les cas où un hasard heureux donnait accès aux documents ou permettait
aborder de vastes collections de papiers privés
Pour les cinquante dernières années étude provisoire restait pos
sible Elle était pas le fait de historien mais une part du journa
liste autre part de celui on plus tard appelé politologue La
science politique était nécessaire car les hommes ont besoin de réfléchir
et de calculer sur époque où ils vivent Les politologues pouvaient
certes dire des choses fort intéressantes se livrer aux hypothèses
dégrossir les faits Mais seul le travail fondé sur les documents travail
réservé avenir permettrait aboutir la connaissance définitive
échelle humaine du moins des événements et de leurs explications
II en résultait que la science politique était réduite état de
sous-histoire fragile et provisoire cantonnée extrême contem
porain produit de remplacement indispensable certes mais condamné
une existence transitoire
Dans cette perspective qui était la sienne Pierre Renouvin avait
connu le hasard heureux que nous évoquions Le choix André Honnorat
ministre de Instruction publique se porta sur le jeune historien ancien
combattant mutilé profondément marqué par la guerre il lui
apparut il fallait organiser systématiquement en France exemple
des Allemands la recherche historique sur les origines du conflit On sait
que Pierre Renouvin docteur es lettres avec une thèse dirigée par Aulard
et portant sur les Assemblées de 1787 devint tour tour conservateur
de la bibliothèque histoire de la guerre nouvellement créée Vincennes
secrétaire général de la Société histoire de la guerre mondiale rédac
teur en chef de la Revue histoire de la guerre mondiale et finalement
lorsque Poincaré et Briand eurent décidé de publier un vaste recueil des
documents diplomatiques fran ais relatifs la période 1871-1914 secrétaire
général puis président de cette publication qui débuta en 1928 et fut
achevée en 1957 seulement)
Ainsi alors que fleurissait la règle des cinquante ans Pierre Renouvin
ayant un accès privilégié aux documents travailla-t-il sur une période
beaucoup plus récente Son livre Les origines immédiates de la guerre
28 juin août 1914 qui le fit connaître dans le monde entier sortit
en 1925 donc onze ans après événement et fut réédité avec des complé
ments eux-mêmes liés ouverture archives nouvelles en 1927
Mais la règle du document cette règle imperative il était assignée
était nullement violée
Tout ceci allait pas sans poser des problèmes un côté des maîtres
plus puristes encore tel Charles Pouthas trouvaient peu raisonnable
aborder des sujets récents même avec les sources essentielles car
autres sources ne manqueraient pas de surgir très vite uvre histo-
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