Pour l histoire du socialisme français - article ; n°1 ; vol.2, pg 137-160
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Description

Cahiers Georges Sorel - Année 1984 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 137-160
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Georges Sorel
Jean-Louis Panné
Pour l'histoire du socialisme français
In: Cahiers Georges Sorel, N°2, 1984. pp. 137-160.
Citer ce document / Cite this document :
Sorel Georges, Panné Jean-Louis. Pour l'histoire du socialisme français. In: Cahiers Georges Sorel, N°2, 1984. pp. 137-160.
doi : 10.3406/mcm.1984.891
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/mcm_0755-8287_1984_num_2_1_891Pour Г histoire du socialisme français
GEORGES SOREL
Présentation et notes de Jean-Louis PANNE
Ce texte inédit l de Georges Sorel nous permet de découvrir un
Sorel historien du mouvement socialiste qui renaît après la
Commune de Paris. Sorel historien, nous sommes peu
coutumiers du fait. Il saisit l'occasion que lui fournit la parution
de l'ouvrage de Léon Blum consacré aux Congrès ouvriers2
pour s'adonner à la critique historique, et se révèle être un
lecteur scrupuleux.
Il faut tenter de situer ce texte, avant tout. Un billet destiné
à Charles Péguy livre quelques indications. Ce billet reproduit
dans L'Amitié Charles Péguy fait l'objet d'un commentaire de
Géraldi Leroy. Non daté, il peut, d'après lui, l'être approxi
mativement par sa destination, en l'occurence, l'adresse
définitive des Cahiers de la Quinzaine. Ainsi, il n'a pas pu être
envoyé avant septembre 1901. D'autres lettres aux préoccu
pations similaires indiquent qu'il semble avoir été rédigé dans
le courant du premier trimestre 1902.
Or, ce précieux billet parle en ces termes du texte qui nous
préoccupe :
1. Retrouvé dans les archives d'Hubert Lagardelle, déposées à
l'Institut d'histoire sociale.
2. Léon Blum, Les Congrès ouvriers et socialistes français, Paris,
Société nouvelle de librairie et d'édition (Librairie G. Bellais),
1901, 2 vol. (Bibliothèque socialiste n° 6 et 7, tome 1 : 1876-1885,
ťrnie 2 : 1886-1900).
137 « Lagardelle tiendrait beaucoup à revoir mon article sur
Blum ; soyez assez bon pour lui remettre le manuscrit. Je
n'ai pu trouver la composition à Suresnes : vous devez
avoir le manuscrit chez vous » 3.
Il est donc probable que Sorel ait d'abord proposé son
texte à Péguy. Non publié (pour quel motif ?), il échoue
aux mains de H. Lagardelle, qui en fit faire une dactylo
graphie. Il ne le publia pas et au lieu de rejoindre d'autres
contributions de Sorel dans les pages du Mouvement
socialiste, le texte dormit jusqu'à ce jour dans ses papiers.
Ce texte serait donc contemporain de la préface de Sorel
à YHistoire des Bourses du travail de Fernand Pelloutier, datée
de décembre 1901. Les similitudes (l'éloge de l'œuvre du
•secrétaire des Bourses), des phrases très proches aussi (celles
sur la politique préconisée dans les colonnes de YEgalitê)
peuvent conduire à l'affirmer.
Mais d'autres passages du texte suggèrent d'autres hypot
hèses. G. Sorel fait référence au ralliement de H. Lagardelle à
la « grève générale ». C'est courant 1904 que le directeur du
Mouvement socialiste lance son « Enquête internationale sur la
grève générale ». Dans son avant-propos, il écrit :
« La pensée socialiste, si elle veut sortir non seulement
victorieuse mais régénérée de la crise actuelle, doit se
rafraîchir au contact de notions révolutionnaires nouvelles.
Ces notions, ce n'est qu'en faisant siens les plus personnels
des sentiments de la révolte ouvrière, qu'elle parviendra
■à se les assimiler. Et parmi ces conceptions d'origine
purement prolétarienne, il n'en n'est pas qui puisse lui
permettre, mieux et plus que la grève générale, de se
rajeunir et comme de se purifier. Rien donc ne saurait
écarter la Grève générale des préoccupations socialistes... »
et Lagardelle ajoute :
« Dire que la Grève générale est une utopie, c'est dire
que le socialisme est irréalisable... Les objections dirigées
3. « Charles Péguy et Georges Sorel. Correspondance présentée
•et annotée par Géraldi Leroy», Cahiers de l'Amitié Charles Péguy,
IV, 16, octobre-décembre 1981, p. 253.
438 contre la grève générale, si elles étaient fondées, vaudraient
aussi irréfutablement contre le socialisme » 4.
Le plaidoyer est sans appel. Lagardelle réitère d'ailleurs son
adhésion à la grève générale quelques mois plus tard, après
la tenue du Congrès de Bourges 6.
Quant à l'allusion sibylline à l'attitude de Jaurès, il peut
s'agir de son discours au Congrès international d'Amsterdam
(14-20 août 1904) où il critiqua avec sévérité la social-
démocratie allemande et ses prétentions à exercer un magistère
sur l'Internationale, et où il défendit âprement l'action du Parti
socialiste de France et ses parlementaires.
Ces remarques nous conduisent à supposer que la conclusion
du texte (qu'on imagine mal avoir été écrit trois ans après la
parution du livre de L. Blum) fut remaniée pendant l'année
1904. Ceci n'aurait rien d'étonnant.
Sorel, en effet, ne s'interdit pas de reprendre soit des
éléments, soit des fractions de ses textes précédents, dans la
mesure où des sujets semblables le lui permettent. Ainsi Sorel
citera à nouveau les propos de Jules Guesde rapportés par
Diamandy (« Jules Guesde me disait avoir conçu le marxisme
avant d'avoir rien connu de Marx ») dans son texte « Mes
raisons du syndicalisme » daté de 1910 6.
De manière plus significative, Sorel emprunte beaucoup au
compte rendu qu'il avait donné, en 1899, du livre de Léon
de Seilhac pour le Pays de France 7. Il y énonce déjà un
jugement favorable au travail du délégué permanent du Musée
social au service industriel et ouvrier. Les analogies entre les
deux textes sont frappantes, tant du point de vue des infor
mations que de celui de l'interprétation. On retrouve dans ce
premier texte consacré à l'histoire du socialisme français des
références à B. Malon, jusqu'y compris les mêmes citations
(comme celles tirées de Y Egalité du 15 octobre 1882). Surtout,
dans ce texte de 1899, apparaît le même souci d'aborder
4. Le Mouvement socialiste, n° 137-138, 15 juin-15 juillet 1904,
pp. 137 et 142.
5. Cf. Le n° 145, 15 décembre 1904.
2e 6.éd., Matériaux p. 252. d'une théorie du prolétariat, Paris, Rivière, 1921,
7. Léon de Seilhac, Les Congrès ouvriers en France, 1876-1897,
Paris, A. Colin, 1899, XIII-360 p. ; G. Sorel, « Les congrès ouvriers
de France», Le Pays de France, I, juillet 1899, pp. 418430; voir
également l'article « L'evoluzione del socialismo in Francia », La
Riforma sociale, IX, juin 1899, pp. 509-525.
139 l'histoire du socialisme comme « l'étude d'une évolution d'états
mentaux collectifs >.
Sorel s'appuie donc sur une lecture attentive des articles
de Benoit Malon (plus d'une dizaine d'allusions) publiés
d'octobre 1886 à février 1887 dans la Revue socialiste8. B.
Malon y raconte la plupart des épisodes auxquels Sorel renvoie
Léon Blum. Il reprend également certaines explications sur
l'état d'esprit des socialistes qu'avance Malon, ainsi le poids
du « ressentiment de la sanglante réaction versaillaise » dans la
-génération qui suivit la Commune. Cela est surprenant car Sorel
porta un jugement négatif sur le personnage : «... В . Malon,
qui passait alors (1894) pour un grand docteur, fut en réalité un
médiocre » 9. Mais cela l'est d'autant plus que Ton songe au
théoricien du « socialisme intégral » lorsqu'il écrit que « les
-comptes rendus officiels ont besoin d'être complétés, contrôlés
et corrigés au moyen de témoignages sérieux ». Or, le seul
témoignage qui affleure dans le texte, c'est bien celui de Malon.
Par le relevé systématique, parfois ironique, que Sorel fait
ties erreurs de Léon Blum, on aperçoit toute l'importance qu'il
attache à l'exactitude des faits. Cette exactitude, cette rigueur
est nécessaire car elle conditionne l'interprétation générale que
l'o

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