Problèmes d aménagement urbain et spéculation foncière à Jakarta....  - article ; n°1 ; vol.46, pg 219-241
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Description

Archipel - Année 1993 - Volume 46 - Numéro 1 - Pages 219-241
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1993
Nombre de lectures 24
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Bernard Dorléans
Problèmes d'aménagement urbain et spéculation foncière à
Jakarta....
In: Archipel. Volume 46, 1993. pp. 219-241.
Citer ce document / Cite this document :
Dorléans Bernard. Problèmes d'aménagement urbain et spéculation foncière à Jakarta.. In: Archipel. Volume 46, 1993. pp. 219-
241.
doi : 10.3406/arch.1993.3599
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1993_num_46_1_3599Bernard DORLÉANS
Problèmes d'aménagement urbain
et spéculation foncière à Jakarta
«Ibu Kota lebih kejam dari ibu tiri...» W
Si la population indonésienne compte 183 millions d'habitants en 1992 et
s'accroît globalement de 2,15% par an, la population urbaine croît deux fois plus
vite: 4,3% par an. Elle atteint 53 millions d'habitants et devrait en compter 76
millions en l'an 2000. Il y a tous les ans quelque 2,5 millions de citadins supplé
mentaires et, selon la Banque Mondiale (2\ la conversion de terres cultivées en
zones industrielles ou résidentielles dans les vingt prochaines années va conduire
à une perte de 10% des surfaces cultivées à Java... Cependant, cette vigoureuse
urbanisation affecte essentiellement les très grandes villes, les petits centres
urbains (inférieurs à 100 000 habitants) n'étant guère capables de fournir occupat
ions et revenus de nature à retenir durablement les immigrants ruraux.
Face à cette situation, la politique d'aménagement urbain reste très timide.
Elle s'est, certes, attachée à deux types d'actions visant les catégories sociales à
revenus modestes, mais non les plus pauvres. Pour le reste, elle se caractérise
essentiellement par un «laisser-faire» jouant, bien évidemment, en faveur des
intérêts privés.
Nous allons voir ici les modalités et les limites de cette politique au niveau de
la capitale où, depuis 1967, a été mis en place un schéma directeur d'aménage
ment urbain. Dans un deuxième temps, nous envisageons comment les carences
de cette politique ont permis aux promoteurs de se lancer dans la spéculation
foncière.
I. Les dispositifs d'organisation de l'espace et leurs carences
Les autorités ont envisagé, dès la fin des années 1960, diverses stratégies
visant: 1) à favoriser le développement de quartiers ou kampung pour une popu- Bernard Dorléans 220
lation à revenus modestes. 2) à contrôler les opérations foncières. 3) à coordon
ner le développement de l'espace urbain.
1) Limites de la politique sociale d'urbanisation
II s'agit théoriquement d'une opération importante puisqu'elle concerne au
moins 70% de la population de Jakarta. Elle a été élaborée à deux niveaux, celui
de l'amélioration de certains quartiers existants, et celui de la construction de
logements sociaux.
- Des «Kampung Improvement Program» (K.I.P.)...
Il s'agit d'un projet lancé en 1969 et portant essentiellement sur la construc
tion de voies d'accès, la mise en place d'antennes sociales et éducatives, types
puskesmas (dispensaires) ou sekolah dasar (écoles primaires), accompagné dans
certains cas par des opérations d'adduction et de distribution d'eau par le Per-
usahaan Air Minum (Compagnie nationale des eaux), enfin de drainage et
d'assainissement dans des habitats sous-intégrés souvent situés dans des zones
marécageuses ou basses de la ville, donc régulièrement inondées, pour en faire
des «villages urbains». Ce programme ne concerne pas les kampung les plus
pauvres, qui, en général, sont situés dans les sites les plus insalubres, et condamn
és à la destruction. La politique des K.I.P. a été, et est toujours, considérée
comme un succès. Elle bénéficie d'ailleurs d'un soutien financier régulier de la
Banque Mondiale. Elle a un avantage indéniable, en ce sens qu'elle ne modifie
pas d'une manière radicale l'organisation sociale, le mode de vie et les formes
d'habitat des résidents, se limitant à améliorer, in situ, leur environnement.
Inversement, elles comporte quelques faiblesses: telle l'ouverture de larges
voies d'accès, qui ne correspond pas de façon toujours évidente à un besoin prio
ritaire des résidents ne disposant pas de voitures, alors qu'elle éveille la convoiti
se des spéculateurs. Telle encore la construction de dispensaires pour traiter les
maladies, sans projet parallèle d'amélioration des conditions d'hygiène qui sont
les causes de ces maladies, comme la de sanitaires, l'approvisionne
ment en eau potable, le creusement d'égouts ou le ramassage et traitement
des ordures ménagères. Cette politique n'obéit pas toujours à une logique évident
e. Un spécialiste de la Banque Mondiale notait que la moitié des habitants des
kampung (réhabilités ou non) achètent toujours l'eau à des vendeurs ambulants.
Aujourd'hui encore, à peine 15% de la population de Jakarta dispose de l'eau
courante et cette minorité privilégiée paie finalement sa consommation d'eau
beaucoup moins cher que les 85% des habitants les plus pauvres de la ville...
Autre exemple: la municipalité se reconnaît dans l'incapacité de dégager et
traiter plus de 40% des quelque 6000 tonnes (25 000 m3) de déchets urbains pro
duits journellement. Inversement, la construction de salles de prière, de mos
quées et bâtiments destinés à abriter la mise en place d'une administration locale
n'est jamais négligée. Ultérieurement, et selon l'importance des décisions à
prendre, ce sont les éléments de cette administration locale (R.T., R.W., lurah )
censés représenter la population, mais souvent élus sur des listes d'habilitation,
(sinon établies, du moins préalablement revues par l'administration centrale) qui
sont invités à «dialoguer» avec les autorités, puis à entériner et cautionner, au L 'aménagement urbain à Jakarta 221
nom des habitants, les décisions relatives aux programmes de réhabilitation.
Cette absence de consultation directe avec les résidents et usagers ne conduit pas
toujours à une prise en compte des besoins les plus réels. Enfin, cette carence
engendre une relative indifférence préjudiciable à la maintenance d'aménage
ments ou d'installations entièrement laissés à la charge des résidents. En effet,
les travaux achevés, les autorités, et les entrepreneurs qu'elles désignent, consi
dèrent leur mission terminée. Quels concours est-on en droit d'attendre des rési
dents quand, par exemple, la construction de remblais d'un mètre de haut servant
de chemins d'accès dans des zones basses et encore marécageuses, comme à
Pademangan {kampung dont nous avions étudié la réhabilitation en 1970), about
it à une aggravation des inondations dans les habitations situées en contrebas?
Les budgets destinés à mettre en œuvre cette politique ont tout de même per
mis la réhabilitation de 7 000 hectares de kampung pendant le 2ème plan quin
quennal, puis de 12 000 hectares pendant le 3ème (coût 150 millions de dollars),
puis de 24 000 pendant le 4ème. A Jakarta, 166 kampung habités par deux mil
lions de personnes ont été réhabilités à un coût moyen de 1 1 000 roupies (3) par
résident. 50% de ces fonds proviennent d'aides extérieures, la Banque Mondiale
et la Banque Asiatique de Développement (A.D.B.) assurant 75% des finance
ments et les 25% restant étant pris en charge, au moyen d'aides bilatérales, par
trois pays: Pays-Bas, Japon et Australie. Depuis le 25 mars 1992, l'aide bilatérale
des Pays-Bas est rejetée par l'Indonésie pour cause d'ingérence politique. Les
sommes affectées à ces programmes ne doivent pourtant pas faire illusion: elles
représentent à peine 15 à 20% du budget municipal, alors qu'elles concernent,
comme nous l'avons dit au début de ce paragraphe, 70% de la population de
Jakarta.
... au plan de logements sociaux
Ce plan s'appuie sur la société publique Perum perumnas, et une banque de
crédit et d'épargne, la Bank Tabungan Negara (B.T.N.). Les logements
construits par cet organisme à Jakarta et, désormais, plus fréquemment encore,
dans la couronne des villes satellites qui s'étend sur la province de Java Ouest,
sont passés de 140 000 en 1984 à 200 000 en 1989

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