Problèmes politiques contemporains du Danemark - article ; n°4 ; vol.2, pg 737-751

Max Sörensen

Description

Revue française de science politique - Année 1952 - Volume 2 - Numéro 4 - Pages 737-751
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: REVUE_FRANCAISE_DE_SCIENCE_POLITIQUE0
• Publié le: 01 janvier 1952
• Nombre de lectures: 26
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 1 Mo

Extrait

Monsieur Max Sorensen
Problèmes politiques contemporains du Danemark
In: Revue française de science politique, 2e année, n°4, 1952. pp. 737-751.
Citer ce document / Cite this document :
Sorensen Max. Problèmes politiques contemporains du Danemark. In: Revue française de science politique, 2e année, n°4,
1952. pp. 737-751.
doi : 10.3406/rfsp.1952.392169
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1952_num_2_4_392169Problèmes Politiques Contemporains
du Danemark
MAX RENSEN
TUDE des problèmes politiques un pays ne peut être entre
prise sans la connaissance de sa structure sociale nous ne
saurions faire ici une analyse complète de infrastructure
des problèmes politiques du Danemark mais nous devons au moins
en présenter les traits les plus significatifs
La population du pays élève environ 4.300.000 habitants
Elle ne cesse de croître et augmentation annuelle atteint actuel
lement près un pour cent
On se représente généralement le Danemark comme un pays
essentiellement agricole Cela est pas entièrement inexact si on
se place du point de vue économique près de 60 des exporta
tions étant constituées de produits agricoles agriculture est la
branche de production la plus importante du pays Cependant la
répartition de la population ne correspond pas cette donnée
La grande majorité de la population est urbaine Environ le quart
est-à-dire plus un million habite la région de Copenhague ce
qui constitue une proportion extrêmement élevée La population des
villes de province est assez peu nombreuse mais la totalité de la
population urbaine élève finalement 2.750.000 est-à-dire envi
ron 65 de la population Le pourcentage qui revient aux villes
va ailleurs toujours croissant la population totale des régions
rurales est statique ou même décroissante et augmentation de
la population est entièrement absorbée par les villes
Texte une conférence donnée le 23 avril 1952 Institut Etudes
Politiques de Université de Paris Le Comité de Direction de la Revue remer
cie vivement Max Sorensen pour avoir bien voulu autoriser la repro
duction de son texte par la Revue Fran aise de Science Politique N.D.L.R.
737 àë Sorensen
Encore plus significative est la répartition de la population
entre agriculture une part et les autres branches de la vie éco
nomique de autre Moins un quart de la population active est
occupé dans agriculture environ le tiers dans industrie et
environ un quart dans le commerce et dans les transports et com
munications Ici encore intérêt ne réside pas seulement dans les
chiffres actuels mais aussi dans leur évolution au cours de la
période la plus récente Le phénomène le plus frappant est la dimi
nution du nombre des personnes occupées dans agriculture qui
depuis 1939 atteint environ 30 alors que la production agricole
dans le même temps augmenté de 20 explication de ce
phénomène réside dans introduction de techniques améliorées et
surtout une mécanisation intensive Les tracteurs et les trayeuses
mécaniques ont remplacé des milliers ouvriers agricoles
Pour juger correctement les conséquences politiques de cette
évolution il faut prendre en considération que la diminution de la
population rurale surtout porté sur les jeunes domestiques de
ferme Le nombre des propriétaires légèrement augmenté grâce
au morcellement continuel des domaines les plus grands tandis que
le nombre des ouvriers agricoles vivant extérieur de la ferme
est resté le même avant la guerre
Etant donné que âge électoral est toujours fixé 25 ans et
que les jeunes au-dessous de cet âge exercent pas influence
politique les conséquences politiques de cette évolution sur le plan
social demeurent infimes on pourrait remarquer également que
les migrations de la campagne vers les villes portent maintenant
sur des gens plus jeunes autrefois Le fils ou la fille du paysan
ou de ouvrier agricole oriente de prime abord vers les métiers
urbains au lieu de travailler quelques années la campagne avant
de la quitter
autre part introduction de la machine dans les campagnes
fait naître des industries mécaniques reposant sur agriculture
industries un type très décentralisé composées entreprises de
faibles dimensions et situées dans les petites villes or les intérêts
de ceux qui travaillent dans ces industries coïncident avec ceux des
paysans et dépendent de la prospérité de ces derniers Aucune
étude exacte de ces facteurs été entreprise ici et les
quelques remarques qui précèdent sont donc fondées sur des con
jectures générales qui atteignent pourtant un haut degré de vrai
semblance
7S8 Politiques Contemporains du Danemark Problèmes
En tout état de cause malgré ces transformations sociales le
tableau politique est resté extraordinairement stable Il existe au
Danemark un grand nombre de partis politiques La représentation
proportionnelle introduite en 1915 favorise ici comme en autres
pays les petits partis Le Danemark est ailleurs un des rares
exemples un multipartisme antérieur introduction de la repré
sentation proportionnelle et existant déjà au début du siècle sous
le régime du scrutin uninominal un tour
heure actuelle le nombre des partis représentés au Parle
ment est de six La loi électorale est assez libérale en ce qui con
cerne la formation de nouveaux partis néanmoins leur nombre
reste assez stable Le tableau suivant indique le nombre de sièges
obtenus par les principaux partis aux élections de 1935 1945 et
1950 sur les 149 sièges de la Chambre basse le Folketing aux
quels ajoutent les deux sièges attribués aux îles Féroé une sorte
de département Outre-Mer
1935 1945 1950
Communistes .. 18
Socialistes ..... 68 48 59
Radicaux 14 11 12
Paysans ....... 28 38 32
Conservateurs 26 26 27
Georgistes ..... 12
Le tableau traduit première vue une grande stabilité La
seule modification sensible est la diminution des sièges du Parti
social-démocrate au profit des communistes Immédiatement après la
Libération les communistes ont recueilli les fruits de leur attitude
et de leur activité courageuses pendant occupation phénomène
ailleurs commun tous les pays occupés Cependant si on
considère le Parti communiste ainsi que le Parti social-démo
crate comme deux partis essentiellement ouvriers on remarque
que ces deux partis représentant la classe ouvrière ont réussi
maintenir ensemble leur position relative par rapport celle des
partis bourgeois
En régime parlementaire de tels chiffres sont de mauvais
augure ils indiquent aucun des partis ne possède la majorité
absolue et sauf événements imprévus ne peut compter obtenir
dans un avenir rapproché Même le parti le plus fort le Parti
social-démocrate est assez loin des 75 sièges qui constituent cette
majorité
739 àë Sorensen
Contrairement la Norvège où le Parti socialiste conservé la
majorité depuis 1945 et la Suède où le Parti possédé
la absolue pendant quelques années et reste toujours très
près de la reconquérir le Parti socialiste danois doit accommoder
du sort aléatoire un parti qui demeure constamment minoritaire
et ce est pour lui une faible consolation de savoir il une
bonne chance de rester le plus fort parmi les nombreux partis
minoritaires
Dans ces circonstances le problème primordial de la vie poli
tique du Danemark est celui de la formation un gouvernement
stable est un paradoxe mais un fait incontestable que la sta
bilité de la structure politique du pays entraîne une instabilité
gouvernementale permanente
alternative suivante se présente pour la formation un gou
vernement soit une coalition entre partis qui ensemble possèdent
la majorité soit un gouvernement minoritaire Cette dernière solu
tion est toujours possible après la Constitution Celle-ci qui date
de 1849 revisée en 1866 1915 et 1920 demeure muette sur le
parlementarisme après ses dispositions le roi nomme librement
ses ministres et est ultérieurement que est établi usage de la
démission du gouvernement il est mis en minorité lors du vote
sur une question de confiance la Chambre basse Aucune dispo
sition expresse ni aucun usage exigent un vote de confiance
intervienne lors de la présentation du gouvernement aussi bien
pour le choix du président du Conseil que pour la composition du
gouvernement Le roi est donc libre d