Psychanalyse et sexualité féminine - article ; n°1 ; vol.3, pg 51-65
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Description

Les Cahiers du GRIF - Année 1974 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 51-65
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1974
Nombre de lectures 165
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Luce Irigaray
Psychanalyse et sexualité féminine
In: Les Cahiers du GRIF, N. 3, 1974. Ceci (n') pas (mon) corps. pp. 51-65.
Citer ce document / Cite this document :
Irigaray Luce. Psychanalyse et sexualité féminine. In: Les Cahiers du GRIF, N. 3, 1974. Ceci (n') pas (mon) corps. pp. 51-65.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/grif_0770-6081_1974_num_3_1_919psychanalyse
et sexualité féminime
« plus petit » pénis, un « reliquat embryologique prou
vant la nature bisexuelle de la femme », une ¦ zone
érogène semblable à celle que l'on trouve dans le
gland ». La petite fille est bien alors un petit homme,
et toutes ses pulsions et plaisirs sexuels, notamment
masturbatoires, sont en fait « virils ».
Ces énoncés sont développés, entre autres, dans
des Contre divergences. petit de anal, LA Organisation sait, les est « la similitudes alors Les THEORIE le pénis, ne stades garçon... même toute garçonnet individus témoigne un de manière Nous petit attente, pré-dipiens. Dès sont voluptueuses libidinale FREUDIENNE des apprend devons homme. pas le infiniment les la deux de début petite premiers admettre à moins Parvenu sexes sensations se de fille, plus procurer, d'agressivité la stades semblent marquées à que au phase ce stade et la de stade, grâce cette petite phallique, traverser la sadique- que libido. à on excifille son les le les « Trois essais sur la théorie de la sexualité » (2)
où il est affirmé que l'hypothèse d'un seul et même
appareil génital l'organe mâle est fondamentale
pour rendre compte de l'économie sexuelle infantile
des deux sexes. De façon conséquente, Freud soutien
dra donc que la « libido » est toujours masculine,
tation est en rapport avec certaines représentations qu'elle se manifeste chez l'homme ou ia femme, que
de rapports sexuels. La petite fille se sert, dans le l'objet désiré soit femme ou homme. Cette conception
même but, de son clitoris plus petit encore. Il semble relative et au primat du pénis et au caractère forcé
que chez elle, tous les actes masturbatoires intéres ment mâle de la libido commande, on le verra, la
sent cet équivalent du pénis et que, pour les deux problématique de la castration telle que la développe
sexes, le vagin, spécifiquement féminin, ne soit pas Freud. Avant d'y venir, il faut s'arrêter sur quelques
encore découvert »* (1). Pour Freud, les premières implications de ce « commencement » du devenir
phases du développement sexuel se déroulent de femme.
façon identique chez le garçon et la fille. Ce qui se
justifie par le fait que les zones érogènes sont les
Conséquences pour la génitalité infantile mêmes et jouent un rôle semblable : sources d'exci
de la fille. tation et de satisfaction des pulsions dites « partiel-
La fillette, dit Freud, n'est pas en retrait sur le tes ». Ces zones érogènes sont, de façon privilégiée,
petit garçon quant à l'énergie de ses pulsions parla bouche et l'anus, mais encore les organes génitaux
tielles. Et, par exemple, « ses impulsions agressives qui, s'ils n'ont pas encore subordonné toutes les pul
ne sont ni moins vives, ni moins nombreuses » (1) ; sions partielles à la > fonction sexuelle ou fonction
de même a-t-on pu observer « l'incroyable activité reproductrice, Interviennent eux-mêmes à titre de zone
phallique de la fillette » (1). Or, pour qu'advienne la érogène notamment dans la masturbation.
féminité », un refoulement beaucoup plus grand
des dites pulsions sera exigé de la petite fille et,
Le primat de l'organe mâle. notamment, la transformation de son « activité »
Que la bouche ou l'anus soient neutres » du point sexuelle en son contraire la « passivité ». Ainsi les
de vue de la différence des sexes cela ne semble pulsions partielles notamment sadiques-anales et aussi
pas faire de problème pour Freud. Quant à l'identité scoptophiliques, les plus insistantes, vont-elles fin
des zones génitales elles-mêmes, il dira, s'appuyant alement se répartir en harmonieuse complémentarité :
sur la biologie et sur ses observations analytiques, la tendance à s'approprier trouvera son complément
que pour la fillette le seul clitoris est en jeu en ce dans le désir d'être possédée, le plaisir de faire souff
temps de son développement sexuel et que le clitoris rir dans le masochisme féminin, le désir de voir
dans les * masques et la pudeur qui évoquent l'en- peut être considéré comme un pénis tronqué, un
51 vie de s'exhiber, etc. La différence des sexes retra exemple [4]), soit par suspens à un temps de son
versera, ultérieurement, la petite enfance en répartis- devenir femme : ainsi, la prévalence des muqueuses
sant les fonctions et rôles sexuels : « le masculin orales que l'on retrouve, aussi, dans l'homosexualité.
Quant aux pulsions scoptophiliques et sado-masochis- rassemblera le sujet, l'activité et la possession du
pénis, le féminin perpétuera l'objet, la passivité et... tes, elles paraissent si prégnantes que Freud ne les
l'organe génital châtré » (3). Mais ce départage, après excluera pas de l'économie génitale, qu'il les y re
prendra en les différenciant sexuellement rappecoup, des pulsions partielles n'est pas inscrit dans
l'activité sexuelle de la petite enfance, et Freud ren lons l'opposition voir/être vue, faire souffrir/souffrir.
dra peu compte des effets de la répression pour/par Ce qui ne veut pas dire qu'un rapport sexuel qui
la femme de cette énergie sexuelle infantile. Il souli s'y résoudrait ne serait pas, à ses yeux, pathologique.
gnera cependant que la féminité se caractérise, et La pathologie sexuelle féminine aurait donc à s'inter
doit se caractériser, par un refoulement plus précoce préter, en termes de préoedipe, comme fixation à l'i
et plus inflexible des pulsions sexuelles et un plus nvestissement de la muqueuse orale, mais encore à
fort penchant à la passivité. l'exhibitionnisme et au masochisme. Bien sûr, d'autres
événements pourront déterminer une « régression »,
C'est, au fond, en petit homme que la fillette aime qualifiée de morbide, aux stades prégénitaux selon
sa mère. Le rapport spécifique de la fille-femme à la des modalités diverses. Pour les envisager, il faut
mère-femme est peu envisagé par Freud. Et ce n'est reprendre l'histoire du « devenir une femme nor
que tardivement qu'il reviendra sur le préoedipe de la male », selon Freud et, de façon plus spécifique, le
petite fille comme à un champ d'investigations trop rapport de la fillette au complexe de castration.
peu analysé. Mais longtemps, et même alors, il consi
dère le désir de la fillette pour sa mère comme un
Spécificité du complexe désir « viril », « phallique ». D'où le renoncement,
de castration féminin. nécessaire, à ce lien à la mère, et d'ailleurs, la
« haine » de sa mère, quand la fille découvrira qu'au Si ie complexe de castration marque pour le garçon
regard de l'organe sexuel valeureux, elle est châtrée. le déclin du complexe d'dipe, il en va autrement,
Et qu'il en va ainsi de toute femme, sa mère y comp et quasiment à l'inverse, pour la fille. Qu'est-ce à
ris. dire ? Le complexe de castration du garçon naît à
l'époque où celui-ci constate que le pénis, ou membre
viril si précieux pour lui, ne fait pas nécessairement
Pathologie des pulsions partielles. partie du corps, que certaines personnes sa sur,
L'analyse des partielles s'élabore, pour ses petites camarades de jeu... n'en ont pas. La vue,
Freud, à partir des désirs de transgressions anatomi- fortuite, des organes génitaux de celles-ci fournit
ques dont il constate le refoulement traumatisant dans l'occasion d'une telle découverte. Si la première réac
la névrose, et la réalisation dans les cas de pervers tion du garçon est de nier ce qu'il a vu, de prêter
ion. Les muqueuses orales et anales sont alors sur malgré tout un pénis à sa sur, à toute femme, et
investies par rapport aux zones génitales. De même surtout à sa mère, de vouloir voir, de croire voir
que l'emportent les fantasmes et comportements quoi qu'il en soit le me

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