Quelques aspects de l esprit de dévotion anglican au temps de Samuel Johnson - article ; n°1 ; vol.19, pg 99-116
19 pages
Français

Quelques aspects de l'esprit de dévotion anglican au temps de Samuel Johnson - article ; n°1 ; vol.19, pg 99-116

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
19 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles - Année 1984 - Volume 19 - Numéro 1 - Pages 99-116
18 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1984
Nombre de lectures 7
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marcel Brosseau
Quelques aspects de l'esprit de dévotion anglican au temps de
Samuel Johnson
In: XVII-XVIII. Bulletin de la société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°19, 1984. pp. 99-116.
Citer ce document / Cite this document :
Brosseau Marcel. Quelques aspects de l'esprit de dévotion anglican au temps de Samuel Johnson. In: XVII-XVIII. Bulletin de la
société d'études anglo-américaines des XVIIe et XVIIIe siècles. N°19, 1984. pp. 99-116.
doi : 10.3406/xvii.1984.1048
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xvii_0291-3798_1984_num_19_1_1048- - 99
QUELQUES ASPECTS DE L'ESPRIT DE DEVOTION ANGLICAN
AU TEMPS DE SAMUEL JOHNSON ^
"I have prayed that I may render up my soul to God unclouded" .
Par ces nobles paroles, Samuel Johnson, sûr de sa fin proche, demande à son
entourage de le laisser rendre l'esprit en toute lucidité. Elles résument
une aspiration personnelle constante et celle d'innombrables âmes pieuses de
son temps. La pratique de la vertu, inlassablement recommandée dans The
Rambler, The Adventurer , , The Idler , s'identifie au fond à la patience (au
sens étymologique du terme). Elle repose sur le sacrifice de soi-même. Elle
est attente vigilante de Dieu. Elle procède d'une sagesse à préserver de
haute lutte contre les mauvaises habitudes, le dérèglement de l'imagination
et des passions, les appétits déboutes sortes qui rendent, l'être opaque à
la lumière divine, le concentrent sur lui-même et ses intérêts futiles, le
livrent au péché et à la mort spirituelle en le détournant de Dieu.. En ce
monde, il n'existe pas de vallée heureuse où puisse être comblé par le, luxe
et les plaisirs ce "manque, d'être" qui décide Rasselas à entreprendre son
pèlerinage. Mais ni la jeunesse dorée, ni le berger, ni l'ermite, ni le phi
losophe et les autres ne possèdent le secret du bonheur. L'enquête a tourné
court avant que le sage persuade les voyageurs de la poursuivre dans les ca
tacombes. Ce qu'ils n'ont pas appris des vivants, peut-être vont-ils l'ap
prendre des morts (la littérature religieuse et profane de l'époque est ri
che en suggestions de cet ordre). Cette descente dans les régions souterrai
nes sera aussi une descente en eux-mêmes. C'est par là qu'elle sera féconde.
Le sage le laisse entendre (Rasselas , ch. 47), 1 ' Imitation le promet :
The better acquainted any Man is with himself /.../ the more
extensive and sublime is his Knowledge /.../. Because this - - 100
receives, and is directed by, a Ray darted from heaven Man
into his Soul. (3)
Le livret de piété populaire le rappelle souvent. Dans Rasselas, la réflexion
s'oriente d'abord vers la connaissance humaine. Elle confirme qu'il y a dua
lité entre la matière ("matter is inert, senseless, and lifeless", ch. 48)
et l'âme, principe spirituel incorruptible. Il serait irrationnel de rejeter
ce que l'on sait en faveur d'hypothèses incertaines et invérifiables. Il res
te l'angoissante possibilité de l'annihilation - certains l'envisageaient -,
si intolérable pour Johnson. La réponse ne peut venir de l'homme. Sa certi
tude absolue de l'immortalité, il la doit à la Révélation. Devant la pous
sière des riches et des puissants, les pèlerins ont reconnu la vanité des
grandeurs humaines. Cette acceptation recueillie de l'humilité (n'est-elle
pas l'assise- même de la morale chez Johnson ?) les a rendus aptes à recevoir
la vérité inaccessible à la raison mais communiquée par la foi. Dans son att
itude - elle se garde de trop présumer d'elle-même ("I hope"), et dans sa
résolution ferme ("only", la princesse est à l'image de l'auteur :
"To me", said the princess, "the choice of life is become
less important ; I hope hereafter to think only on the choice
of eternity" (ch. 48).
Boswell éclaire le sens resté ici sous-entendu de cet engagement :
I said, the great article of Christianity is the revelation of
immortality. Johnson ^ admitted it was. (4)
Des discussions de cette nature ne sont pas rares dans les ouvrages de spi
ritualité et de dévotion du XVTIIe siècle. On a fréquemment souligné l'inté
rêt de Johnson pour les sermons de Samuel Clarke. Il tenait A Companion for
the Festivals and Fasts of the Church of England (1703), de Robert Nelson,
pour un manuel de grande valeur. L'étude de l'immortalité y occupe un chapi
tre entier, en liaison avec la résurrection.
A Nelson, il rend aussi l'hommage d'avoir servi la religion par le
prestige que lui. conférait sa vie chrétienne exemplaire d'homme de haut rang
attentif à soutenir le faste propre à son état. L'exemple venu d' en-haut
était tenu pour le plus efficace. Moralistes et autres auteurs déclaraient
l'homme fait, pour vivre en société. J. Wesley ne veut connaître d'autre - - 101
sainteté que "sociale". La vocation du chrétien l'appelle à transformer le
monde de l'intérieur, ce qui n'exclut ni la retraite temporaire, ni surtout
les moments de recueillement quotidien indispensables. Le détachement s'im
pose ; la fuite entraîne ces fautes par omission si gravement coupables au
jugement des guides spirituels de l'époque. Plus que beaucoup, S. Johnson
s'élève à la critique sereine qui respecte les valeurs et n'outrage pas
les égarés :
Of these recluses (les moines), it may, without uncharitable
censure, be affirmed ; that they have secured their innocence
by the loss of their virtue ; that, to avoid the commission
of some faults, they have made many duties impracticable ;
and that, lest should do what they ought not to do, they
leave much undone which they ought to do . . .
He is happy that carries about with him in the world the
temper of the cloister ; and preserves the fear of doing
evil, while he suffers himself to be impelled by the zeal of
doing good. (5)
L'éthique religieuse du siècle est là en vraie grandeur. The Life of Dr
Herman Boerhaave (1739) illustre la réalisation de l'idéal proposé ^ .
Johnson loue ce médecin d'avoir développé sa force physique, et
entretenu la vigueur et l'activité de son esprit, d'être resté joyeux sous
la calomnie et les attaques. Les apologistes ne veulent pas d'une religion
morose. Les airs pensifs, les mines solennelles provoquent la disgrâce de
la piété. La mélancolie, lit-on dans The NewMiole Duty of Man (1741 ?) ,
manuel très populaire, refoule l'Esprit de Dieu et trouble son action. Vi
gueur physique et vitalité spirituelle sont. nécessaires pour rendre digne
ment hommage à Dieu. Le bon chrétien se distingue par sa sociabilité comme
par sa ferveur. Il se mortifie sans complaisance pour lui-même, autant que
possible dans le secret (la peur de l'hypocrisie hante la conscience déli
cate) , par amour de Dieu et non par mépris de son corps ou du reste du mon
de. Il pratique cette ascèse libératrice qui le conduit à accepter sa situa
tion d'être voué à la mort. Un point mérite l'attention : jamais les guides
spirituels ne limitent la soumission à la Providence. Le disciple est as
treint à un renoncement total à soi, au sacrifice de sa vie, si Dieu lui en
manifeste clairement la nécessité. Ce respect de la liberté divine est un
aspect souvent méconnu de la piété de ce temps-là. Les diverses confessions
religieuses exaltent l'héroïsme des premiers chrétiens et de ceux de leurs - - 102
membres qui ont souffert pour leur foi. Elles rendent grâce au Tout-Puissant
d'avoir éteint dans leur pays les persécutions qui imposent de tels sacrifi
ces. Selonune opinion assez répandue surtout dans l'Eglise anglicane, la
défense de la vérité religieuse elle-même ne justifie pas l'action violente
contre l'autorité établie. Même là où règne l'erreur, le magistrat détient le
droit d'exiger l'obéissance des citoyens. Dieu jugera en toute justice. Les
gouvernants seront tenus responsables du mal commis. A chacun de suivre sa
conscience, de l'éclairer du mieux qu'il peut. Redoutable responsabilité dont
l'exercice, généralement laissé à l'appréciation de l'homme, peut, dans des
cas désormais exceptionnels, relever de la volonté expresse de la Providen
ce :
Sir, the only method by which reli

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents