Raden Saleh, un artiste-prince à Paris - article ; n°1 ; vol.54, pg 123-152
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Raden Saleh, un artiste-prince à Paris - article ; n°1 ; vol.54, pg 123-152

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Archipel - Année 1997 - Volume 54 - Numéro 1 - Pages 123-152
Claude Guillot & Pierre Labrousse
The authors of this article retrace the years spent by Raden Saleh in Paris between 1845 and 1848, as well as his relations with France. Thanks to the aid of Dutch living in Paris, such as the Ambassador Fagel; the former Governor of the East Indies, Van der Capellen ; the General Le Bron de Vexela ; and the family connections of Saxe-Cobourg-Gotha, etc., the Javanese painter Raden Saleh enjoyed a warm welcome from Parisian high society and was even received at the court of Louis-Philippe, who acquired two of his paintings. Raden Saleh entered into contact with the well-known artist Horace Vernet, in whose studio Raden Saleh worked for a while at Versailles, but with whom he never travelled to Algeria. Raden Saleh was apparently a prolific painter during his time in Paris, accomplishing 12 paintings in two and half years, as well as participating in the Exhibitions of 1847 and 1848. During his time in Paris, he focused mainly on paintings depicting wild animals. He presented two of his works to the Emperor Napoleon III. In the appendix, is included a list of his paintings completed in France.
30 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 99
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Claude Guillot
Pierre Labrousse
Raden Saleh, un artiste-prince à Paris
In: Archipel. Volume 54, 1997. pp. 123-152.
Abstract
Claude Guillot & Pierre Labrousse
The authors of this article retrace the years spent by Raden Saleh in Paris between 1845 and 1848, as well as his relations with
France. Thanks to the aid of Dutch living in Paris, such as the Ambassador Fagel; the former Governor of the East Indies, Van
der Capellen ; the General Le Bron de Vexela ; and the family connections of Saxe-Cobourg-Gotha, etc., the Javanese painter
Raden Saleh enjoyed a warm welcome from Parisian high society and was even received at the court of Louis-Philippe, who
acquired two of his paintings. Raden Saleh entered into contact with the well-known artist Horace Vernet, in whose studio Raden
Saleh worked for a while at Versailles, but with whom he never travelled to Algeria. Raden Saleh was apparently a prolific painter
during his time in Paris, accomplishing 12 paintings in two and half years, as well as participating in the Exhibitions of 1847 and
1848. During his time in Paris, he focused mainly on paintings depicting wild animals. He presented two of his works to the
Emperor Napoleon III. In the appendix, is included a list of his paintings completed in France.
Citer ce document / Cite this document :
Guillot Claude, Labrousse Pierre. Raden Saleh, un artiste-prince à Paris. In: Archipel. Volume 54, 1997. pp. 123-152.
doi : 10.3406/arch.1997.3419
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/arch_0044-8613_1997_num_54_1_3419r
GUILLOT & Pierre LABROUSSE
Raden Saleh, un artiste-prince à Paris
Depuis quelques années, Raden Saleh «précurseur de la peinture indoné
sienne», jouit dans son pays d'un inattendu regain de célébrité. Les collection
neurs s'arrachent ses tableaux à des prix exorbitants. Un «Centre de document
ation Raden Saleh» a vu le jour à Bandung, qui vient de publier le premier
numéro d'une revue entièrement consacrée au peintre, le Raden Saleh Bulletin.
Une grande exposition Raden Saleh se prépare qui devrait tourner en Indonésie
et en Europe. Cet engouement fait sortir de l'ombre des toiles jusque-là incon
nues du maître javanais... ainsi que d'autres qui lui sont quelque peu hâtive
ment attribuées. Le hasard a donc voulu que paraisse à un moment particuli
èrement propice cette étude qui se propose de faire le point sur le séjour pari
sien de Raden Saleh entre 1845 et 1848, tel que les archives permettent de le
reconstituer.
Le pupille du gouvernement colonial
Un bref rappel biographique s'impose. Raden Saleh serait né vers 1811.
Alors qu'il avait moins de dix ans et vivait dans la maison de son oncle
Suraadimanggala, régent de Terboyo (Semarang), il fut confié au gouverne
ment colonial et conduit en 1819 à Buitenzorg. On a émis l'hypothèse que
c'est le Gouverneur général Van der Capellen lui-même qui l'aurait ramené de
Semarang où il était allé en visite officielle cette année-là W. Le gouvernement
colonial voulut-il s'attirer, de bon ou mauvais gré, la fidélité du régent et de sa
famille, ou envisageait-il de faire, à travers l'exemple du jeune Saleh, la
démonstration de sa capacité à «civiliser» les indigènes? On ne peut que
conjecturer sur les raisons de cette «adoption». Le cas de Raden Saleh, pour
n'être pas courant, n'est pas unique pour autant (2\ En 1837, un fils du roi
1. Marie-Odette Scalliet, Antoine Payen, peintre des Indes Orientales. Vie et écrits d'un artiste du
XIXe siècle (1792-1853), Leyde, 1995, p. 73.
2. Sur cette pratique déjà ancienne, voir dans ce volume l'article de Christian Pelras «La première
description...».
Archipel 54, Paris, 1997, pp. 123-152 Q ET
Illustration non autorisée à la diffusion
Chasse au cerf dans l'île de Java, Paris 1847 (P. 5)
(Cliché Mairie de Saint-Amand-Montrond) Raden Saleh, un artiste-prince à Paris 125
Illustration non autorisée à la diffusion
Portrait de Raden Saleh Sjaricl" Bestaman par Johan Karl Baehr (180 1-1 869)
(Cliché Musée de Riga)
Archipel 54, Paris, 1997 [JKJ
126 Claude Guillot & Pierre Labrousse
d'Ashanti, dans l'actuel Ghana, nommé Aquasie Boachi, fut à l'âge de dix ans
emmené en Hollande où il devint pupille du roi Guillaume I. Il fit ses études à
Delft puis à Dresde et enfin à Fribourg en Suisse d'où il sortit ingénieur des
mines. Il fit une partie de sa carrière aux Indes orientales et mourut en 1904 à
Buitenzorg (Bogor). Les deux pupilles se connaissaient et Raden Saleh fit
même le portrait de Boachi (3\
En 1820, le petit «sarib Saleh» logeait dans la maison du naturaliste
C. Reinwardt à Buitenzorg et fut confié dès cette date au peintre A. Payen qui
fut donc son premier et véritable maître W. Il suivit l'artiste belge au moins
pendant quelques années. On perd la trace du jeune homme après le retour de
Payen en Europe en 1826. Trois ans plus tard, Raden Saleh quitta Java en com
pagnie de la famille d'un inspecteur des finances, J.B. de Linge, et arriva en
1829 en Hollande où il fut pris personnellement en charge par J.C. Baud,
directeur aux colonies et où il étudia pendant plusieurs années la peinture (5). À
la fin de 1837, J.C. Baud l'engagea à poursuivre son apprentissage à l'étranger
en lui allouant une «bourse». Raden Saleh hésita «parce qu'il ne connaissait
pas le français »(6). Il partit néanmoins un peu plus tard, en 1839, pour effec
tuer un tour d'Europe qu'il commença par l'Allemagne (7). C'est en Saxe, où il
devint l'ami du prince héritier de Saxe-Cobourg-Gotha, le futur Ernst II, que
Raden Saleh fut pour la première fois reconnu comme artiste à part entière.
Aussi resta-t-il toute sa vie très attaché à ce Grand-Duché. Il quitta
l'Allemagne à la fin de 1844 pour se rendre en France, après un crochet par la
Hollande.
À son arrivée à Paris, en 1845, Raden Saleh bénéficia de l'appui de deux
réseaux qui jouissaient d'une position eminente dans les sphères dirigeantes de
la capitale : les Hollandais de Paris et le cercle des Saxe-Cobourg-Gotha.
Les Hollandais de Paris
II existait à Paris, au début des années 1840, ce qu'on pourrait appeler le
groupe des barons néerlandais qui habitaient à demeure en France ou qui y
effectuaient de fréquents séjours. Tous parlaient parfaitement français. Issus
de vieilles familles, politiquement influentes, ils avaient en commun d'avoir
vécu les tourmentes qui avaient secoué leur pays durant la longue période qui
va de la Révolution française à la fin de l'Empire et de s'être rangés du côté
des orangistes. Il n'est guère surprenant qu'ils aient été de plus liés entre eux
par des relations familiales. Pour servir leur pays et leur roi, ils avaient, pour
3. Sur Aquasie Boachi, qui écrivit plusieurs articles dans des revues savantes, voir Encyclopaedic
van Nederlandsch-Indië, vol. V et sur ses rapports avec Raden Saleh voir W. Kraus, «Raden Saleh
(1811-1880). Ein indonesischer Maler in Deutschland », Orientierungen I, 1996, p. 55. Leurs rela
tions ne semblent pas avoir été excellentes. Kraus rapporte que Saleh dénonça Boachi au gouver
nement colonial pour proféré des propos anti-hollandais dans un salon de Dresde, à la veillée
de Noël 1847!
4. La biographie de ce peintre a récemment été établie par M.-O. Scalliet, op. cit.
5. Sur le séjour de Raden Saleh en Hollande voir J. de Loos-Haaxman, «Raden Saleh in Den
Haag», Vereniging 'Die Haghe': Jaarboek 1965, 's-Gravenhage, 1965, pp. 62-75.
6. J. de Loos-Haaxman, Verlaat Rapport Indië, 1968, p. 56.
7. Sur son séjour en Allemagne voir l'article de W. Kraus déjà cité.
Archipel 54, Paris, 1997 n-- £
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Raden Saleh, un artiste-prince à Paris 127
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Archipel 54, Paris, 1997 Claude Guillot & Pierre Labrousse 128
Archipel 54, Paris, 1997 Raden Saleh, un artiste-prince à Paris 129
certains, participé à la reprise en main des possessions hollandaises aux Indes
et pris part à la Guerre de Java qui s'ensuivit.
On trouvait parmi eux le vieux Baron Fagel, l'inamovible ambassadeur des
Pays-Bas aux Tuileries qui, nommé à ce poste en 1814, le conserva jusqu'à sa
retraite en 1854. Il demeura alors à Paris où il mourut deux ans plus tard. Il y
avait aussi le Baron Sirtema de Grovestins qui, arrivé en France en 1828, resta
jusqu'

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