Recherches à Latô, V : le prytanée - article ; n°2 ; vol.96, pg 567-592

Pierre Ducrey, Olivier Picard

Description

Bulletin de correspondance hellénique - Année 1972 - Volume 96 - Numéro 2 - Pages 567-592
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

• Publié par: BULLETIN_DE_CORRESPONDANCE_HELLENIQUE
• Publié le: 01 janvier 1972
• Nombre de lectures: 26
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 4 Mo

Extrait

Olivier Picard O
Pierre Ducrey
Recherches à Latô, V : le prytanée
In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 96, livraison 2, 1972. pp. 567-592.
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Picard O Olivier, Ducrey Pierre. Recherches à Latô, V : le prytanée. In: Bulletin de correspondance hellénique. Volume 96,
livraison 2, 1972. pp. 567-592.
doi : 10.3406/bch.1972.4846
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bch_0007-4217_1972_num_96_2_4846RECHERCHES A LATO
V. LE PRYTANÉE*
Le prytanée de Lato a été dégagé par J. Demargne au cours de ses
fouilles de 1899-1900. Si la situation du bâtiment au-dessus de l'agora,
le soin apporté à sa construction permettaient de supposer que l'on se
trouvait en présence d'un édifice public, l'identification en était assurée
par la présence dans une des salles des fragments d'une inscription dont
une clause précise qu'une copie devait en être déposée au prytanée1.
Le monument, publié par J. Demargne (p. 213-218), fit l'objet de nomb
reuses discussions2. Mais dans les conditions difficiles dans lesquelles
* Nos travaux ont bénéficié de la bienveillance de M. St. Alexiou, Éphore de Crète centrale
et orientale, ainsi que de l'aide financière de l'hôtel Minos Beach ; nous leur adressons tous nos
remerciements.
Sur nos précédentes «Recherches à Lato», voir BCH 93 (1969), p. 792-822, «I, Trois fours -
archaïques»; BCH 94 (1970), p. 567-590, «II, Le grand temple»; BCH 95 (1971), p. 515-531,
«IV, Le théâtre» ; et de V. Hadjimichali, BCH 95 (1971), p. 167-222, «III, Maisons», qui seront
citées « Recherches I, II... »
Les travaux suivants seront désignés seulement par le nom de l'auteur :
— H. Bulle, Unlersuchungen an griechischen Theatern (1928).
— J. Demargne, « Fouilles à Lato en Crète 1899-1900 », BCH 27 (1903), p. 206-232.
— A. Frickenhaus, « Griechische Banketthâuser », Jdl 32 (1917), p. 114-133.
— E. Kirsten, «Lato », RE Suppl. VII (1940), col. 342-365.
— R. Martin, Recherches sur V Agora grecque (1951).
— G. Tosi, « Contributo allô studio dei pritanei », Arte Antica e Moderna, 1966-1, p. 10-21
et 1966-11, p. 151-172.
— St. Miller, The Prgtaneion, Its Function and Architectural Form (monographie de
l'Archeological Institute of America, à paraître prochainement). Nous remercions l'auteur d'avoir
bien voulu nous communiquer son manuscrit. Au cours d'un séjour à Athènes, en mars 1972,
l'un de nous a pu avoir d'utiles échanges de vues avec lui.
(1) C'est le traité entre Gortyne et Lato, /. Creticae I, Lato, 1 [Staatsvertrâge des Altertums
III, 569). Cf. 1. 40-41 : άναγρ [α]ψάντων δέ βε|κάτεροι έν βρυταν[είωι τα] ήγραμμένα.
(2) En nous limitant aux principales interventions, nous citerons, pour le prytanée H. Pomtow,
Klio 12 (1912), p. 301-303 ; A. Frickenhaus, p. 131, n. 2 ; J. Charbonneaux, BCH 49 (1925), PIERRE DUCREY ET OLIVIER PICARD IBCH 96 568 RECHERCHES A LATO 569 1972] 570 PIERRE DUCREY ET OLIVIER PICARD IBCH 96
Fig. 4. — Le prytanée et les gradins. Coupes. Échelle 1:200.
il travaillait, son inventeur n'avait pu en procurer qu'un, schéma rapide
et parfois inexact3. Aussi, dans l'été 1969, avons-nous fait nettoyer les
ruines et demandé à Mme 0. Farner, notre architecte, d'en lever le plan
(fig. 1 ; 2 ; 4). De plus nous avons ouvert deux sondages de part et d'autre
du grand mur S du prytanée contre lequel viennent s'appuyer les gradins.
Nous nous proposons dans les pages qui suivent de décrire l'état actuel
et de revenir sur quelques points d'interprétation.
p. 167 ; C. Weickert, Typen der archaischen Architektur in Griechenland und Kleinasien (1929),
p. 174, n. 1 ; p. 177 ; E. Kirsten, col. 352-355 ; R. Martin, p. 228-229 ; G. Tosi ; St. Miller
inclut Lato dans son enquête à paraître prochainement sur les prytanées. Pour les gradins,
H. Bulle, p. 209-210, qui les replace dans l'évolution du théâtre grec ; F. Tritsch, Jahreshefte
Wien 27 (1932), p. 83, qui rapproche l'agora de Lato des textes homériques; C. Anti, Teatri
greci arcaici (1947), p. 35-37, qui les compare aux gradins de Phaistos ; O. A. W. Dilke, BSA 43
(1948), p. 127-129, qui donne, avec une photo et un plan, une bonne mise au point sur la question ;
cf. encore W. A. McDonald, The Political Meeting Places of the Greeks (1943), p. 32-34 ;
R. F. Willetts, Aristocratie Society in Ancient Crete (1955), p. 198-200 et Ancient Crete, A Social
History (1965), p. 57. L'identification de l'édifice avec le prytanée, combattue par C. Weickert,
/. c, a été vigoureusement défendue par E. Kirsten. R. Martin et G. Tosi considèrent qu'elle
ne saurait être mise en doute.
(3) J. Demargne, pi. IV-V. C'est en fait l'agrandissement d'une section du plan levé par
l'architecte Seyk et publié BCH 25 (1901), pi. XX. RECHERCHES À LATO 571 1972]
Fig. 5. — Le prytanée vu du SO.
1. Le prytanée (fig. 5).
Il comprend deux grandes salles à ΓΕ et à ΓΟ, ainsi que deux petites
pièces au NO.
A. La grande salle à 1Έ (fig. 6-7), sensiblement rectangulaire, mesure
9,85 m de long sur 8,05-8,20 m de large.
Les murs, assez bien conservés sur le long côté Ν et sur une partie des côtés Ε
et 0, sont faits de petits moellons de calcaire local, taillés très irrégulièrement.
A l'angle NO, le rocher a été entaillé de manière à former la base du mur ainsi
que trois marches qui donnent accès, par un passage en chicane, à l'une des petites
pièces au NO (fig. 6 ; 11 ; plan : c). L'angle SE (fig. 8) est à pan coupé : le plan
montre que le bâtiment est venu s'adosser ici au mur de direction SO-NE qui
soutient la terrasse à 1Έ du prytanée. La limite S est constituée d'abord par le
parement extérieur du bastion E, puis, lorsque le bastion fait place aux gradins,
par un beau mur à deux parements. Avec une épaisseur moyenne de 0,80 m,
ce mur est le plus important du prytanée. Un sondage ouvert de part et d'autre
(fig. 9-10) a montré que les fondations en avaient été très soigneusement établies
sur le rocher qui descend en pente rapide du Ν au S (voir la coupe E-E, fig. 4) ;
deux larges degrés les renforcent vers l'aval : c'est que ce mur joue aussi le rôle de
mur de terrasse, retenant les terres de la plate-forme sur laquelle est construit
le prytanée. 572 PIERRE DUCREY ET OLIVIER PICARD IBCH 96
Fig. 6. — La cour du prytanée vue du SE.
Fig. 7. — La cour du prytanée vue de ΓΕ. RECHERCHES À LATO 573 1972]
Au pied des murs courent deux degrés (fig. 6-8) qui ne s'interrompent qu'au
niveau des portes. Mais le degré inférieur, haut de 0,20 m en moyenne, était caché
sous le sol dont le niveau nous est donné par l'arasement des saillies du rocher en
divers endroits. Le degré supérieur n'atteint que 0,15 m de hauteur moyenne
pour une foulée d'environ 0,50 m. Le rôle de cette aorte de banquette nous échappe.
Quatre portes s'ouvrent sur cette pièce E. Outre le passage en chicane vers la
petite pièce NO (plan : c), fort étroit (0,60 m, cf. fig. 11), une poterne s'ouvre
sur les gradins au S ; à un seul vantail, dont le trou de crapaudine est parfaitement
visible, elle ne dépasse pas 0,85 m de largeur (fig. 23) ; enfin deux larges portes,
décalées l'une par rapport à l'autre, sont percées dans les petits côtés Ε et O.
Celle de Γ Ε donne dans ce que J. Demargne croyait être un recoin triangulaire,
mais qui est plutôt une avant-cour4. Le rocher a été aplani pour servir de seuil
et pour recevoir les deux piédroits de la porte, maintenant disparus (fig. 12).
Vers l'intérieur, on rencontre une marche faite de deux blocs ; on y observe deux
trous de crapaudine rectangulaires et une mortaise qui montrent que la porte,
s'ouvrant vers l'intérieur, comportait deux vantaux de dimensions inégales. A ΓΟ,
une autre porte à deux vantaux (fig. 7) donnait accès à l'autre salle. Le seuil,
encore en place, porte au lit supérieur la trace laissée par les deux piédroits ;
l'un d'eux a été retrouvé et remis en place. Une mortaise rectangulaire, creusée
dans le rocher, montre qu'ici aussi la porte avait deux vantaux inégaux et qu'elle
s'ouvrait vers ΓΟ.
Au centre de cette salle Ε s'étend une construction rectangulaire
(plan : a, fig. 6 et 7), faite de blocs très allongés et soigneusement travaillés
sur toutes les faces visibles5. J. Demargne note qu'il a mis au j