Recherches sur les auteurs des Grandes Chroniques de France, dites de Saint-Denys. - article ; n°1 ; vol.2, pg 57-74
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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1841 - Volume 2 - Numéro 1 - Pages 57-74
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1841
Nombre de lectures 12
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Léon Lacabane
Recherches sur les auteurs des Grandes Chroniques de France,
dites de Saint-Denys.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1841, tome 2. pp. 57-74.
Citer ce document / Cite this document :
Lacabane Léon. Recherches sur les auteurs des Grandes Chroniques de France, dites de Saint-Denys. In: Bibliothèque de
l'école des chartes. 1841, tome 2. pp. 57-74.
doi : 10.3406/bec.1841.451577
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1841_num_2_1_451577RECHERCHES
SUR LES AUTEURS
DES GRANDES CHRONIQUES DE FRANCE,
DITES DE S/UNT-DENYS,
Parmi les nombreux mémoires dont La Curne de Sainte-Palaye a
enrichi le précieux recueil de l'Académie des Inscriptions et Belles-
Letlres , l'un des plus remarquables , sans contredit , est celui qui
a pour objet de faire connaître les principaux monuments de notre
histoire , et plus spécialement žes Grandes Chroniques de France
ou Chroniques de saint Deny s. Ce dernier ouvrage, jadis si célèbre,
qui servit de base à nos premiers annalistes , tels que Nicole
Gilles, Gaguin, etc. , était tombé dans un si grand discrédit dès
le dix-septième siècle, qu'à peine quelques véritables érudits dai
gnaient-ils encore le consulter. Le mémoire de Sainte-Palaye, en
ramenant l'attention sur ces Chroniques , leur rendit une autorité
que le temps n'a fait que confirmer depuis. Je n'examinerai point
ici quelles ont pu être les causes d'abord de cette vogue poussée
jusqu'à l'excès, plus tard de cette défaveur plus exagérée encore.
Prenant la question où l'a laissée Sainte-Palaye, je veux seule
ment ajouter quelques faits nouveaux à ceux dont il nous a instruits,
relever quelques erreurs que le manque de renseignements ne
lui a pas permis d'éviter : heureux si ces nouvelles recherches ne
paraissent pas trop indignes du morceau de critique historique
qu'elles sont destinées à compléter.
Dès le début de sa notice, le savant académicien tombe dans une 58
double erreur , qu'on s'explique difficilement lorsqu'on connaît son
exactitude ordinaire. Après avoir dit que les Chroniques de Saint-
Denys existaient déjà au onzième siècle , il ajoute presque immé
diatement que l'abbé Suger , historien de Louis le Gros , doit en
être considéré comme le véritable auteur1. Ces deux assertions, du
reste , sont aussi peu fondées l'une que l'autre ; car, depuis la
mort de Suger (1152) jusqu'à la cinquième année du règne de Phi
lippe le Hardi (1274), c'est-à-dire durant une période de 122 ans ,
on chercherait vainement la mention d'un ouvrage intitulé Les
Chroniques de Sainl-Denys. Plusieurs de nos anciens poêles,
chroniqueurs ou romanciers, Philippe Mouskes, Guillaume
Guiart, etc., parlent, il est vrai, de chroniques latines trouvées
en l'abbaye de Saint- Denys, et qu'ils traduisirent en français
pour les faire entrer dans leurs propres compositions ; mais n'ont-
ils pas voulu désigner la collection des chroniques de divers
auteurs et de diverses époques, rassemblées dans le trésor de
ce monastère, plutôt qu'une compilation latine, dont la perte ulté
rieure serait d'ailleurs assez difficile à expliquer2?
Quant à l'abbé Suger, accordons, si l'on veut, qu'il ait contribué
à enrichir son abbaye de ce grand nombre de documents, qui firent
de la bibliothèque de Saint- Denys le plus riche dépôt historique
du royaume. Ce fait, que son amour des lettres rend plus que
probable, expliquerait même très-bien pourquoi les poètes et les
chroniqueurs eurent intérêt à dire, afin de mieux accréditer leurs
récils, qu'ils avaient consulté cette collection de préférence à
toutes les autres ; mais de ce qu'ils ont parlé de chroniques conser
vées à Saint-Denys, on aurait tort , je le répète , d'en conclure
l'existence , à l'époque où ils écrivaient, d'une compilation chro
nologique et systématique de nos annales, rédigée en latin, et
dont les Grandes Chroniques françaises ne seraient que la repro
duction littérale.
1 L'abbé Suger, né en 1081, ne fut nommé abbé de Saint-Denys qu'en l'année \ \ 22.
En supposant donc que les Grandes Chroniques fussent son ouvrage, elles ne dateraient
évidemment que du douzième siècle.
2 Et cela est si vrai que les exemples cités par Sainte-Palaye, pour établir l'autorité
dont jouirent, dans les onzième, douzième, treizième et quatorzième siècles, les Chro
niques de Saint-Denys, se rapportent tous à la Collection générale des Monuments
historiques conservés dans le trésor de cette abbaye, et nullement à une seule comp
ilation. Les deux premiers de ces exemples, dont l'application aux. Grandes Chro
niques de France paraît à peu prèsincontestable, sont des années 1557 cl: 1 '08. (Yoy.
les Mémoires de l'Académie, tome XV, pages 589 et suiv.) 59
Si nous cherchons maintenant l'époque à laquelle ces Grandes
Chroniques ont dû être composées , nous trouverons qu'elles ne
sont pas antérieures aux premières années du règne de Philippe le
Hardi , qui monta sur le trône en 12701. Entreprises par son ordre,
et peut-être même par celui de Louis IX, son père , ce saint roi à
qui rien d'utile et de grand ne semble avoir été étranger, elles
furent exécutées sous les yeux du célèbre Mathieu de Vendôme ,
abbé de Saint-Denys et régent du royaume , par un religieux de
son abbaye , nommé Primaz 2.
1 Voy. les Mémoires de l'Académie, tome XV, page 602; tome XVI, pages 175 et
íuív. — Les Histor. de la France, tome III, pages \ hl et \ 48. — Les Grandes Chron.,
édit. de M. Paris, tome II, préface, et tome IV, page 209.
* Je me range entièrement de l'avis de M. P. Paris relativement au nom de ce pre
mier chroniqueur de France. Il est toutefois nécessaire de dire ici un mot de la dis
cussion qui s'est établie sur ce point. La Vie de Philippe-Auguste, par laquelle se
terminait la première partie des Chroniques offerte en -1 274 à Philippe le Hardi , est
suivie, dans les deux manuscrits les plus authentiques, de deux pièces de vers, l'une
en français, l'autre en latin. Je citerai seulement ici cinq de ces vers, les autres ne
renfermant que des conseils donnés au roi pour bien gouverner. Les voici :
Phelipes, rois de France, qui tant ies renommés,
Je te rens le Romans qui des roys est romés ;
Tant a cis travaillié qui primaz est nommez,
Que il est, Dieu merci, parfais et consummoz.
Sancta patris vita per singula sit tibi forma.
Une miniature , dans le plus ancien de ces deux manuscrits , sert en quelque sorte
d'explication à ces vers. On y voit un roi vêtu d'une robe de drap d'or, assis sur une
estrade, tenant le sceptre de la main gauche, et tendant la droite pour recevoir un
livre que lui présente un moine noir agenouillé devant lui. Derrière ce religieux est
un prélat debout, la mitre en tête; ce personnage tient la crosse de la main gauche,
et, étendant la droite par-dessus la tête du moine, il le montre du doigt. Lebeuf a
pensé avec raison que cet abbé est Mathieu de Vendôme, et que le moine agenouillé
est un religieux de Saint-Denys; mais ses conjectures deviennent plus hasardées
lorsqu'il applique le nom de primaz à l'abbé de Saint-Denys lui-même, et non au
moine, auteur de la chronique. Voici, du reste, l'opinion du savant abbé, telle
qu'elle est formulée dans le seizième volume des Mémoires de l' Académie , pages 4 8-1 et
suivantes :
« II ne serait pas étonnant que dans ce temps, où , selon le grammairien cité par
Du Cange, on nommait primas celui qui était le premier d'une ville, d'un Etat, un
écrivain ait imaginé de donner ce titre au premier ministre du royaume. Il serait
encore moins singulier qu'un religieux, de Saint-Denys l'eût appliqué à son abbé .
relativement aux autres abbés de France, dans le même sens que les abbés de Fuldc
étaient, qualifiés primats des abbés d'Allemagne. En effet , les abbés de Saint-Denys- 60
Le travail primitif, qui s'arrêtait à la mort de Philippe-Auguste,
(1223), était déjà terminé en 1274, époque où l'auteur, assisté du
supérieur, par ordre duquel il avait écrit, le présenla au roi Phi
lippe le Hardi.

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