Recherches sur les génies thériomorphes au Tonkin — (3e série) - article ; n°1 ; vol.18, pg 1-50
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Recherches sur les génies thériomorphes au Tonkin — (3e série) - article ; n°1 ; vol.18, pg 1-50

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Description

Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient - Année 1918 - Volume 18 - Numéro 1 - Pages 1-50
50 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1918
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Extrait

Auguste L. M. Bonifacy
Recherches sur les génies thériomorphes au Tonkin — (3e
série)
In: Bulletin de l'Ecole française d'Extrême-Orient. Tome 18, 1918. pp. 1-50.
Citer ce document / Cite this document :
Bonifacy Auguste L. M. Recherches sur les génies thériomorphes au Tonkin — (3e série). In: Bulletin de l'Ecole française
d'Extrême-Orient. Tome 18, 1918. pp. 1-50.
doi : 10.3406/befeo.1918.5892
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/befeo_0336-1519_1918_num_18_1_5892RECHERCHES
SUR LES
GÉNIES THERIOMORPHES AU TONKIN
(Troisième série).
Par Auguste L. M. BONIFACY,
Correspondant de l'Ecole française d'Extrême-Orient.
Nous rappelons au lecteur que nous avons publié dans le Bulletin, en 19 10
et en 19 14 f1), des traductions de légendes tày, ou que nous pensions être
d'origine tày, sur le serpent, dragon ou giao $£ qui est l'objet d'un culte dans les
bassins de la Rivière Glaire et du Sông Câu. Nous disions, à la fin de notre
étude de 19 14 : « Peut-être la légende vient-elle de l'époque reculée où Tày,
Annamites, Yao et autres préchinois du Sud ne formaient que des familles de la
même race ». Il semble que cette dernière hypothèse soit la vraie, car nous
avons retrouvé la légende avec le même thème, non seulement dans de nou
veaux pays tày, mais encore dans les régions dont les habitants se disent Annam
ites, comme à Huong-thirçrng, et enfin en plein Delta, dans le Sud de la province
de Hâi-dtro-ng.
La légende qui suit nous a été envoyée par M. Vi-vân-D-jnh 3$: ^ "g, quan-
â*n de Cao-bàng ; elle a été rédigée en caractères chinois par Lê-thê-Quâng
H» "JE: j|?, sous-chef de canton de Nhircrng-bàn. Le style et l'érudition de
ce dernier sont remarquables, car il est extraordinaire que, dans un pays
reculé qui fut ravagé si longtemps par la piraterie, on puisse trouver un propriét
aire rural possédant l'instruction que décèle le document qui nous a été remis.
Pour ne pas nous répéter, nous adressons ici nos plus vifs remerciements à
tous ceux, Français et indigènes, qui ont bien voulu nous aider dans nos r
echerches.
Tome X, pp. 393-401 et tome XIV, v, pp. 19-27. — — a
LE DRAGON DE BAN-CHUNG.
Sous le chiffre de règne Long-phù || ^ du roi Nhân-tông fc ^ de la dy
nastie Ly ^ (*), alors que sous le Ciel régnait la grande paix et que la tran
quillité s'étendait entre les quatre mers, vivait dans le hameau de Bân-chûng (2),
xâ de Nhiro-ng-ban g| K$, châu deThach-lâm fi fô >)>\\ (3), le seigneur Bê f% (*).
Sa famille était à l'aise, il était assez riche en rizières et en jardins. C'était
un homme ferme et droit, qui n'aimait ni. le mensonge, ni les paroles inutiles.
Cet et sa femme avaient dépassé la trentaine, et ils avaient engendré
un fils et une fille. Le nom du fils était Tràn-sinh ^ ££, ; son esprit était pénét
rant et éclairé, et -il était versé dans la littérature. La fille s'appelait Ngoc-
quyên 3t jti (5) *» sa beauté était gracieuse, son aspect charmant. Leur père et
leur mère les aimaient et les admiraient comme s'ils eussent possédé des perles
et des pierreries ; ils se disaient : « Ces deux enfants sont vraiment un présent
du Ciel ». Les enseignements qu'on leur donnait dans leur famille avaient pour
norme les bonnes règles sociales. Le fils déjà grand avait reçu une épouse et
fondait une famille ; l'âge de la fille était celui où la chevelure s'orne de l'épin
gle (6), mais elle ne pouvait s'attendre encore à nourrir un enfant (7).
On avait alors atteint les jours du printemps, la joyeuse fête de la pure
lumière (8). En ce jour, les garçons et les filles des villages et des hameaux,
ornés de draperies rouges rivalisant d'éclatant coloris, à cheval et en voiture,
se pressaient comme des .nuages, se rencontrant sur le chemin, remplissant
l'espace d'une gracieuse douceur. Trân-sinh et sa jeune sœur, accompagnés
de six ou sept serviteurs de leur maison, ensemble étaient allés nettoyer les
tombeaux. Le soir venu, ils revenaient à la maison. Au moment où ils arrivaient1
devant le hameau, Ngoc-quyèn se lava les mains au bord du ruisseau. Elle vit
tout-à-coup devant elle un homme qui la salua, disant : « D'où venez-vous,"
(!) Il régna de 1072 à 1128. Il n'eut pas moins de huit chiffres de règne. Long-phù
(le sortilège du dragon) est le cinquième (1101 à 1110). Ce roi, après avoir battu les
Chinois au K.ouang-si, arrondit l'Annam de ce côté. Sa mémoire a été conservée sur
la frontière.
(2) Nous rappelons qu'en langue tày bàn signifie hameau. Châng est un nom de village
très répandu.
(3) Le châu des « Bois pierreux » appartient à la province de Cao-bàng 1^ ^p.
(*) Bè T*\ est le nom de clan le plus répandu parmi les Tày de Cao-bàng.
(5) Trân signifie « pierreries », Sinh « jeune homme » ; Ngoc signifie « jade » et
Quyèn, « gracieuse, charmante ».
(6) ^ fee, coiffure de la jeune fille à l'époque de la puberté, vers quinze ans. Le
caractère représente un peigne en bambou.
(7) C'est-à-dire qu'elle n'était pas mariée, ni promise.
(8) ïpf ^ thanh minh, pure lumière, le soixantième jour après le commencement du
printemps- ? Aujourd'hui ma route a été longue, mes forces sont épuisées. Mademoiselle
Je vous demande de me donner asile. Je ne sais si vous y consentirez. » (*)
Ngoc-quyén se retourna pour le regarder et vit un jeune homme en son
vert printemps, aux lèvres rouges et aux dents blanches, d'aspect gracieux et
élégant. Ses vêtements étaient un peu en désordre; à son cou il portait un
mouchoir blanc dont les deux bouts dépassaient les épaules et flottaient sur
son dos (2). Sa beauté était telle qu'on eût cru que Phan-an j$| ^ (3) était
revenu sur la terre.
Ngoc-quyên sourit et dit : « Je suis une enfant du gynécée. Comment oserais-
je répondre à votre demande ! Puisque le jour finit et que vos. forces sont
épuisées, entrez donc dans le hameau, informez-vous. » Ayant parlé, elle se
remit en marche, mais le jeune homme la suivit lentement à distance, mur
murant : « Trois fois, cinq fois, j'ai parcouru les fleuves antérieurs ; on y trouve
de gracieuses beautés, mais elles ne peuvent rivaliser de fraîcheur avec celle-
ci. N'est-ce pas Thtrcrng-nga $f #$ (4) qui vient habiter sur la terre ? Sont-ce
les neuf fées (5) qui descendent du Ciel ? »
Etant arrivé devant la porte, il salua et s'informa, disant : « Le jour baisse,
le chemin est long, je (6) demande un asile dans cette honorable demeure. Au
l.1) Dans le dialogue, cet homme se désigne par /]"» $~ tièu sinhl« petit homme » et il
appelle son interlocutrice >J> jfc tièu mugi « petite sœur cadette », plus loin il l'appelle
>J> M tièu thir « petite sœur aînée ».
(2) C'est l'ornement du giao-long, qui a au cou un collier ou goitre blanc.
(3) Phan-an ou Phan-nhac ^ §f , dont le surnom ïf2 tir était An-nhân % {m, vivait
au IIIe siècle de notre ère. D'après les annales de la dynastie des Tân ï=f (Tsin), il était
si beau dans sa jeunesse que lorsqu'il se promenait, toutes les femmes lui jetaient des
fleurs, au point d'en remplir son char.
(4) Femme de l'archer Hàu-y, qui vécut sous l'empereur Nghièu §H. Ayant dérobé la
drogue d'immortalité à son mari, elle se réfugia dans la lune, où elle habite le palais
du Grand froid. Certains disent qu'elle fut changée en un crapaud que l'on croit
reconnaître dans les taches de la lune. Cette tradition est chinoise ; pour les Annamites
du peuple, les taches de la lune représentent un banian (cây da) et un homme. Voici
la légende courante à ce sujet : un homme avait planté un banian et avait recommandé
à sa femme de l'arroser chaque jour. La femme oublia certain jour la recommandation ;
voyant arriver son mari, et ayant peur d'être battue, elle urina au pied de l'arbre.
Celui-ci, outré de ce procédé, s'envola dans la lune ; l'homme qui s'était a

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