Regards sur la sémantique française contemporaine - article ; n°129 ; vol.32, pg 37-51
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Description

Langages - Année 1998 - Volume 32 - Numéro 129 - Pages 37-51
The aim of this article is to show that as far as French semantics is concerned, the main recent theories can be characterized in terms of epistemological choices. A classification is then intended on the base of epistemological claims, that leads to establish unlooked-for points of similarity. Moreover, it shows that apart from terminological differences, most of such theoretical possibilities had been already considered in former developments of semantics.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Jean-Claude Anscombre
Regards sur la sémantique française contemporaine
In: Langages, 32e année, n°129, 1998. pp. 37-51.
Abstract
The aim of this article is to show that as far as French semantics is concerned, the main recent theories can be characterized in
terms of epistemological choices. A classification is then intended on the base of epistemological claims, that leads to establish
unlooked-for points of similarity. Moreover, it shows that apart from terminological differences, most of such theoretical
possibilities had been already considered in former developments of semantics.
Citer ce document / Cite this document :
Anscombre Jean-Claude. Regards sur la sémantique française contemporaine. In: Langages, 32e année, n°129, 1998. pp. 37-
51.
doi : 10.3406/lgge.1998.2143
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1998_num_32_129_2143Jean-Claude ANSCOMBRE
C.N.R.S. (URA 1720), E.H.E.S.S.
REGARDS SUR LA SEMANTIQUE FRANÇAISE
CONTEMPORAINE *
1 . Introduction
Ce titre ambitieux recouvre une réalité plus modeste. Je voudrais esquisser
ici les grandes lignes de l'évolution contemporaine de la sémantique française
non pas tant au travers des individualités y ayant contribué qu'en termes de
parcours conceptuels. Point donc de liste de « héros » de la sémantique. Les
noms mentionnés dans ce texte sont simplement ceux de linguistes particulière
ment représentatifs, selon moi, de telle ou telle position théorique.
J'ouvrirai le débat en disant que le peu d'écho qu'a rencontré la sémantique
jusqu'à une date récente me semble dû à plusieurs facteurs, parmi lesquels :
a) Le poids certain d'une tradition grammaticale séculaire.
b) La difficulté qu'a toujours éprouvé la sémantique à définir son objet et sa
méthodologie.
c) La difficulté qu'a toujours éprouvé la à acquérir une vérita
ble autonomie (ne fût-elle que partielle) vis-à-vis d'autres champs conceptuels
comme la philosophie, la logique, la sociologie, la psychologie, etc. , d'une part ;
et par rapport aux autres disciplines du même champ : morphologie, pragmatiq
ue, et surtout syntaxe, d'autre part.
Autant d'aspects qui ont été les lignes de force de l'évolution de la discipline.
2. Qu'est-ce que la sémantique ? Le poids de la tradition
Une trace du peu de crédit accordé à la sémantique est le mot sémantique lui-
même. Ainsi, le mot syntaxe est attesté très tôt (à l'orthographe près) 2, avec un
sens proche du sens actuel, et qui traversera les siècles 3. Or rien de semblable
dans le cas de sémantique. Le mot apparaît au XVIe siècle, sous la forme
symentique (1561), et tant le terme que le domaine ne s'imposent que difficil
ement 4, par suite d'un préjugé nettement défavorable, comme le montrent les
XXe 1.siècle Cet : article de la théorie reprend de la certaines référence conclusions à la théorie des de stéréotypes Anscombre » (J. , in C.) La lingiiisticafrancesa « La sémantique française : situación au
yperspectivasafinalesdelsigloXX,J. F. Corcuera, M. Djian,A. Gaspar (éds.), Zaragoza, 1994, p. 9-27.
2. En fait, dès le vrc siècle. Chez Priscien, syntaxis = « disposition des mots », terme bas-latin qui
reprend en fait le grec suntaxis de même sens.
3. Sens et orthographe actuels seraient due à Remue (XVIe siècle).
4. С 'est Michel Bréal qui dans « Les lois intellectuelles du langage : fragment de sémantique »(1883)et
dans son Essai de sémantique, en 1897, confère au terme ses lettres de noblesse. Cependant, comme chez
Vendryes (1923), il désigne essentiellement la lexicologie historique (conformément aux préoccupations
37 définitions officielles 5. En fait, la désignation de l'étude des phénomènes de sens
par le terme de sémantique, au niveau de l'énoncé ou d'unités supérieures 6, ne
s'est imposée en linguistique que par le biais de la logique et de la philosophie,
l'usage généralisé de ce terme étant attribué à R. Carnap. L'étude des systèmes
formels a en effet connu un essor considérable dans la première moitié du
XXe siècle. Or certains travaux de logique et de philosophie — en particulier
ceux de l'Ecole d'Oxford — ont été conduits sur ou à propos de problèmes de
langage. Si la masse de ces travaux a aidé au développement de la sémantique
proprement linguistique, elle a également enserré cette sémantique dans un tel
cadre philosophico-logique. Ajoutons à tout cela un mythe tenace : les phéno
mènes syntaxiques sont au moins partiellement visibles, alors que les phénomèn
es sémantiques sont totalement opaques. Croyance qui repose en fait sur une
confusion : le linguiste travaille sur une matière phonique ou graphique, non
encore organisée. Il tente d'y apercevoir des formes, qu'il considère alors
comme les traces d'un système (la substance de Hjelmslev). Si l'on admet qu'il y
a une substance de l'expression et une substance du contenu, on distinguera
alors une syntaxe et une sémantique. Mais rien n'indique a priori duquel des
deux composants relèvera telle ou telle forme. La ligne de partage est à définir à
chaque instant (cf. Milner ; 1978), et aucune forme n'est plus visible qu'une
autre, sauf à faire l'hypothèse que la structure syntaxique est directement lisible
dans la matière, confondant ainsi matière et forme (et/ou matière et substance).
La tradition grammaticale, en tant qu'elle se présente non comme une théorie
linguistique, mais comme une norme raisonnée du bon usage, a aidé à cette
confusion. D'où l'idée diffuse chez les sujets parlants que dominer le bon usage
grammatical, c'est maîtriser le système de la langue, et par là-même être lin
guiste. La tradition grammaticale a en outre toujours fait de la sémantique le
parent pauvre de la linguistique. Si les meilleures grammaires consacrent de
longs passages à la phonétique (voire à la phonologie), à la morphologie, à la
syntaxe, les considérations de sens sont souvent succintes, voire absentes 7. Elles
se limitent au mieux à une sémantique lexicale, et reliée à la morphologie de
façon assez impressionniste 8. La reste la grande absente des gram
maires, quels que soient par ailleurs leurs mérites. Les phénomènes sémantiques
y sont considérés comme allant de soi, et au travers d'une syntaxe qui est à la
linguistiques de l'époque), même s'il peut occasionnellement qualifier l'étude du langage du point de vue du
sens. Saussure, quant à lui, utilise sémiologie.
5. «... Le mot est aussi devenu le nom de diverses disciplines à caractère plus philosophique que
linguistique (sémantique philosophique, sémantique generative)... » (Robert, Dictionnaire historique de
la langue française, t. 2, p. 1912, s. v. sémantique). Dans La grammaire aujourd'hui : guide alphabétique
de française (1986), la n'est définie qu'en liaison étroite avec les travaux de
grammaire generative, à dominante syntaxique, et dont elle n'est qu'un sous-produit.
6. Pour ce qui est des unités inférieures, on trouve le terme de sémantique lexicale, bien que celui de
lexicologie lui soit habituellement préféré.
7. Ainsi, les grammaires ne consacrent généralement que quelques lignes aux interjections et exclama-
tives. On comprend pourquoi : il s'agit de phénomènes où les aspects sémantiques et pragmatiques
l'emportent de loin sur l'aspect syntaxique.
8. Grevisse par exemple définit le suffixe -ature comme désignant « ...l'ensemble des caractères
indiqués par le radical... » (p. 111). Si cette description convient à peu près pour musculature, elle est
insuffisante pour ossature, qui ne désigne pas seulement un ensemble, mais une structure. Et totalement
inopérante armature, filature, température, etc.
38 linguistique ce qu'est la noblesse au tiers-état. La grammaire seule suffit. D'où
des explications embarrassées lorsqu'un phénomène n'est pas réductible à la
syntaxe. Celles par exemple de Wartburg et Zumthor (Précis de syntaxe ; 1958)
qui font de mais une conjonction de coordination reliant deux propositions, et à
valeur adversative, et qui, face à des exemples comme Mais qu'est-ce que tu fais
là ?, s'en sortent difficilement. Ils

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