Sparte et Tarente : le mythe de fondation d une colonie - article ; n°2 ; vol.196, pg 113-140
29 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Sparte et Tarente : le mythe de fondation d'une colonie - article ; n°2 ; vol.196, pg 113-140

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
29 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Revue de l'histoire des religions - Année 1979 - Volume 196 - Numéro 2 - Pages 113-140
La tradition mythique concernant la fondation de la ville de Tarente, qui veut que les fondateurs de la colonie soient un groupe de rebelles provenant de Sparte, révèle à l'analyse la présence de thèmes fondamentaux relatifs à la culture de la Laconie, thèmes liés au rite initiatique, à la fonction militaire, et au droit de cité. Dans une telle tradition, on peut retracer en outre un processus de réélaboration des figures du fondateur et de ses compagnons, réélaboration qui se réclame d'un contexte culturel nouveau et différent dans lequel une telle tradition vient appuyer, en la complétant, une tradition mythique différente au sujet des origines de Tarente : celle qui veut que la ville ait été fondée par le héros éponyme Taras.
28 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1979
Nombre de lectures 50
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marinella Corsano
Sparte et Tarente : le mythe de fondation d'une colonie
In: Revue de l'histoire des religions, tome 196 n°2, 1979. pp. 113-140.
Résumé
La tradition mythique concernant la fondation de la ville de Tarente, qui veut que les fondateurs de la colonie soient un groupe de
rebelles provenant de Sparte, révèle à l'analyse la présence de thèmes fondamentaux relatifs à la culture de la Laconie, thèmes
liés au rite initiatique, à la fonction militaire, et au droit de cité. Dans une telle tradition, on peut retracer en outre un processus de
réélaboration des figures du fondateur et de ses compagnons, réélaboration qui se réclame d'un contexte culturel nouveau et
différent dans lequel une telle tradition vient appuyer, en la complétant, une tradition mythique différente au sujet des origines de
Tarente : celle qui veut que la ville ait été fondée par le héros éponyme Taras.
Citer ce document / Cite this document :
Corsano Marinella. Sparte et Tarente : le mythe de fondation d'une colonie. In: Revue de l'histoire des religions, tome 196 n°2,
1979. pp. 113-140.
doi : 10.3406/rhr.1979.6913
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhr_0035-1423_1979_num_196_2_6913SPARTE ET TARENTE :
LE MYTHE DE FONDATION D'UNE COLONIE
La tradition mythique concernant la fondation de la ville
de Tarenle, qui veut que les fondateurs de la colonie soient un
groupe de rebelles provenant de Sparte, révèle à Vanalyse la
présence de thèmes fondamentaux relatifs à la culture de la
Laconie, thèmes liés au rite initiatique, à la fonction militaire,
et au droit de cité. Dans une telle tradition, on peut retracer
en outre un processus de réélaboration des figures du fondateur
et de ses compagnons, qui se réclame d'un contexte
culturel nouveau et différent dans lequel une telle tradition
vient appuyer, en la complétant, une tradition mythique diffé
rente au sujet des origines de Tarenle : celle qui veut que la ville
ait été fondée par le héros éponyme Taras.
Pour analyser la tradition relative à la fondation de la
ville de Tarente, ce que nous nous proposons de faire dans
cet article, il faut tout d'abord tenir compte du fait qu'il
s'agit d'une tradition légendaire et qu'elle doit être étudiée
en tant que telle. Il ne s'agit donc pas, comme ont tenté de
le faire ceux qui lui ont attribué une valeur de témoignage
historique, d'établir ce qui, en elle, est réellement arrivé, ou
de reconstruire l'événement historique, ni même de la négliger,
vu sa valeur historique douteuse, mais bien d'affronter le
problème des origines de la ville de Tarente à travers l'analyse
de l'ensemble mythique en rapport avec la fondation de
Revue de l'histoire des religions, n° 4/1979 5 114 Marinella Corsano
la colonie1. Affronter un tel problème signifie, selon nous,
devoir retrouver les liens existant entre la tradition, les
éléments mythiques qu'elle renferme, et la culture qui les a
élaborés ; rechercher les rapports qui existent entre les diff
érentes traditions ayant trait à la xtîctiç de la ville, et également
chercher à établir ce que les Parthéniens, colons venus de
Sparte, représentent pour le monde qui les a produits et
pour celui qui les a accueillis ; chercher à comprendre enfin
pourquoi ils furent associés à des thèmes de fondation, c'est-à-
dire pour quel motif on a estimé que ces derniers, dans le
domaine des cadres culturels Spartiates, pouvaient mieux
que d'autres se prêter au rôle de fondateurs.
C'est seulement en procédant dans une telle direction
que nous estimons qu'il est possible de récupérer l'originalité
de l'ensemble que nous entendons examiner ; l'analyse de
la tradition mythique doit donc être nécessairement le point
de départ de notre recherche. Nous ne disposons, hélas,
que d'un nombre limité de données ; les sources sont peu
nombreuses et quelquefois fragmentaires. En ce qui concerne
particulièrement les raisons qui portèrent les Parthéniens à
fonder la colonie, nous ne pouvons remonter qu'à deux
sources essentielles, indiquées toutes deux par Strabon, Antio-
chos de Syracuse et Ephore de Cumes, respectivement du
ve et du ive siècle av. J.-G.
Antiochos rapporte que certains Spartiates, durant la
1. Récemment S. Pembroke a exprimé ses doutes sur la valeur historique
de la tradition (Locres et Tarente : le rôle des femmes dans la fondation de deux
colonies grecques, dans Annales ESC, 1970, p. 1240-1270) ; cette thèse a été
reprise par P. Vidal-Naquet (Esclavage et gynécocratie dans la tradition, le
mythe, l'utopie, dans Recherches sur les structures sociales dans l'Antiquité
classique, 1970, p. 63-80). Parmi les spécialistes soutenant le contraire nous
pouvons citer P. Wuilleumier (Tarente, des origines à la conquête romaine,
Paris, 19682, p. 39-42 ; Atti del X Convegno di Studi sulla Magna Grecia, 1970,
p. 11) ; G. Mosse (Sparte archaïque, dans La Parola del Passato, 1973 (148-149),
p. 7-20 ; La colonisation dans Г Antiquité, Paris, 1970, p. 30) ; J. Bérard (La
colonisation grecque de Г Italie méridionale et de la Sicile dans Г Antiquité, Paris,
19572, p. 162-175) ; M. Napoli (Civiltà délia Magna Grecia, Roma, 1969, p. 245-
253) ; A. G. Woodhead (The Greak in the West, London, 1962, p. 32, 64) ;
P. Benno Schmid (Siudien zu Griechischen Ktisissagen, Freiburg, Í947, p. 171),
et M. P. Nilsson (Klio, ХГ1, p. 308 et suiv.), même s'il a quelques doutes à ce
sujet. Sparte et Tar ente 115
première guerre messénienne, refusèrent de prendre part à
la lutte et furent considérés pour cela SouXot et appelés
ElXotsç. Ces derniers, demeurés à Sparte, s'unirent à des
femmes et engendrèrent des enfants auxquels on donna le
nom de IlapÔsviat, et qui furent considérés comme áftfxoi,
c'est-à-dire privés des droits de citoyen, ce qu'ils ne tolérèrent
pas. Ils entreprirent alors de conspirer contre le S^fxoç, et,
menés par l'un d'eux, un certain Phalanthos, décidèrent de
s'insurger durant la fête des Hyacinthies qui avait lieu à
Amyclèes au moment où leur chef aurait coiffé son bonnet
(xuvt)). Mais la conjuration fut dévoilée et Phalanthos ne
put donner le signal de la révolte. Les Parthéniens décidèrent
alors de sortir de Sparte. A leur chef qui s'était rendu à
Delphes pour interroger le dieu sur la colonie qu'ils devaient
fonder, il fut prédit qu'ils posséderaient la riche terre de
Satyrium et de Tarente. Les Parthéniens partirent donc et
débarquèrent au lieu indiqué par l'oracle où ils furent accueillis
par Barbares et Cretois et où ils fondèrent la ville de Tarente,
qui doit son nom à un héros2.
Selon ce que rapporte Ephore, l'histoire se serait déroulée
différemment. En effet, il raconte qu'à la suite du meurtre
du roi Télècle commis par les Messéniens, les Lacédémoniens
leur déclarèrent la guerre et jurèrent de ne pas rentrer chez
eux tant qu'ils n'auraient pas détruit Messène, mais que les
femmes Spartiates envoyèrent au bout de dix ans de guerre
quelques-unes d'entre elles se lamenter auprès de maris car,
séparées de ceux-ci, elles ne pouvaient engendrer des enfants
pour leur patrie contrairement aux femmes de Messène. C'est
ainsi que les Spartiates envoyèrent à la ville quelques hommes
recrutés parmi les plus forts et les plus jeunes. Ceux-ci, étant
encore petits au moment où la guerre commença, n'avaient
pas prêté serment. Ils partirent en recevant l'ordre de s'unir
aux jeunes filles non mariées, tous avec toutes, pensant
qu'ainsi la progéniture serait plus nombreuse. Les enfants
2. Antiochos, chez Strabon, VI, 3, 2. 116 Marinella Corsano
nés de ces unions furent appelés Parthéniens. Après dix-neuf
ans de combat, Messène étant vaincue, les Spartiates ren
trèrent chez eux, mais ne firent pas participer les Parthéniens
au partage de la Messénie parce qu'ils n'étaient pas nés de
mariages légitimes. Ces derniers, s'étant alors alliés aux
hilotes, conspirèrent contre les Lacédémoniens. Ils convinrent
de se soulever au moment où un chapeau laconien serait
élevé sur la place ; mais une partie des hilotes trahirent l

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents