Pierre Mauclerc et le conflit politico-religieux en Bretagne au XIIIe siècle - article ; n°67 ; vol.15, pg 137-176
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Description

Revue d'histoire de l'Église de France - Année 1929 - Volume 15 - Numéro 67 - Pages 137-176
40 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1929
Nombre de lectures 149
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Barthélemy-Amédée Pocquet du
Haut-Jussé
Pierre Mauclerc et le conflit politico-religieux en Bretagne au
XIIIe siècle
In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 15. N°67, 1929. pp. 137-176.
Citer ce document / Cite this document :
Pocquet du Haut-Jussé Barthélemy-Amédée. Pierre Mauclerc et le conflit politico-religieux en Bretagne au XIIIe siècle. In:
Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 15. N°67, 1929. pp. 137-176.
doi : 10.3406/rhef.1929.2503
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhef_0300-9505_1929_num_15_67_2503PIERRE MAUCLERC
Et le conflit politico-religieux en Bretagne
au XIIIe siècle
I. Pierre Mauclerc, duc de Bretagne. Causes du conflit entre le duc et
l'épiscopat breton. Importance stratégique de Nantes. Premières diff
icultés à ce sujet. — II. Conflit fiscal. Arguments de l'évèque nantais.
— (III. Les bans et assises. — IV. Bulles contre le duc : '20 avril 1218
(sommation de réparer ses torts), 28 juin 121i8 (confirmation de
l'excommunication et interdit), 7 décembre 1218 (excommunication
papale). — V. Capitulation de Pierre iMauclerc. Bulles du 2 avril 1219
et du '2® janvier 12i20. Enquête royale sur le -ban du sel.
VI. (Nouveau conflit soulevé au sujet des fortifications de Rennes
(1225). L'évèque de Rennes lance contre le duc une excommunication
que le pape confirme. — VII. Extension d« conflit aux évêchés de
Tréguier et de Saint-iBrieuc. iDîmes inféodées et tierçage. — VIII. As
semblée de Redon. Ligue des barons. Sept évêques excommunient le
duc. Bulle de 'Grégoire IX, invocation du bras séculier royal
(29 mai Ij2'2l8>) . Autre conflit au sujet des fortifications de Nantes. —
IX. Pierre Mauclerc fait la paix avec iRome (30 mai 12i3l00. — X. Appel
du duc au Saint-Siège contre l'évèque de Rennes et contre l'évèque
, de Saint-'Malo dont il a occupé militairement la cité. Essai de solution
générale ;par le pape.
XI. Querelle de la régale de Nantes. Le faux traité d'Angers
de 1231. — XII. Charte de Louis VI (112i3). Charte d'Hoël (1148').
Enquête de 12iO6. — XIII. Les ducs (perçoivent la régale maLgré les
protestations de l'épiscopat. — XIV. Recours de l'évèque Robert à
Rome. Son transfert. — XV. Jean Ier le Roux, fils de Pierre Mauclerc,
refuse le serment de défendre les libertés ecclésiastiques et dénie à
la bulle du 3*0» mai 12i3O son caractère perpétuel. Départ de Pierre
pour la croisade.
XVI. Conclusion.
Une ère de conflits célèbre entre les ducs de Bretagne et
l'Eglise s'ouvre avec l'avènement de Pierre Mauclerc, pour ne
s'apaiser, sur la plupart des points, qu'au temps de son suc
cesseur, Jean le Roux. Le surnom de Mauclerc, bien que forgé
après coup, équivaut à un programme. Il évoque plusieurs
générations de lutte ardente entre la féodalité et l'épiscopat.
Le règne de ce prince en fut l'épisode le plus tapageur.
Il convient donc d'éclairer les origines de ce duel et d'en
définir le champ.
lu revue d'histoire de l'église de France 438
Ce n'est pas uniquement ni même principalement à la juri
diction ecclésiastique que Pierre Mauclerc s'en prit. M. Paul
Fournier a montré en quelques lignes lapidaires1 comment
l'Eglise ayant adopté dans ses tribunaux la procédure du
droit romain, cette raison écrite inspira aux justiciables une
confiance telle que spontanément ils affluèrent devant ses
juges et ses notaires. Là gisait la cause profonde du dissenti
ment. La féodalité, comme la royauté, se vit menacée de
dépossession. Mais en dehors de ces circonstances générales,
le litige breton a un aspect particulier, c'est essentiellement
un conflit de pouvoirs. Le règne de Pierre Mauclerc succédait
en Bretagne à une longue période d'anarchie; ce capétien
essaya de restaurer ou plutôt d'instaurer en Bretagne le
régime féodal tel qu'il l'avait vu fonctionner en France sous
la forte main de son maître Philippe-Auguste, mais tel, je
veux dire si rigoureux, que les Bretons ne l'avaient pas encore
connu jusque là. Plus précisément Pierre Mauclerc prétendit
exiger des taxes des sujets épiscopaux, construire des forte
resses même en territoire d'Eglise, choisir ou du moins agréer
les évêques, percevoir la régale. Ce n'est qu'en second lieu et
pour faire pression sur le clergé breton qui se rebellait, qu'il
prétendit lui enlever le tierçage, ou jugement des morts, et lui
interdire la revendication des dîmes inféodées avec l'espoir
qu'en délivrant les Bretons de ces charges et de ces troubles
pécuniaires, il §e concilierait la faveur des masses nobles et
roturières,
I. — Pierre Mauclerc descendait de sang royal. Son grand-
père, Robert de Dreux, était frère du roi Louis VIL Né en 1187
ou peu après, il fut d'abord, s'il faut en croire les historiens,
destiné à la carrière ecclésiastique et suivit les leçons des
maîtres de l'Université de Paris. Et l'on explique son surnom
de Mauclerc par clerc défroqué. Quoi qu'il en soit, Pierre fut
un prince lettré et poète comme son ami Hugues de la Ferté-
Bernard, comme son allié le comte Thibaud de Champagne.
Armé chevalier, ainsi que son frère Robert, par le roi Philippe-
Auguste, le jour de la Pentecôte (17 mai 1209), le roi l'imposa
comme mari à l'héritière de Bretagne. L'élection royale laisse
1. Les officialités au Atyyen Age (1881), p. 94-97. PIERRE MAUCLERC 139
supposer chez le jeune chevalier des qualités peu communes
de bravoure, d'activité et d'intelligence. Il est vraisemblable
que Pierre répondait à la confiance et à la sympathie du
monarque par une docilité respectueuse qui le disposait à
chercher en lui le modèle de sa conduite. Presque tous les
traits de la politique anti-cléricale, ou prétendue telle, de
Mauclerc se retrouvent en effet dans celle du roi. Rappelons-
nous ce que fut celle de Philippe-Auguste, d'après Luchaire :
évêques chassés de leurs sièges et privés de leurs régales»
diocèses occupés et rançonnés, mesures contre la justice de
l'Eglise, impôts extraordinaires, service d'ost et tout le devoir
féodal exigés, construction de la Tour de Sulli malgré l'évêque
d'Orléans, appui à l'opposition féodale contre la juridiction
ecclésiastique. Or, dans tout ce programme, rien qui ne puisse
s'appliquer au disciple comme au maître2.
Il est inutile de revenir à nouveau sur les causes générales
qui indisposaient les seigneurs contre le clergé. En faisant du
serment une cause d'attribution au for ecclésiastique, les
officialités menaçaient d'englober dans leur ressort la masse
des litiges féodaux. Le seigneur n'aurait plus rien été que le
bras exécutif à la volonté du clergé. Innocent IV et les cano-
nistes contemporains en vinrent à admettre une sorte de
dévolution des causes civiles au Saint-Siège en cas de déni de
justice des cours laies3. Plutôt que de se laisser dépouiller et
avilir, la noblesse féodale se ligua, et sur ce terrain elle
marcha de concert avec le pouvoir royal. Mais Pierre Mauclerc
avait en outre des raisons particulières d'entrer en lutte avec
son épiscopat.
Ses fiançailles avec la duchesse Alix de Bretagne, l'hommage
lige qu'il prêta au roi pour ce fief, la mort de son beau-père
Gui de Thouars, enfin son mariage, événements qui se succé
dèrent en quelques mois4, ne firent de lui que le chef nominal
de la Bretagne (1213). L'autorité ducale y était depuis la mort
de Çonan III, pour ne pas remonter plus haut, excessivement
2. Luchaihe, dans Lavisse, p. 214, et Philippe-Auguste {J1881I), p. 144,.
146. Sur la réputation d'anticléricalisme de Philippe-Auguste, voir LecoV-
de la Marche, La société au XIIIe siècle, p. 101.
3. A.-J. Carlyle, Développement de la théorie de l'autorité pontificale
en matière temporelle chez les canonistes de la seconde moitié w du
XIIIe siècle, traduction de G. (Le Bras, dans la Revue historique de'
droit (1936), p. 5%, 607.
4. MoRicE, Preuves de l'Histoire de Bretagne, t. I, c.

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