Renouveau des politiques industrielles : le point de vue des théories évolutionnistes - article ; n°1 ; vol.71, pg 199-212
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Revue d'économie industrielle - Année 1995 - Volume 71 - Numéro 1 - Pages 199-212
In this paper the implications of evolutionary theories for industrial policies are analysed. The analysis focuses in particular on the concept of National System of Innovation (NSI) and on its theoretical justification. The existence of properties like irreversibility, path dependency and multistability, which are shown by real NSIs, are predicted by evolutionary theories. The possibility of out of equilibrium processes and the limited determinism which are inherent in evolutionary theories have radical implications for industrial policies. Such implications are discussed in the paper together with the possibility of convergence and, therefore, of disappearance of NSIs, which could follow the globalization of the world economy. These considerations provide a new justification for industrial policies, but make their formulation and implementation much more complex than in the past.
Ce chapitre développe les aspects fondamentaux des théories évolutionnistes et leurs conséquences sur les politiques industrielles. Parmi les conséquences les plus importantes de ces théories on trouve : la possibilité de processus hors équilibre, la dépendance du chemin suivi et la multistabilité. À cause de ces aspects la nature des politiques industrielles subit de profonds changements. Par exemple, il ne s'agit pas de reconduire le système à l'équilibre quand il s'en éloigne, mais de créer de nouvelles configurations hors équilibre. En outre, les politiques doivent être très différentes au voisinage et après une transition entre deux paradigmes. Les considérations sur les théories évolutionnistes permettent aussi de conclure que la convergence complète des systèmes nationaux d'innovation (SNI) en présence de la globalisation est très peu probable. On peut s'attendre plutôt à une plus grande intensité d'interaction des SNI, qui conduirait à un changement de réseaux. En somme, les théories évolutionnistes justifient la poursuite des politiques industrielles, mais elles en proposent un rôle considérablement différent.
14 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Pier-Paolo Saviotti
Renouveau des politiques industrielles : le point de vue des
théories évolutionnistes
In: Revue d'économie industrielle. Vol. 71. 1er trimestre 1995. pp. 199-212.
Abstract
In this paper the implications of evolutionary theories for industrial policies are analysed. The analysis focuses in particular on the
concept of National System of Innovation (NSI) and on its theoretical justification. The existence of properties like irreversibility,
path dependency and multistability, which are shown by real NSIs, are predicted by evolutionary theories. The possibility of out of
equilibrium processes and the limited determinism which are inherent in evolutionary theories have radical implications for
industrial policies. Such implications are discussed in the paper together with the possibility of convergence and, therefore, of
disappearance of NSIs, which could follow the globalization of the world economy. These considerations provide a new
justification for industrial policies, but make their formulation and implementation much more complex than in the past.
Résumé
Ce chapitre développe les aspects fondamentaux des théories évolutionnistes et leurs conséquences sur les politiques
industrielles. Parmi les conséquences les plus importantes de ces théories on trouve : la possibilité de processus hors équilibre,
la dépendance du chemin suivi et la multistabilité. À cause de ces aspects la nature des politiques industrielles subit de profonds
changements. Par exemple, il ne s'agit pas de reconduire le système à l'équilibre quand il s'en éloigne, mais de créer de
nouvelles configurations hors équilibre. En outre, les politiques doivent être très différentes au voisinage et après une transition
entre deux paradigmes. Les considérations sur les théories évolutionnistes permettent aussi de conclure que la convergence
complète des systèmes nationaux d'innovation (SNI) en présence de la globalisation est très peu probable. On peut s'attendre
plutôt à une plus grande intensité d'interaction des SNI, qui conduirait à un changement de réseaux. En somme, les théories
évolutionnistes justifient la poursuite des politiques industrielles, mais elles en proposent un rôle considérablement différent.
Citer ce document / Cite this document :
Saviotti Pier-Paolo. Renouveau des politiques industrielles : le point de vue des théories évolutionnistes. In: Revue d'économie
industrielle. Vol. 71. 1er trimestre 1995. pp. 199-212.
doi : 10.3406/rei.1995.1566
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rei_0154-3229_1995_num_71_1_1566Pier Paolo SAVIOTTI
Université Pierre Mendés-France, INRA-SERD, Grenoble
RENOUVEAU
DES POLITIQUES INDUSTRIELLES :
LE POINT DE VUE
DES THÉORIES ÉVOLUTIONNISTES <o
d'Innovation Mots clés : Théories (SNI). évolutionnistes ; politiques industrielles ; Systèmes Nationaux
Key words : Evolutionary theories, industrial policies, National System of Innovation (NSI).
La nature de la concurrence entre entreprises a subi de très forts changements
à partir des années 80. Les dimensions les plus importantes de ces change
ments sont la globalisation, la libéralisation, l'émergence de plusieurs nouvelles tech
nologies et les collaborations inter-institutionelles. Ces changements dans le con
texte de la concurrence peuvent avoir des implications très profondes sur les polit
iques industrielles. Ce chapitre commence par décrire quelques aspects fondament
aux des théories évolutionnistes avant de déduire des implications relatives aux poli
tiques Vue la longueur de ce papier l'analyse doit être nécessairement
limitée. Seules quelques implications générales des théories évolutionnistes pour les
politiques industrielles, les conséquences possibles de la globalisation sur les SNI
(Systèmes Nationaux d'Innovation) et de la croissance de variété sont analysées ici.
I. — LES THÉORIES ÉVOLUTIONNISTES
Pendant les années 70 et 80 un nombre considérable d'études relatives à l'inno
vation technologique ont débouché sur la formulation de théories évolutionnistes
(Nelson, Winter, 1982 ; Dosi et al, 1988 ; Coombs et al, 1987). Ces théories se dif
férencient par rapport à d'autres (théories néoclassiques par exemple) par un cer
tain nombre d'aspects (Nelson, 1993 ; Dosi Nelson, 1994 ; Saviotti, Metcalfe, 1991).
1) Les théories évolutionnistes réfutent l'idée d'un équilibre général . Elles met
tent l'accent sur le déséquilibre comme condition fondamentale du développement
(1) Ce texte a été élaboré à l'occasion du séjour de Pier Paolo Saviotti comme professeur à la Faculté
Jean Monnet de l'Université de Paris Sud. Il a été présenté et discuté au Séminaire du centre de
recherches Adis, Analyse des Dynamiques Industrielles et Sociales.
REVUE D'ÉCONOMIE INDUSTRIELLE — n° 71, 1er trimestre 1995 199 de longue période (phénomène de destruction créatrice de Schumpe- économique
ter, 1942) et sur la formation de structures dans le système (exemple Prigogine ;
Stengers, 1984 et Nicolis, Prigogine, 1989). pour les théories évolutionnistes la dis
tinction entre systèmes ouverts et systèmes fermés est très importante. Les der
niers peuvent réaliser un équilibre caractérisé par le plus grand désordre possible
tandis que les premiers s'éloignent progressivement de l'équilibre dans la mesure
où les échanges de matière, d'énergie et d'information avec leur environnement
augmentent. Au fur et à mesure que les systèmes ouverts s'éloignent de l'équilibre
ils peuvent subir des transitions conduisant à un changement qualitatif. Naturel
lement cette différence a des implications profondes pour les politiques industrielles,
qui ne peuvent plus être fondées sur la recherche de l'équilibre du système.
2) L'importance du changement qualitatif. L'émergence de nouvelles entités,
qualitativement différentes par rapport aux précédentes, est un phénomène pr
imordial dans le développement économique (voir ici le rôle des innovations pour
Schumpeter, 1912, 1942) et un aspect sérieusement négligé par les théories néo
classiques, qui peuvent seulement l'accepter ex-post. Même les nouvelles théories
de la croissance n'endogénéisent le changement technologique que d'une façon
très limitée. Par contre, l'étude et la compréhension du changement qualitatif doit
être l'un des principaux objectifs des théories évolutionnistes. Quand Nelson (1993)
et Dosi, Nelson (1994) affirment que les théories évolutionnistes sont plus explic
itement dynamiques que les néoclassiques, ils mettent en réalité l'accent sur la dyna
mique du changement qualitatif.
3) L'importance de l'incertitude et des éléments stochastiques dans les théories
évolutionnistes. L'incertitude peut être incorporée dans un modèle complètement
déterministe. En ce sens sera l'effet des variables non contenues dans
le modèle. Pourtant, ce n'est pas le seul type d'incertitude présent dans les modèl
es Au voisinage des transitions des systèmes ouverts les fluctua
tions augmentent (Prigogine, Stengers, 1984) et rendent très importante l'incerti
tude. De plus, s'éloignant de l'équilibre le système peut avoir une composante chao
tique. Le type d'incertitude dans ce cas est radicalement différent de celui des modèl
es néoclassiques, puisqu'il est l'effet même du modèle déterministe et non de varia
bles externes.
4) La discontinuité. Sur la base de la discussion précédente, on peut formuler
un modèle général de l'évolution des systèmes ouverts, compatible avec les idées
de Schumpeter et avec celles formulées à partir d'études sur l'innovation. En s'élo
ignant de l'équilibre le système passe par des périodes de changement quantitatif
ou incrémental, suivies par des transitions conduisant à un qualitat
if, pendant lesquelles les variables et les relations qui décrivent le système chan
gent. Ainsi on aura des périodes caractérisées par certains dominant designs, para
digmes et trajectoires technologiques suivis par des transitions dans lesquelles, à
la suite d'innovations radicales, les paradigmes et les trajectoires technologiques
changeront.
5) L'hétérogénéité des agents. Elle nécessite, selon les théori

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