Révolutionnaires de Basse-Bretagne : Le conventionnel Pierre Guyomar - article ; n°3 ; vol.34, pg 298-318
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Annales de Bretagne - Année 1919 - Volume 34 - Numéro 3 - Pages 298-318
21 pages

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Publié le 01 janvier 1919
Nombre de lectures 18
Langue Français
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Extrait

Léon Dubreuil
Révolutionnaires de Basse-Bretagne : Le conventionnel Pierre
Guyomar
In: Annales de Bretagne. Tome 34, numéro 3, 1919. pp. 298-318.
Citer ce document / Cite this document :
Dubreuil Léon. Révolutionnaires de Basse-Bretagne : Le conventionnel Pierre Guyomar. In: Annales de Bretagne. Tome 34,
numéro 3, 1919. pp. 298-318.
doi : 10.3406/abpo.1919.1530
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/abpo_0003-391X_1919_num_34_3_1530- - v
LÉON DUBRECIL
RÉVOLUTIONNAIRES DE BASSE-BRETAGNE
LE CONVENTIONNEL PIERRE GUYOMAR
(Suite; et fin).
L'on pourra disserter à perte de vue sur les opinions de
Guyomar, se demander dans quelle mesure les événements
du passé doivent influer sur le présent et si l'exil de
Louis XVI constituait une mesure de sûreté générale supé
rieure à la mort. Les partisans convaincus — en dépit des
preuves contraires de plus en plus accumulées — de la survi
vance de Louis XVII pourront y trouver comme une prophétie
justifiée, en quelque manière, par les événements. Il n'im
porte! En votant, comme ses collègues Palasne de Champeaux
et Goudelin, pour la peine la moins rude, Guyomar affirmait
ses sentiments d'humanité tout en accomplissant son devoir
de patriote. Couppé vota pour la réclusion, Gautier le jeune,
..Fleury et Girault pour ta détention perpétuelle. Seul, de ta
députation des Côtes-du-Nord, Loncle se prononça pour
la mort.
Au quatrième appel nominal, pour savoir s'il serait sursis
à l'exécution de la sentence de mort, Loncle seul persista, à
voter non : — 380 voix cpntre 310 s'étant prononcées contre
le sursis, la séance fut levée dans une agitation extrême le
dimanche 20 janvier à trois heures après minuit. Le lende
main, Louis xyi était exécuté sur la place de la Révolution.
La municipalité de Guingamp paraît s'être alors complète
ment abstenue : elle se borna, le 11 février, à décerner acte LE CONVENTIONNEL PlEîtîtE GUYOMAÎt. , 299
du dépôt de l'adresse des membres du Conseil général du
département, qui lui avait été officiellement communiquée.
C'est à peine si le procès du roi avait établi uiie trêve entre
Girondins et Montagnards, dans la lutte passionnée qui
s'était engagée, dès le 25 septembre, quand Vergnaud s'en
étaît pris violemment à Marat. Ses opinions politiques, sa
culture classique entraînaient Guyomar vers la Gironde ;
mais il comprenait assez la gravité des circonstances pour
résister à ses sympathies. Son rôle apparaît double à cette
époque : il s'efforce de modérer le girondinisme de son dépar
tement et de sa ville, qui risque de devenir intransigeant ;
il n'hésite pas à défendre avec fermeté, à la tribune de la
Convention, un certain nombre de députés dont le peuple
de Paris exige la proscription. Ce n'est point là faiblesse
d'un membre méprisable de cette Plaine tant décriée ? Avec
une • lucidité politique parfaite, Guyomar s'efforce d'empê
cher les scissions définitives, d'adoucir les haines, pour le
salut de la France. Sa raison l'invite à ne pas s'engager à
fond avec ces Girondins qui, les premiers, à la Convention,
ont engagé ces luttes personnelles dans l'intérêt de leur propre
parti, sans paraître avoir souci des intérêts supérieurs de la
République. Hommes de doctrines, mais trop passionnés, ils
ne découvriront ces sentiments d'abnégation, si nécessaires
à ceux qui ont reçu la lourde tâche de gouverner, qu'au
moment de leur supplice. Mais Guyomar ne peut non plus
accepter la tyrannie de la commune de Paris, et, après avoir
élevé la voix pour sauver Condorcet et ses collègues, donnant
une de ces preuves si difficiles de l'empire qu'un homme
peut imposer à ses sentiments particuliers, il sera, pendant
la période terroriste, le représentant assidu et ponctuel,
souffrant en silence, mais dont l'amertume n'est peut-être
pas exempte de délices, car il sait qu'à des circonstances
exceptionnelles il faut des méthodes révolutionnaires.
Tout d'abord, Guyomar songea seulement à s'opposer à la
tyrannie de la commune de Paris et il appuya le projet d'une
garde départementale pour la protection de la Convention,
projet déposé le 23 septembre par Roland et défendu avec 300 , REVOLUTIONNAIRES DE BASSE-BRETAGNE.
énergie par Lanjuinais, à la séance du 5 octobre. L'administ
ration des Côtes-du-Nord, tenue au courant de ces discussions,
adhéra d'enthousiasme à ce projet et se mit en devoir de lever
des volontaires, tandis que la municipalité de Guingamp
s'applaudissait d'une semblable décision et convoquait pour le
premier dimanche de janvier tous les citoyens en état de
servir pour les engager à s'enrôler. Le nouveau maire, Boulon,
déclarait « faire don au premier qui s'enrôlera, et qui sera
dans le besoin, de son habit de garde nationale, d'un sabre
et baudrier, deux chemises et deux paires de bas ».
Mais Guyomar s'était bien vite rendu compté du danger
que pouvait faire courir à la France cette garde département
ale. L'agitation réfractaire croissait d'une manière inquiétante
dans l'ouest de la France. Si les diverses fractions allaient
en venir aux mains, c'en était fait de l'œuvre de la Révolution.
Mais ses collègues Couppé, Giçault et Fleury, se montraient
moins avisés, ou du moins refusaient de voir tous les dangers
qui apparaissaient aux yeux du conventionnel guingampais.
L'administration départementale, excitée par les uns, retenue
par les autres, adressait lettre sur lettre à la Convention,
proclamation sur proclamation à ses administrés. A ceux-ci,
elle déclarait, le 31 décembre : « Nos représentants sont
menacés : ils délibèrent sous la hache des factieux et le
poignard des assassins... Partez à l'exemple de vos frères du
Finistère, qui volent à la défense de la Convention et de la
liberté... » — A celles-là, elle promettait un dévouement sans
borne, un appui sans limite, annonçait le départ imminent
de ses volontaires, mais l'on pouvait retrouver comme une
hésitation dans ses lettres,"au fur et à mesure que le temps
s'écoulait. Le 27 décembre, elle écrivait à Roland : « ...Nous
ne voulons, ni mi, ni dictateur, ni commune prépondérante;
nous sommes fermement attachés à la République une et
indivisible ».
Au reste les volontaires ne partaient pas. Réunis dans les
villes, ils subissaient 'l'influence, des partis avancés. Les
administrations paraissaient moins sûres d'elles-mêmes.
Elles attendaient avec une certaine inquiétude l'arrivée des .
LE CONVENTIONNEL PIEBRE GUYOMAE. 3(K
commissaires de la Convention. Aussi, ce fut un soulagement
général quand, au début de février, l'on apprit que les volon
taires allaient être incorporés à l'armée du Nord. Cette solu
tion élégante paraît avoir été l'œuvre des représentants
Palasne de Champeaux et Guyomar et peut-être aussi du
lieutenant-général Chevigné.
Dès lors, quand les Commissaires de la Convention arrivent,
il ne s'agit plus que de la préparation à la lutte contre les
émigrés et de l'enquête de Rupérou sur les événements de
la Guyomarais. Ceux-ci' paraissent s'y laisser prendre et tout
péril semble conjuré. Deux mois plus tard, le 14 avril 1793,
les représentants en mission, Sevestre et Billaud-Varenne,
sont reçus avec des acclamations. Ils félicitent les administ
rateurs de leur collaboration dans Ja répression des troubles
qui se sont élevés aux environs de Pontivy, à la suite de la
levée des 300.000 hommes, et ils approuvent les arrêtés qu'ils
ont pris pour la formation de « camps volants », destinés à
la défense des côtes, suivant le projet du général Ganclaux.
Et quand, le 2 mai, le Directoire des Côtes-du-Nord demande
aux représentants l'autorisation de former un bataillon pour
la défense du département, on ne peut avec certitude lui
prêter aucune arrière-pensée.
Cette période de quelques mois

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