Savoirs professionnels et savoirs scientifiques dans l organisation. Du face-à-face à l enchevêtrement - article ; n°1 ; vol.141, pg 71-82
13 pages
Français

Savoirs professionnels et savoirs scientifiques dans l'organisation. Du face-à-face à l'enchevêtrement - article ; n°1 ; vol.141, pg 71-82

Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres
13 pages
Français
Le téléchargement nécessite un accès à la bibliothèque YouScribe
Tout savoir sur nos offres

Description

Communication et langages - Année 2004 - Volume 141 - Numéro 1 - Pages 71-82
Catherine Loneux engage ici la discussion sur un sujet sensible, les relations qui s'établissent entre différents types de savoirs sur les organisations, ceux qui émanent des acteurs responsables de politiques de communication et ceux que produisent les chercheurs qui analysent les pratiques de communication en organisation. Question qui est « bordée » par un double risque, d'un côté celui de confondre la compétence opérationnelle ou l'expertise avec l'interrogation scientifique, de l'autre celui de nier les réels échanges qui se sont instaurés depuis longtemps et s'intensifient actuellement entre les deux sphères. Procédant à une lecture de travaux émanant des Sciences de l'information et de la communication et plus largement des sciences sociales, Catherine Loneux prend le parti de poser cette question dans toute sa complexité. C'est en effet la condition pour une approche lucide de pratiques sociales qui impliquent, qu'ils le veuillent ou non, les chercheurs. Nous souhaitons engager par cet article un débat au sein de la revue.
12 pages

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2004
Nombre de lectures 17
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Catherine Loneux
Savoirs professionnels et savoirs scientifiques dans
l'organisation. Du face-à-face à l'enchevêtrement
In: Communication et langages. N°141, 3ème trimestre 2004. pp. 71-82.
Résumé
Catherine Loneux engage ici la discussion sur un sujet sensible, les relations qui s'établissent entre différents types de savoirs
sur les organisations, ceux qui émanent des acteurs responsables de politiques de communication et ceux que produisent les
chercheurs qui analysent les pratiques de communication en organisation. Question qui est « bordée » par un double risque, d'un
côté celui de confondre la compétence opérationnelle ou l'expertise avec l'interrogation scientifique, de l'autre celui de nier les
réels échanges qui se sont instaurés depuis longtemps et s'intensifient actuellement entre les deux sphères. Procédant à une
lecture de travaux émanant des Sciences de l'information et de la communication et plus largement des sciences sociales,
Catherine Loneux prend le parti de poser cette question dans toute sa complexité. C'est en effet la condition pour une approche
lucide de pratiques sociales qui impliquent, qu'ils le veuillent ou non, les chercheurs. Nous souhaitons engager par cet article un
débat au sein de la revue.
Citer ce document / Cite this document :
Loneux Catherine. Savoirs professionnels et savoirs scientifiques dans l'organisation. Du face-à-face à l'enchevêtrement. In:
Communication et langages. N°141, 3ème trimestre 2004. pp. 71-82.
doi : 10.3406/colan.2004.3290
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/colan_0336-1500_2004_num_141_1_329071
ORGANISATION
Savoirs professionnels
et savoirs scientifiques
dans l'organisation
Du face-à-face à l'enchevêtrement
CATHERINE LONEUX
La critique des chercheurs en communication vis-à-vis des Catherine Loneux engage ici la
professionnels du domaine s'est affirmée pendant les discussion sur un sujet sensible, les
années 1980, avec la mondialisation - notamment celle de relations qui s'établissent entre diffé
la communication. Elle tend à poser une séparation rents types de savoirs sur les organ
étanche entre techniques et stratégies professionnelles d'un isations, ceux qui émanent des
côté, recherche et analyses scientifiques de l'autre. Pourt acteurs responsables de politiques
ant, la question du savoir est devenue cruciale dans les de communication et ceux que
métiers de la communication, au sein d'une une société qui produisent les chercheurs qui analyse veut reflexive, entourée d'experts en communication
sent les pratiques de communication pour affronter les crises. On voit au Danemark des confé
en organisation. Question qui est rences de consensus, des citizens juries aux États-Unis, qui
« bordée » par un double risque, d'un sont des instances de communication ouverte. De leur côté,
côté celui de confondre la compéles Sciences de l'information et de la communication (SIC)
tence opérationnelle ou l'expertise ont leur propre réflexivité, qui consiste en un effort pour
avec l'interrogation scientifique, de penser leur manière d'accéder aux objets, « aller à contre-
l'autre celui de nier les réels courant d'imaginaires envahissants », « faire le lien entre les
objets qui focalisent notre attention et la situation institu échanges qui se sont instaurés
tionnelle et sociale dans laquelle nous cherchons et nous depuis longtemps et s'intensifient
enseignons »:. actuellement entre les deux sphères.
Les études sur la communication organisationnelle Procédant à une lecture de travaux
s'interrogent tout spécialement sur cette relation entre les émanant des Sciences de l'informa
milieux professionnels et les chercheurs, cherchant à tion et de la communication et plus
cerner les territoires de chacun. Car, comme l'indique largement des sciences sociales,
Bruno OUivier, Catherine Loneux prend le parti de
« comme le peuple ou la langue, la discipline scientifique poser cette question dans toute sa
se prête aisément à la métaphore spatiale. Leurs identités complexité. C'est en effet la condition
respectives peuvent, en effet, être représentées comme pour une approche lucide de prati
ques sociales qui impliquent, qu'ils le
1. Y. Jeanneret, « Quelques fragments de cartographie pour un territoire
veuillent ou non, les chercheurs. en mouvement », dans Émergences et continuité dans les recherches en info
rmation et communication, actes du 12e congrès des Sciences de l'informa Nous souhaitons engager par cet
tion et de la SFSIC/ Jouve, 2001. article un débat au sein de la revue.
communication & langages - n° 141 - Septembre 2004 72 ORGANISATION
reposant sur un territoire institutionnellement bien délimité, borné par des front
ières qui permettent, à partir de normes légitimes, de savoir qui (ou ce qui) est à
l'intérieur et qui (ou ce qui) est à l'extérieur »2.
Quelles sont donc les relations qu'entretiennent ces diverses interrogations
sur les savoirs, leur origine et leur valeur ? On serait tenté de poser la question en
termes de transferts directs, en se demandant ce que peut apporter un regard de
chercheur en communication à un professionnel de la communication. Mais il ne
faut pas oublier que le pôle professionnel produit lui-même un corpus théorique,
inspiré de concepts empruntés à la recherche (SHS, sciences de gestion). Les réf
érences dominantes concernent le couple de la sociologie et de l'économie,
auxquelles on attribue volontiers des rôles complémentaires : « le sociologue se
donne pour tâche de décrire la réalité, de la comprendre, là où l'économiste, lui,
cherche à la reconstruire comme un cristal pur »3. Ce cadre disciplinaire s'élargit,
car le réel se laisse de moins en moins mettre en équations : ce qui suggère de
transposer le propos en plaçant tout aussi bien face à l'économiste le chercheur
en communication des organisations, qui s'attache à examiner les modes de
circulation des connaissances, à mettre en concept les organisations en partant
des individus et des relations qu'ils entretiennent entre eux et de l'étude des
processus de communication.
En effet, l'appel à un horizon plus large de connaissances et de disciplines ne va
pas sans une transformation de la façon de comprendre Faction communication-
nelle elle-même. Celle-ci ne se réduit pas aux seuls discours médiatisés, à la seule
transmission d'informations, qui n'en sont que la face la plus apparente, la plus
superficielle. Elle englobe d'autres dimensions institutionnelles (liées à l'existence
d'instances représentatives, mais aussi à l'organisation elle-même) et sociales (rela
tives aux savoir-être, à la transmission des savoirs, au management, etc.)4.
En d'autres termes, l'organisation, qui déborde de son environnement, se voit
contrainte de penser autrement les relations entre chercheurs et praticiens. Ainsi
par exemple lorsqu'elle se penche sur le processus d'innovation technique,
prenant en compte différentes entités habituellement séparées dans l'analyse : les
discours des acteurs, les idées, les artefacts et leur logique interne, les intérêts, les
hommes, etc. Tous ces éléments, ces « acteurs-réseaux » s'enchevêtrent. Par là
même, la société influence la posture du chercheur. Elle suscite la réponse qui
vient d'une analyse sociologique de la recherche, notamment des sociologies de la
diffusion et de la traduction, qui s'attardent sur le rôle des différents acteurs
sociaux dans l'évaluation sociale du secteur de la recherche, cherchant à identifier
ses dimensions économiques, politiques et organisationnelles et à comprendre les
conditions de production du savoir.
C'est pourquoi, s'il est essentiel de distinguer la stratégie professionnelle de
l'approche scientifique, une réflexion s'impose sur les échanges qui, de fait, se
2. B. Ollivier, « Enjeu de l'interdiscipline », L'Année sociologique, 2001, n° 2, p. 337.
3. P. Morin et E. Delavallée, Le Manager à l'écoute du sociologue, Éditions d'organisation, Paris, 2002,
p. 7.
4. S. Olivesi, La communication au travail, PUG, Grenoble, 2002, p. 8.
communication & langages - n° 141 - Septembre 2004 Savoirs professionnels et savoirs scientifiques dans l'organisation 73
développent entre les deux champs, celui des pratiques scienti

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents