La population de la Corse - article ; n°3 ; vol.45, pg 557-575
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Revue de géographie alpine - Année 1957 - Volume 45 - Numéro 3 - Pages 557-575
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Publié le 01 janvier 1957
Nombre de lectures 34
Langue Français
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Paul Lefèbvre
La population de la Corse
In: Revue de géographie alpine. 1957, Tome 45 N°3. pp. 557-575.
Citer ce document / Cite this document :
Lefèbvre Paul. La population de la Corse. In: Revue de géographie alpine. 1957, Tome 45 N°3. pp. 557-575.
doi : 10.3406/rga.1957.1796
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rga_0035-1121_1957_num_45_3_1796LA POPULATION DE LA CORSE
par Paul LEFÉBVRE
I. — La population de la Corse avant 1760.
Certains pensent qu'à l'époque romaine la Corse aurait eu près
d'un million d'habitants. C'est assez improbable, mais on peut
admettre que la population des plaines ait été plus dense qu'elle
ne le sera par la suite après les ravages des Sarrazins. Les Romains
avaient pacifié les côtes qui, grâce à leur fertilité, s'étaient couvertes
de cultures; l'entretien du sol avait éloigné toute insalubrité. Cette
occupation de la côte, au moins pour la côte orientale, est attestée
par les vestiges découverts, notamment ceux de nombreux
mouillages.
Mais cette prospérité de la côte orientale et de quelques plaines
n'autorise pas à proposer une population d'un million d'habitants,
car ces plaines étaient seules à réunir les conditions nécessaires à
un peuplement assez dense. L'intérieur du pays et la côte orientale,
sauf la Balagne, n'offraient rien de comparable.
De toutes façons, les incursions des Sarrazins ruinèrent les
côtes, chassant les habitants vers les montagnes et les forêts. Là,
l'abondance des châtaignes, du lait de chèvres et du miel aurait pu,
à la rigueur, permettre à une population frugale de prospérer dans
la paix, mais l'histoire de la Corse est caractérisée par des luttes
continuelles. Les habitants vivent sous les armes, dans des repaires
difficilement accessibles.
C'est de là qu'au xve et au xvr siècles, ils luttèrent contre les
Barbaresques et les Génois auxquels ils résistèrent avec une faible
population, de même qu'ils n'avaient pas eu besoin d'être extrême
ment nombreux pour tenir tête à Rome et à Carthage. La configu
ration du sol et la végétation facilitaient la défense d'un pays dont
9 558 PAUL LEFÈBVRE.
les habitants connaissaient admirablement la montagne et le
maquis.
Jusqu'au début du xvne siècle la population a sans doute été très
faible, peut-être 100 000 habitants. La situation politique n'était
guère favorable à un développement économique et agricole suscept
ible d'entraîner une expansion démographique. Ce n'étaient, en
effet, que guerres, pillages et déportations. Les famines étaient
fréquentes et les épidémies meurtrières. La seule peste de 1348, dit
la Chronique, aurait décimé les 2/3 de la population à l'époque où
Gênes assurait sa domination sur l'île.
A la fin du xve siècle, Cyrnée avance deux chiffres qui paraissent
fantaisistes en proposant 100 000 feux et 400 000 âmes. La plus
ancienne indication vraisemblable que l'on possède actuellement sur
la population est celle donnée en 1520 par Mgr Giustiniani, évêque
du Nebbio, qui estimait qu'il n'y avait pas moins de 30 000 feux
et 100 000 âmes. Cette approximation restera valable pendant de
nombreuses années.
Bientôt la Banque de St-Georges va commencer son exploitation
de l'île. Les Corses perdent leurs privilèges. Les guerres contre
l'occupant, qui ont toujours eu une allure de guerres civiles, ensan
glantent le pays en même temps que la vendetta reprend. Pour des
raisons politiques et familiales les habitants si'entre-tuent, et ces
assassinats deviennent à certains moments de véritables massacres
après que les troupes du maréchal de Thermes, en 1553*, eurent
répandu l'usage des armes à feu 1.
Le climat était d'autant moins favorable à un essor démogra
phique que les épidémies n'avaient pas disparu. La peste reparaît
en 1525, en 1528, et en 1530; les Turcs, installés à Porto-Vecchio,
multiplient leurs pillages et l'émigration qui a toujours attiré les
Corses vers l'extérieur semble s'accentuer.
Les années qui vont de 1567 (mort de Sampiero) à 1730 mar
quent une relative accalmie dans la vie insulaire 2. Néanmoins, il
est peu probable qu'elles aient été favorables à un repeuplement.
S'il y a eu des excédents de naissances, ils ont été largement com
pensés, comme précédemment, par l'expatriation des jeunes Corses
qui s'engagent dans les armées des princes étrangers 3. Quant à
l'élite de cette jeunesse, elle va aux Facultés de France et d'Italie.
1 A la fin du xvi* siècle et au début du xvn", la Vendetta aurait fait jusqu'à
2 00O victimes par an.
2 Cest en 1571 et en 1613 que sont promulgués les « Statuti Civili e Crimi-
nali ». En 1676, une colonie de 700 Grecs est installée à Paomia.
8 Les Corses émigrent vers l'Aragon, Florence, l'Empire, la Papauté et la
France. Bartolomeo de Vivarjo est capitaine des Galères de l'Eglise, Sampiero LA POPULATION DE LA CORSE. 559
■Cette impression est confirmée par un Manuscrit de l'Université
de Gênes : « Memoria e Note relative alla Corsica dal 1572 al 1730 »
qui ne mentionne que 111 439 âmes réparties de la façon suivante :
dans le « di qua di Monti » : 8,4 112 âmes (Nord); dans le « di la
di Monti » : 27 387 âmes (Sud).
Il est vraisemblable que les Archives de Gênes et du Vatican
fourniraient des indications intéressantes pour suivre l'évolution
démographique.
En 1682 Pidou de St-Olon relate que les derniers dénombrements
font état de 80 000 âmes, alors que l'île serait capable d'en nourrir
plus de 250 000. Les appréciations démographiques, même à cette
époque, ne laissent pas indifférents. Certaines sont contestées par
les Corses, tel que ce patriote qui écrivait le 15 novembre 1759 :
« Ce B.-J. de Brignoule, envoyé en 1738, fit faire la carte de la
Corse par un imposteur français... il fit noter 116 053 âmes. Si peu,
ce n'est pas possible. De mon temps, on parlait de 40 000 feux sans
compter les villes. En comptant cinq âmes par feu, comme d'habi
tude, cela ferait 200 000 âmes. »
Cependant, rien ne laisse croire que la population ait augmenté.
En 1720, les guerres ont repris à la suite de la révolte des Corses
soutenue par les impériaux. En 1734, nouvelle révolte qui se termine
avec l'intervention de Maillebois. Celui-ci envoie un Mémoire à la
Cour en faisant état d'un recensement qu'il avait ordonné en 1741
et attribuant à la Corse 120 389 habitants. En 1742, dernière révolte.
L'assassinat du patriote Gafori, en 1753, ne fait qu'envenimer les
choses, la lutte reprend avec Pascal Paoli pour assurer l'indépen
dance, mais les espoirs des insurgés s'évanouissent après la défaite
de 1769.
En se fondant sur ces quelques renseignements on peut
admettre, comme nous le laissions entendre, que du début du xvie
siècle jusque vers 1760, la population de la Corse a oscillé aux envi
rons de 110 000 habitants.
II. — La population de la Corse depuis le rattachement à la France.
L'intégration au Royaume de France apporte une nette amélio
ration à la situation générale de la Corse. Après la guerre pour l'I
ndépendance, la paix était revenue et les avantages furent accordés
en vue de l'expansion économique et agricole. Les Gouvernements
Corso (1501-1566) est colonel des Gardes de Henri H. Leur exemple est la
rgement suivi.
9a 560 PAUL LEFÈBVRE.
qui succédèrent à la période révolutionnaire continuèrent cette
politique de mise en valeur. Ces dispositions favorables se tradui
sirent tout de suite par une évolution démographique inconnue
jusqu'alors. La population doubla en un siècle. Les chiffres des
recensements sont éloquents à cet égard :
1779 122 000 habitants
1787 148 172
1794 150 658
1811 174 572 habitants
1821 180 348
18,31 : ... 195 407
1841 231 463 habitants
1851 230 271
1861 252 889
1871 258 507 habitants
1881 273 393
C'est sous la Monarchie de Juillet et le second Empire que la
Corse a atteint son apogée démographique et économique. Mais au
cours du xi

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