Une part importante de l’augmentation des surfaces forestières au  cours des dernières décennies
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HABITAT DETERMIANT ZNIEFFFORETS SPONTANEESJ-Claude GENOT, L-Michel NAGUELEISEN & CSRPN LorraineJuillet 2010Contexte généralLes surfaces forestières ont notablement augmenté au cours des deux derniers sièc les enFrance, passant de 9 millions d’hectares en 1820 à plus de 15 millions en 2002, voiredavantage si on y inclut les maquis et les landes. Un peu plus de 2% correspond à unerecolonisation spontanée. Ces jeunes forêts, dont les âges s’échelonnent entre 10 et 130 ans,sont nées d’évènements socio-économiques plus ou moins anciens (guerre, exode rura l,déprise agricole, crise économique, politique agricole commune). La reconquête foresti ère estparticulièrement présente dans les zones de montagne. En matière de terminologie, de nombreuses expressions sont uti l:is éboies sements naturel s,boisements spontanés, accrus (Cemagref, 1999). Nous proposons de retenir le term e de« forêts spontanées » pour rester sur le modèle de la fiche consacrée aux vieilles forêts.Définition d’un « boisement spontané » Nous considérons comme boisement spontané une surface non boisée pendant une c ertainepériode ancienne (culture, prairie, forêt détruite totalement par un événement naturel ou nonnaturel (défrichements, incendie,…)) qui se boise naturellement (sans aide de l’homme) et suit une trajectoire spontanée dans le cycle de la sylvigénèse (phase pionnière, phas e decroissance, phase de maturation,…).Contexte régionalLes forêts spontanées en Lorraine concernent ...

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Langue Français

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Contexte général
HABITAT DETERMIANT ZNIEFF FORETS SPONTANEES J-Claude GENOT, L-Michel NAGUELEISEN & CSRPN Lorraine Juillet 2010
Les surfaces forestières ont notablement augmenté au cours des deux derniers siècles en France, passant de 9 millions d’hectares en 1820 à plus de 15 millions en 2002, voire davantage si on y inclut les maquis et les landes. Un peu plus de 2% correspond à une recolonisation spontanée. Ces jeunes forêts, dont les âges s’échelonnent entre 10 et 130 ans, sont nées d’évènements socio-économiques plus ou moins anciens (guerre, exode rural, déprise agricole, crise économique, politique agricole commune). La reconquête forestière est particulièrement présente dans les zones de montagne. En matière de terminologie, de nombreuses expressions sont utilisées : boisements naturels, boisements spontanés, accrus (Cemagref, 1999). Nous proposons de retenir le terme de « forêts spontanées » pour rester sur le modèle de la fiche consacrée aux vieilles forêts.
Définition d’un « boisement spontané »
Nous considérons comme boisement spontané une surface non boisée pendant une certaine période ancienne (culture, prairie, forêt détruite totalement par un événement naturel ou non naturel (défrichements, incendie,…)) qui se boise naturellement (sans aide de l’homme) et suit une trajectoire spontanée dans le cycle de la sylvigénèse (phase pionnière, phase de croissance, phase de maturation,…).
Contexte régional
Les forêts spontanées en Lorraine concernent principalement les coteaux des côtes de Moselle et de Meuse, anciennement cultivés, ainsi que le massif vosgien sur les pentes et dans les fonds humides autrefois en prairies et non plantés en épicéas. Elles peuvent également se développer dans des contextes particuliers comme les terrains militaires. Une récente étude dans le Parc naturel régional des Vosges du Nord a montré que ces forêts spontanées ont progressé de 40% entre 1951 et 2004 sur 12 communes de Moselle pour atteindre plus de 5 000 ha aujourd’hui (Jacquotet al., 2009). La situation est comparable à ce qui se passe dans la vallée de la Blies où ces forêts spontanées sur pente forte ont été décrites sur le plan dendrométrique (Génot et Schnitzler, 2007).
Rappel sur l’intérêt écologique
Généralement les rapports entre succession secondaires et biodiversité ne sont pas bien connus, à l’exception d’une espèce comme la gelinotte de bois, favorisée par les forêts spontanées. Les espèces liées aux milieux ouverts régressent, celles inféodées aux milieux sciaphiles apparaissent mais comme les premières sont mieux connues et plus appréciées que les secondes, la conclusion est souvent que la biodiversité régresse avec la succession végétale alors qu’il serait plus juste de dire qu’elle se modifie, notamment selon le gradient de lumière, d’humidité et de nutriments et selon la structuration verticale de la végétation. Dans les Vosges du Nord, certaines forêts spontanées de plus de 50 ans sont déjà des milieux de chasse intéressants pour les chauves-souris (noctule commune, grand murin, barbastelle, petits myotis, oreillard) et sont fréquentées parles pics mar et noir. La diversité floristique des forêts spontanées est liée à leur forme, leur âge, au passé cultural et à la distance des sources de diaspores (Burtet al., 2004). Il existe toutefois des éléments arborescents pré existant qui renforce l’intérêt biologique de ces forêts avec la présence de gros arbres et de bois mort. Mais c’est sur le plan écologique global que se traduit l’intérêt des forêts spontanées. Ainsi les sols évoluent avec la venue des arbres et arbustes : structuration des horizons, apparition d’un véritable humus, développement de la faune du sol. Enfin l’intérêt scientifique est important pour ce qui concerne les mécanismes de reconquête, l’architecture des habitats forestiers et semi forestiers, la dynamique sylvigénétique et la maturation des sols. Les forêts spontanées rendent un nombre conséquent de services écologiques à l’homme: puits de carbone, conservation ou reconstitution de sols forestiers, limitation de l’érosion des sols, rôle tampon aux fluctuations climatiques, rôle d’abri pour les espèces forestières rares, et ce d’autant plus efficacement que leurs surfaces sont grandes et non fragmentées. Enfin leur valeur intrinsèque réside dans la spontanéité de leur évolution sylvigénétique sans intervention humaine alors qu’en dehors de ces milieux et des quelques réserves intégrales forestières, la grande majorité des milieux fait l’objet d’interventions qui diminuent leur degré de naturalité. La biodiversité ne peut donc pas servir de descripteur pertinent pour les forêts spontanées, il vaut mieux raisonner selon leur degré de naturalité.
Naturalité des forêts spontanées
Parmi les critères de naturalité des forêts spontanées à retenir dans le réseau des ZNIEFF :
origine des arbres: essentiellement naturelle; les arbres sont issus de graines transportées naturellement (gravité, vent, ruissellement, oiseaux, mammifères…). Des tiges de taillis peuvent être présentes à condition que la coupe de taillis n’ait pas été générale (cépées disséminées) et qu’elle soit très ancienne (plus de 50 ans voir plus loin).
Origine naturelle Si coupe de taillis > 50 ans
composition : arbres et arbustes autochtones est un critère car il existe des boisements spontanés à partir des plantations d’espèces allochtones : pins noirs sur sols calcaires ou épicéas sur sols acides. Les boisements naturels en Lorraine sont à base de chênes, de hêtres et de charmes pour la strate arborée, avec des fruitiers comme espèces témoins des anciennes pratiques agricoles, et à base de noisetiers, de prunelliers, de sureaux noirs, etc. pour la strate arbustive.
Espèces autochtones Nombre d’espèces >2
lâgedesarbres: certains arbres comme le chêne sont de bons indicateurs de datation de ces forêts spontanées car leur croissance libre au départ ralentit au bout d’une vingtaine d’année, ce qui peut donner par exemple un diamètre de 50 cm en 50 ans sur des grès argileux. Comme certains boisements spontanés n’ont pas fait l’objet d’anciennes coupes, il n’est pas toujours facile de déterminer l’âge des arbres, dans ce cas le diamètre des plus gros arbres sera le critère retenu.
Age des arbresvariable Ancienneté du boisement > 50 ans
la nécromasse : elle peut être déjà non négligeable dans ces jeunes forêts à cause de la sensibilité des phases pionnières aux chablis dans les pentes (dans les Vosges du Nord 3 on enregistre 5 m /ha de bois mort dans des forêts spontanées de 60 ans, ce qui est le chiffre indiqué pour des forêts de production plus âgées en France (Vallauriet al., 2005). On relèvera comme critère le nombre d’arbres morts à l’hectare et leur diamètre.
3 V nécromasse > ou = 5 m /ha Nombre d’arbres morts > 7 debout et > 10 au sol
la structuration horizontale: le critère est le nombre de phases différentes (phase pionnière, phase de croissance, phase de maturation) notées dans le boisement spontané.
Nombre de phases > 1
lasurfaceconcernée: la superficie des forêts spontanées est une garantie de diversité de structure entre les bordures soumises aux perturbations et les parties centrales plus stables.
Surface > 10 ha(critère facultatif)
la proximité de forêts plus anciennes: cela favorise la colonisation d’espèces typiquement forestières, le critère est donc la distance la plus proche à une forêt plus ancienne.
Distance à une forêt plus ancienne < 1 km(critère facultatif)
l’héritage anthropique : le passé cultural détermine également l’évolution de la succession, donc sa composition et sa structure. Le critère est la date d’abandon de la culture et la période de non intervention sylvicole car certains boisements spontanés font l’objet de coupes de taillis.
Date de la dernière intervention humaine (coupe, …) > 50 ans
Les valeurs multiples de ces écosystèmes uniques et si mal protégés leur confèrent un niveau élevé de naturalité, rarement atteint dans les autres écosystèmes d’Europe. Cette valeur augmente encore avec le temps, si on les laisse évoluer sans les perturber. Elle augmente aussi avec les surfaces qu’on leur concède: à raison de plusieurs milliers d’hectares d’un seul tenant, elles sont une formidable réponse à l’artificialisation des paysages français. Les forêts spontanées d’aujourd’hui seront, pour nos descendants, les forêts «vierges »de demain, les moins éloignées de la diversité naturelle.
Bibliographie
CURT T., PREVOSTO B. et BERGONZINI J.-C. 2004. Boisements naturels des terres agricoles en déprise. Cemagref Editions. 119 p.
CEMAGREF. 1999. Boisements naturels des espaces agricoles en déprise. Ingénieries eau-agriculture-territoire Numéro spécial. 176 p.
GENOT J.-C. et SCHNITZLER A. 2007. Les boisements spontanés : hauts lieux de la naturalité.Naturalité. La lettre de Forêts SauvagesN°3 : 2-3.
JACQUOT M. GENOT J.-C. et SCHNITZLER A. 2009. Boisements spontanés du parc naturel régional des Vosges du Nord.Ann. Sci. Rés. Bios. Trans. Vosges du Nord-Pfälzerwald 14 (2008) : 135-155.
VALLAURI D., ANDRE J., DODELIN B., EYNARD-MACHET R. et RAMBAUD D. 2005. Bois morts et à cavités. Editions Lavoisier Tec & Doc, 405 p.
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