Lamarckiens et Darwiniens : Discussion de quelques théories sur la formation des espèces/II/X
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Félix Le DantecDEUXIÈME PARTIE. – Néo-darwiniens et hérédité des caractèresacquis1899CHAPITRE XLA LUTTE ENTRE LES DEUX ÉCOLES>Malgré le désastre qu’a déterminé pour le weissmannisme la nécessité deconcessions incompatibles avec l’essence même de ce système, il y a encore desnéo-Darwiniens qui ne se tiennent pas pour battus. Il est facile de limiter le terrainsur lequel la lutte continue, et c’est ce que je vais faire brièvement ici.Tout le monde est d’accord sur l’importance énorme du principe de la sélectionnaturelle dans la formation des espèces, et de ce côté le triomphe de Darwin estcomplet et incontesté.Au point de vue de l’hérédité des caractères acquis, les néo-Darwiniens sontarrivés h accepter celle des allomorphoses, mais tiennent toujours bon contre celledes automorphoses, qui est au contraire le fond du néo-lamarckisme.Inséparable de cette question de l’hérédité est celle de la variation même ; lesautomorphoses, résultat d’une réaction de l’ensemble de l’organisme sousl’influence d’un stimulus extérieur, déterminent naturellement des variations qui sontprécisément en rapport avec le stimulus d’où elles proviennent ; tel est par exemplele développement d’un organe dont il est fait un usage fréquent ; ces variations sontdirectement adaptées, immédiatement utiles ; elles apparaissent dans une[1]direction définie , sous l’influence des conditions de milieu.On peut en dire autant des allomorphoses ; l’action du milieu sur l’organisme,même ...

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Félix Le Dantec DEUXIÈMEPARTIE. – Néo-darwiniens et hérédité des caractères acquis 1899
CHAPITRE X
LA LUTTE ENTRE LES DEUX ÉCOLES
> Malgré le désastre qu’a déterminé pour le weissmannisme la nécessité de concessions incompatibles avec l’essence même de ce système, il y a encore des néo-Darwiniens qui ne se tiennent pas pour battus. Il est facile de limiter le terrain sur lequel la lutte continue, et c’est ce que je vais faire brièvement ici. Tout le monde est d’accord sur l’importance énorme du principe de la sélection naturelle dans la formation des espèces, et de ce côté le triomphe de Darwin est complet et incontesté. Au point de vue de l’hérédité des caractères acquis, les néo-Darwiniens sont arrivés h accepter celle des allomorphoses, mais tiennent toujours bon contre celle des automorphoses, qui est au contraire le fond du néo-lamarckisme. Inséparable de cette question de l’hérédité est celle de la variation même ; les automorphoses, résultat d’une réaction de l’ensemble de l’organisme sous l’influence d’un stimulus extérieur, déterminent naturellement des variations qui sont précisément en rapport avec le stimulus d’où elles proviennent ; tel est par exemple le développement d’un organe dont il est fait un usage fréquent ; ces variations sont directement adaptées, immédiatement utiles ;elles apparaissent dans une [1] direction définie, sous l’influence des conditions de milieu. On peut en dire autant desallomorphosesl’action du milieu sur l’organisme, ; même lorsqu’elle se produit directement sur chaque élément, estdéterminéepar la nature du milieu et la nature de l’organisme au moment considéré ; la variation par allomorphose apparaîtdonc aussi dans une direction définie, mais elle est sans rapport immédiat avec les besoins de l’individu ; la coloration des ailes des papillons dans les expériences de Weissmann peut êtrenuisibleêtres chez aux lesquels elle se produit. C’est affaire à la sélection naturelle de conserver les variations utiles et de faire disparaître celles qui sont dangereuses, tandis que la variation parautomorphoseétait directement adaptée aux conditions qui l’avaient fait naître. Est-ce à dire que, dans ce cas, la sélection naturelle est inutile au [2] mécanisme de l’adaptation ? J’ai montré ailleursque la coordination qui constitue la vie de l’animal résulte précisément de la sélection naturelle intervenant à chaque instantles éléments histologiques de son corps et se traduit par entre l’assimilation fonctionnelle qui renforce seulement les organes utiles. Donc, si on considère pour un instant l’organisme décomposé en ses éléments, une automorphose revient à une série d’allomorphoses se produisant sur tous les éléments considérés comme des individus, mais par suite de la réunion de tous ces individus en un organisme coordonné, la sélection naturelle agit immédiatementconserver les allomorphoses utiles et faire disparaître les pour allomorphoses nuisibles (comme cela avait lieu mais plus lentement pour les allomorphoses générales de tout à l’heure), de telle manière que la variation par automorphose nous paraît immédiatement adaptée. Et ceci nous amène à donner une nouvelle définition de l’automorphose et de l’allomorphose ; toutes deux proviennent de l’action du milieu sur l’organisme, mais la première se produit par l’intermédiaire de la coordination préexistant dans l’individu, la seconde se produit sur les éléments comme s’ils n’étaient pas coordonnés. Exemple : voici un piège à
rats dont le ressort est tendu. Je puis enduire d’une couche de peinture un grand nombre de parties du piège, sans le faire fonctionner, et l’enduit produira exactement le même effet que si les pièces du piège n’étaient pas coordonnées en vue de prendre des rats (allomorphose). Au contraire, je fais jouer le mécanisme ; tout se passe d’une manière précisément prévue par la coordination des pièces de l’appareil et la variation qui en résulte est une conséquence directe de cette coordination (automorphose). Eh bien ! l’organisme animal est comme ce piège à rats, seulement, au lieu d’être inerte quand il a fonctionné une fois d’une certaine manière, il est au contraire devenuplus apteà fonctionner de nouveau de la même façon. Les actions habituelles s’exécutent avec une facilité croissante.
Les automorphoses résultant du fonctionnement habituel sont justement, pour [3] Lamarck, l’une des causes principales de la variation des êtres; mais puisque l’adaptationces automorphoses est le résultat de la sélection naturelle de appliquée aux tissus, il y a, me semble-t-il, moins de divergence qu’il ne paraissait entre les néo-Darwiniens et les néo-Lamarckiens.
Et aussi, il parait difficile, par suite, de concevoir que les automorphoses ne puissent être transmises par hérédité comme les allomorphoses. Or Weissmann lui-même a été obligé de déclarer possible l’hérédité des allomorphoses…
Je n’insiste pas davantage pour le moment sur la lutte entre l’école néo-lamarckienne et l’école néo-darwinienne. La troisième partie du présent volume sera entièrement consacrée à l’étude d’une question, le Mimétisme, qui constitue un des terrains les plus favorables pour la discussion de la valeur des arguments de ces deux écoles biologiques.
1. ↑C’est l’expression de Cope,op. cit., p. 13. 2. ↑Revue philos., 1897,Les Théories neo-lamarckiennes, p. 463 et suiv. Voir aussi ce livre même, p. 22. 3. ↑« Dans tout animal qui n’a point dépassé le terme de ses développements, l’emploi plus fréquent et plus soutenu d’un organe quelconque fortifie peu à peu cet organe, le développe, l’agrandit et lui donne une puissance proportionnée à la durée de cet emploi ; tandis que le défaut constant d’usage de tel organe l’affaiblit insensiblement, le détériore, diminue progressivement ses facultés et finit par le faire disparaître. » Lamarck, Philosophie zoohgique, Paris, 1809.
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