A propos du tableau de Lemonnier : « Une soirée chez Madame Geoffrin » - article ; n°1 ; vol.12, pg 4-18
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Description

Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1992 - Volume 12 - Numéro 1 - Pages 4-18
John Lough: Lemonnier's Painting, Une soirée chez Madame Geoffrin en 1755.
Lemonnier's painting, originally entitled Première lecture, chez Madame Geoffrin, de l'Orphelin de Chine, first exhibited in 1814, is reproduced in many books on the 18th Century. We demonstrate that Mme Geoffrin did not possess the bust of Voltaire shown in the painting, and that most of the 54 people present in the picture of the salon could not have attended her Wednesday dinners, which were much more intimate, at that date. Only 15 of those shown are known to have attended, while others, not included, did attend. The picture is thus of no documentary value concerning the place of the writer in the society of the Ancien Régime.
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1992
Nombre de lectures 731
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Monsieur John Lough
Michel Baridon
A propos du tableau de Lemonnier : « Une soirée chez Madame
Geoffrin »
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 12, 1992. pp. 4-18.
Abstract
John Lough: Lemonnier's Painting, "Une soirée chez Madame Geoffrin en 1755".
Lemonnier's painting, originally entitled "Première lecture, chez Madame Geoffrin, de l'Orphelin de Chine", first exhibited in 1814,
is reproduced in many books on the 18th Century. We demonstrate that Mme Geoffrin did not possess the bust of Voltaire shown
in the painting, and that most of the 54 people present in the picture of the salon could not have attended her Wednesday
dinners, which were much more intimate, at that date. Only 15 of those shown are known to have attended, while others, not
included, did attend. The picture is thus of no documentary value concerning the place of the writer in the society of the Ancien
Régime.
Citer ce document / Cite this document :
Lough John, Baridon Michel. A propos du tableau de Lemonnier : « Une soirée chez Madame Geoffrin ». In: Recherches sur
Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 12, 1992. pp. 4-18.
doi : 10.3406/rde.1992.1154
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1992_num_12_1_1154 Illustration non autorisée à la diffusion
Lemonnier: Lecture de YOrphelin de la Chine chez Madame Geoffrin
(Musée de la Malmaison, cliché RMN) John LOUGH
A propos d'un tableau de Lemonnier :
Une soirée chez Madame Geoffrin
en 1755*
En 1958, alors que je cherchais des illustrations pour mon livre,
An Introduction to Eighteenth-Century France, quoi de plus naturel que
de penser à ce tableau déjà reproduit dans de nombreux livres et en
particulier dans un ouvrage abondamment illustré et dont la publication
a été dirigée par P. Sagnac et J. Robiquet, La Révolution de 17891?
Comme un collègue retournait passer ses vacances à Rouen où l'on
disait que le tableau était exposé, je lui demandai d'en obtenir une
photographie et de recueillir sur place tous les renseignements qu'il
pourrait trouver.
Le tableau qui se trouve là-bas est décrit par M. François Bergot,
Conservateur en chef des musées de Rouen (à qui je dois beaucoup de
renseignements utiles qu'il m'a envoyés récemment), comme une
«réplique autographe aux dimensions réduites» du tableau original,
réplique qui fut offerte en 1871 par la belle-fille de Lemonnier à l'Académie
des Sciences, des Belles-Lettres et Arts de Rouen et déposée au musée
des Beaux-Arts en 1942. L'original, l'un des trois tableaux historiques
d'Anicet Charles Gabriel Lemmonier (1743-1824), fut commandé par
l'impératrice Joséphine pour la galerie de tableaux de la Malmaison et
fut exposé au Salon de 1814.
Les renseignements qui me parvinrent de Rouen n'étaient absolu
ment pas de nature à me faire persévérer dans mon entreprise. La date
ne disait rien qui vaille et ce qui ne valait guère mieux c'était la liste des
* Cet article a paru en anglais dans la revue French Studies, vol. XLV, July 1991
et nous remercions la direction de cette revue ainsi que John Lough de nous avoir autorisé
à en donner un version française.
1. La Révolution de 1789, Éditions nationales, 1934, 2 vol., I, 15.
Recherches sur Diderot et sur V Encyclopédie, 12, avril 1992 6 JOHN LOUGH
personnages que le tableau représentait ; ils étaient cinquante-quatre
en tout et semblaient à l'évidence avoir été choisis au hasard parmi les
personnalités en vue dans les années 1740-80 sans se préoccuper de
savoir s'ils avaient pu s'assembler au même moment et dans le même
lieu. Comme les salons jouaient un rôle très important dans la vie littéraire
et intellectuelle de Paris au xvme siècle, je tenais beaucoup à trouver
une illustration qui donnerait une idée de ce à quoi ressemblait un salon.
Mais c'était sans doute une tâche impossible à mener à bien. Certes, il
arrivait souvent que des écrivains lisent leurs œuvres devant des auditeurs
assemblés quoique le nombre de ces derniers était certainement moins
élevé que dans le tableau de Lemonnier. On peut imaginer que pour
écouter une lecture de ce genre les gens s'asseyaient et formaient une
espèce de cercle, mais pour le peintre il est clair qu'il était plus simple
de disposer les auditeurs en rangées qui occupaient toute la largeur de la
pièce, même si le résultat obtenu était assez ridicule. Dans son tableau
plus de la moitié des hommes sont supposés écouter debout la lecture
d'une tragédie en cinq actes tandis que les femmes et ceux parmi les
hommes qui ont obtenu le privilège d'occuper une chaise peuvent
difficilement être décrits comme «assis confortablement». Dans un
ouvrage qui se voulait éducatif et destiné à la jeunesse, mieux valait que
je renonce à donner l'illustration d'un salon plutôt que d'en offrir une
aussi trompeuse. Je ne me servis pas de la photographie.
Cependant ce tableau continue à apparaître dans des livres écrits
sur la France du xvme siècle. Il y en a une splendide reproduction en
couleurs dans un volume intitulé The Eighteenth-Century Europe, publiée
par Thames et Hudson en 19692. La reproduction occupe presque deux
grandes pages et comporte une légende détaillée. Cette légende ne fait
cependant pas mention de la date de ce tableau. Le lecteur qui veut en
savoir plus doit la chercher dans la liste des illustrations qui se trouve à
la fin du volume.
De plus, on continue à trouver des historiens qui essaient de tirer
de ce tableau des conclusions sur les relations entre les écrivains et la
noblesse dans la France du xviiic siècle. Pourtant, déjà en 1897, la vérité
sur cette toile a été dite sans ambages par le marquis de Ségur dans un
volume bien documenté sur Mme Geoffrin et sa fille la marquise de la
Ferté-Imbault. A la fin du dernier appendice de son livre il consacre
quelques lignes condescendantes au tableau et lui dénie toute valeur
documentaire :
Cette composition, en effet, exécutée quarante ans après la mort de
Madame Geoffrin, ne saurait offrir aucun intérêt historique ; et la fantaisie
2. The Eighteenth-Century Europe in the Age of the Enlightenment, éd. A. Cobban,
Londres, Thames and Hudson, 1969, 262-263. La clé figure p. 277 ; il manque les noms de
Vaucanson et de Pigalle. SOIRÉE CHEZ MADAME GEOFFRIN EN 1755 1 UNE
de l'artiste y a groupé autour de la figure principale des personnages qui
n'ont jamais pu se rencontrer dans le salon de la rue Saint-Honoré,
comme Fontenelle, mort en 1757, et mademoiselle de Lespinasse qui y fit
sa première apparition en 1764 3.
En 1821, du vivant du peintre, Philibert Louis Debucourt publia
une gravure du tableau, accompagnée d'une clé qui donne la liste des
noms suivants :
I. Buffon. 2. Mlle Lespinasse. 3. Mlle Clairon. 4. Le Kain. 5. Dalembert.
6. Carie Vanloo. 7. Helvétius. 8. Duclos. 9. Piron. 10. Crébillon.
II. l'Abbé de Bernis. 12. le Duc de Nivernais. 13. la Duchesse d'Anville.
14. le Prince de Conti. 15. Mme Geoffrin. 16. Fontenelle. 17. Joseph
Vernet. 18. la Comtesse d'Houdetot. 19. le Président de Montesquieu.
20. Claireau [Clairaut]. 21. Daguesseau. 22. Mayran [Dortous de Mairan].
23. Maupertuis. 24. le Maréchal de Richelieu. 25. Malesherbes. 26.
Turgot. 27. Diderot. 28. Quesné [Quesnay]. 29. l'Abbé Barthélémy.
30. le Comte de Caylus. 31. Danville [Jean Baptiste Bourguignon d'Anv
ille]. 32. Soufflot. 33. Bouchardon. 34. S1 Lambert. 35. Dargental. 36. le
Buste de Voltaire. 37. le Duc de Choiseul. 38. le Président Hénault.
39. Rameau. 40. J.-J. Rousseau. 41. Raynal. 42. La Condamine.
43. Thomas. 44. Vien. 45. Marmontel. 46. Marivaux. 47. Gresset.
48. Vaucanson. 49. Pigalle. 50. Bernard de Jussieu. 51. Daubenton.
52. l'Abbé de Condillac. 53. Madame de Graffigny. 54. Réaumur. 55.
Madame du Bocage.
Quand on considère cette liste de 53 invités présents à l'occasion de
cette réunion, on ne doit pas oublier que Madame Geoffrin recevait de
plusieurs façons différentes. Apparemment, c'est au début des années
1740 qu'elle commença à recevoir à dîner le mercredi les hommes de
lettres, si l'on en croit la date assez précise qu'elle donne dans une lettre
de 1771 où elle dit qu'elle leur consacrait cette soirée « depuis trente
ans» (Ségur, 201). Un peu plus tard, elle commença à recevoir à d

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