Colloque de Madrid du 20 au 22 Mai 1981: Relations Franco-Espagnoles autour de la Première Guerre Mondiale ; n°2 ; vol.18, pg 129-148

Jean-Marc Delaunay

Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1982 - Volume 18 - Numéro 2 - Pages 129-148
20 pages

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• Publié par: MELANGES_DE_LA_CASA_DE_VELAZQUEZ
• Publié le: 01 janvier 1982
• Nombre de lectures: 33
• Langue: Français
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Extrait

M. Jean-Marc Delaunay
Colloque de Madrid du 20 au 22 Mai 1981: Relations Franco-
Espagnoles autour de la Première Guerre Mondiale
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 18-2, 1982. pp. 129-148.
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Delaunay Jean-Marc. Colloque de Madrid du 20 au 22 Mai 1981: Relations Franco-Espagnoles autour de la Première Guerre
Mondiale. In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 18-2, 1982. pp. 129-148.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1982_num_18_2_2384RELATIONS FRANCO-ESPAGNOLES AUTOUR DE LA PREMIERE
GUERRE MONDIALE
— COLLOQUE DE MADRID — du 20 au 22 Mai 1981 —
Par Jean-Marc DELAUNAY
Membre de la Section Scientifique
Du 20 au 22 mai s'est tenu à Madrid le colloque organisé par le CSIC et la
CV. Cette manifestation était conçue comme une prise de contact entre
chercheurs espagnols et français qui devrait déboucher sur des rencontres plus
amples.
Mercredi 20 mai 1981: matinée. Président: René Girault (U. Paris X,
IHRIC).
Jean-Baptiste Duroselle(U. Paris I, IHRIC et IEP): La guerre mondiale et
les neutres. Cet exposé se veut surtout préparatoire à un futur colloque.
Rappelant la collaboration entre Français et Suisses, d'une part, et Français et
Italiens, d'autre part, il insiste sur les bienfaits des rencontres annuelles,
occasions d'amitié et de travail scientifique commun. Après avoir souligné que
seules les relations avec les Etats-Unis et le Portugal ont été réellement bien
Abréviations :
CNRS :Centre National de la Recherche Scientifique - Paris
CSIC : Consejo Superior de Investigaciones Cientificas - Madrid
CV :Casa de Velâzquez - Madrid
IEP : Institut d'Etudes Politiques - Paris
IHRIC : d'Histoire des Relations Internationales Contemporaines - Paris
U. : Université (suit le nom)...
UNED : Universidad Nacional de Educaciôn a Distancia - Madrid
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étudiées du point de vue français1, rien n'a été publié sur un pays qui soit resté
neutre durant toute la guerre2. L'Espagne n'avait pas d'intérêt dans le conflit :
le problème de la neutralité s'est donc posé sur le plan du blocus, c'est-à-dire à
un niveau éminemment économique. Pour les Alliés occidentaux^ il y a
plusieurs catégories de pays neutres, avant tout les nations au contact
géographique de l'ennemi (Pays-Bas, Suisse et Pays Scandinaves, voire l'Italie
avant mai 1915); ensuite les "pays extérieurs" ou périphériques soit d'Europe
(l'Espagne), soit des autres continents (les Etats-Unis jusqu'en 1917, par
exemple). La demande du président Wilson de voir respectée, par les
belligérants la déclaration de Londres du 26 février 1909 sur la contrebande de
guerre et les possibilités de saisie, échoua. Peu à peu, les nuances entre
contrebande absolue et relative disparurent, au feu de la pratique de guerre.
L'impossibilité de visite en pleine mer — pour des raisons techniques et
militaires — entraînait un contrôle dans un port anglais, français — et plus tard
italien — . Avec la Hollande et la Suisse, se négocièrent des accords précis,
provoquant la création d'organismes, l'un, forcé, la Netherlands Overseas
Trust, l'autre, spontané, la Société Suisse de Surveillance (Economique) qui
purent freiner le trafic vers les Empires Centraux, surtout après la venue au
pouvoir de Lloyd George (décembre 1916). Rien de tel avec l'Espagne.
L'entrée en guerre des Etats-Unis, en avril 1917, devait faire disparaître toutes
les difficultés américaines avec les belligérants; ce que les moyennes et petites
puissances neutres n'apprécièrent guère, ce fut cette volte-face nord-
américaine qui divise en deux phases l'histoire de la neutralité durant la
guerre. Après avoir évoqué le cas portugais et l'exclusion des neutres de la
Conférence de la Paix, J.B. Duroselle conclut en l'espoir de voir de nouvelles
études se concrétiser au sujet de thèmes encore obscurs.
Après décision du report de la discussion générale à l'issue des exposés,
Manuel Medina (U. Complutense - Madrid) présente quelques réflexions sur
les Directions de la politique extérieure de l'Espagne 1900-1920. Esquissant,
en un vaste tableau, les différentes phases de la politique extérieure espagnole,
depuis l'aventurisme de l'époque d'Isabelle II (lié à celui de Napoléon III) face
auquel réagira Canovas par un choix de prudence et d'isolationnisme3,
l'orateur insiste sur le fait qu'après 1898, régénérationnisme et neutralisme
Thèses de Yves-Henri Nouailhat, France et Etats-Unis 1914-1917, Paris 1979 et Marjorie
Farrar dont la thèse French Blockade Policy 1914-1918, Stanford, 1968 est résumée par son
article dans la Revue d'Histoire Economique et Sociale 1972, n° 2, p. 212-242. Enfin de Jean
Derou sur Les relations franco-portugaises, 191 1-1928, Paris 1979 (non publiée).
Jean-Marc Delaunay prépare sous la direction de J.B. Duroselle une thèse d'Etat sur les
relations franco-espagnoles de 1912 à 1923.
Divers livres signalés: Léonor Meléndez Meléndez, Canovas y la politico exterior, Madrid RELATIONS FRANCO-ESPAGNOLES AUTOUR DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE 131
vont main dans la main. L'affirmation de Jerônimo Becker sur le manque
total de politique extérieure, pour expliquer la défaite face aux Etats-Unis, lui
semble gratuite4 : elle était inéluctable, même avec une action plus énergique.
L'affaiblissement par les guerres napoléoniennes et civiles du XIXe s.
l'explique5. Le nouveau colonialisme vers l'Afrique n'est pas un
expansionnisme — dénoncé par les gauches avec exagération — mais une
prolongation de la politique intérieure, forgée par F. de Leôn y Castillo,
diplomate pragmatique et politicien canarien, sensible aux problèmes du sud
du détroit de Gibraltar, jusqu'au golfe de Guinée6. Malgré le rapprochement
avec la France et la Grande-Bretagne entre 1 898 et 1 9 1 4, la neutralité apparaît
la seule solution raisonnable (comme en 1939-1940). Après avoir évoqué les
divisions de l'opinion publique espagnole, parfois avec l'aide de la nouvelle
humoristique7, M. Medina pense que l'Espagne, en 1918, a récupéré une partie
de son prestige, de sa respectabilité internationale, que son économie est sortie
renforcée de la guerre à l'extérieur de ses frontières et que la crise de 1917-
1918, générale en Europe, n'a pas été aussi grave qu'ailleurs. L'Espagne
obtient le statut de pays semi-permanent à la SDN (ce qui n'est pas le cas avec
l'ONU en 1945-1946). Mais la crise constitutionnelle de 1923, avec la dictature
de Primo de Rivera, et après le désastre d'Anual (1921), remet en cause cette
respectabilité. 1900-1920: la dernière "belle époque" pour un pays stable,
cajme et pacifique.
Manuel Espadas Burgos aborde, ensuite le thème de La première guerre
mondiale du point de vue de l'historiographie espagnole. Son opinion
coïncide avec celle de M. Médina au sujet de l'isolationnisme pessimiste de
Canovas, homme réaliste qui sentait et constatait la décadence des pays latins
face aux nations germaniques et anglo-saxonnes. L'historiographie espagnole
autour de la première guerre mondiale présente un vide sérieux, occulté par
l'abondance des ouvrages sur la guerre civile 1936-1939. L'accumulation de
nombreux lieux communs dans un certain nombre de livres a conduit à une
déformation, voire une caricature de la réalité8 : l'opinion espagnole, dans son
ensemble, n'a été ni germanophile, ni aliadophile mais plutôt neutraliste et
1944. Julio Salom Costa, Espana en la Europa de Bismarck, Madrid 1967, Manuel Espadas
Burgos, Alfonso XII y los origenes de la Restauraciôn, 1975.
4 Jerônimo Becker, Historia de las relaciones exteriores de Espana durante elsiglo XIX, vol. 3,
Madrid 1926 et Causas de la esterilidad de la acciôn exterior de Espana, Madrid 1925.
5 Raymond Carr, Spain 1808-/939, Oxford 1966, trad, espagnole Barcelone 1980.
6 cf. convention de délimitation franco-espagnole entre le Rio Muni et le Gabon (27.6. 1900).
cf. Victor Morales Lezcano, Leôn y Castillo, embajador (1887-1918), Las Palmas, 1975.
7 Wenceslao Fernandez Flôrez, Los que no fuimos a la guerra, Madrid, 1930.
8 Fernando Diaz-Plaja, Francôfilos y germanôfilos, Madrid, 1973. 132 JEAN-MARC DELAUNAY
surtout, indi