Debat ; De l'Encyclopédie à la Déclaration des Droits de l'Homme : rupture ou continuité ? - article ; n°1 ; vol.8, pg 53-78

Jacques Chouillet, Lucette Perol

Description

Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie - Année 1990 - Volume 8 - Numéro 1 - Pages 53-78
Debate. From the Encyclopédie to the Rights of Man : Hiatus or Continuity ? Contributions to a debate at the meeting of the Society in Paris on 21st October 1989.
Jacques Chouillet: Introduction.
An investigation of two major reference works on the Revolution — the Dictionnaire critique, directed by F. Furet and M. Ozouf and the Dictionnaire historique, inspired by A. Soboul — reveals that the first practically ignores Diderot and the Encyclopédie and emphasizes Rousseau, and that while the second considers the question of the Revolution and does not ignore the Encyclopédie , Rousseau is again emphasized. The author points to the diffusion of the Encyclopédie before the Revolution and suggests a greater investigation of contemporary estimates of a debt to the Enlightenment.
Lucette Perol : The Texts.
The text of the 1789 Declaration is compared in detail with certain Encyclopédie articles, in particular Rousseau's économie (politique), D'Holbach's représentants, and Diderot's autorité politique and citoyen. On some points, mainly natural law and the Lockean tradition, there is continuity, and some democratic rights are described in these articles. But concerning individual liberty there is no continuity ; a change has been brought about, by Beccaria and by the changed circumstances of 1789.
26 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: RECHERCHES_SUR_DIDEROT_ET_SUR_L-ENCYCLOPEDIE
• Publié le: 01 janvier 1990
• Nombre de lectures: 56
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Mr Jacques Chouillet
Lucette Perol
Debat ; De l'Encyclopédie à la Déclaration des Droits de
l'Homme : rupture ou continuité ?
In: Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 8, 1990. pp. 53-78.
Abstract
Debate. From the Encyclopédie to the Rights of Man : Hiatus or Continuity ? Contributions to a debate at the meeting of the
Society in Paris on 21st October 1989.
Jacques Chouillet: Introduction.
An investigation of two major reference works on the Revolution — the Dictionnaire critique, directed by F. Furet and M. Ozouf
and the Dictionnaire historique, inspired by A. Soboul — reveals that the first practically ignores Diderot and the Encyclopédie
and emphasizes Rousseau, and that while the second considers the question of the Revolution and does not ignore the
Encyclopédie , Rousseau is again emphasized. The author points to the diffusion of the Encyclopédie before the Revolution and
suggests a greater investigation of contemporary estimates of a debt to the Enlightenment.
Lucette Perol : The Texts.
The text of the 1789 Declaration is compared in detail with certain Encyclopédie articles, in particular Rousseau's économie
(politique), D'Holbach's représentants, and Diderot's autorité politique and citoyen. On some points, mainly natural law and the
Lockean tradition, there is continuity, and some democratic rights are described in these articles. But concerning individual liberty
there is no continuity ; a change has been brought about, by Beccaria and by the changed circumstances of 1789.
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Chouillet Jacques, Perol Lucette. Debat ; De l'Encyclopédie à la Déclaration des Droits de l'Homme : rupture ou continuité ?. In:
Recherches sur Diderot et sur l'Encyclopédie, numéro 8, 1990. pp. 53-78.
doi : 10.3406/rde.1990.1051
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rde_0769-0886_1990_num_8_1_1051*
DEBAT
De l'Encyclopédie
à la Déclaration
des droits de l'homme :
rupture ou continuité ?
temps, leurs * remarques, Nous un véritable ne publions participations débat que n'a les pu ou exposés s'instaurer. articles prononcés sur Nous le sujet. invitons le 21 octobre nos adhérents 1989 à Paris. à nous Faute envoyer de Illustration non autorisée à la diffusion
Gravure (1789) - Cliché : Michèle Bellot Introduction
S'il existait un fil de l'histoire, il serait facile d'en constater les cas
sures et les reprises et de répondre à la question posée par le présent
débat. Tout prouve au contraire que l'ensemble qui constitue le tissu
événementiel défie les descriptions ou les prévisions. Chaque moment
du devenir collectif est un composé de survivances et d'anticipations,
d'accélérations et de retards. On peut, comme Agrippa d'Aubigné ou
comme l'émigration royaliste pendant la Révolution, appartenir, sans
en avoir une claire conscience, à plusieurs époques différentes, être soi-
même le présent et le passé. C'est pourquoi loin de ressentir comme une
provocation la question qui fut au centre des débats de la société Dider
ot, lors de notre rencontre du 21 octobre 1989, nos lecteurs devront en
mesurer la gravité et la complexité.
Pourtant, si légitimes que soient les excuses que procure une pareille
situation, il est des oublis que ne justifient pas les incertitudes de la
recherche historique. Comment par exemple accepter sans réagir le
silence entretenu par la meilleure critique contemporaine autour du rôle
joué au cours des événements révolutionnaires par V Encyclopédie de
Diderot et de D'Alembert, comme si elle n'avait été pour rien dans
l'élaboration d'un texte aussi important que la Déclaration des Droits de
V Homme ? On devine assez bien les raisons de cette discrétion collec
tive. Les historiens actuels, quelles que soient leurs options philosophi
ques, craignent plus que tout au monde la logique simplificatrice de ce
qu'il faut bien appeler un mythe national. Et justement les éléments
constitutifs de ce mythe étaient perceptibles dès les dernières années du
dix-huitième siècle. D'un côté les tenants de la contre-révolution ont
contribué à forger la légende d'un complot fomenté par l'atelier ency
clopédique dont 1789 ne serait que le déroulement logique. C'est la
thèse de l'abbé Barruel. Elle a la vie dure puisqu'on lit dans un récent
compte rendu de presse, à l'occasion des fêtes du Bicentenaire, que la
Recherches sur Diderot et sur V Encyclopédie , 8, avril 1990 Détail
du expose cliché précédent. ! Art d'Ecrire — Voir en rondes, les planches bâtardes I à ou XVI coulées. (tome (Cliché II) où Paillasson, Madeleine «expert Pinault) écrivain » 57 INTRODUCTION
Révolution aurait été «préparée sciemment et uniquement de longue
date (pensons à V Encyclopédie des dits philosophes)». Ce sont là des
déclarations d'une fraction minoritaire sans doute, mais assez révéla
trice de la permanence d'une certaine opinion d'extrême droite (Le
Monde du 11 août 1989).
Mais d'un autre côté les fondateurs de l'école laïque et républicaine,
puis les propagateurs de l'appareil éducatif, instituteurs, auteurs de
manuels scolaires, puis les générations d'élèves qu'ils ont formés ont
puissamment contribué à répandre la croyance en un catéchisme de la
libre-pensée dont les philosophes du dix-huitième siècle auraient été les
promoteurs et les révolutionnaires de 89 les diffuseurs. Dans un cas
comme dans l'autre l'hypothèse de la continuité est affirmée comme une
donnée fondamentale de l'histoire, avec toutes les objections que cela
soulève, et c'est, je le suppose, pour réagir contre cette finalisation abu
sive que l'école, ou les écoles contemporaines, ont tenté d'introduire
dans leurs réflexions, sinon l'hypothèse de la discontinuité, du moins la
méthode du doute critique.
Tout irait pour le mieux si ce doute critique n'était pas lui-même un
doute orienté. Quand on regarde les textes d'un peu près, on constate
tout d'abord que les représentants de l'école contemporaine, quoi qu'ils
s'en défendent, ne rejettent pas systématiquement l'hypothèse d'une
filiation entre ce qu'on peut appeler en gros la philosohie des Lumières
et les grands textes révolutionnaires. Et d'autre part, mais ceci est plus
secret, le choix de leurs exemples est révélateur d'une attitude qui tend
à considérer certaines transmissions comme nulles et certaines autres
comme prépondérantes. Soyons précis. Deux dictionnaires dont l'un se
dit «critique» et l'autre «historique» concernent la Révolution fran
çaise, le premier est paru en octobre 1988, le second en juillet 1989. Ce
qui frappe tout de suite, c'est la qualité des collaborateurs. D'un côté
François Furet, Mona Ozouf, Bronislaw Baczko, Keith Baker, Michel
Brugière, Pierre Nora, Denis Richet, pour ne citer qu'eux. De l'autre
côté, sous le patronyme d'Albert Soboul invoqué comme responsable
de la mise en chantier, une équipe directoriale de haute tenue compre
nant Jean-Paul Bertrand, Françoise Brunel, Marcel Dorigny, Guy Ikni,
Michel Vovelle, François Wartelle, et les deux directeurs scientifiques,
Jean-René Suratteau et François Gendron. Il serait trop long de citer les
responsables des 64 articles du dictionnaire et nous nous limiterons aux
déclarations ayant un rapport direct avec l'objet de notre enquête.
Suivons donc la démarche de l'amateur éclairé que ses curiosités
personnelles orientent vers V Encyclopédie de Diderot et D'Alembert,
son histoire, sa réception, son devenir. Il ouvre d'abord le Dictionnaire
de F. Furet et M. Ozouf et se dirige tout de suite vers l'index des noms
propres. Un réflexe bien naturel l'attire vers Diderot. Il l'y trouve en
effet p. 1090 en liaison avec trois titres d'articles: «Louis Blanc», 58 JACQUES CHOUILLET
«Code civil», «Voltaire». La première référence (p. 931) nous donne
le nom de Diderot dans une liste de noms propres suivie d'un « etc. »
pour désigner les représentants de la « seconde » tendance de la philoso
phie des Lumières, celle qui est «fondée tout entière sur le droit indivi
duel ». Page 5