Friches et jachères en Poitou-Charentes - article ; n°1 ; vol.164, pg 667-689
24 pages
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Norois - Année 1994 - Volume 164 - Numéro 1 - Pages 667-689
A travers cet article sont croisés deux thèmes qui préoccupent les géographes ruralistes: celui du développement des friches et jachères et celui de la dépopulation. Appliquée au Poitou-Charentes, région où 40% du territoire comprend moins de 25 habitants au km2, cette analyse tend à opposer friches spontanées et friches politiques.
This article deals with two subjects which interest rural geographers: the development of fallow land and of depopulation. This analysis is applied to Poitou-Charentes, a region where 40% of the area contains less than 25 inhabitants per km2. Spontaneous fallow and political fallow are opposed in this study.
23 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1994
Nombre de lectures 181
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Samuel Arlaud
Friches et jachères en Poitou-Charentes
In: Norois. N°164, 1994. pp. 667-689.
Résumé
A travers cet article sont croisés deux thèmes qui préoccupent les géographes ruralistes: celui du développement des friches et
jachères et celui de la dépopulation. Appliquée au Poitou-Charentes, région où 40% du territoire comprend moins de 25 habitants
au km2, cette analyse tend à opposer friches spontanées et friches politiques.
Abstract
This article deals with two subjects which interest rural geographers: the development of fallow land and of depopulation. This
analysis is applied to Poitou-Charentes, a region where 40% of the area contains less than 25 inhabitants per km2. Spontaneous
fallow and political fallow are opposed in this study.
Citer ce document / Cite this document :
Arlaud Samuel. Friches et jachères en Poitou-Charentes. In: Norois. N°164, 1994. pp. 667-689.
doi : 10.3406/noroi.1994.6593
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1994_num_164_1_65931994, Poitiers, t. 41, n° 164, p. 667-689 Norois,
Friches et jachères en Poitou-Charentes
par Samuel ARLAUD
Département de Géographie
Université de Poitiers
97, avenue du Recteur Pineau
86022 Poitiers Cedex
RÉSUMÉ
A travers cet article sont croisés deux thèmes qui préoccupent les géographes
ruralistes: celui du développement des friches et jachères et celui de la dépopulat
ion. Appliquée au Poitou-Charentes, région où 40% du territoire comprend
moins de 25 habitants au km2, cette analyse tend à opposer friches spontanées et
friches politiques.
ABSTRACT
This article deals with two subjects which interest rural geographers: the
development of fallow land and of depopulation. This analysis is applied to
Poitou-Charentes, a region where 40% of the area contains less than 25 inhabi
tants per km2. Spontaneous fallow and political fallow are opposed in this
study.
La crise contemporaine de certains espaces ruraux ne se caractérise
pas uniquement par des problèmes d'ordre démographique et/ ou écono
mique. C'est l'ensemble du système rural qui est touché. La dépopulation
affecte souvent la globalité du milieu et l'on peut observer que les chan
gements paysagers, là où la population est faible, sont à l'égal des mutat
ions enregistrées là où la pression foncière est élevée.
Au-delà des liens entre évolution démo-économique et utilisation de
l'espace agricole, particulièrement intéressants à analyser en Poitou-Char
entes, doivent être abordées les conséquences de la politique européenne
du gel des terres. Cette dernière a brutalement braqué les projecteurs de
l'actualité sur le risque d'un retour à la friche de centaines de milliers
d'hectares sur le territoire français. Cela signifie-t-il pour autant que la
C.E.E. a inventé la friche? Pour éviter que notre réponse cède aux
modes du temps, il convient d'étudier comment la Politique agricole
commune peut ou pourrait favoriser le développement d'une certaine
forme de friche, pour la distinguer surtout d'autres formes plus anciennes
ou mieux repérées et connues.
La médiatisation, depuis quelques années, d'un tel sujet, n'est-elle pas
Mots-clés: Friche, Jachère, Espace Agricole, Gel des terres, Poitou-Charentes.
Key words: Fallow land, Agricultural space, Set Aside Lands, 668 SAMUEL ARLAUD
surprenante lorsque l'on se replace dans un temps plus long? Il y a à
peine plus de vingt ans toute la moitié méridionale de la France et une
grande partie de la Bretagne possédaient des surfaces en friche d'une
tout autre ampleur que celle que l'on connaît aujourd'hui. Ce qui était
acceptable à l'époque, pour les montagnes notamment, le serait-il moins
à l'heure actuelle pour les plaines fertiles se pliant à la politique de
retrait des terres arables ? Mais s'agit-il véritablement de la même friche ?
Il y a un risque de grave confusion entre ce que l'on peut qualifier de
phénomène conjoncturel (le gel européen des terres répond à une crise
de surproduction) et l'existence d'une friche structurelle, révélatrice d'un
malaise plus profond (1).
I. — LA FRICHE: UNE NOTION EVOLUTIVE
Depuis quelques années, l'idée d'un développement possible de la friche
sur d'immenses surfaces a contribué à exacerber le débat entamé de
longue date sur les conséquences de l'exode rural. Le fossé s'est ainsi
creusé chez les chercheurs mais aussi dans le monde politique, entre
ceux qui font tout pour dédramatiser le retour à la friche et ceux qui
tentent d'alerter l'opinion quant aux risques encourus. Prendre position,
c'est d'abord se heurter à un problème de définition. Qu'appelle-t-on
friche dans les campagnes contemporaines alors que la recherche abuse
souvent du terme pour qualifier l'abandon de zones industrielles ou de
cités ouvrières ? P. Brunet lui-même notait l'origine étymologique inconnue
du terme (2). Au-delà de cet aspect purement théorique et quand bien
même pourrait-on fournir une définition précise, immédiatement surgis
sent des difficultés pratiques de tous ordres dès que l'on veut sérier le
phénomène avec précision. Un point semble pourtant faire l'unanimité :
l'existence de la friche est ancienne, c'est sa perception qui a changé.
A) LES DIFFICULTÉS THÉORIQUES D'APPRÉCIATION
Même en limitant strictement l'étude de la friche aux terres agricoles,
la complexité d'une définition n'est pas pour autant atténuée. D'un point
de vue paysager, on peut considérer que la friche représente une strate
végétative intermédiaire entre la strate herbacée et la strate arborée.
Comme toute forme de transition, ses limites, et donc son étendue,
restent approximatives. A quel stade s'effectue le passage de la friche à
la forêt? Des biogéographes proposent d'établir le changement dès
lors que la strate arborée recouvre 50% d'une portion d'espace
considérée (3).
Mais ce stade avancé de l'évolution est précédé d'une transition plus
(1) Cet article reprend et actualise un développement intégré à la thèse de doctorat de
l'auteur : « Héritages et mutations dans l'agriculture des zones de faibles densités du Poitou-
Charentes»; 1993; Poitiers; 459 pages + annexes.
(2) Brunet (P.), 1991. — «La politique agricole commune et les friches». Colloque
France et Grande-Bretagne rurales; publications de l'Université de Caen; pages 483-491.
(3) Houzard (G.) et Lecointe (A.), 1991. — «Etude biogéographique des friches, premiers
résultats» Revue de Géographie de Lyon, vol. 66, n° 1, pages 38 à 46. FRICHES ET JACHÈRES EN POITOU-CHARENTES 669
fondamentale pour la compréhension de la relation entre espace agricole
et démographie. Aussi quelles sont les formes premières de la friche? Il
existe également là une limite normative. G. Houzard appelle friche
«une portion d'espace utilisée en prairie, puis délaissée, dans laquelle le
recouvrement des espèces atteint au moins 10%» (4).
Cependant pour le géographe qui traite de problèmes humains, une
définition totalement mesurable statistiquement peut s'avérer contrai
gnante et ne permet pas de connaître les utilisations éventuelles de la
friche, mais seulement de déterminer son étendue et sa composition
floristique.
Si la friche est une végétation intermédiaire quant à sa morphologie,
elle l'est aussi dans le temps. Sur la durée elle constitue une étape entre
une période de mise en culture complète et une période ultérieure de
reconquête pour des usages agricoles ou d'autres fonctions. Mais poser
cette règle, c'est aussi affirmer que la friche serait marquée par une non-
utilisation absolue. Or le rôle de l'homme, et de l'agriculteur en particulier,
n'est pas toujours aussi net que la simplicité de l'analyse l'exigerait. Un
éleveur qui laisse pacager ses animaux dans une ancienne prairie perma
nente recouverte pour une bonne partie d'ajoncs et de genêts n'utilise-t-
il pas une friche ? Répondre positivement remet en question toute défini
tion faisant de la friche une zone improductive non-exploitée par l'homme.
On voit donc que des idées simples sont parf

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