L industrie de la papeterie dans la région de Limoges  - article ; n°1 ; vol.3, pg 267-286
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Description

Norois - Année 1954 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 267-286
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1954
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Marie-Pierre Fourquet
L'industrie de la papeterie dans la région de Limoges
In: Norois. N°3, 1954. pp. 267-286.
Citer ce document / Cite this document :
Fourquet Marie-Pierre. L'industrie de la papeterie dans la région de Limoges . In: Norois. N°3, 1954. pp. 267-286.
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/noroi_0029-182X_1954_num_3_1_1045L'Industrie de la papeterie
dans la région de Limoges
i par M. FOURQUET, de l'Institut de Géographie de Poitiers.
Quand on étudie une carte économique du Limousin, deux r
emarques s'imposent en ce qui concerne les industries de la région :
1° La plupart d'entre elles sont localisées le long de la vallée de
la Vienne, du confluent de la Maulde au coude de Chabanais, cons
tituant comme une « rue d'usines » en amont et en aval de Limoges.
2° En outre, parmi ces industries, les papeteries forment le
groupe le plus nombreux et le plus considérable par la production.
(Voir la carte.)
Ces remarques sont confirmées par un voyage le long de la vallée..
Dès les rives de la Maulde, on voit s'allonger auprès des eaux claires
les bâtiments des papeteries flanquées d'habitations ouvrières ;.
çà et là des chaussées barrent la rivière pour assagir un moment
son cours torrentiel' et la soumettre à la discipline des turbines:
De. grands hangars, remplis jusqu'au faîte de balles de paille à la
teinte délavée, ou bien presque vides aux approches de l'été ; une
odeur indéfinissable, mais que l'on reconnaît bien vite entre toutes ;
un va-et-vient de camions chargés de paille ou de cartons en pla
ques, signalent de loin la présence au fond des gorges de ces usines
de papier de paille.
Depuis déjà des siècles ces établissements assurent au Limousin
une part importante de son activité industrielle et la paille de seigle
en particulier sert depuis plus de cent ans comme matière pre
mière à la fabrication d'un papier réputé. Si la vallée de la Vienne
autour de Limoges n'a pas le monopole de cette fabrication, elle
vient cependant au premier rang dans la région du Centre et même,
dans une année normale, elle fournit le 5e de la production fran
çaise. " M. FOURQUET 268
I. - LES CONDITIONS FAVORABLES.
1° Les conditions physiques.
Eloignée des bassins houillers importants, l'industrie limousine
a dû compter jusqu'à la création des chemins de fer, et même dans
certains cas jusqu'au développement de la circulation automobile,
sur les seules ressources locales d'énergie : le bois et la houille
blanche.
Les forêts de chênes et de châtaigniers, fort abondantes dans le
Sud-Ouest de la région, ont toujours fourni et même fournissent
encore d'abondantes provisions de charbon de bois qu'il est facile
de transporter jusqu'aux rives de la Vienne. Mais ce combustible
n'est plus utilisé depuis longtemps.
Par contre les établissements industriels qui se pressent le long
de ce cours d'eau et de ses affluents ont été attirés là par la pré
sence d'un très ancien auxiliaire du travail humain toujours em
ployé : l'énergie hydraulique. Le débit abondant est relativement
soutenu grâce à des ruisseaux qui prennent leur source dans une
région où tombent en moyenne 1.300 mm. d'eau par an et où d'im
portantes réserves se constituent dans un sous-sol composé d'arènes
perméables. On peut compter pendant au moins 6 mois par an sur
un débit de 11 m3-sec. sur la Vienne dès le confluent de la Maulde
et ce débit ne cesse de s'accroître jusqu'au coude de Chabanais.
Bien mieux, par suite d'une succession de cycles d'érosion et.de
bancs de roches dures, de nombreuses ruptures de pente jalonnent
le cours d'eau principal et créent, à chaque détour, des cascades, des
sauts et des rapides. De la Maulde à Chabanais on trouve une déni
vellation totale de 105 mètres.
Ces conditions naturelles particulièrement favorables justifient
le nombre élevé des usagers qui est allé croissant jusqu'à une^
époque récente. En 1880 on comptait dans le département de la
Haute-Vienne 559 usines et moulins, en 1910 on en dénombrait
767 dont 90 sur la Vienne seule, parmi lesquels 36 papeteries et
cartonneries. Certes ce ne sont que de petites installations. Mis à
part le barrage du Palais qui mesure 5 m. 87, les autres ne dé
passent pas 3 mètres, la hauteur moyenne étant pour l'ensemble
de 1 m: 10.
Ces chiffres sont significatifs. Nous somme en présence d'une,
forme assez primitive d'utilisation de l'énergie hydraulique. Il
s'agit d'usines au fil de l'eau qui, utilisent presque sans modifica
tion la chaussée d'un ancien- moulin- dont elles sont presque tou
jours issues. de la papeterie dans la région de limoges 269 l'industrie
m oo o
u £ eu
ô- .* ~~i a u -o " M. FOURQUET 270
Mais cette forme primitive permettait jadis de capter facilement
l'énergie des cours d'eau à débit assez abondant et somme toute
assez régulier puisqu'en 1809 par exemple les papeteries pouvaient
travailler en moyenne 230 jours par an. Actuellement, même avec
la possibilité de se procurer aisément de la houille et de l'énergie
électrique, la Vienne constitue toujours une force d'appoint fort
appréciée. On n'en veut pour seule preuve que la constitution ré
cente d'un Groupement de défense des propriétaires exploitants des
chutes d'eau ou barrages sur la Vienne. Cette association est motivée
par le fait que les centrales hydro-électriques; nouvellement instal
lées sur le cours supérieur de la Vienne, fonctionnent irrégulièr
ement et perturbent ainsi de façon sensible le débit du cours d'eau.
Et cependant, en principe, le réservoir de Peyrat-le-Château de
vrait permettre des débits, plus soutenus en été (1).
Enfin, quand on sait qu'il faut en moyenne 800 à 1000 litres
d'eau pour préparer un kilo de papier, que les eaux chargées de
calcaire encrassent rapidement les toiles métalliques. employées à
la fabrication du carton- aussi bien dans le vieux procédé à la forme
que dans le procédé à la machine, on comprend que les papeteries
du Limousin aient recherché les rives de la Vienne, dans ce pays
granitique « tout bruissant de sources pures ».
2° Les conditions humaines.
Les conditions naturelles n'expliquent pas tout. Pour tirer parti
des possibilités physiques et les infléchir dans une direction déter
minée, en l'occurrence la fabrication du papier, il a fallu que les
hommes prennent des initiatives dans -le cadre de conditions éc
onomiques et humaines favorables.
A une époque où les transports étaient" difficiles en raison de
l'absence de chemin de fer, la fabrication du papier de paille a
bénéficié à ses débuts d'un avantage considérable dû à la proxi
mité de la matière première. Le Limousin a toujours été un pro
ducteur important de seigle. Au milieu du siècle dernier l'ensemble
des superficies consacrées à cette céréale atteignait 200.000 hec
tares dans le département de la Haute-Vienne. Pour une produc
tion totale chiffrée en 1910 à 126.000 tonnes de paille, les besoins
de la papeterie limousine n'ont guère dépassé jusqu'à une époque
récente plus de 40.000 tonnes. Les paysans étaient d'ailleurs fort
satisfaits de tirer profit d'un produit que l'on pouvait aisément»
(1) P. Garenc. Les aménagements hydro-électriques du bassin de la-Vienne, Ann.
de Géog., 1952, p. 106-122. de la papeterie dans, la région de limoges. 271 l'industrie
remplacer, pour la litière du bétail, par de la fougère récoltée dans
les sous-bois.
En outre, si la matière première ne- faisait pas défaut, la main-
d'œuvre était également abondante. Dans un milieu rural où
l'accroissement des ressources était très limité, sur une terre de
cultures maigres- et d'élevage pauvre, le grand essor démograp
hique, amorcé au xvme siècle, avait multiplié le nombre des ou
vriers agricoles en quête d'un supplément de ressources. Certains
le trouvaient dans l'émigration. D'autres préféraient s'employer
dans les industries de la porcelaine, des textiles et de la tannerie.
Mais ces activit&#

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