La perception de la politique religieuse nationale-socialiste par le protestantisme français : 1933-1940 - article ; n°1 ; vol.55, pg 88-98
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La perception de la politique religieuse nationale-socialiste par le protestantisme français : 1933-1940 - article ; n°1 ; vol.55, pg 88-98

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Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique - Année 1997 - Volume 55 - Numéro 1 - Pages 88-98
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 30
Langue Français

Extrait

Christa Duris
La perception de la politique religieuse nationale-socialiste par
le protestantisme français : 1933-1940
In: Autres Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°55, 1997. pp. 88-98.
Citer ce document / Cite this document :
Duris Christa. La perception de la politique religieuse nationale-socialiste par le protestantisme français : 1933-1940. In: Autres
Temps. Cahiers d'éthique sociale et politique. N°55, 1997. pp. 88-98.
doi : 10.3406/chris.1997.1992
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/chris_0753-2776_1997_num_55_1_1992HISTOIRE
La perception
de la politique religieuse
nationale-socialiste par
le protestantisme français
(1933-1940)
Christa Duris
La riposte des confessants
Dans la Revue du Christianisme social de juin 1935, F. Wendel i
nforme de la lutte des confessants contre les manœuvres de Rosenberg
qui constituaient une atteinte « au christianisme positif » établi dans le
programme du parti et dont le respect avait été proclamé par Hitler .
Cette contre-offensive protestante coïncidait avec la parution de l'ou
vrage du Dr W. Kiinneth réfutant les doctrines de Rosenberg1. Le point
de départ était une lettre de l'évêque Marahrens, envoyée le 27 février
1935 au gouvernement du Reich, dans laquelle « le chef du mouve
ment confessionnel adjure le gouvernement de protéger, comme l'avait
promis Hitler, les confessions existantes »2. Préoccupés surtout du
conflit avec l'évêque du Reich et son administrateur juridique Jager les
communautés confessantes n'avaient prêté « qu'une attention distraite
à la menace des théories de M. Rosenberg et de ses disciples. L'accen
tuation du danger leur fit enfin comprendre la nécessité de se dresser
énergiquement contre l'envahissement des "mythes" antichrétiens »3.
Christa Duris est docteur en Lettres et Sciences Sociales. Ce texte fait suite aux articles
publiés dans Autres Temps, n°* 52 et 53.
88 Leur riposte arriva les 4 et 5 mars 1935 : le synode confessionnel de
l'Union de l'Ancienne Prusse adopta une résolution qui « constitue la
condamnation la plus sévère qui ait paru en Allemagne de certaines
prétentions nationales-socialistes, et que l'on peut considérer comme
la base doctrinale du protestantisme confessionnel »*. Le manifeste
disait clairement que le concept de la race et du peuple comprenait
une offense au premier commandement : « Je suis le Seigneur ton
Dieu. Tu ne dois pas avoir d'autres dieux devant ma face »5. En se ba
sant sur la déclaration théologique de Barmen (29-31 mai 1934) la ré
solution limitait l'autorité de l'État à la Parole de Dieu, en consé
quence de quoi l'Église ne pouvait pas « se plier devant l'exigence
totalitaire qui lie les consciences, telle que la nouvelle religion l'attr
ibue à l'État »6. L'Église devait « empêcher la profanation de son culte,
le mépris de son dimanche, la déchristianisation de ses fêtes »1. Les
synodaux demandaient pourtant l'obéissance à l'État et au peuple all
emand, mais seulement dans la mesure où elle n'entrait pas en conflit
avec les exigences de la Parole. La lecture de la résolution dans les
églises de Prusse fut aussitôt interdite par le ministre de l'Intérieur.
Néanmoins, un grand nombre de pasteurs lut le manifeste ce qui avait
pour conséquence l'arrestation de plusieurs centaines de pasteurs et
l'interdiction de l'Église confessante en Silésie. Le 18 mars 1935, le
président du synode confessionnel de Prusse Karl Koch exigea au
nom du Conseil fraternel du Reich la libération des pasteurs qui avait
lieu, d'une part, parce que Koch suspendait provisoirement l'obligation
faite aux pasteurs de continuer à lire la résolution, de l'autre « à la de
mande du ministre des Affaires Étrangères8, inquiet de l'impression
que la situation religieuse était susceptible de produire sur les mi
nistres anglais9 sur le point de se rendre à Berlin »10. Le 24 mars, le
manifeste fut à nouveau lu dans des églises prussiennes, mais il était
« dit explicitement que la condamnation était dirigée contre le néo
paganisme et non contre les idées fondamentales du national-socia
lisme ; le texte lui-même ne subit toutefois aucune modification »n.
Cette fois l'État n'intervint pas. Comme le remarque F. Wendel des
bruits couraient que Hitler n'avait jamais « prétendu faire la loi dans
le domaine religieux » et que les promesses faites par lui révélaient
« pour le moins de grandes divergences de tactique au sein du gou
vernement. On semble s'être accordé pourtant sur une attitude qui
consiste à laisser les mains libres aux autorités régionales dans leur
action contre le mouvement confessionnel »n. Des vexations et des in
terdictions sous peine de prison ou d'amende de critiquer des idées na
tionales-socialistes augmentaient. Sur l'ordre des chefs de district de
89 de Hesse et de Saxe, plusieurs confessants furent internés Franconie,
dans des camps de concentration. En signe d'indignation contre le tra
itement qu'ils subissaient, - « régime de droit commun, obligation de
porter les vêtements propres aux établissements pénitenciers, travaux
forcés, etc., — des cultes d'intercession furent célébrés dans toute l'A
llemagne »13.
Le néo-paganisme allemand
Wendel pose cependant la question de savoir si l'État national-
socialiste était sur le point d'épouser les thèses antichrétiennes de Ro
senberg ou du mouvement de foi allemande (Deutsche Glaubensbewe-
gung) qui s'était réuni, le 30 juillet 1933, à Eisenach pour fonder une
association dont le professeur J. W. Hauer14, ancien missionnaire aux
Indes, prit la présidence. Le Christianisme au XXe siècle constate que
le mouvement de foi allemande et les autres groupes néo-païens ne
comptaient qu'une minorité d'adhérents, mais ils déployaient une pro
pagande massive15. Les tenants de la «foi allemande » considéraient la
foi chrétienne comme néfaste à « l'homme allemand » ou
« nordique ». Sans revenir à « un paganisme germain primitif», ils
défendaient « un Dieu de la religion allemande qui agit dans la na
ture, dans l'esprit supérieur des hommes et dans la puissance de son
peuple »16. Dieu ne s'était pas, selon eux, révélé en Jésus-Christ, mais
se manifestait dans l'âme, le sol et le destin allemands. La tentative
des « Chrétiens allemands » d'assimiler le christianisme au national-
socialisme ainsi que leur prétention d'être « la seule expression rel
igieuse conforme à la nouvelle situation politique et nationale all
emande »17 étaient vivement critiquées par le mouvement de foi
allemande. A la fin de l'année 1934, paraissent dans la Revue du
Christianisme social et Le Christianisme au XXe siècle des articles de
trois auteurs différents constituant un examen critique du néo
paganisme allemand. Dans Le Christianisme au XXe siècle du 6 dé
cembre, Emile Doumergue perçoit dans la déification de la race et de
la nation des blasphèmes, et il voit clairement que l'Église catholique,
bien qu'ayant signé le Concordat du 20 juillet 1933 avec l'État nazi, ne
pourrait se tenir à l'écart des agitations menées par des groupes païens.
A. Amiet attire l'attention de ses lecteurs sur le fait que les néo-païens
ne prônaient pas seulement la « déjudaïsation », mais s'en prenaient
aussi au christianisme. Le même auteur ainsi que le professeur
A. Westphal évoquent des arguments avancés par des groupes néo -
païens pour rejeter le christianisme et pour prétendre être son succé-
90 Tout d'abord le christianisme est considéré comme une religion dané.
étrangère du fait qu'il est originaire du Proche-Orient et non d'Alle
magne. Le Christ sémite ne pouvait être le Sauveur du peuple all
emand. La morale chrétienne était « une morale d'esclave qui affaiblit
et ligote l'homme, au lieu de le fortifier pour l'action héroïque »18. Le
Dr Witte qualifiait l'apôtre Paul de «funeste » : « C'est lui qui avec
une logique admirable a construit cette doctrine chrétienne fatale aux
Aryens, qui a maintenu l'Allemand dans la peur de la mort et de la

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