Les cinq premieres Vitae de Sainte Geneviève, Analyse formelle, comparaison, essai de datation - article ; n°1 ; vol.1, pg 81-150
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Description

Journal des savants - Année 1983 - Volume 1 - Numéro 1 - Pages 81-150
70 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1983
Nombre de lectures 60
Langue Français
Poids de l'ouvrage 5 Mo

Extrait

Monsieur Joseph-Claude
POULIN
Les cinq premieres Vitae de Sainte Geneviève, Analyse
formelle, comparaison, essai de datation
In: Journal des savants. 1983, N°1-3. pp. 81-150.
Citer ce document / Cite this document :
POULIN Joseph-Claude. Les cinq premieres Vitae de Sainte Geneviève, Analyse formelle, comparaison, essai de datation. In:
Journal des savants. 1983, N°1-3. pp. 81-150.
doi : 10.3406/jds.1983.1463
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/jds_0021-8103_1983_num_1_1_1463LES CINQ PREMIÈRES VITAE
DE SAINTE GENEVIÈVE
Analyse formelle, comparaison, essai de datation.
« II faut néanmoins reconnaître que.
tout a été dit sur la Vita Genovefae. »
Elphège Vacandard, 1914 l.
INTRODUCTION
La question du classement et de la datation des premières rédactions
de la Vie de sainte Geneviève a fait l'objet d'une guerre erudite célèbre au
tournant de ce siècle ; l'édition scientifique, entre 1881 et 1910, des cinq
recensions les plus anciennes, traditionnellement désignées par les lettres
A à E, a déclenché une discussion passionnée autour de l'identification et
de la datation de la version originelle. Cette joute s'est interrompue pendant
le premier conflit mondial ; depuis lors, les positions des deux thèses prin
cipales sont demeurées pratiquement inchangées : du côté francophone, on
tient la Vita Genovefae pour une composition de 520 environ et l'on consi
dère que la version B est le meilleur représentant du texte primitif ; cette
* La présente étude est issue du développement d'une communication présentée
au Colloque Sainte-Geneviève à l'Hôtel de Ville de Paris le 22 janvier 1983, sous le titre
« Essai de critique des trois premières Vitae de sainte Geneviève de Paris. » Sigles et
abréviations usuels : AB = Analecta bollandiana ; BEC = Bibliothèque de l' École
des chartes ; BHL = Bibliotheca hagiographica latina (3 vol.) ; BLE = Bulle
tin de littérature ecclésiastique ; CLA = Codices latini antiquiores (éd. E. A. Lowe);
Dial. — Sulpice Sévère, Biologi (BHL. 5614-5616) ; MGH SRM = Monumenta
Germaniae Historica. Scriptores rerum merovingicarum ; MGH SS = ; NA = Neues Archiv ; RHE = Revue d'his
toire ecclésiastique ; VGA, VGB... = Vita Genovefae, recension A, recension B... ;
VM = Sulpice Sévère, Vita s. Martini Turonensis (BHL. 5610-5613).
1. Vacandard, 1914 : 412-413 ( = 1923 : 68). Cf. la bibliographie en Appendice II. JOSEPH-CLAUDE POULIN 82
thèse a été formulée au mieux par E. Vacandard en 1914 2 ; du côté germa
nophone, on tient plutôt la Vita Genovefae pour une composition de la seconde
moitié du VIIIe siècle et la version A est jugée plus proche de la rédaction
originelle ; l'exposé le plus achevé de cette thèse est dû à B. Krush en 1916 3.
Faut-il rouvrir cette boîte de Pandore ? A en croire Vacandard, cela
ne s'impose nullement ; son opinion a prévalu depuis deux générations. Cette
attitude est toutefois périlleuse, car les derniers travaux de fond des histo
riens francophones — ne nous laissons pas abuser par les dates de réimpres
sion de leurs publications — n'ont pas pris en compte le dernier état de la
pensée de leur grand contradicteur en la matière, Bruno Krusch. Celui-ci
a en effet publié en 1916 — une mauvaise date, assurément — un article-
fleuve de plus de cent pages imprimées dans lequel il corrige, nuance et comp
lète ses positions antérieures sur la biographie de sainte Geneviève. Or cet
article capital n'a jamais été analysé de façon méthodique et discuté dans
son ensemble par des historiens francophones 4 ; au lieu d'être relancée, la
discussion a péri écrasée sous une masse d'arguments de valeur inégale, certes,
mais qui méritait mieux qu'un oubli si prolongé. L'historien le mieux préparé
pour répondre à Krusch aurait été Louis Duchesne, mais il semble s'être retiré
volontairement d'un débat devenu trop acrimonieux et trop personnel 5.
A défaut d'une réplique argumentée, il est à craindre qu'un jugement d'appa
rence global — mais en fait ponctuel, — comme celui de Marc Bloch sur
la « poussière d'arguments sans solidité » de Krusch n'ait tenu lieu de verdict
définitif qui ne nécessitait plus d'autre examen 6.
2. C'était déjà en bonne partie l'opinion de Kurth, 1913, largement recopié par
Vacandard, 1914 et par Henri Leclercq, Geneviève (Vie de sainte), dans Dictionnaire
arch. chr. VI, 1 (1924), 960-900, dépourvu de critique ; ce dernier compilateur transcrit
de plus presque intégralement l'immense bibliographie rétrospective d'Ulysse Che
valier, « Geneviève (ste). » dans Répertoire des sources historiques du moyen âge. Bio
bibliographie. I — A-I. Paris, 2e éd. 1905 (réimpr. i960), 1692-1695.
3. Krusch, 1916 prenait en compte la totalité de la littérature scientifique anté
rieure à cette date, à une omission près, bénigne : il n'a pas connu l'article de René Pou-
pardin, « Une nouvelle édition de la Vie de sainte Geneviève », dans Bulletin Société
hist. Paris et Ile-de-France, 38 (1911), p. 43-48 (à propos de Kiinstle, 1910), qui ne lui
avait pas été signalé par Joseph Depoin, La vie de sainte Geneviève et la critique moderne.
A propos d'un livre récent, dans Revue études hist., 79 (1913), p. 51-56. Même lacune chez
Kurth, 1913.
4. Déjà en 1916 : 138, note 1, Krusch se plaignait de ne pas être lu de ses contra
dicteurs francophones.
5. L. Duchesne avait déjà adopté cette attitude dans une situation analogue au
début du siècle : Rectification, dans Mélanges arch, hist., 26 (1906), p. 565-567.
6. Marc Bloch, Observations sur la conquête de la Gaule romaine par les rois francs, LES CINQ PREMIÈRES VITAE DE SAINTE GENEVIÈVE 83
Parallèlement, l'historiographie germanique suivait dans son ensemble
avec une même confiance le point de vue de Krusch, à telle enseigne que
nous nous trouvons encore aujourd'hui en présence de deux traditions qui
s'ignorent presque totalement, au détriment de notre connaissance de sainte
Geneviève et de son époque. Nous ne prétendons assurément pas combler
d'un coup le fossé qui sépare ici deux traditions historiographiques et le retard
accumulé dans la critique scientifique du dossier génovéfain, mais nous serions
heureux d'arriver à rétablir un contact.
Les données du problème se sont sensiblement modifiées depuis le début
du siècle : notre connaissance de l'histoire du Ve siècle a évolué, des manusc
rits plus anciens se sont ajoutés à ceux dont disposaient les derniers édi
teurs. Mais surtout, un changement de point de vue nous paraît s'imposer
pour éviter de retomber dans les ornières anciennes des guerres génovéf aines.
Les querelles de personnes ne risquent pas de se ranimer, car tous les pro
tagonistes sont morts depuis longtemps ; les passions confessionnelles ou
nationalistes se sont elles aussi apaisées. Mais serait-il encore opportun de
nous polariser sur la question de savoir si, oui ou non, le premier biographe
de Geneviève est un honnête homme ou un homo mendax (Krusch, 1896 :
204 et 1897 : 473) ? Une visée néo-positiviste qui se limiterait à glaner quelques
informations utiles à l'histoire profane (Kohler, 1881 : 1 et v) ne correspond
rait pas mieux à la perception que nous avons aujourd'hui des sources hagio
graphiques comme témoins de l'histoire du haut moyen âge. Il n'est pas
question non plus de se laisser enfermer dans le débat étroit de la priorité
de la version A sur la version B ou vice-versa. Enfin, écartons aussi le point
de vue qui consiste à réduire nos sources hagiographiques à l'état de docu
ments accidentellement corrompus, dont il suffirait d'éliminer les scories —
appelées interpolations ou invraisemblances, — pour dégager un « noyau
historique « enfin digne de foi 7, ou pour se déclarer satisfait d'avoir un texte
dépourvu d'impossibilités absolues (Duchesne, 1897 : 474-475). D'ailleurs,
si nous jugeons ces démarches traditionnelles à leurs résultats, force est de
constater qu'elles ont souvent abouti à des impasses ; ce n'est sans doute
pas un hasard si ce dossier sommeille depuis plus d'un demi-siècle, complè-
Rev. hist., 154 (1927), p. 164 ; réirnpr. d

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