Les recherches expérimentales sur le symbolisme phonétique - article ; n°2 ; vol.65, pg 439-474
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Description

L'année psychologique - Année 1965 - Volume 65 - Numéro 2 - Pages 439-474
36 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1965
Nombre de lectures 36
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

J.-M. Peterfalvi
Les recherches expérimentales sur le symbolisme phonétique
In: L'année psychologique. 1965 vol. 65, n°2. pp. 439-474.
Citer ce document / Cite this document :
Peterfalvi J.-M. Les recherches expérimentales sur le symbolisme phonétique. In: L'année psychologique. 1965 vol. 65, n°2. pp.
439-474.
doi : 10.3406/psy.1965.27443
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1965_num_65_2_27443LES RECHERCHES EXPÉRIMENTALES
SUR LE SYMBOLISME PHONÉTIQUE
par Jean-Michel Peterfalvi
I. DÉLIMITATION DU DOMAINE
ET PROBLÉMATIQUE GÉNÉRALE
L'introduction du terme de « symbolisme phonétique »
en psychologie expérimentale
Ce terme est utilisé pour la première fois par Sapir (1929),
à propos d'une expérience au cours delaquelle des sujets apparient
des trigrammes sans signification présentés par paires (par ex. :
mil-mal) à des paires d'adjectifs (par ex. : petit-grand). Pour la
notation phonétique, consulter le tableau I.
Tableau I
Notation phonétique
comme dans le français : cheval le : joue
comme dans le français : gant
vibrante apicale (« r roulé »)
comme dans l'allemand : doch l'anglais : hate
comme dans : sit le français dé
comme dans le pêche le français lu
comme dans le rôle le français fort
doux comme dans le l'anglais : eut
Les autres lettres se prononcent comme en français 440 REVUES CRITIQUES
Or, l'accord entre sujets est significativement meilleur que
celui qu'aurait donné le hasard. Tel est le premier phénomène
observé sous la dénomination de « symbolisme phonétique ».
Les principaux types d' expériences
L'expérience de Sapir inaugure une série de travaux qui ont
en commun de déceler une ressemblance subjective entre mots
sans signification et mots de la langue : il s'agit en quelque sorte
de restituer une signification à des suites de phonèmes1 que l'on
suppose en être dépourvues. Appelons cette première catégorie :
expériences du type 1.
Mais, dès 1924, Usnadze avait réalisé une expérience que l'on
peut relier a posteriori à cette première catégorie de symbolisme
phonétique. Dans le but d'étudier les processus de dénomination,
Usnadze présente un certain nombre de figures visuelles sans
signification en même temps que des mots dépourvus de sens.
Les sujets doivent apparier entre eux les stimuli des deux caté
gories et là aussi, le consensus est meilleur que ce qu'aurait pro
duit le hasard. Les mots significatifs ou « significations » du type 1
peuvent donc être remplacés par des figures visuelles, ce qui
constitue un deuxième type d'expériences.
Mentionnons maintenant une troisième catégorie de travaux.
Ils concernent ce que l'on peut appeler avec Oyama et Haga
(1963) le « symbolisme figurai ». Il s'agit pour les sujets d'apparier
des figures visuelles sans signification à des mots de la langue.
Ces mots peuvent désigner des caractères structuraux ou « sym
boliques » des figures (Elliot et Tannenbaum, 1963), ou bien il
peut s'agir de mots sans rapport a priori avec les figures (Hall et
Oldfield, 1950)2.
Avec des appariements de cette sorte, l'accord entre sujets
diffère encore significativement de la répartition aléatoire. Ces
expériences du type 3 permettent, avec les expériences des deux
autres types, de constituer un schéma (fig. 1) indiquant qu'une
ressemblance subjective peut être décelée entre chacune des trois
sortes de stimuli et les deux autres.
Nous nous référerons par la suite à ce schéma de distinction en
3 types, qui décrit déjà l'aspect opérationnel de ce domaine de
recherches.
1 . Les mots sans signification sont composés le plus souvent de phonèmes
de la langue, ce qui a son importance comme nous le verrons par la suite.
2. Nous reviendrons plus loin sur la distinction entre ces deux procédures. PETERFALVI. LE SYMBOLISME PHONETIQUE 441 J.-M.
II faut ajouter un quatrième type de travaux qui peut être
considéré comme une variante du type 1 : des mots significatifs
doivent être appariés à des mots sans signification pour les sujets,
mais qui sont tirés de langues inconnues des sujets, comme le
japonais (Tsuru et Fries, 1933, cités par Taylor, 1963).
Le phénomène découvert par Sapir se produit encore dans
cette condition : les sujets s'accordent en majorité pour attribuer
à un même mot de leur langue une suite de sons eux sans
signification. Mais de plus, les mots étrangers sont des termes
Figures visuelles
sans signi fication
Fig. 1. — Schéma résumant
les trois principaux types d'expériences
équivalents à ceux que l'on présente en même temps dans la
langue des sujets : on constate alors que les sujets « traduisent »
correctement les mots étrangers inconnus dans une proportion
plus grande que ne le laissait prévoir le hasard.
Ces expériences (type 4) constituent une catégorie assez
spéciale de travaux qui ont été très discutés.
Relations entre ces travaux
et la synesthésie étudiée par la « Gestalt théorie »
Le cadre restreint du symbolisme phonétique en psychologie
expérimentale étant ainsi indiqué, voyons quelques antécédents et
perspectives générales qui ont inspiré les premières recherches.
Les expériences des types 1 et 2 peuvent être considérées
comme des études sur la synesthésie, au sens de mise en correspon
dance systématique de stimuli appartenant à des modalités
sensorielles différentes. On sait que les théoriciens de la Gestalt
se sont intéressés à ce problème. Köhler (1929) plaide en faveur
de l'existence de phénomènes de synesthésie pour rendre compte 442 REVUES CRITIQUES
de la similarité possible des structures d'expériences diverses,
« objectives » ou « subjectives » et dans le premier cas en prove
nance de récepteurs sensoriels différents. Köhler ne cite pas de
résultats expérimentaux pour étayer sa thèse, mais invoque
quelques faits observés : il manifeste son accord avec le poète
Morgenstern pour qui toutes les mouettes semblent s'appeler
Emma. Ces rapprochements rappellent les expériences du type 2,
dont l'auteur fournit directement le principe en présentant
deux mots sans signification : takete, maluma et deux figures
sans signification s'opposant par leur caractère angulaire ou
Fig. 2. — Figures de Köhler (1929)
arrondi (fig. 2). Köhler fait simplement remarquer que l'apparie-
ment entre les mots et les figures se fait sans hésitation. Par la
suite, plusieurs auteurs, dont Fox (1925) et Davis (1961), ont
repris ce même matériel avec les mêmes résultats.
Ainsi, à l'origine, la Gestalt théorie a inspiré une partie du
domaine de recherches en question. L'on y trouve en même temps
une théorie explicative : Guillaume (1937) met l'accent sur la
critique de l'origine associative des faits synesthésiques. Ceux-ci
ne seraient dus qu'à l'analogie des propriétés formelles de stimuli
complexes de diverses modalités. L'auteur utilise les découvertes
de Werner pour arguer de l'existence de « ... propriétés inte
rmodales, communes aux diverses sensibilités, qui sont
masquées dans ce type d'organisation moins primitif qu'est la
perception objective, pratique, scientifique... ».
La perspective gestaltiste a servi de fil directeur à plusieurs
recherches sur le symbolisme phonétique, notamment les expé
riences du type 4 (Brown, Black et Horowitz, 1955). Mais cette
théorie n'a pas fourni d'hypothèses opérationnelles ou directement
vérifiables, si ce n'est l'hypothèse de l'existence même des diff
érentes sortes de phénomènes énumérées plus haut. La simple appa- PETERFALVI. LE SYMBOLISME PHONÉTIQUE 443 J.-M.
rition des phénomènes prend place dans un ensemble de faits suff
isants pour donner un contenu à la théorie gestaltiste, sans qu'il soit
nécessaire de décomposer le mécanisme interne de ces phénomènes.
Relations entre le symbolisme phonétique
et la synesthésie étudiée par Osgood
Osgood (1953) passe en revue une série de travaux effectués
sous so

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