Miguel Caxa de Lleruela: un défenseur de la Mesta ? - article ; n°1 ; vol.9, pg 373-415
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Description

Mélanges de la Casa de Velázquez - Année 1973 - Volume 9 - Numéro 1 - Pages 373-415
43 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1973
Nombre de lectures 41
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

M. Jean-Paul Le Flem
Miguel Caxa de Lleruela: un défenseur de la Mesta ?
In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 9, 1973. pp. 373-415.
Citer ce document / Cite this document :
Le Flem Jean-Paul. Miguel Caxa de Lleruela: un défenseur de la Mesta ?. In: Mélanges de la Casa de Velázquez. Tome 9,
1973. pp. 373-415.
doi : 10.3406/casa.1973.1081
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076-230X_1973_num_9_1_1081MIGUEL CAXA DE LLERUELA, DEFENSEUR
DE LA MESTA?
Par Jean-Paul LE FLEM
Secrétaire Général de la Casa de Velâzquez
A Angel Garcia Sanz y Vicente Perez Moreda, infa
tigables explorateurs ségoviens du passé Mestefïo.
En analysant l'œuvre de Miguel Caxa de Lleruela nous voudrions
répondre, à propos de la Mesta, aux deux questions posées par les r
echerches récentes: ce qui se fait et les problèmes méthodologiques qui en
découlent. Renverser les termes serait faire un discours sur l'histoire,
qui n'est pas l'histoire et risquer de tomber dans le psittacisme le plus
abscons.
Il n'est pas question pour nous dans le cadre d'un essai de juger
l'arbitriste Caxa de Lleruela 1, mais simplement d'analyser sa vision
de la Mesta, et des problèmes agraires de l'Espagne aux environs de 1630.
Avec une «agudeza» a la Graciân, il a posé le problème des rapports entre
l'agriculture et l'élevage dans les mesetas: actualité de l'Espagne de 1630,
mais aussi de celle de 1973.
Miguel Caxa de Lleruela n'est pas un inconnu. Mais les historiens
qui l'ont utilisé, l'ont plus considéré comme un arbitriste que comme un
alcalde entregador qui essayait de dresser un bilan intelligent, de l'inst
itution à laquelle il appartenait, à un moment crucial et définitif de son
histoire 2.
1 Sur les arbitristes, les articles de Jean Vilar et sa thèse en voie d'achèvement per
mettront à l'histoire du XVIIe siècle espagnol de faire un grand pas.
2 Citons: Manuel Colmeiro, Historia de la economta politica de Espana, éd. de Gon-
zalo Anes y Alvarez, t. II, p. 749-768.
L'œuvre de Caxa de Lleruela y est analysée très finement, mais l'auteur ne peut
se dégager d'un préjugé anti-mestefio inavoué. Nous retrouvons la même attitude
dans le classique de Julius Klein, The Mesta, Reprint des Kennikat Press-Port
Washington, N. Y., 1964, p. 26, 125, 339, 420 et dans le grand livre pionnier de
C. Vinas y Mey, El problema de la Tierra en la Espana de los siglos XVI y XVII,
25. — Mélanges. 374 JEAN-PAUL LE FLEM
Une analyse systématique de sa pensée nous apparait indispensable
et éclairante.
Nous ne disposons encore que de peu de renseignements sur Miguel
Caxa et sur les conditions de l'édition de son livre: Restauration de la
Abundancia Antigua de Espana, paru à Naples en 1631 1.
Il est originaire de Palomera Burgo, près de Cuenca là où nait le rio
«Guecar» 2 c'est à dire dans une terre de tradition mestefla. Est-il appa
renté à ce Luis Caxa qui apparait épisodiquement comme procurador
pour la «Ciudad de Cuenca» aux Cortes de Madrid de 1623-1627? Ce ne
serait pas étonnant, et cette coincidence pose un problème de méthodol
ogie, sur lequel nous reviendrons à la fin de cet essai.
De toute façon, le débat sur la contribution de la Mesta au Servicio
de Millones est très passionné pendant ces cortes. Miguel Caxa de Lle
ruela en est l'expert incontestable. Et nous ne manquons pas de preuves.
Le 30 Mars 1626 3 Alonso de Oquendo procurador pour Guadalajara
demande un rapport sur le mémoire de Caxa de Lleruela, qui lui parait
important.
«Aviendo dicho el Sefïor Alonso de Oquendo que el Licenciado
Miguel Caxa a hecho un papel de advertencias para los negocios
del Concejo de la Mesta, y que le parece son de importancia, y
asi suplica al Reyno lo vea, y acordô que los Senores Don Cris
tobal de Covaleda (Jaén) y Alonso de Oquendo sean comisarios
para ver el dicho papel, y de lo que ubiere y les paresciere den
quenta al Reyno, para que tome la decision que convenga.»
Quelques mois plus tard, en Décembre 1626 4, Miguel Caxa de Lle
ruela demanda une subvention aux Cortes pour l'impression de son
œuvre.
«Viose una peticiôn del Licenciado Miguel Caxa. Dio a escrito
un libro sobre las causas donde procède la falta que ay de ganados
Madrid, C. S. I. C, 1941, passim. Plus récemment: José Antonio Maravall, en Estado
moderno y mentalidad social, Madrid, 1972, voir index t. II, p. 596, s'attache plus
à l'arbitriste, témoin de la «décadence» du XVIIe siècle qu'au praticien privilégié
de la Mesta. Mais l'œuvre magistrale de Gonzalo Anes y Alvarez, Las crisis agrarias
en la Espana Moderna, Madrid, 1970, p. 97-126, présente un bilan très critique
de «La restauraciôn de la Abundancia antigua de Espana». Sans être tout à fait
d'accord sur ses conclusions, c'est grâce à de nombreuses conversations avec
Gonzalo Anes, que j'ai été encouragé à reprendre le débat.
B. N. Madrid, R. 6.164. Voir aussi l'édition de Madrid, de 1713, B. N. Madrid,
R. 17.923: Dans nos citations, nous nous référons toujours à l'édition de 1631.
Caxa de Lleruela, op. cit., p. 19.
Actos de las Cortes de Castilla, t. 44, p. 408. de las de t. 45, p. 366. CAXA DE LLERUELA ET LA MESTA 375
mayores y menores en estos Reynos, y lo que sera bien para su
remedio. Suplica se le de una ayuda de costa para ayuda a la
impresiôn, y le voto el Reyno y acuerdo para mayor parte se le
dan ochocientos reaies de ayuda de Costa el efeto referido.»
Le 13 Février 1627 \ les 800 reaies sont assignés sur les 15 Millions
de ducados des dépenses du Royaume et payables par le récepteur gé
néral. L'imprimeur choisi est Luis Sanchez.
«Tratose de un libro que ha hecho el Licenciado Miguel Caxa
cerca de la falta que hay de ganados en estos Reynos, y lo que
séria bien para su remedio, y que conviene se imprima.»
Les 800 reaies ne suffirent sans doute pas pour couvrir les frais d'im
pression, car dans les livres de comptes de la Mesta (Ie session 1628 2),
il es fait mention d'une contribution de 200 reaies à l'imprimeur Andrés
Parra pour l'édition du livre du Licenciado Miguel Caxa de Lleruela
Sobre la conservation de los ganados y de las dehesas; le fait est d'import
ance: il signifie tout l'intérêt de l'Institution Mestena pour un plaidoyer
intelligent et nuancé au moment où la Mesta se trouvait en but aux cr
itiques des Cortes, et à des discussions intempestives dont Caxa de Lle
ruela nous apportera la preuve 3. Une fois de plus les manichéens de
l'histoire Mestena sont pris en défaut. La Mesta est assez puissante
financièrement parlant en 1628, pour attribuer ses crédits aux gens
qui lui conviennent *.
Mais le débat va plus loin, c'est tout du moins notre hypothèse,
puisque la première édition se réalise à Naples et en 1631. Le livre est
dédié à D. Francisco Antonio de Alarcôn, de l'Ordre de Santiago, du
Conseil de sa Majesté, Visitador General del Reino de Nàpoles. Miguel
Caxa est devenu entre temps procureur général de la «misma reggia y
General visita». Le livre a-t-il fait peur? Ou bien, plus simplement
Miguel Caxa de Lleruela était-il considéré comme un spécialiste, voir
un parfait technocrate qui pouvait apporter son expérience à une terre
de l'Empire où la transhumance était une source fondamentale de richesse.
Peut-être les deux raisons!
1 Ibidem, t. 45, p. 408.
2 Archivo de la Mesta. Sindicato General de la Ganaderia, libros de cuentas, t. VIII
(fol. 215 rev.). Voir aussi Jean-Paul le Flem, «Las cuentas de la Mesta (1510-1709)»,
in Moneda y Crédito, n° 121, junio 1972, p. 27.
3 Cf. infra.
4 Jean-Paul le Flem, art. cit., p. 39 et ss. 376 JEAN-PAUL LE FLEM
Laissons de côté les conjonctures et revenons à ce livre qui a obtenu,
au moins officiellement l'appui des Cortes, de la Mesta, et du royaume
de Naples 1.
L'œuvre de Caxa de Lleruela embrasse trois aspects. Chiffres à
l'appui, il remarque la diminution des estantes 2 et l'exclusion de ceux-ci
des privilèges de la Mesta. Il plaide pour un idéal ganadero qui doit
rendre à l'agriculture espagnole sa place éminente dans les parlements
de la monarchie. Il nous dresse un panorama de la situation Ibérique
aux alentours de 1625. Le ton est polémique et les remèdes systémati
ques. Il n'empêche que Caxa de Lleruela a eu une certaine vision aigùe,
partielle, mais utile pour l'his

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