Régler la facture du communisme du goulasch. Le développement et la macro-stabilisation de la Hongrie dans une perspective d économie politique - article ; n°1 ; vol.28, pg 5-80
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Revue d’études comparatives Est-Ouest - Année 1997 - Volume 28 - Numéro 1 - Pages 5-80
L'article met l'accent sur quatre caractéristiques du processus de réforme et de transformation post-socialiste de la Hongrie, qui ont marqué, sans interruption, l'évolution de ce pays au cours des 30 dernières années, et même après le changement de régime politique. Il s'agit de la priorité accordée au bien-être matériel de la population, du développement d'un État-providence paternaliste, du gradualisme du processus de réforme et de transition et de la paix politique et sociale. Le programme de stabilisation, annoncé le 12 mars 1995, constitue à cet égard un tournant.
Du point de vue de l'économie politique, pourquoi ces quatre traits spécifiques se sont-ils développés, comment se sont-ils influencés mutuellement et quels ont été leurs effets positifs et négatifs ? Partant de la révolution de 1956 et de son impact, l'auteur résume l'histoire politique de la Hongrie et analyse la priorité donnée, dans le présent, au bien-être, à la sécurité et au calme, qui s'est accompagnée d'une accumulation de la dette sociale. Il examine ensuite les conséquences économiques et politiques du programme de stabilisation.
La transformation des relations de propriété et des institutions se distingue également par son gradualisme et sa nature organique. La longue phase de socialisme réformateur hongrois n'a pas été suivie, après le changement de régime, d'un bond vers l'économie de marché, même si la transformation s'est accélérée. L'article montre comment le gradualisme s'applique aussi bien à la prolifération de la privatisation, qui a pris des formes extrêmement diverses, qu'à la création de nouvelles entreprises, à la libéralisation et à la refonte du cadre juridique.
En guise de conclusion, des remarques sont faites sur l'évolution de la Hongrie en termes d'économie politique et de philosophie politique. Au cours des 30 dernières années, le gouvernement a, à tout moment, manifesté une propension évidente à ajourner les mesures radicales et à accepter une accumulation de la dette sociale afin d'éviter les conflits. L'auteur note des différences dans les préférences-temps des générations successives et les problèmes éthiques qui en découlent. Enfin, il s'interroge sur la relation entre la démocratie et une administration décidée à prendre des mesures impopulaires auxquelles s'oppose une grande partie des citoyens.
Paying the bill for goulash-communism. Hungarian development and macro-stabilization in a political economy perspective.
The reform process and post-socialist transformation have been played out over the last 30 years in Hungary. Even after the political system transformation, four characteristics mark this period, namely : the priority given to the population's material welfare ; a strong, paternalistic welfare state ; the gradualism of the reform process and transition ; and political rest. The stabilization program, announced on March 12, 1995, shifts away from these characteristics.
From a political economy perspective, why did these four characteristic develop, how did they affect each other, and what positive and negative consequences have they had ? Hungary's political history is reviewed since the 1956 revolution, and the priority given to today's welfare, security and calm, which has involved an accumulation of social debt, is analyzed. The author then contemplates the economic and political effects of the stabilization program.
Gradualism and organic development have also characterized the transformation of property relations and institutions. After Hungary's long reform- socialist phase, a leap was not made toward the market economy, even though the pace of change did speed up following the transformation of the political system. Gradualism characterizes not only the privatization process, with its wide variety of selling strategies, but also new firms start-ups, liberalization, and the reform of the legal framework.
Finally, some comments are made, summing up Hungarian developments in terms of political economy and political philosophy. Throughout the past 30 years, the government has obviously preferred putting off radical measures and accepting the forementioned accumulation of social debt in order to avert conflict. But generations have differing time preferences, and this raises ethical problems. Questions are asked about the relationship between democracy and an administration intent on pursuing unpopular measures that a large majority of Hungarians oppose.
76 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Sujets

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1997
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 6 Mo

Extrait

J. Kornai
Madeleine Tchimichkian
Régler la facture du communisme du goulasch. Le
développement et la macro-stabilisation de la Hongrie dans une
perspective d'économie politique
In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 28, 1997, N°1. pp. 5-80.
Citer ce document / Cite this document :
Kornai J., Tchimichkian Madeleine. Régler la facture du communisme du goulasch. Le développement et la macro-stabilisation
de la Hongrie dans une perspective d'économie politique. In: Revue d’études comparatives Est-Ouest. Volume 28, 1997, N°1.
pp. 5-80.
doi : 10.3406/receo.1997.2834
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/receo_0338-0599_1997_num_28_1_2834Résumé
L'article met l'accent sur quatre caractéristiques du processus de réforme et de transformation post-
socialiste de la Hongrie, qui ont marqué, sans interruption, l'évolution de ce pays au cours des 30
dernières années, et même après le changement de régime politique. Il s'agit de la priorité accordée au
bien-être matériel de la population, du développement d'un État-providence paternaliste, du
gradualisme du processus de réforme et de transition et de la paix politique et sociale. Le programme
de stabilisation, annoncé le 12 mars 1995, constitue à cet égard un tournant.
Du point de vue de l'économie politique, pourquoi ces quatre traits spécifiques se sont-ils développés,
comment se sont-ils influencés mutuellement et quels ont été leurs effets positifs et négatifs ? Partant
de la révolution de 1956 et de son impact, l'auteur résume l'histoire politique de la Hongrie et analyse la
priorité donnée, dans le présent, au bien-être, à la sécurité et au calme, qui s'est accompagnée d'une
accumulation de la dette sociale. Il examine ensuite les conséquences économiques et politiques du
programme de stabilisation.
La transformation des relations de propriété et des institutions se distingue également par son
gradualisme et sa nature organique. La longue phase de socialisme réformateur hongrois n'a pas été
suivie, après le changement de régime, d'un bond vers l'économie de marché, même si la
transformation s'est accélérée. L'article montre comment le gradualisme s'applique aussi bien à la
prolifération de la privatisation, qui a pris des formes extrêmement diverses, qu'à la création de
nouvelles entreprises, à la libéralisation et à la refonte du cadre juridique.
En guise de conclusion, des remarques sont faites sur l'évolution de la Hongrie en termes d'économie
politique et de philosophie politique. Au cours des 30 dernières années, le gouvernement a, à tout
moment, manifesté une propension évidente à ajourner les mesures radicales et à accepter une
accumulation de la dette sociale afin d'éviter les conflits. L'auteur note des différences dans les
préférences-temps des générations successives et les problèmes éthiques qui en découlent. Enfin, il
s'interroge sur la relation entre la démocratie et une administration décidée à prendre des mesures
impopulaires auxquelles s'oppose une grande partie des citoyens.
Abstract
Paying the bill for goulash-communism. Hungarian development and macro-stabilization in a political
economy perspective.
The reform process and post-socialist transformation have been played out over the last 30 years in
Hungary. Even after the political system transformation, four characteristics mark this period, namely :
the priority given to the population's material welfare ; a strong, paternalistic welfare state ; the
gradualism of the reform process and transition ; and political rest. The stabilization program,
announced on March 12, 1995, shifts away from these characteristics.
From a political economy perspective, why did these four characteristic develop, how did they affect
each other, and what positive and negative consequences have they had ? Hungary's political history is
reviewed since the 1956 revolution, and the priority given to today's welfare, security and calm, which
has involved an accumulation of social debt, is analyzed. The author then contemplates the economic
and political effects of the stabilization program.
Gradualism and organic development have also characterized the transformation of property relations
and institutions. After Hungary's long reform- socialist phase, a leap was not made toward the market
economy, even though the pace of change did speed up following the transformation of the political
system. Gradualism characterizes not only the privatization process, with its wide variety of selling
strategies, but also new firms start-ups, liberalization, and the reform of the legal framework.
Finally, some comments are made, summing up Hungarian developments in terms of political economy
and political philosophy. Throughout the past 30 years, the government has obviously preferred putting
off radical measures and accepting the forementioned accumulation of social debt in order to avert
conflict. But generations have differing time preferences, and this raises ethical problems. Questions are
asked about the relationship between democracy and an administration intent on pursuing unpopular
measures that a large majority of Hungarians oppose.Revue d' études comparatives Est-Ouest, 1997, 1 (mars)
pp. 5-80-JânosKORNAI
Régler la facture
du communisme du goulasch.
Le développement et la macro-stabilisation
de la Hongrie
dans une perspective d'économie politique
Jânos KORNAI *
I. INTRODUCTION : QUATRE PARTICULARITÉS 1
La voie choisie par la Hongrie pour passer d'une économie centralement pla
nifiée à une économie de marché présente, malgré d'apparentes similitudes,
certains traits qui la distinguent de celle des autres pays post-socialistes. Ne
prétendant pas à l'exhaustivité, j'en relèverai quatre. L'une ou l'autre de ces
particularités peut se manifester séparément dans d'autres pays de la région ou,
plus exactement, dans certains pays à un moment donné. La spécificité de la
situation hongroise réside dans la coexistence durable de ces quatre caractéris
tiques.
* Harvard University and Collegium Budapest, Institute for Advanced Study
(H-1014 Budapest, Szenthâromsâg utca 2, Hongrie).
1 . Cette recherche a bénéficié du soutien de la Fondation nationale pour la recherche
scientifique hongroise (OTKA), du Collegium Budapest, de l'Institute for Advanced
Study et de la Banque mondiale. Je tiens à exprimer toute ma gratitude à ma collègue,
Maria Kovâcs, qui m'a aidé à rassembler les données et à clarifier les questions abor
dées dans ce travail. Je remercie vivement Brian McLean pour sa traduction du texte
hongrois. Je suis également reconnaissant à Monika Lukâcs qui m'a assisté dans ma
recherche. Parmi les personnes que j'ai consultées lors de préparation de cette étude
figurent Lâszlô Akar, Zsolt Âmon, Rudolf Andorka, Francis Bator, Tamâs Bauer, Lajos
Bokros, Katalin Bossanyi, Michael Bruno, Richard Cooper, Zsuzsa Daniel, Tibor
Erdos, Endre Gaps, Alan Gelb, Bêla Greskovits, Stanley Fischer, Eszter Hamza,
Gyorgy Kopits, Almos Kovâcs, Judit Neményi, Andrâs Simonovits, Robert Solow,
Gyôrgy Surânyi, Katalin Szabô, Mârton Tardos et Lâszlo Urban. Qu'elles soient toutes
remerciées ici pour leur précieux conseils. Je reste naturellement seul responsable des
idées avancées. Jânos Kornai
1) Dans ses priorités de politique économique, la Hongrie accordait une
grande importance à l'accroissement du bien-être matériel et, lors de la période
suivante, marquée par des difficultés économiques croissantes et une stagna
tion ou un déclin de la production, à l'enraiement de la chute du niveau de vie.
L'ancien système hongrois avait été qualifié de "communisme du goulash".
Après le changement de régime, la politique menée pendant plusieurs années
s'inscrit, à cet égard, dans la continuité et peut donc, à juste titre, recevoir le
nom de "post-communisme du goulash".
2) Un "État providence" paternaliste, assurant la couverture de la totalité de
la population, a été édifié en plusieurs décennies. La Hongrie peut aisément
rivaliser avec les pays Scandinaves les plus développés en ce qui concerne les
droits aux avantages sociaux inscrits dans la loi et la part du PIB consacrée aux
dépenses sociales, alors que sa production par tête ne représente qu'une frac
tion minime de la leur. Bien qu

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