Rente pétrolière, « paysans » et « entrepreneurs agricoles » au Venezuela - article ; n°153 ; vol.39, pg 103-117
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Rente pétrolière, « paysans » et « entrepreneurs agricoles » au Venezuela - article ; n°153 ; vol.39, pg 103-117

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Tiers-Monde - Année 1998 - Volume 39 - Numéro 153 - Pages 103-117
15 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 8
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Olivier Delahaye
Jesus Salazar
Rente pétrolière, « paysans » et « entrepreneurs agricoles » au
Venezuela
In: Tiers-Monde. 1998, tome 39 n°153. pp. 103-117.
Citer ce document / Cite this document :
Delahaye Olivier, Salazar Jesus. Rente pétrolière, « paysans » et « entrepreneurs agricoles » au Venezuela. In: Tiers-Monde.
1998, tome 39 n°153. pp. 103-117.
doi : 10.3406/tiers.1998.5221
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/tiers_1293-8882_1998_num_39_153_5221QUESTION AGRAIRE LA
SAISIE PAR LE MARCHÉ
RENTE PETROLIERE, «PAYSANS»
ET «ENTREPRENEURS AGRICOLES»
AU VENEZUELA
par Olivier Delahaye et Jésus Salazar*
L 'agriculture paysanne historique au Venezuela a été en grande partie
marginalisée par les conséquences de l'exploitation pétrolière. L'expansion
de la demande sur le marché urbain a déterminé depuis 1950 le développe
ment d'une petite ou moyenne production menée par des agriculteurs immi
grés ou d'origine urbaine. Bien que restant à base familiale, elle prend la
forme d'entreprises et est très modernisée et intégrée au marché. Elle doit
être considérée comme l'une des principales source de l'approvisionnement
alimentaire du pays.
La société vénézuélienne est irriguée, depuis soixante-quinze ans, par
la rente pétrolière répartie par l'État. L'une des conséquences de l'e
xploitation a été la pulvérisation de l'agriculture paysanne his
torique dans une grande partie du pays. La réforme agraire mise en
œuvre à partir de 1958 a peu fait pour rétablir une voie viable
de développement dans le fil de l'évolution historique de la campagne
vénézuélienne. Mais, dans le même temps, comme l'exprime LLambi
(1988, p. 226), «en différents points de l'espace vénézuélien, ont com
mencé à émerger de nouveaux agriculteurs, sur de nouvelles terres, avec
de nouvelles technologies, formant un secteur agricole moderne qui a
très peu de rapports avec celui qui existait auparavant ». Ces nouveaux
* Facultad de Agronomia, Universidad Central de Venezuela, Maracay, Venezuela.
1 . Cet article présente des résultats du projet : « Caracterización técnico-económica de los agentes que
intervienen en el circuito agroalimentario del cambur... », financé par le CDCH de l'Université centrale du
Venezuela sous le numéro 01 32 3504 95.
Revue Tiers Monde, t. XXXIX. n° 153, janvier-mars 1998 Olivier Delahaye et Jesus Salazar 104
agriculteurs, produits dans une certaine mesure de la redistribution éta
tique de la rente pétrolière, peuvent être considérés comme des moyens
ou petits producteurs. Après un rappel de l'évolution historique de la
production paysanne au Venezuela, nous étudierons les caractéristiques
de ces nouveaux producteurs et leur rôle croissant dans l'approvisionne
ment du marché interne, ce qui nous conduira à nous interroger sur leur
contribution possible à la solution des problèmes.
L'ÉVOLUTION DES FORMES DE PRODUCTION
ET DES POLITIQUES AGRAIRES
De la conquête à l'exploitation pétrolière : « conucos » et plantations
La société vénézuélienne se caractérisait au moment de la conquête
par un « échelonnement de niveaux de culture qui allait depuis les sim
ples bandes de chasseurs nomades, de cueilleurs ou de pêcheurs, jus
qu'aux communautés agricoles sédentaires relativement complexes
fabricant des poteries » (Sanoja et Vargas, p. 135).
Les caractéristiques de cette «base indigène»1 et son importance
dans le développement postérieur de la société vénézuélienne ont été
mises en évidence, dans les années récentes, par les travaux de Sanoja
et Vargas et du groupe socio-historique du cendes2. La technologie
indigène sera conservée dans l'agriculture de conuco3, qui restera à la
base de la production de subsistance jusqu'à la première moitié du
XXe siècle, enrichie par l'apport d'espèces européennes et africaines,
mais peu transformée au niveau des techniques. En symbiose avec
celle-ci se développera l'agriculture d'exportation, fondée sur la planta
tion (hacienda), qui s'étend dans la région côtière centrale et détermi
nera la société vénézuélienne depuis le xvine siècle jusqu'aux premières
décennies du XXe siècle.
A côté de celle-ci, un élevage extensif dans les hatos4 occupe les
plaines de l'intérieur (llanos). L'agriculture de subsistance se déve
loppe soit dans les plantations sous la forme des cultures vivrières des
conucos, soit d'une façon autonome là où les communautés indigènes
1. Selon l'expression de Carrera Damas, dans son introduction à CENDES, 1981, p. 6.
2. Voir à ce sujet Carvallo et Hernandez, 1977 et 1980, ainsi que Hernandez, Carvallo et Beroes, 1977
et 1978. Le CENDES est le Centre d'études du développement de l'Université centrale du Venezuela.
3. Exploitation paysanne de polyculture de subsistance, dont l'origine se trouve dans les exploitations
indigènes. Voir la caractérisation du «binôme plantation-conuco » dans Carvallo, Hernandez et Beroes,
1978.
4. Exploitations d'élevage intensif. Rente pétrolière, «paysans» et «entrepreneurs agricoles» 105
ont pu maintenir dans une certaine mesure leur base productive. Il
s'agit alors d'une production familiale paysanne, située dans les Andes
et les massifs montagneux, consacrée dans un premier temps à l'auto-
subsistance, puis destinée en partie à l'exportation (cacao, et surtout
café au XIXe siècle).
Haciendas, hatos et producteurs familiaux ne se transformeront
qu'après 1936, du fait de l'urbanisation croissante qui va exiger une
attention plus précise du gouvernement concernant le ravitaillement
urbain. Ce seront les programmes de modernisation agricole qui vont
provoquer la transformation des exploitations, ou plutôt le développe
ment de nouvelles formes de production.
Deux options possibles pour la modernisation
L'on peut dater avec une certaine précision le début de la modernis
ation agricole au Venezuela. López Contreras, président de la Répub
lique qui succéda au dernier des caudillos1 traditionnels,
J. V. Gómez, expose en février 1936 son «programme de février», qui
peut être considéré comme un manifeste officiel pour la modernisation.
Cette même année 1936 voit la fondation du ministère de l'Agriculture
et de l'Élevage (mac), qui institutionnalise le rôle central de l'État
dans la modernisation2. La loi de terres baldias et ejidas} est votée
aussi en 1936; elle stipule la formation du cadastre des terres agri
coles, étape essentielle dans la mise en place d'un marché foncier. A la
même époque, sont promulgués les textes essentiels pour le fonctionne
ment du marché des autres facteurs de la production agricole:
en 1937, la loi du travail détermine les conditions du paiement du
salaire; en 1940, la Banque centrale est créée et fixe depuis lors le taux
de l'intérêt du capital.
Même si le cadre institutionnel de la modernisation est ainsi posé, et
si les intentions du gouvernement en la matière sont exprimées relativ
ement clairement4, son contenu concret n'est pas défini précisément, et
1 . Chefs militaires et propriétaires fonciers qui menèrent les guerres civiles du XIXe siècle.
2. Le programme de février est explicite quant au modèle technologique recherché («Aujourd'hui
notre production agricole doit rivaliser avec celle de pays où les méthodes scientifiques ont été introduites
depuis longtemps »), ainsi qu'au rôle central du MAC dans sa mise en œuvre.
3. Baldias: Terres nationales, Ejidas: Terres municipales.
4. Le plus explicite à ce sujet est probablement le premier ministre de l'Agriculture, Alberto Adriáni,
qui déclarait : « Dans cette étendue de l'Orénoque aux Andes, il faut commencer à compter et à mesurer. On
nous dit que nous sommes riches, mais la richesse n'a de valeur que lorsqu'elle peut s'échanger entre les
hommes » (cité par Chiossone dans le journal El Nacionál du 16 mars 1980, sous le titre : « Le général López
Contreras et la r

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