SEMINAIRE : LES FEMMES DANS L'EMPIRE OTTOMAN

Juliette Dumas

Sujets

• Sociologie, société et politique

Informations

• Publié par: ynytiryn
• Nombre de lectures: 1 396
• Langue: Français

Extrait

SEMINAIRE : LES FEMMES DANS L’EMPIRE OTTOMAN

Lundi 2 novembre 2009

Juliette Dumas :

« QUELQUES PROBLEMATIQUES CONCERNANT

L’HISTOIRE DES FEMMES DANS L’EMPIRE OTTOMAN »

COMPTE-RENDU

Un empire qui s’étend sur six siècles, des femmes dans des places et statuts aussi divers

que nombreux, des préjugés solides et tenaces : un sujet passionnant, qui offre de nombreuses

problématiques. Faire une introduction à un séminaire consacré aux « femmes dans l’empire

ottoman » se révélait ainsi un exercice aussi nécessaire que difficile. L’accent a été mis de

préférence sur les femmes royales (reines mères, épouses, concubines, filles de sultan) et sur les

femmes du harem (

cariye

,

kalfa

,

usta

,

ikbal

, etc.).

Une rapide présentation des principales sources disponibles concernant les femmes dans

l’empire ottoman a révélé la diversité des études possibles, grâce à une quantité importante

d’archives conservées, et leurs limites : déformation de la situation, concentration sur des

aspects précis au détriment de la compréhension générale, critiques misogynes, autant

d’éléments dont il faut tenir compte lorsqu’on aborde un tel sujet, pour se garder de jugements

trop hâtifs.

Plusieurs thématiques ont ensuite été résumées ; en premier lieu, la question de la

hiérarchie entre ces femmes, élément incontournable dans une société ottomane très structurée

et organisée en fonction des statuts respectifs de chaque individu. Ainsi, concernant les femmes

du palais impérial, deux hiérarchies distinctes se côtoient : celle de la famille impériale,

dynastique, et celle des « employées » esclaves du palais, au service de la précédente. Bien loin

du lupanar que certains orientalistes se sont plus à imaginer, le harem impérial apparaît telle une

machine bien rôdée, dans laquelle chacun occupe une place particulière, tient un rôle précis,

correspondant à des prérogatives et responsabilités bien définies.

L’ingérence des femmes dans la politique, deuxième question évoquée, peut être

observée en examinant leur influence dans les actions gouvernementales. La régence, l’exemple

le plus probant, constitue néanmoins un cas à part, parce qu’institutionnalisé. L’influence dans

les nominations, en revanche, si elle n’est pas reconnue officiellement, n’en est pas moins un

phénomène récurrent, qui conduit à la constitution et à l’opposition de factions dans lesquelles

les femmes sont parties prenantes. Quant à l’ingérence dans les affaires militaires, elle demeure

exceptionnelle. En politique, les femmes royales s’expriment également dans la diplomatie, via

des échanges épistolaires avec les souveraines et princes des dynasties voisines (Angleterre,

France, Venise, Pologne, Iran), suivis d’échanges de cadeaux. Les quelques exemples de

conflits internationaux les impliquant révèlent bien l’importance de ces relations. Rappelons

ainsi l’affaire des femmes de chambre de Catherine de Médicis, qui empoisonna les relations

diplomatiques entre la France et l’empire ottoman pendant de longues années, ou encore celle

de la disparition de la tiare somptueuse, toute couverte de rubis et de diamants, offerte par

Safiye Sultane à Elisabeth Ire d’Angleterre, laquelle mis trois ans avant de parvenir à sa

destinatrice, non sans provoquer un refroidissement dans les contacts entre ces deux grandes

dames. La participation à l’expression du pouvoir est encore une façon d’aborder le rôle

politique des femmes royales : les déplacements en grande pompe, les cérémonies de mariage