Sur les fondements de la théorie des modèles mentaux à propos de l article de P. Oléron - article ; n°4 ; vol.95, pg 707-715
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Sur les fondements de la théorie des modèles mentaux à propos de l'article de P. Oléron - article ; n°4 ; vol.95, pg 707-715

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Description

L'année psychologique - Année 1995 - Volume 95 - Numéro 4 - Pages 707-715
9 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 31
Langue Français

Extrait

V. Girotto
Sur les fondements de la théorie des modèles mentaux à propos
de l'article de P. Oléron
In: L'année psychologique. 1995 vol. 95, n°4. pp. 707-715.
Citer ce document / Cite this document :
Girotto V. Sur les fondements de la théorie des modèles mentaux à propos de l'article de P. Oléron. In: L'année psychologique.
1995 vol. 95, n°4. pp. 707-715.
doi : 10.3406/psy.1995.28865
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/psy_0003-5033_1995_num_95_4_28865L'Année psychologique, 1995, 95, 707-715
COMMENTAIRE-RÉPONSE
CREPCO, CNRS, URA 182
Université de Provence1
SUR LES FONDEMENTS DE LA THÉORIE
DES MODÈLES MENTAUX:
A PROPOS DE L'ARTICLE DE P. OLÉRON
par Vittorio GlROTTO
Ce numéro de L'Année Psychologique présente un article de
Pierre Oléron que la direction de la revue m'avait demandé
d'expertiser. Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de
transmettre à M. Oléron le résultat de ma lecture de son article.
Je vais donc le présenter ici sous forme de commentaire, en le
considérant comme un hommage posthume à sa contribution au
développement de la psychologie du raisonnement.
Il s'agit d'un très bon article critique sur la théorie des
modèles mentaux (ensuite TMM) de Johnson-Laird (1983, 1993,
1995a ; voir aussi Johnson-Laird et Byrne, 1991). Bien que sym
pathisant de la position de Johnson-Laird, je pense que M. Olé
ron avait repéré correctement certains aspects faibles de la TMM.
Toutefois, je pense que certains autres éléments de la critique de
M. Oléron sont moins acceptables (au moins, évidemment pour
les partisans de la TMM). J'essaierai de les indiquer ici.
Les critiques de M. Oléron se développent sur deux points2.
D'un côté, selon M. Oléron, la TMM n'est pas bien fondée, ni d'un
1. 29, avenue R.-Schuman, 13621 Aix-en-Provence.
2 . Il faut remarquer que dans l'article de M. Oléron il y a une allusion aux
positions critiques vers la TMM qui ont été « développées par les tenants de la
conception logiciste du raisonnement ». On peut supposer que M. Oléron faisait
allusion aux articles, par ex., de Bonatti (1994) ou de O'Brien, Braine et Yang
(1994, pour une contre-critique voir Johnson-Laird, Byrne et Schaeken, 1994).
En tout cas, selon sa propre définition, dans la position de M. Oléron le « logi-
cisme [est] écarté plus fondamentalement » que dans la TMM. 708 Vittorio Girotto
point de vue théorique, ni d'un point de vue empirique. De
l'autre côté, M. Oléron ne considère même pas utiles les résultats
obtenus par les recherches qui font référence à la TMM. Considé
rons le premier point. Quelles sont les critiques principales qu'on
peut avancer à propos des fondements de la TMM ? D'après
M. Oléron, il y en a au moins quatre :
1 / La TMM ne spécifie pas la distinction entre « image » et
«modèle mental», en se contentant d'une distinction à la fois
« suggestive » et « approximative ».
2 /La TMM ne spécifie pas dans quel sens la charge sur la
mémoire de travail1 détermine la performance des sujets qui doi
vent résoudre une tâche de raisonnement, en se bornant à une
indication « impressionniste », qui est fondée sur « une analogie
avec des observations en ergonomie ».
3 / La TMM ne spécifie pas comment est représentée la négat
ion, pour laquelle elle procède à 1' « escamotage » à l'introduic-
tion d'un signe conventionnel, sans « réalité psychologique », ce
qui, d'ailleurs, « enferme » la TMM dans le logicisme.
4 /La TMM ne spécifie pas dans quel sens la connaissance
générale du monde peut déterminer les performances des sujets,
en particulier dans quel sens elle permettrait l'explicitation des
modèles mentaux.
Or, pour chacune de ces remarques critiques on peut trouver
des réponses fondées à la fois sur une analyse des prédictions de
la TMM et sur des données empiriques. L'ensemble de ces
réponses — présentées ici — démontre, à mon avis, que la TMM
n'est pas « vague » et « imprécise ».
1 / Contrairement à ce qui est soutenu par M. Oléron, Johns
on- Laird et Byrne (1991) précisent bien la relation entre
modèle mental et image, en indiquant que les images peuvent
être considérées comme une classe spéciale de modèles mentaux.
En outre, ils soulignent aussi que les images mentales ne peu
vent pas représenter des relations comme celles qui portent sur
plusieurs quantificateurs, comme par ex. : « Toutes les enve
loppes de Princeton ne sont pas au même endroit que chaque
enveloppe de Cambridge » (cf. Johnson-Laird, Byrne et Tabossi,
1989). Il n'est pas correct, donc, de soutenir que «les exemples
de raisonnement par lesquels Johnson-Laird illustre sa théorie
1 . L'expression « charge de travail » utilisée par M. Oléron doit être inter
prétée comme « charge sur la mémoire de travail ». les fondements de la théorie des modèles mentaux 709 Sur
renvoient ou à des objets directement figurables (...) ou à
des énoncés qui permettent d'imaginer des individus ou des
ensembles d'individus ». D'ailleurs, les relations multi-quanti-
fiées qui peuvent être représentées avec les modèles mentaux ne
sont pas représentables à travers les cercles d'Euler, qui sont
évoqués par M. Oléron. Plus généralement, les critiques de la
TMM fondées sur l'idée que les modèles mentaux sont en fait des
images (voir par ex. Ford, 1985) ont du mal à expliquer les faits
suivants :
i) Les programmes qui simulent la TMM ne se fondent pas sur
une métaphore visuelle (cf. Johnson-Laird et Byrne, 1991).
ii) II existe des preuves empiriques que les sujets se représen
tent des relations « négatives » que les images ne peuvent pas
représenter (Johnson-Laird et Byrne, 1989 ; Polk et Newell,
1988) ; ce fait est évidemment un élément de réponse à la cr
itique 3, voir ci-dessous.
iii) Les sujets se représentent aussi des modèles mentaux
d'une façon implicite (Byrne et Johnson-Laird, 1992), ce qui ne
serait pas possible s'ils contenaient seulement des éléments défi
nis, comme dans les «vivid representations» (voir Holyoak et
Spellman, 1993).
2 / Pour illustrer le caractère « impressionniste » de la réfé
rence, faite par les tenants de la TMM , au rôle de la mémoire de
travail, M. Oléron considère le cas des syllogismes conditionnels.
A partir des prémisses :
S'il y a un As, alors il y a un Quatre.
Il y a un As, les sujets n'ont pas de problèmes à en déduire
que:
II y a un Quatre.
C'est-à-dire, dans ce cas les sujets font une inference qui cor
respond à la conclusion de l'argument modus ponens (dès « Si P
alors Q», et «P», on en déduit que «Q»). Par contre, les
mêmes sujets ont du mal à déduire une conclusion valide des
prémisses :
S'il y a un As, alors il y a un Quatre.
Il n'y a pas un Quatre, une bonne partie d'entre eux se bor
nant à conclure qu'il n'y a pas de conclusion à tirer. En d'autres
termes, les sujets manifestent une certaine difficulté à résoudre
un problème de forme modus tollens (dès « Si P alors Q », et
« non-Q », on en déduit que « non-P »).
Or, ces différences de performance sont expliquées par les 710 Vittorio Girotto
tenants de la théorie de la logique mentale (voir par ex. Braine
et O'Brien, 1991) en considérant le modus tollens comme un
schéma d'inférence qui, contrairement au modus ponens, ne fait
pas partie du répertoire des schémas inférentiels des gens non
experts en logique formelle. Par contre, la différence de perfo
rmance sur modus ponens vs modus tollens est expliquée par la
TMM en fonction du nombre différent de modèles mentaux que
les sujets doivent élaborer pour résoudre les deux formes de sy
llogisme (voir Johnson-Laird et Byrne, 1991 ; Johnson-Laird,
Byrne et Schaeken, 1992). Dans le cas du modus ponens, les
sujets peuvent se limiter à la représentation initiale de la pré
misse conditionnelle :
(As) Quatre
où la parenthèse indique que Y As est représentée sous

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