Yoga et psychanalyse Gnoséologie du Princeps Entre concepts spirituels Et instances psychiques Les trois états psychomentaux La prakrti (la matière) est aussi éternelle que le purusa (le Soi que nous poserons, pour le moment, comme moi + surmoi). Quoique parfaitement homogène et inerte cette substance primordiale possède, pour ainsi dire, trois « aspects » qui lui permettent de se manifester de trois manières différentes et qui s’appellent gunas: 1) sattva = modalité de la luminosité et de l’intelligence. 2) rajas = modalité de l’énergie motrice et de l’activité mentale. 3) tamas = modalité de l’inertie statique et de l’opacité psychique. Lorsque c’est le sattva (pureté, illumination par le truchement de la compréhension) qui prédomine dans la conscience, celleci se manifeste comme prakhyâ (état de clarté mentale et de sérénité; lorsque c’est le rajas (énergie), la conscience est pravrtti, elle est active et pleine d »énergie, tendre et volontaire, lorsque c’est le tamas (ténèbres, lourdeur) la conscience est sthiti, elle est inerte , plongée dans un état de repos et de torpeur. Vikshipta Les cinq plans mentaux (ritta bhûmi) Voici les modalités de conscience ou « plans mentaux », citta bhûmi à partir des états de conscience qui sont en nombre illimité.
La prakrti (la mati è re) est aussi é ternelle que le purusa (le Soi que nous poserons, pour le moment, comme moi + surmoi). Quoique parfaitement homog è ne et inerte cette substance primordiale poss è de, pour ainsi dire, trois « aspects » qui lui permettent de se manifester de trois mani è res diff é rentes et qui s’appellent gunas : 1) sattva = modalit é de la luminosit é et de l’intelligence. 2) rajas = modalit é de l’ é nergie motrice et de l’activit é mentale. 3) tamas = modalit é de l’inertie statique et de l’opacit é psychique. Lorsque c’est le sattva (puret é , illumination par le truchement de la compr é hension) qui pr é domine dans la conscience, celle-ci se manifeste comme prakhy â ( é tat de clart é mentale et de s é r é nit é ; lorsque c’est le rajas ( é nergie), la conscience est pravrtti , elle est active et pleine d » é nergie, tendre et volontaire, lorsque c’est le tamas (t é n è bres, lourdeur) la conscience est sthiti , elle est inerte , plong é e dans un é tat de repos et de torpeur.
Les cinq plans mentaux (ritta bh û mi)
Voici les modalit é s de conscience ou « plans mentaux », citta bh û mi à partir des é tats de conscience qui sont en nombre illimit é . Mais ils entrent dans trois cat é gories, correspondant respectivement à trois possibilit é s d’exp é rience: 1) les erreurs et les illusions (r ê ves, hallucinations; erreurs de perception, confusions, etc.). 2) la totalit é des exp é riences psychologiques normales (tout ce que sent, per ç oit ou pense le profane, celui qui ne pratique pas le Yoga. 3) les exp é riences parapsychologiques d é clench é es par la technique yogique, et accessibles, bien entendu, aux seuls initi é s. Voici ces plans mentaux tant que la cha î ne cognitive de l’ips é it é n’est pas rompue: 1) instable (kshipta). 2) confuse, obscure (m û dha). 3) stable et instable (vikshipta). 4) fix é e sur un seul point (ek â gra). 5) compl è tement frein é e (niruddha). Seules les deux derni è res modalit é s peuvent apporter la d é livrance ( mukti ), provoqu é e par l’asc è se et la m é ditation.
Etapes pour la lib é ration ( mukti )
L’esprit ( purusa ) n’est que « spectateur » ( s â ksin ), de m ê me que la « d é livrance » ( mukti ) n’est qu’une prise de conscience de sa libert é é ternelle. Or il faut faire de ce spectacle une int é riorisation de sa contemplation pour que justement cette prise de conscience ait lieu. Or la suppression de la conscience normale n’est pas, pour le Yoga, si facile à obtenir. Outre la gnose, le dar ç ana , elle implique encore une « pratique » ( abhy â sa ), une asc è se ( tapas ), bref: une technique physiologique, par rapport à laquelle la technique strictement psychologique est subsidiaire et n’aurait pas le caract è re de la foi ( ç raddb à ) ainsi assimil é e. Pata ñ jali d é finit ainsi le Yoga: « la suppression des é tats de conscience ».
Karmendrya
Les composantes du Soi ( purusa )
pr é sence au monde qui en é tant connaissance est la toute puissance du d é sir. L’action conative de « Karman »: action et « indriya »: organe des sens, elle est la vitalit é sensible apparent é e au Moi de la psychanalyse, en tant qu’activit é ontique et volont é de puissance. L’action mentale, manas , est le degr é m é dium qui oriente la pathologie de l’ ahamk à ra comme nous allons le voir. L’action r é fl é chie, buddhi , est en tant qu’intelligence une qualit é immanente qui n’est qu’un raffinement en plus du fonctionnement psychique. Entrain é e par l’impulsion de l’ é volution ( parin à ma , « d é veloppement ») la prakrti passe de l’ é tat de mahat (« le grand ») à celui d’ ahamk à ra , qui veut dire masse unitaire aperceptive, d é pourvue encore d’exp é rience « personnelle », mais ayant la conscience obscure d’ ê tre un ego. Quand il y a une totale pr é sence dans l’action, sans aucune fluctuation dans l’ é tirement, alors l’action conative karmendrya , l’action cognitive jnanendrya , l’action mentale manas et l’action r é fl é chie buddhi se rencontrent former une conscience totalement en é veil du Soi jusqu’ à la surface de la peau, et de la peau jusqu’ à Soi. Ceci est la pratique spirituelle du Yoga.
C’est une illusion de croire que l’esprit (purusa) est dynamique parce que l’exp é rience mentale est telle. En fait il ne s’agit l à que d’une relation illusoire ( up â dhi ) due à une correspondance « sympathique » ( yogyat â ) entre le Soi ( purusa ) et l’intelligence ( buddhi ). Or nous verrons que le Soi n’est ni intelligence ni sensibilit é mais qu’il doit ê tre le rapport entre un é tat d’esprit serein qui aurait ainsi communi é avec une libert é retrouv é à partir d’une manne spirituelle ing é r é e par des tapas r é gl é es sur l’action ( karman ). Ces exercices ( anga , « membres ») sont: 1)Les r é fr è nements ( yama ). 2) Les disciplines ( niyama ). 3)Les attitudes et positions du corps ( â sana ). 4) Le rythme de la respiration ( pr â n â y â ma ). 5) l’ é mancipation de l’activit é sensorielle de l’emprise des objets ext é rieurs ( praty â h â ra ). 6) la concentration ( dh â ran â ). 7) la m é ditation yogique ( dhy â na ). 8) la stase ( sam â dhi ). Les trois derniers « membres du yoga » ( yoganga ) sont qualifi é s de « subtils » ( antar â nga ) pour bien signifier qu’ils n’impliquent aucune nouvelle technique physiologique. L’intellect ( buddhi ) ayant accompli sa mission se retire, en se d é tachant du purusa et se r é int è gre dans la prakrti. Le Soi demeure libre, autonome: il se contemple lui-m ê me . Les é l é ments constituant la conscience se r é sorbent dans la substance primordiale.