« Se couvrant toujours... du nom du roi ». Perceptions nobiliaires de la révolte dans le sud-ouest de la France, 1610-1635 - article ; n°3 ; vol.17, pg 423-440
19 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

« Se couvrant toujours... du nom du roi ». Perceptions nobiliaires de la révolte dans le sud-ouest de la France, 1610-1635 - article ; n°3 ; vol.17, pg 423-440

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
19 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Histoire, économie et société - Année 1998 - Volume 17 - Numéro 3 - Pages 423-440
Abstract While the monarchy tried to define revolt and enforce its conception of civil conflict in early seventeenth-century France, the local nobles of southwestern France asserted their own definitions and usages of revolt. These nobles used four principal strategies in their formulations of revolt : labeling other nobles as rebels and attempting to distance themselves from revolt, constructing the idea of initiative against disorder to justify their actions, claiming that they were conducting a holy defense of their faith and church, and asserting rationales of non- revolt to negate the idea of revolt and establish a logic for their participation in civil conflict. These strategies formed part of a culture of revolt that defined nobles' experiences in early seventeenth-century civil warfare.
Résumé Alors que la monarchie essayait de définir la révolte et d'imposer sa conception du conflit civil en France au début du dix-septième siècle, les nobles locaux du sud-ouest ont affirmé leurs propres définitions et usages de révolte. Ces nobles ont utilisé quatre stratégies principales dans leurs formulations de la « révolte » : étiqueter les autres nobles comme rebelles et tenter de se distancer de l'accusation de révolte, construire l'idée d'initiative contre le désordre pour justifier leurs actions, revendiquer leur engagement dans une défense sacrée de leur foi et l'Église, et protester les raisonnements de non-révolte pour nier l'idée de révolte et établir une logique pour leur participation au conflit civil. Ces stratégies formaient une partie de la « culture de la révolte », qui a défini l'expérience nobiliaire de la guerre civile au début du XVIIe siècle.
18 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1998
Nombre de lectures 20
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Brian Sandberg
« Se couvrant toujours... du nom du roi ». Perceptions
nobiliaires de la révolte dans le sud-ouest de la France, 1610-
1635
In: Histoire, économie et société. 1998, 17e année, n°3. pp. 423-440.
Résumé Alors que la monarchie essayait de définir la révolte et d'imposer sa conception du conflit civil en France au début du
dix-septième siècle, les nobles locaux du sud-ouest ont affirmé leurs propres définitions et usages de révolte. Ces nobles ont
utilisé quatre stratégies principales dans leurs formulations de la « révolte » : étiqueter les autres nobles comme rebelles et tenter
de se distancer de l'accusation de révolte, construire l'idée d'initiative contre le désordre pour justifier leurs actions, revendiquer
leur engagement dans une défense sacrée de leur foi et l'Église, et protester les raisonnements de non-révolte pour nier l'idée de
révolte et établir une logique pour leur participation au conflit civil. Ces stratégies formaient une partie de la « culture de la révolte
», qui a défini l'expérience nobiliaire de la guerre civile au début du XVIIe siècle.
Abstract While the monarchy tried to define revolt and enforce its conception of civil conflict in early seventeenth-century France,
the local nobles of southwestern France asserted their own definitions and usages of revolt. These nobles used four principal
strategies in their formulations of "revolt" : labeling other nobles as rebels and attempting to distance themselves from revolt,
constructing the idea of initiative against disorder to justify their actions, claiming that they were conducting a holy defense of their
faith and church, and asserting rationales of non- revolt to negate the idea of revolt and establish a logic for their participation in
civil conflict. These strategies formed part of a "culture of revolt" that defined nobles' experiences in early seventeenth-century
civil warfare.
Citer ce document / Cite this document :
Sandberg Brian. « Se couvrant toujours.. du nom du roi ». Perceptions nobiliaires de la révolte dans le sud-ouest de la France,
1610-1635. In: Histoire, économie et société. 1998, 17e année, n°3. pp. 423-440.
doi : 10.3406/hes.1998.1994
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1998_num_17_3_1994« SE COUVRANT TOUJOURS... DU NOM DU ROI »
PERCEPTIONS NOBILIAIRES DE LA RÉVOLTE
DANS LE SUD-OUEST DE LA FRANCE, 1610-1635
par Brian SANDBERG
Résumé
Alors que la monarchie essayait de définir la révolte et d'imposer sa conception du conflit
civil en France au début du dix-septième siècle, les nobles locaux du sud-ouest ont affirmé
leurs propres définitions et usages de révolte. Ces nobles ont utilisé quatre stratégies principales
dans leurs formulations de la « révolte » : étiqueter les autres nobles comme rebelles et tenter
de se distancer de l'accusation de révolte, construire l'idée d'initiative contre le désordre pour
justifier leurs actions, revendiquer leur engagement dans une défense sacrée de leur foi et
l'Église, et protester les raisonnements de non-révolte pour nier l'idée de révolte et établir une
logique pour leur participation au conflit civil. Ces stratégies formaient une partie de la « cultu
re de la révolte », qui a défini l'expérience nobiliaire de la guerre civile au début du
XVIIe siècle.
Abstract
While the monarchy tried to define revolt and enforce its conception of civil conflict in
early seventeenth-century France, the local nobles of southwestern France asserted their own
definitions and usages of revolt. These nobles used four principal strategies in their formulat
"revolt" : labeling other nobles as rebels and attempting to distance themselves from ions of
revolt, constructing the idea of initiative against disorder to justify their actions, claiming that
they were conducting a holy defense of their faith and church, and asserting rationales of non-
revolt to negate the idea of revolt and establish a logic for their participation in civil conflict.
revolt" that defined nobles' experiences in early These strategies formed part of a "culture of
seventeenth-century civil warfare.
À l'époque modeme, la révolte était une arme de gouvernement, une « ét
iquette » ou un label appliqué aux individus et aux groupes qui étaient perçus
comme les ennemis du roi '. Cette formulation apparaît clairement dans un
arrêt du parlement de Toulouse qui accuse le duc de Rohan du « crime de leze
majesté de perfidie, trahison, desloyauté, trouble au repos public ». La cour
déclare que ses actions constituent une « rebellion » et « une conspiration
1. Je remercie pour leurs remarques sur une version antérieure du texte, Denis Crouzet, Nicolas Le
Roux, Barbara B. Diefendorf, Seung-Hwi Lim, et Gilles Dal.
HES 1998 (17e année, n° 3) 424 Histoire Économie et Société
faicte contre le roy et son estât ». Ayant établi la condition de la révolte, le
parlement indique les châtiments pour Rohan et ses partisans :
Les villes et communautez, officiers, gentilshommes, et autres subjects du roy,
de quelque qualité et condition qu'ils soient, qui suivent la rebellion dudit duc
de Rohan, et ont pris les armes soubs son adveu, [sont] criminels de leze
majesté, perturbateurs du repos public, descheus du benefice des edicts... les-
dits officiers decheuz et privez de leurs offices, et iceux acquis et confisquez à
sa majesté, vaccants et imperturbables, et lesdits gentilshommes, leurs enfans
et postérité decheus des grades, prerogatives, et de tous privileges de noblesse :
declare pareillement ladite cour les biens de tous lesdits rebelles, tant meubles
qu'immeubles, droicts, noms, raisons, et actions acquis et confisquez au roy, et
unis à son domaine : et neantmoins ordonne que pour marque et mémoire de
leur perfides trahisons, et infâmes rebellions, il sera procédé au razement des
chasteaux et maisons fortes desdits rebelles, et leurs bois et forests degrade à
trois pieds de haut 2.
Le parlement utilise la rhétorique de la monarchie sur la révolte et ses défini
tions juridiques pour étiqueter les « rebelles », en énonçant la définition royale
de la révolte. Les historiens ont souvent suivi ces rhétoriques monarchiques,
en voyant les guerres civiles dans une perspective du pouvoir central et en
nommant les conflits des « révoltes ». Récemment, Ariette Jouanna a rétabli
l'importance des perspectives nobiliaires à propos des guerres de religion, en
voyant la révolte nobiliaire comme « devoir ». Pour Ariette Jouanna, la révol
te était plutôt une action ritualisée, une machine qui exécutait un rôle vital
dans la « monarchie mixte » 3. Mais l'utilisation d'une méthode culturelle,
pour étudier le langage et les actions des nobles pendant les guerres civiles,
remet entièrement en cause le concept de révolte. Alors que la rhétorique
monarchique était puissante, la monarchie n'a cependant pas eu de monopole
sur la conception de la révolte. La révolte était un concept que se sont appro
priés les officiers et les nobles locaux, qui par ce biais, ont articulé leurs
propres idées et définitions du conflit civil. La révolte, définie par la monarc
hie, coexiste avec ces autres conceptions de la guerre civile 4.
2. Arrest de la cour de parlement contre les rebelles, Toulouse, Raymond Colomiez, 1628, A. D. Tarn,
С 207 ; pour un autre exemple typique, voir la Declaration du roy, contre le duc de Montmorancy, vérifiée,
& registr ée en la cour de de Tolose le premier jour de septembre mil six cens trente-deux, Lyon,
Jean Jullieron, 1632, B. N. F., F 46974 (11).
3. Voir notamment le chapitre sur « Les rituels de la révolte », Ariette Jouanna, Le devoir de révolte.
La noblesse française et la gestation de l'État moderne, 1559-1661, Paris, Fayard, 1989; pour les autres
modèles de conflit civil à l'époque moderne, voir : Yves-Marie Bercé et Elena Fasano Guarini (éd.), Comp
lots et Conjurations dans l'Europe Rome, École Française de Rome, 1996; Charles Tilly, Euro
pean Revolutions, 1492-1992, Oxford, Blackwell, 1993; Charles Tilly, Coercion, Capital and European
States, AD 990-1990, Oxford, Blackwell, 1992; Jack A. Goldstone, Revolution and Rebellion in the Early
Modem World, Berkeley, University of California Press, 1991; Perez Zagorin, Rebels and Rulers, 1500-
1660, 2 vol., Cambridge, Cambridge University 1982; Yves-Marie Bercé, Révoltes et révolutions
dans l'Europe moderne,

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents