Situation de la C.G.T.  - article ; n°4 ; vol.13, pg 965-976
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Description

Revue française de science politique - Année 1963 - Volume 13 - Numéro 4 - Pages 965-976
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1963
Nombre de lectures 11
Langue Français

Extrait

Monsieur Gérard Adam
Situation de la C.G.T.
In: Revue française de science politique, 13e année, n°4, 1963. pp. 965-976.
Citer ce document / Cite this document :
Adam Gérard. Situation de la C.G.T. In: Revue française de science politique, 13e année, n°4, 1963. pp. 965-976.
doi : 10.3406/rfsp.1963.392750
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rfsp_0035-2950_1963_num_13_4_392750Les Forces Politiques en France
guerre au nom de la révolution, stériliser l'homme au nom de l'avenir ».
Un style nouveau voit le jour qui n'est pas sans précédents à l'étranger
— y compris en Chine vers 1956 — ni sans conséquences sur les rapports
du P.C. F. avec les autres familles politiques. La relation n'a cependant
rien de mécanique, et la chronologie indique assez que le jeu des causes
et des effets est passablement complexe : il nous reste à le démonter pour
comprendre la récente rentrée du Parti Communiste dans le concert des
forces politiques françaises (*).
(Octobre 1963) J" R
(*) Nous nous efforcerons de le faire dans le prochain numéro.
SITUATION DE LA C.G.T.
Du 12 au 17 mai 1963 s'est tenu à Saint-Denis (Seine) le XXXIVe
congrès de la C.G.T. Le thème central du congrès, l'unité (« Unis, nous
sommes invincibles; faisons tout pour l'unité»)!, n'était pas nouveau puis
qu'il avait déjà dominé les précédents congrès; cependant, malgré de
nombreuses campagnes lancées depuis 1947, jamais cet objectif n'avait été
aussi largement développé dans chacun des rapports et des interventions,
où constamment l'accent fut mis sur l'unité syndicale2.
En dépit de son aspect de cérémonial immuable, qui donne un carac
tère figé aux débats, le congrès est apparu comme celui de l'ouverture,
du dégel. Sans que l'on puisse préciser d'emblée ce qui a changé dans
la doctrine cégétiste, l'impression domine d'un changement d'attitude des
dirigeants : ainsi, M. Benoît Frachon, secrétaire général, a présenté le
rapport d'activité du Bureau confédéral dans un style où transparaissait
l'esprit de détente qui marquait également l'atmosphère de toute la salle.
Une nouvelle « ligne » semble donc se dessiner : celle de la modération,
du comportement fraternel, de la recherche de la confiance.
1. Phrase écrite en immenses lettres d'or au-dessus de la tribune de la salle
du congrès.
2. Le titre du rapport de M. Frachon était : « Tout pour l'unité d'action !
Tout pour rapprocher le moment de l'unité syndicale ! », tandis que le sous-
titre du rapport d'organisation indiquait : « Pour assurer le développement de
l'unité et de l'action, le succès du programme d'action, renforçons puissamment
la C.G.T.».
965 Les Forces Politiques en France
S'agit-il d'une simple opération tactique s'expliquant, alors que s'e
squisse un rapprochement entre le P.C. et les autres partis de gauche, par
le succès psychologique de la grève des mineurs et des actions revendicat
ives de l'ensemble du secteur nationalisé menées dans un climat d'étroite
unité d'action et de sympathie de l'opinion ? Ce phénomène ne dépasse-t-il
pas plutôt la question de l'unité ? N'est-ce pas là le signe précurseur
d'une évolution beaucoup plus large de la C.G.T. qui la conduirait, sur
le plan idéologique, à une interprétation moins intransigeante des postul
ats marxistes et, sur le plan stratégique, à une position plus « réaliste »
— entendons plus réformiste — , voisine, par exemple, de celle tenue par
les organisations italiennes ? Dans cette perspective, le vieux différend
entre M. Pierre Le Brun et M. Benoît Frachon prendrait sa réelle signi
fication : non celle d'une vaine querelle théorique, sans intérêt poli
tique, mais d'une controverse sur l'attitude à tenir face à l'évolution du
monde bourgeois.
Cette hypothèse conduit à reconsidérer, à la lumière du dernier con
grès, le comportement de la C.G.T. face :
— aux autres centrales syndicales;
— au gouvernement et à sa politique économique et sociale;
— à sa propre évolution interne.
La C. G. T. et les autres confédérations ouvrières
La position soutenue par le Bureau confédéral s'articule autour des
trois propositions suivantes :
« II faut voir le fait capital d'aujourd'hui qui est que la classe ouvrière
recherche et veut réaliser son unité...» 3.
« II y a actuellement, dans les revendications formulées par les diverses
centrales et leurs fédérations, assez de points communs pour que
l'unité d'action se justifie et se réalise, non seulement dans les entre
prises, mais entre les centrales elles-mêmes... » 4.
« Tout pour l'unité d'action, tout pour rapprocher le moment de l'unité
syndicale, tel est notre mot d'ordre syndical...»».
Dans son principe, ce triptyque (volonté d'unité de la classe ouvrière,
possibilité d'action pour une revendication commune, unité d'action condui
sant à l'unité organique) date déjà d'une dizaine d'années.
3. et 4. Rapport du Bureau confédéral présenté au XXXIVe congrès par
B. Frachon, Le Peuple, n° 678, 1143 mai 1963, p. 23.
5. Id., p. 25.
966 Forces Politiques en France Les
A la Libération, constatant que l'unité d'action dans la Résistance ne
conduisait pas à l'unité organique, la C.G.T. dénonce les « organisations
fantômes », les « groupuscules sans importance ». Un mot d'ordre est
lancé : « Une seule section syndicale par entreprise ». La tactique alors
employée est celle de l'écrasement des voisins, de l'absorption par élimi
nation.
Après la scission de 1947, la C.G.T. ne peut plus négliger la force
des autres organisations. L'unité d'action, indispensable aux grands mou
vements de masse, est proposée là où il apparaît possible de dissocier
l'adversaire en opposant « les revendications légitimes de la base » aux
« manœuvres antiouvrières des dirigeants » ; ainsi, à propos des grèves
de 1948, M. Benoît Frachon dans son rapport au XXVIIe congrès déclare :
« Les briseurs de grève patentés des directions nationales de F.O. et
de la C.F.T.C. sont largement mis à contribution... Ils [les dirigeants]
se déhonorent un peu plus tandis que, dans le combat, les travailleurs
de toutes les organisations scellent leur unité fraternelle. 6 »
A travers l'unité d'action à la base et le dénigrement des directions,
c'est l'absorption par décomposition. C'est dans cette perspective qu'est
préconisée la formation de « comités d'unité d'action », faisant une large
place aux « inorganisés » et soustrayant les adhérents des autres organi
sations à la discipline de ces dernières 7.
A partir de juin 1954 (C.C.N. du 16-17 juin 1954) une nouvelle
ligne stratégique se dessine dont la première phrase est marquée par :
— l'abandon de la formule du C.U.A. jugée trop schématique, trop
rigide ;
— une ouverture vers F.O., « qui représente aux yeux des travailleurs
l'élément principal de leur division » 8. Etablissant progressivement la
ligne qui est encore actuellement la sienne, la C.G.T. s'engage à
partir de cette date dans la conclusion d'accords entre organisations
tandis que s'atténuent les attaques contre les directions des autres
organisations 9.
6. «Rapport d'activité» dans Compte rendu in extenso des débats, p. 11.
7. « Le comité d'unité d'action élu, fonctionnant démocratiquement, ayant
sa direction indépendante, est la seule forme d'organisation de l'unité qui
plaise véritablement à tous les travailleurs ». Rapport Le Leap au C.C.N.
d'octobre 1953.
8. Rapport de B. Frachon au C.C.N. du 16-17 juin 1954.
9. Alors qu'en 1948 le rapport au XXVIIe congrès indiquait : « Comment
refaire l'unité ? Mais en reprenant votre place au sein de la C.G.T. », B. Fra
chon déclare au C.C.N. de juin 1954 : « II est arrivé que des camarades inter
prètent la réunification de la C.G.T. comme la simple rentrée dan

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