Socialisme français et social-démocratie européenne - article ; n°1 ; vol.65, pg 97-108
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Vingtième Siècle. Revue d'histoire - Année 2000 - Volume 65 - Numéro 1 - Pages 97-108
Les partis socialistes européens connaissent aujourd'hui un débat d'orientation. Pour comprendre la situation du socialisme français, il est nécessaire de restituer les principaux traits de sa culture politique et de ses évolutions. Les années 1980-1990 ont connu plusieurs ruptures importantes qui le placent aujourd'hui pleinement dans le concert du socialisme européen. Il y a plusieurs « troisièmes voies ».
French socialism and european social-democracy.
This article analyse the french socialist answers in the present discussion open by the Thirdway. It is necessary to grasp the political culture of french socialist party. The large historic outline are recollected. The Francois Mitterrand's two septenate are allowed to modernize the french socialism. But the question of political identity remain even if the globalisation challenge command large convergence in the public policy.
12 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 2000
Nombre de lectures 25
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Alain Bergounioux
Socialisme français et social-démocratie européenne
In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°65, janvier-mars 2000. pp. 97-108.
Résumé
Les partis socialistes européens connaissent aujourd'hui un débat d'orientation. Pour comprendre la situation du socialisme
français, il est nécessaire de restituer les principaux traits de sa culture politique et de ses évolutions. Les années 1980-1990 ont
connu plusieurs ruptures importantes qui le placent aujourd'hui pleinement dans le concert du socialisme européen. Il y a
plusieurs « troisièmes voies ».
Abstract
French socialism and european social-democracy.
This article analyse the french socialist answers in the present discussion open by the "Thirdway". It is necessary to grasp the
political culture of french socialist party. The large historic outline are recollected. The Francois Mitterrand's two septenate are
allowed to modernize the french socialism. But the question of political identity remain even if the globalisation challenge
command large convergence in the public policy.
Citer ce document / Cite this document :
Bergounioux Alain. Socialisme français et social-démocratie européenne. In: Vingtième Siècle. Revue d'histoire. N°65, janvier-
mars 2000. pp. 97-108.
doi : 10.3406/xxs.2000.2875
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/xxs_0294-1759_2000_num_65_1_2875SOCIALISME FRANÇAIS ET
SOCIAL-DÉMOCRATIE EUROPÉENNE
Alain Bergounioux
Le parti socialiste est-il sur la voie de la lée en France. Les résultats des élections
social-démocratie ? Léon Blum et Guy européennes ont remis en évidence la di
Mollet auraient, pour des raisons diffé versité des réalités nationales et l'impor
rentes il est vrai, rejeté avec horreur cette tance des cultures politiques. Les effets
d'homogénéisation qu'exercent la mondialhypothèse. Les divergences opposant Tony
Blair et Gerhard Schröder à Lionel Jospin isation et le cadre de l'Union européenne
inclinent à répondre par la négative. Mais relativisent certes la portée des oppositions
les évolutions qui se dessinent montrent entre les partis socialistes européens et ex
bien l'ampleur d'une mutation que dictent pliquent que les politiques gouvernement
tant le poids du contexte que les choix ales offrent des points notables de simili
opérés par les successeurs de François Mit tude. Mais, après environ deux décennies,
terrand. Par-delà les héritages historiques marquées par des politiques défensives,
dûment assumés, le PS semble bien les nouvelles données économiques, so
connaître une communauté de destin avec ciales et culturelles rendent une actualité
ses homologues européens. L'exception au débat identitaire qu'à des moments dif
française ne serait-elle, ici, qu'un vain mot ? férents, partis socialistes et sociaux-démoc
Alain Bergounioux apporte, en historien, rates ont mené dans le passé lorsqu'ils
son éclairage. étaient à la croisée des chemins. Il est donc
intéressant d'analyser dans cette perspect
ive la situation du Parti socialiste français
Le paysage du socialisme européen ne pour voir quels types de réponses il est
cesse de se défaire et de se recomp susceptible d'apporter dans le débat du so
oser. En janvier 1999, à Milan, au cialisme européen.
congrès du Parti des socialistes européens, En 1971, au congrès d'Épinay, épisode
l'adoption d'un Manifeste commun souli clé de la refondation du parti socialiste, la
gnait les convergences existant désormais coalition qui emporta la majorité derrière
dans « l'Europe rose », après les victoires François Mitterrand rejetait explicitement la
successives du New Labour, des socialistes notion de social-démocratie assimilée à un
français et des sociaux-démocrates all réformisme sans ambition. Et, jusqu'au
emands. Six mois plus tard, la publication milieu des années 1980, le terme fut davan
du texte politique, signé par Tony Blair et tage un moyen de discréditer un adversaire
Gerhard Schröder, réouvrait les interroga dans les débats socialistes que la représent
tions sur l'évolution du socialisme euro ation d'une réalité concrète. La conjonct
péen et sur la place particulière du socia ure de cette refondation explique en parti
lisme français. La plupart des éditoriaux de ce phénomène. La rupture avec le passé
la presse française, en effet, y ont vu une récent de la SFIO incitait à qualifier la
opposition affirmée entre une « gauche vieille formation de social-démocrate. Cela
moderne », désireuse de réaliser une nouv n'allait d'ailleurs pas sans une injustice his
elle synthèse avec le libéralisme, et une torique. Car Guy Mollet, pas plus que Fran
« gauche traditionnelle » quelque peu çois Mitterrand, n'entendait identifier le so-
■97-
Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 65,
janvier-mars 2000, p. 97 à 108. Alain Bergounioux
cialisme français aux expériences social- chronologique qui a existé entre l'instaura
démocrates. Tous les deux proposaient tion de la République et le développement
une politique de « rupture avec le tardif du mouvement ouvrier, lié lui-même
capitalisme » reposant sur un important à une industrialisation lente, explique, à la
programme de nationalisations. En fait, le fois, l'influence de la culture républicaine,
vrai différend était stratégique et portait sur qui a imposé un clivage entre la droite et la
la conclusion immédiate d'un programme gauche, dépassant le seul socialisme, et
de gouvernement avec les communistes. l'existence d'un syndicalisme méfiant à
François Mitterrand n'entendait pas le faire l'égard de la République bourgeoise et du
précéder d'un débat de doctrine. Persuadé parlementarisme. Dès le départ, les social
que le « pari » de l'Union de la gauche istes ont été confrontés à un problème
pourrait faire reprendre au parti socialiste d'identité. Pour exister face au républica
le terrain électoral perdu au profit du parti nisme, il leur a fallu imposer un clivage
communiste et créer ainsi les conditions entre eux et les partis républicains, princ
d'une victoire de la gauche, François Mit ipalement le parti radical, fondé sur la quest
terrand rejeta les anciennes alliances de ion sociale. Il leur a fallu lutter contre une
Troisième Force. En fait, plus que les poli part du républicanisme. Mais, en même
tiques mises en œuvre par les partis sociaux- temps, l'influence de la culture politique
démocrates européens, la notion de social- républicaine, de ses valeurs, de ses institu
démocratie, pour la plupart des socialistes, tions et de ses pratiques, a nourri une dy
caractérisait l'action des gouvernements so namique dont les socialistes ne pouvaient
cialistes de Troisième Force sous la Quat se dispenser sous peine de connaître une
rième République. Le débat franco-français marginalisation. Ils ont été ainsi amenés à
primait sur toute autre préoccupation. Cette mettre tantôt l'accent sur leur socialisme,
donne explique les incompréhensions des tantôt sur leur républicanisme. Cette nécess
partis sociaux-démocrates, le parti allemand ité a été renforcée par les difficultés que la
avant tout, qui ont retenu essentiellement du SFIO a éprouvées avec le mouvement syn
nouveau cours du socialisme français l'a dical. Créée en 1895, la CGT dominée par
lliance avec un parti communiste qui avait le syndicalisme révolutionnaire avant 1914
encore toutes les apparences de la force. Les - cet « autre socialisme », selon l'expression
choix français étaient mieux compris dans de Madeleine Rebérioux -, mettait en
l'Europe du Sud mais les partis espagnol, cause le parlementarisme et défendait l'
portugais, grec restaient dans la clandestinité indépendance du mouvement syndical par
et n'exerçaient guère d'influence. rapport aux partis socialistes. Il est vrai que
Cependant, ce rejet de la social-démoc localement nombre de syndiqués ont aussi
ratie s'inscrivait également dans une his été des militants socialistes et ont appar
toire qui avait éloigné le socialisme fran tenu aux « réseaux » sur lesquels les social
çais de la social-démocratie européenne istes se sont appuyés pour s'im

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