Spiritualité et pauvreté, à Paris au XVIIe siècle - article ; n°1 ; vol.14, pg 133-140
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Description

Histoire, économie et société - Année 1995 - Volume 14 - Numéro 1 - Pages 133-140
8 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1995
Nombre de lectures 43
Langue Français

Extrait

Jacques Depauw
Spiritualité et pauvreté, à Paris au XVIIe siècle
In: Histoire, économie et société. 1995, 14e année, n°1. pp. 133-140.
Citer ce document / Cite this document :
Depauw Jacques. Spiritualité et pauvreté, à Paris au XVIIe siècle. In: Histoire, économie et société. 1995, 14e année, n°1. pp.
133-140.
doi : 10.3406/hes.1995.1765
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/hes_0752-5702_1995_num_14_1_1765TRAVAUX EN COURS
SPIRITUALITÉ ET PAUVRETÉ,
à Paris au XVIIe siècle
par Jacques DEPAUW
Qu'ai-je voulu faire ? *
Je suis parti d'un constat. Ce XVIIe siècle est celui de l'apogée de la Réforme catholique, et
surtout, pour Paris, les années 1610-1660. Une littérature de type hagiographique n'a pas man
qué de célébrer le siècle des saints, et pour d'autres, il est le temps de l'Hôpital général et de
l'enfermement des pauvres. C'est ce paradoxe, ou cette diversité des jugements que j'ai voulu
éclairer, par un travail d'historien revenant, autant que possible, aux sources.
L'éventualité d'un rejet de la pauvreté et des pauvres dans une société chrétienne méritait
d'être étudiée de près d'autant plus que la pauvreté, et pour l'instant je ne précise pas, spirituell
e, temporelle, volontaire ou subie, est un des foyers de la spiritualité, affirmation qui tire sa per
tinence du dogme de l'Incarnation et que je trouve exprimée dans ce distique d'un noël du XVIe
siècle :
« II est né pauvrement
Pour notre saulvement. »
D'autre part, en ce début de recherche, lointain..., il me semblait qu'entre, disons, pour faire
bref, Y Histoire littéraire de sentiment religieux de l'abbé Bremond, et les études socio-écono
miques, il y avait un espace peu fréquenté, celui où se rejoignaient l'histoire religieuse et l'his
toire sociale. Et la pauvreté, parce qu'elle a cette double dimension, spirituelle et temporelle,
m'est apparue comme un bon territoire.
Ce que j'ai donc voulu faire, c'est observer un ensemble qui reliât les formes d'assistances,
la spiritualité, les composantes de la société parisienne, les situations concrètes de pauvreté, le
discours sur la pauvreté. Liste donnée sans ordre de hiérarchie.
Comment traiter un tel sujet ?
La variété des sources, livres de spiritualité, donations, fondations, correspondances, etc.,
s'imposait, évidemment sans prétention à l'exhaustivité, mais à la condition de pouvoir toujours
rendre compte des choix. Cette exigence respectée, la démarche serait empirique, docile aux
sources dont j'espérais qu'elles enchaîneraient questions et éclaircissements.
J'ai donc organisé cette présentation en deux parties : Cheminements et méthodes. Résultats
et synthèse finale.
Cheminement et méthodes
1 - De premier mouvement, je me suis tourné vers les ouvrages spécialisés comme les traités
de l'aumône. Le filon me parut assez pauvre. On s'y répétait beaucoup et l'influence de cette li
ttérature spécialisée ne pouvait être évaluée. Or, il me paraissait nécessaire d'évaluer la diffusion
des sources imprimées.
* Texte lu à la soutenance de thèse présentée le 17 octobre 1994 à l'Université de Paris-Sorbonne sous la direction
de Pierre Chaunu. 134 Histoire Économie et Société
La recherche, à partir du catalogue de la Bibliothèque Nationale des ouvrages les plus édités, en
se limitant aux formats d'usage courant, 4° ou inférieurs au 4°, édités à Paris, m'apprit l'importance
des traductions de Louis de Grenade. On a beaucoup insisté à propos de l'influence religieuse de
l'Espagne, sur l'introduction des Carmélites. La place des traductions des œuvres de Louis de Gre
nade est au moins aussi importante, parce qu'elles s'adressaient à un public beaucoup plus large. Je
suis enclin à penser que c'est dans la Réforme catholique française que l'œuvre de Louis de Grena
de a trouvé son épanouissement, sous réserve que les traductions lui soient fidèles, ce qu'il n'est pas ma compétence d'évaluer. On peut y ajouter Luis De La Puente francisé en Louis Du Pont. Le
critère de l'édition donnait aussi Benoît de Canfeld, très diffusé malgré François de Sales.
Comme je ne me limitais pas dans ces dépouillements aux livres de spiritualité, leur poids
me parut relativement léger dans l'édition parisienne du début du siècle par rapport à celui des
ouvrages de création littéraire, de Théophile de Viau à ... Tabarin, ou même par rapport à celui
des livres d'histoire, ou des traductions d'œuvres de l'Antiquité classique.
Devant l'éclatement des genres des ouvrages ainsi relevés, j'ai flirté un moment avec la sémant
ique structurale. J'en ai fait quelques exercices avec les premières lectures, puis les définitions et
exemples des dictionnaires. Je n'en dis pas plus sinon que j'ai renoncé.
La liste des ouvrages non religieux les plus diffusés m'a servi autrement. Elle m'a donné
Charron, contrepoint éclairant du courant stoïcien que je n'aurais pas pris sans le test de son suc
cès. Charron qui est intéressant aussi pour sa technique du copiage culturel (Bodin, Du Vair,
pour mon sujet mais aussi bien d'autres). Elle m'a indiqué aussi les traductions du de officiis,
texte de référence sur les métiers ignobles. Et quelques autres livres sont entrés dans ce travail
pour telle ou telle citation, comme Du Breul, ou Matthieu, que je ne donne qu'à titre d'exemple.
Cette étude m'a donné aussi la courbe de l'édition sur le siècle des ouvrages de spiritualité
ne faisant que confirmer, d'ailleurs, ce qui avait été dit par Henri-Jean Martin. C'est bien la
seconde moitié du siècle, et surtout les années 1680-90, qui sont celles des hautes eaux à Paris,
des éditions d'œuvres de spiritualité.
Le critère de diffusion des textes a donc été le premier, et c'est encore leur diffusion massive
qui justifie l'étude des relations charitables et des autres fascicules du temps de la Fronde.
Ce critère de l'édition ne pouvait être le seul.
Il aurait écarté Vincent de Paul. Pourtant, le réseau des compagnies né sous son autorité spi
rituelle justifiait de le faire entrer même s'il n'avait rien publié, même si ce qui nous reste de ses
entretiens est très inégal en quantité, beaucoup de ce qu'il a dit aux prêtres de la mission, un peu
moins aux filles de la Charité, des lambeaux de ce qu'il a dit aux Dames.
L'influence de Saint-Cyran, qui lui a beaucoup écrit, mais sans succès quantitatif, était aussi
indiscutable.
Certains textes intégrés dans ce travail font pressentir aussi d'autres réseaux moins connus
comme celui qui eut pour centre l'Hôpital de la Charité avec Bernard dit le Pauvre prêtre, de
Loyac et quelques autres, réseau mal connu parce qu'il n'eut pas d'éclat littéraire, qu'il n'évita
pas des excès de comportement envers lesquels les réticences se firent vives et parce que sa
réputation fut étouffée par celle du réseau de Vincent de Paul.
Le réseau des Jésuites, par contre, ne m'apparut qu'assez peu, malgré le succès du livre du
Père Bonnefons, le Chrétien charitable . Défaillance des archives ou de la recherche ? Entre les
réseaux de Bernard, de Vincent, et de la Compagnie du Saint-Sacrement, et des Jansénistes, qui
ont longtemps communiqué entre eux, il ne leur restait peut-être pas beaucoup de place dans
cette ville où la susceptibilité gallicane n'est jamais loin. De plus, les paroisses proches des prin
cipaux établissements de Jésuites, Saint-Paul pour la maison professe et Saint-Sulpice pour le
noviciat, ont été très actives.
Une nouvelle préoccupation doublait donc peu à peu mon projet initial sur le contenu du Spiritualité et pauvreté 135
message, celle de sa transmission : alors s'est posée la question de la liturgie et des textes
qu'elle offrait.
Ce n'est évidemment pas par hasard que ce travail est comme encadré par le lectionnaire et
les homélies. Le lectionnaire est au début, parce qu'il est la sélection des textes choisis p

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