Sur l authenticité d une lettre de Thibaud, roi de Navarre, relative à la mort de saint Louis. - article ; n°1 ; vol.5, pg 105-117
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Sur l'authenticité d'une lettre de Thibaud, roi de Navarre, relative à la mort de saint Louis. - article ; n°1 ; vol.5, pg 105-117

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Description

Bibliothèque de l'école des chartes - Année 1844 - Volume 5 - Numéro 1 - Pages 105-117
13 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1844
Nombre de lectures 18
Langue Français

Extrait

Antoine-Jean Letronne
Sur l'authenticité d'une lettre de Thibaud, roi de Navarre, relative
à la mort de saint Louis.
In: Bibliothèque de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 105-117.
Citer ce document / Cite this document :
Letronne Antoine-Jean. Sur l'authenticité d'une lettre de Thibaud, roi de Navarre, relative à la mort de saint Louis. In:
Bibliothèque de l'école des chartes. 1844, tome 5. pp. 105-117.
doi : 10.3406/bec.1844.451769
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/bec_0373-6237_1844_num_5_1_451769o 17-
SUR L'AUTHENTICITÉ
D UNE
LETTRE DE THIBAUD,
ROI DE NAVARRE,
RELATIVE A LA MORT DE SAINT LOUIS.
Le premier devoir de l'historien est d'examiner et de peser avec
impartialité les témoignages qui appuient les faits qu'il raconte ;
mais ce devoir est quelquefois bien difficile à remplir, surtout
lorsqu'il arrive qu'un fait est présenté de deux manières diffé
rentes ou contradictoires par deux témoins oculaires qui parais
sent avoir eu tous deux autant de moyens de le connaître, et
qui ne peuvent avoir eu nul intérêt à le déguiser ou à l'altérer.
En pareil cas , l'historien , dans la perplexité où le met une telle
dissidence , peut être réduit à croire que l'un des deux récits
n'émane point de la source respectable qui lui est attribuée , mais
que la pièce qui le renferme a été fabriquée après coup, dans ur.
intérêt qu'il s'efforce de découvrir ; or , cette solution est assea
ordinairement peu satisfaisante ; elle a presque toujours quelque
chose de violent et d'arbitraire qui éloigne la conviction , en ce
qu'elle paraît être une de ces explications extrêmes auxquelles
on a recours en désespoir de cause. Cet inconvénient vient de se
présenter dans une discussion toute récente.
Geoffroy de Beaulieu , l'ami , le confesseur et l'historien de
saint Louis, rapporte qu'après la mort du roi, le 25 août 1270 ,
Charles d'Anjou , son frère , demanda et obtint de Philippe le
Hardi , les chairs , le cœur et les intestins , qui furent déposés
dans l'abbaye de Monréale , près de Palerme.
V. .S 106
D'un autre côté , il existe une lettre écrite en français , et im
primée dans le recueil de dom Martène , sous le titre de -.Lettre
de l'èvêque de Thunes à Thibaud, roi de Navarre, dans laquelle
cet évêque raconte à sur sa demande, tous les détails
de la mort de saint Louis. Il y est dit expressément « que les
« entrailles furent portées à Monréale, en l'église près de Païenne,
« mais que li cuers et li cors demourèrent en l'ost ; car le peuple
« ne voult pas souffrir en nulle manière qu'il en fust portés. »
Ce récit est donc, sur un point important, en contradiction man
ifeste avec celui de Geoffroy de Beaulieu. La lettre qui était
sous les yeux du père Daniel ( 1) et peut-être de dom Félibien (2),
fut Oj^posée au témoignage de Geoffroy, et l'on crut pouvoir ad
mettre sur cette autorité que le cœur de saint Louis avait été ap
porté en France par Philippe le Hardi.
De même , au commencement de la discussion sur la décou
verte faite à la Sainte- Chapelle , on essaya d'infirmer, au moyen
de cette lettre , l'autorité du confesseur de saint Louis, et de sou
tenir que le cœur du saint roi, apporté en France par Philippe,
avait été enterré à la Sainte-Chapelle (3). Depuis, M. le Pré
vost a paru sentir toute l'autorité du récit de Geoffroy de
Beaulieu , et il reconnaît à présent que , d'abord , le cœur
de saint Louis fut porté à Monréale , et que , s'il est venu en
France , ce doit être à une époque postérieure, qu'il se flatte
de pouvoir déterminer (4). C'est à ce point que la discussion
en est restée ; il ne m'appartient pas en ce moment, et mon inten
tion n'est x>as ici, d'essayer de lui faire faire un pas de plus. Dès
que les personnes les plus intéressées à se servir de la lettre du
prétendu évêque de Tunis , pour le soutien de leur opinion ,
croient devoir y renoncer, il ne semble guère possible d'attacher
désormais une grande importance à ce témoignage isolé.
Cependant, on n'est nullement en droit de le mettre de côté,
à moins qu'on ne prouve décidément que la lettre est apocryphe.
C'est ce qu'a essayé de faire M. le duc Di Serradifalco, dans
son récent Mémoire intitulé : Sulla reliquia del cuore di san
Luigi. L'auteur de ce Mémoire , après avoir rapporté l'insuccès
des recherches faites à Monréale, le termine en ces termes:
(1) Hist. deFr.,t.lV, p. 262.
(2) Hist, de V abbaye de Saint-Denis, p. 248.
(3) Moniteur universel, 5, 0 juin 1848.
(4) Idem, 20 juin. 107
••< « D'après moment cela , des , lumières nous sommes que nous forcés fournissent de nous contenter, l'histoire et pour l'an- le
« tique inscription du Temple. Toutefois , cela seul suffit pour
« nous faire conclure que le cœur de saint Louis, avec les viscères
« entiers , et les chairs, furent déposés dans la cathédrale de Mon-
« réale 5 que la France n'a possédé que les os , dégagés de toutes
« les parties molles ; et finalement , que le cœur retrouvé à
« la Sainte-Chapelle ne peut, en aucune façon , être attribué au
« saint roi , dont le chef, moins la mâchoire inférieure , fut seul
« transporté de Saint-Denis à la Sainte-Chapelle en 1307 (1). »
Quant à la lettre française , qui pourrait être opposée à ce ré
sultat, le savant antiquaire la déclare sans hésiter de tout point
apocryphe , par les raisons suivantes :
1° L'auteur de la lettre, le prétendu évêque de Tunis, tait son
nom ; cette lettre est sans date ; elle est en français , ce qui
n'est pas ordinaire dans une lettre d'évêque à cette époque (2).
Ces 2° Ni raisons Guillaume ne sont de pas Nangis décisives , ni aucun ; en voici autre de auteur meilleures contem:
porain , ne parlent d'un évêque de Tunis.
3° II est inadmissible que ïhibaud , roi de Navarre, qui n'avait
pas quitté le camp , ait eu besoin d'écrire à levêque de Tunis
(supposé qu'il y eût un évêque de Tunis), pour apprendre les
détails de la mort du saint roi , à laquelle il avait dû assister.
Cette dernière raison , sans parler de la seconde , est péremp-
toire ; et si la lettre a réellement tous les caractères que le savant
critique relève , il n'y a nul doute qu'elle ne soit l'œuvre d'un
faussaire aussi ignorant que maladroit.
Mais il n'en est point ainsi.
Le savant archéologue sicilien n'a évidemment connu cette
lettre que par la copie qu'en a donnée dom Martène (3). Ц se
pourrait même qu'il ne l'eût connue que par la citation qu'en ont
faite les Bollandistes.
On a vu plus haut que le P. Daniel s'est servi de cette même
lettre. Il dit : « J'ai entre les mains une lettre de Thibaud, comte
« de Champagne, roi de Navarre, à l'évêque de Thunes, sur la
« mort de saint Louis , à laquelle il était présent. Cette lettre
(1) Page 13.
(2) Pages 6, 7, 8.
(3) Veterum scrip/orum ampl. coll., tom. VI, col. ni". Í08
- est tirée d'un beau ras. appartenant à M. de Chezelles, lieu le-
« nant-général de police de la ville de Montluçon. » On voit déjà
disparaître, dans cet énoncé, une des grandes difficultés élevées
par le docte antiquaire de Palerme ; car ce n'est plus l'évêque
de Tunis qui apprend à Thibaud de Navarre ce que celui-ci devait
connaître aussi bien et mieux que lui , à savoir les détails de la
mort du saint roi . C'est , au contraire, Thibaud de Navarre , t
émoin oculaire , qui les raconte à l'évêque. Personne ne s'étonne
plus alors que la lettre soit en français et non en latin.
Il existe à la bibliothèque de Sainte-Geneviève un ms. qui pa
raît être de la fin du treizième siècle ou du commencement do
quatorzième, et qui est peut-être celui que le P. Daniel avait
sous les yeux.
Il paraît que la lettre rapportée par le savant jésuite s'y trouve à

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