Sur la structure socio-professionnelle de la section des Gravilliers - article ; n°1 ; vol.232, pg 246-276
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Description

Annales historiques de la Révolution française - Année 1978 - Volume 232 - Numéro 1 - Pages 246-276
31 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1978
Nombre de lectures 31
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Angela Groppi
Sur la structure socio-professionnelle de la section des
Gravilliers
In: Annales historiques de la Révolution française. N°232, 1978. pp. 246-276.
Citer ce document / Cite this document :
Groppi Angela. Sur la structure socio-professionnelle de la section des Gravilliers. In: Annales historiques de la Révolution
française. N°232, 1978. pp. 246-276.
doi : 10.3406/ahrf.1978.3310
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1978_num_232_1_3310SUR LA STRUCTURE
SOCIO-PROFESSIONNELLE
DE LA SECTION DES GRAVI LLI ERS
Un des éléments caractéristiques de l'historiographie des
Enragés est la tendance très répandue à analyser ce mouvement
uniquement à travers les personnalités de ses principaux « meneurs »,
Jacques Roux, Théophile Leclerc, Jean Varlet, sans prendre en
considération le problème des partisans moins connus, ce que
Walter Markov a bien mis en évidence et qui est vrai également
pour les adversaires les plus véhéments d'une historiographie
personnaliste (1).
On peut, peut-être, trouver la raison de tout cela dans la
structure même du mouvement, pour laquelle les documents à
notre disposition n'ont pas fourni de données qui puissent
démontrer l'existence d'un réseau organisé autour d'un chef
reconnu comme tel ; d'un autre côté, les contacts entre ses diffé
rents représentants furent très sporadiques et, surtout, ne furent
pas réglés sur une périodicité systématique.
Si de tels résultats ont, d'un côté, poussé les chercheurs à
abandonner l'hypothèse d'un parti des Enragés guidé par Roux,
de l'autre ils ont très naturellement entraîné un regain d'intérêt
pour les personnalités dont l'activité pratique et théorique peut
mieux être analysée par rapport aux événements généraux. Au
contraire, l'absence d'un centre d'organisation constitue le principal
obstacle à une étude sur les partisans de « second plan » de ce
mouvement. Si, en effet, une partie des dossiers de la série
alphabétique F des Archives nationales a permis à Walter
Markov de mettre en évidence un nombre, très petit, de suspects
<c jacques-routins », en général il n'existe pas de sources pour indi-
c Première partie d'une étude plus large à paraître dans les Annali dell'Istituto
italiano per gli Studi storici de Naples.
(1) W. Markow, « Les Jacques-routins », A.H.R.F., 1960 (XXII), n* 160. SUR LA SECTION DES GRAVILLIERS 247
vidualiser les militants enragés ; ou pour mieux dire, tout ce que
ces documents permettent de conclure, c'est la nécessité de ne
pas voir ces militants comme des éléments autonomes doués d'une
nette physionomie historique, mais plutôt comme une « nuance
particulière » du mouvement sans-culotte en général (2).
Bien sûr, parmi les militants des sections des Gravilliers et
des Droits-de-l'Homme, parmi les lecteurs de L'Ami du peuple par
Leclerc ou du Publiciste de la République française de Roux,
parmi les militantes du Club des citoyennes républicaines révolu
tionnaires fondé par Claire Lacombe et Pauline Léon, on peut penser
que s'unirent, dans certaines circonstances, des noyaux plus
restreints de personnes favorables aux idées manifestées et aux
actions proposées par nos personnages (3). Mais il faut dire que
ces noyaux, d'un point de vue général, devaient être plutôt
flottants, vu qu'ils dérivaient d'une agrégation conjoncturelle et
non pas d'une organisation permanente.
Une telle interprétation est confirmée par les vicissitudes
historiques de Roux, Varlet et Leclerc, qui furent très rapide
ment éloignés des mouvements politiques réels et du terrain
concret de la lutte, dans les quelques mois qui séparent la défaite
des Girondins par les Montagnards, pour laquelle l'appui des
classes populaires fut déterminante, de l'avènement du Gouver
nement révolutionnaire, dont la politique de Terreur frappa
également l'opposition de « droite » et celle de « gauche ».
Comment ne pas voir en effet dans un éloignement aussi rapide
la conséquence de l'abandon populaire selon cette « loi » qui régit
les rapports entre meneurs et foules, « loi » si bien mise en
évidence par Georges Lefebvre ? (4). Sans doute, par rapport au
type traditionnel du meneur, exclusivement lié et presque
(2) Si on fait une comparaison entre les biographies des différents « Jacques-
routins », on voit bien, comme l'a déjà remarqué W. Markov, qu'« en tant que groupe
politique, [ils] ne constituent point une élite que le hasard des événements ou une
prédisposition individuelle a formée. Jacques Roux ne les a ni découverts ni éduquét
pour encadrer le mouvement populaire. Ils appartiennent à l'armée de ces simples
soldats auxquels la Révolution doit ses victoires : ils ont participé à toutes ses
batailles sans rien y gagner ou presque » (W. Markov, art. cité). Au point de vue
social, ils constituent le terme moyen de la sans-culotterie parisienne.
(3) Leur net isolement ne pourrait pas expliquer leur poids, bien que subordonné
par rapport aux Jacobins, dans la préparation de journées comme celles du 31 mai -
1er et 2 juin, ni l'accusation souvent portée contre Roux de vouloir organiser un
parti, un système.
(4) < Les meneurs ne sont écoutés que si leurs discours et leurs ordres répondent
à la mentalité collective ; c'est elle qui leur confère l'autorité et ils ne reçoivent que
parce qu'ils donnent. C'est pourquoi situation est difficile et leur prestige
souvent éphémère. Car un des éléments essentiels de la mentalité collective révolu
tionnaire étant l'espérance, la confiance qu'on leur accorde s'évanouit si l'événement
dément l'espoir » (G. Lefebvre, « Foules révolutionnaires », dans Etudes sur la Révol
ution française, Paris, 1963, p. 389). 248 A. GROPPI
subordonné aux circonstances, les Enragés eurent des personnalités
mieux articulées, surtout grâce aux tentatives, exprimées à travers
leurs écrits, d'aller au delà d'une simple action momentanée,
tentatives en réalité vouées à l'échec soit à cause des limites
subjectives, soit à cause de la situation objective de répression
qu'ils subirent sur la fin de l'été 1793.
En tout cas, une fois mise en évidence l'existence de cette
limite historique qui se traduit dans une limite historiographique,
rien ne nous interdit de tenter de mieux articuler les différents
personnages de ce mouvement non seulement par rapport aux
événements révolutionnaires dans leur ensemble, ce qui en substance
a été déjà fait, mais aussi et surtout par rapport à leur milieu
quotidien qui correspondait dans le cas de Roux et de Varlet à
deux importantes sections parisiennes : Gravilliers et Droits-de-
l'Homme (ex Roi-de-Sicile).
C'est dans cette perspective que nous entendons développer
la présente recherche sur la composition socio-professionnelle de
la section des Gravilliers (5). L'importance du rapport Roux-
Gravilliers a été souligné à plusieurs reprises (6). En effet la prise
de contact avec cette section qui groupait « trois mille trois cents
citoyens actifs dans des rues étroites, lépreuses, sombres, qui
deviendront le berceau des insurrections de la monarchie de Juillet
et dont l'une servira de siège, trois quarts de siècle plus tard,
à la branche française de l'Internationale des travailleurs », et
qui s'intéressait beaucoup aux problèmes « du ravitaillement et de
la hausse des prix » (7), dût jouer un rôle remarquable dans
l'évolution de la personnalité politique du prêtre de Pranzac
devenu, après son serment de fidélité à la Constitution, vicaire
de l'église de SaintnNicolas-des-Champs, au cœur de la section.
•*♦
(5) Sur la signification plus générale d'une étude de ce genre, on peut reprendre
ce que dit F. Braesch : « Quiconque se propose d'étudier dans le détail l'histoire
politique du peuple de Paris pendant la Révolution, est amené à rechercher d'abord
quelle était à cette époq

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