Sur les inégalités sociales en Corse rurale au XVIIIe siècle. - article ; n°1 ; vol.260, pg 173-188
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Annales historiques de la Révolution française - Année 1985 - Volume 260 - Numéro 1 - Pages 173-188
A census of 1786, covering about a Fifth of the population, or some 29,500 inhabitants, notes the occupations of the heads of families. Agricultural workers and shepherds make up 58,6 %. More than 11 %, presumably rural notables, admit to no form of work. Half the artisans are concentrated in the densely populated and industrialised Castagniccia. The poor and the beggars — 2 % of the whole — are mostly found in large agricultural villages without common lands.
Dorothy Carington.
16 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1985
Nombre de lectures 19
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Dorothy Carrington
Sur les inégalités sociales en Corse rurale au XVIIIe siècle.
In: Annales historiques de la Révolution française. N°260, 1985. pp. 173-188.
Abstract
A census of 1786, covering about a Fifth of the population, or some 29,500 inhabitants, notes the occupations of the heads of
families. Agricultural workers and shepherds make up 58,6 %. More than 11 %, presumably rural notables, admit to no form of
work. Half the artisans are concentrated in the densely populated and industrialised Castagniccia. The poor and the beggars — 2
% of the whole — are mostly found in large agricultural villages without common lands.
Dorothy Carington.
Citer ce document / Cite this document :
Carrington Dorothy. Sur les inégalités sociales en Corse rurale au XVIIIe siècle. In: Annales historiques de la Révolution
française. N°260, 1985. pp. 173-188.
doi : 10.3406/ahrf.1985.1109
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/ahrf_0003-4436_1985_num_260_1_1109SUR LES INEGALITES SOCIALES
EN CORSE RURALE AU XVIIIe SIECLE
Lorsque les Français firent la conquête de la Corse en 1789, ils
entrèrent en possession d'un pays dont ils ignoraient bien des
données essentielles. Quarante ans de rebellion contre Gênes, la
négligence et la corruption du gouvernement colonialiste, avaient
abouti à une très grande confusion en ce qui concerne la propriété
de la terre. Dans tous les domaines les statistiques de base faisaient
défaut. Aussi au lendemain de l'occupation de l'île les Français
entreprirent-ils de multiples recherches afin de connaître son
étendue, ses ressources naturelles, les limites et les superficies des
propriétés et le nombre de ses habitants.
Un premier dénombrement avec les listes nominatives fut
terminé en 1770. Cette même année fut mis en œuvre le Plan Terrier,
enquête détaillée topographique et démographique qui ne fut
achevée, après maintes difficultés, qu'en 1795. Un de ses buts
principaux, ne put cependant être réalisé : la création d'un cadastre.
Face à l'hostilité des habitants, qui craignaient de livrer des
indications susceptibles de leur attirer de nouveaux impôts, on se
contenta de mesurer la superficie des différentes communes et des
divers types de propriété dont elles étaient composées. Ainsi furent
établies les proportions suivantes : terres appartenant à l'Etat,
10,8 °/o ; appartenant aux communes, 30,3 % ; aux
particuliers, 58,9 %. Les terres domaniales étaient le plus souvent
héritées de l'Etat génois, et consistaient, dans leur plus grande partie,
en de vastes étendues de plaines littorales abandonnées par leurs
habitants à la suite d'incursions barbaresques. La population pouvait
s'en servir pour l'agriculture aussi bien que pour l'élevage,
moyennant les redevances traditionnelles de terratico et erbatico. Les
terres communales, en général, représentaient ce qui restait des biens
échus aux communautés après la dépossession des seigneurs féodaux,
processus qui eut lieu en Corse à diverses époques entre le XVIe et
le XVIIe siècles. Il s'agissait bien de résidus de terres auparavant plus
importantes, car dans les régions les plus fertiles des particuliers 174 DOROTHY CARRINGTON
avaient souvent accaparé la meilleure partie des biens communaux,
soit par usurpations, soit par appropriations ou partages autorisés (1).
Le Plan Terrier comprend également un recensement de la
population, dont le chiffre global arrondi à 150.000 habitants dénote
une augmentation de plus de 31.000 habitants depuis 1770. Divers
dénombrements avaient été effectués entre temps : ils reflètent une
croissance continue de la population à partir de 119.120 habitants en
1770 jusqu'au chiffre de 148.172 habitants au 1er janvier 1787 (2).
Or, celui de 1786 présente un intérêt exceptionnel en précisant, outre
les noms et les âges des habitants et le nombre et le genre de leur
cheptel, la profession ou condition sociale de chaque chef de famille.
Ces renseignements, que l'on ne trouve réunis nulle part ailleurs,
nous incite à étudier le document en vue d'apprécier les éclairciss
ements qu'il pourrait apporter sur la structure de la société corse de
l'époque.
Celle-ci revêtait alors un caractère assez original pour que l'on
prête une vive attention à tout témoignage à son sujet. Au temps de
la conquête française il n'y avait en Corse aucune noblesse
proprement dite. Les seigneurs féodaux avaient été depuis longtemps
déchus de leurs privilèges, soit par des révoltes des Corses, soit par
l'action répressive de Gênes. Aux yeux de certaines personnes qui
découvrirent alors l'île, un genre d'égalité semblait y régner. Le
voyageur britannique James Boswell, disciple de Rousseau, remar
qua avec satisfaction que c'était le seul pays au monde où le luxe
n'avait jamais pénétré. Le comte de Marbeuf, commandant-en- chef
des troupes françaises, observa que « toutes les conditions » s'y
étaient « confondues ». « L'esprit d'égalité » qu'il constatait n'était
pourtant pas fait pour plaire aux dirigeants français, qui déploraient
le manque de subordination et de discipline ches les insulaires (3).
Sigles : AN, Archives nationales ; ADCS, Archives départementales de la Corse
du Sud ; BSSHNC, Bulletin de la Société des Sciences historiques et naturelles de la
Corse ; EC, Études Corses.
(1) Dénombrement de 1770 : listes nominatives, AN, Q1 2982 - Q1 2986 ; chiffre
global, AN, K 1228, n° 13. Un exemplaire du Plan Terrier se trouve aux ADCS, un
autre au Public Record Office (Londres). Voir aussi Antoine Albitreccia, Le plan
Terrier de la Corse au XVIIIe siècle (Paris, 1942). Le cadastre corse fut réalisé au cours
du XIXe siècle, principalement sous le second Empire. Pour les terres domaniales voir
Francis Pomponi, « La politique domaniale sous l'Ancien Régime », Annales
historiques de la Révolution Française (oct.-déc. 1974) ; pour la formation des terres
communales, Pierre Lamotte, Les biens communaux, EC, (n° 9, 1956).
(2) Voir états récapitulatifs de la population établis au 1er janvier des années
1770-1783, 1786, 1787, AN, K 1228.
(3) James Boswell, An Account of Corsica... (Londres, 1768). Comte de
Marbeuf, mémoire, AN, K 1226. Voir également divers mémoires dans cette série, et
Louis Villat, La Corse de 1786 à 1789 (2 vol. Besançon, 1925), vol. I, pp. 147-150. SUR LES INÉGALITÉS SOCIALES EN CORSE RURALE 175
Aussi la monarchie française, cherchant à s'assurer de la loyauté
d'une catégorie de la population, ne tarda pas à annoblir un grand
nombre de notables, sans pour autant leur accorder de prérogatives
féodales ou fiscales. Les favoris du régime furent cependant parfois
dotés de propriétés plus ou moins importantes prises sur les terres
domaniales (4).
Si le recensement de 1786 n'a été jusqu'à présent que peu étudié,
c'est sans doute parce que ce document est incomplet. Les listes
nominatives portent sur seulement 81 des 380 communautés de l'île,
et sur 29.552 habitants, c'est-à-dire à peu près le cinquième de la
population, dont le chiffre global se situait entre 146.000 et 148.000
habitants (5). Les renseignements que nous avons pu en tirer n'ont
donc qu'une valeur de sondage. Il convient d'ailleurs de signaler leur
caractère approximatif. La notion de population active n'existant
pas à l'époque, on a noté seulement la profession ou la condition
sociale des chefs de famille, ou plutôt de ceux qui en ont déclaré une,
19,3 °/o d'entre eux ne l'ayant pas fait. Lorsque plusieurs membres
d'une famille exercent des métiers différents (fait rare), ceux-ci sont
mentionnés, mais lorsqu'il s'agit d'un seul métier pour tous les
membres d'une même famille il n'est guère possible d'estimer
combien de personnes le pratiquent. Les femmes travaillent-elles ? Et
à partir de quel âge les enfants sont-ils mis à la besogne ? En raison
de ces incertitudes, nous avons préféré citer, plutôt que des chiffres,
des proportions fondées sur le nombre de chefs de famille dont la
profession ou la condition sociale est inscrite. Afin de rester dans les
limites du sujet que nous nous sommes proposés, nous avons écarté
de notre a

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