Sur les origines de l agriculture hydraulique - article ; n°1 ; vol.3, pg 7-30
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Description

Travaux de la Maison de l'Orient - Année 1982 - Volume 3 - Numéro 1 - Pages 7-30
24 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1982
Nombre de lectures 27
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Jacques Bethemont
Sur les origines de l'agriculture hydraulique
In: L'Homme et l'eau en Méditerranée et au Proche Orient. II. Aménagements hydrauliques, État et législation.
Séminaire de recherche 1980-1981. Lyon : Maison de l'Orient et de la Méditerranée Jean Pouilloux, 1982. pp. 7-30.
(Travaux de la Maison de l'Orient)
Citer ce document / Cite this document :
Bethemont Jacques. Sur les origines de l'agriculture hydraulique. In: L'Homme et l'eau en Méditerranée et au Proche Orient. II.
Aménagements hydrauliques, État et législation. Séminaire de recherche 1980-1981. Lyon : Maison de l'Orient et de la
Méditerranée Jean Pouilloux, 1982. pp. 7-30. (Travaux de la Maison de l'Orient)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/mom_0766-0510_1982_sem_3_1_2015LES ORIGINES DE L'AGRICULTURE HYDRAULIQUE SUR
Jacques BETHEMONT
Constat ancien, devenu banal : aux origines des premières civilisations, il y a
souvent la maîtrise de l'eau et c'est autour ou en fonction des problèmes hydrauli
ques qu'émergent les concepts de stratification sociale, hiérarchie politique, Etat.
Cette corrélation a pu être suivie en Mésopotamie, dans les vallées de l'Indus et du
Gange, en Egypte, Chine, Pérou et Amérique centrale, toutes aires culturelles qui
relèvent des catégories définies par K. Wittfogel (1957) : agriculture hydraulique
(dépendant pour de vastes espaces d'un contrôle de l'eau assumé par le gouverne
ment) et société hydraulique (dans laquelle les ouvrages hydrauliques et agro
hydrauliques jouent un rôle fondamental et sont mis en œuvre par un gouverne
ment particulièrement autoritaire).
La thèse de Wittfogel, basée sur l'analyse de l'espace chinois et confortée par
l'observation de multiples constantes à travers les aires culturelles précitées, a été
suffisamment diffusée et critiquée pour qu'on évite d'y revenir dans les pages qui
suivent. Mais on s'étonnera à bon droit que l'essentiel de son propos (le choix des
techniques hydrauliques a impliqué, pour un stade donné de l'histoire de l'human
ité, la mise en place dans diverses régions, de sociétés hiérarchisées et de gouver
nements autoritaires, désignés sous le terme générique de despotisme oriental,
déjà utilisé par Stuart Mill et Karl Marx) n'ait pas été intégré à une conception
globale de l'agriculture hydraulique, comme élément central d'une évolution
culturelle qui présente sur les aires intéressées, un certain nombre de traits com
muns et de régularités qui procèdent éventuellement d'une même série de causes.
Le propos ainsi exprimé est à la fois simple et gênant, dans la mesure où il
implique un net recours au déterminisme (le concept de déterminisme reposant
sur la présentation d'un ordre des faits suivant lequel les conditions d'existence
d'un phénomène sont déterminées de telle façon que, ces étant posées,
le ne peut pas ne pas se produire). En d'autres termes, le problème est
de savoir si les premiers développements de l'agriculture hydraulique à travers le
monde constituent les diverses manifestations d'un même phénomène qui relève
rait d'une même série de causes. Cette hypothèse ne manquera pas d'être crit
iquée, non seulement parce qu'il a été fait de fort mauvais usages du déterminisme
dans le passé, mais aussi parce que selon la formule de Vidal de La Blache «tout ce
qui touche à l'homme reste frappé de contingence» . Ce principe étant admis, on J. BETHEMONT 8
ne peut pour autant écarter un système d'explication auquel de nombreux auteurs
font appel de façon implicite et qui a même donné lieu à une tentative d'évalua
tion de la part de Ph. Wagner (in Reed, 1977) (1). Aussi bien, le déterminisme
mérite-t-il également d'être évalué au plan de l'action qui est celui de l'ingénieur,
parce qu'il se veut normatif et, dans une certaine mesure, prédictif. On s'efforcera
donc de répondre à la question «pourquoi des groupes humains se sont-ils convert
is à l'agriculture hydraulique ?» en recherchant sinon de prétendues lois, du
moins des relations constantes. On peut à cette fin, suivre des évolutions histori
ques, pour lesquelles les archéologues proposent maintenant des séries de docu
ments suffisamment continues et compréhensives. La comparaison avec les problè
mes actuels de l'agriculture hydraulique permettra éventuellement de formuler
une première approche théorique, destinée comme telle à être soumise à la crit
ique.
Les systèmes hydrauliques.
Quelles que soient la spécificité et la finalité d'une recherche centrée sur les
problèmes de la maîtrise de l'eau, cette dernière ne peut être disjointe des autres
éléments naturels ou culturels avec lesquels elle interfère dans le cadre de systèmes
qui doivent être appréhendés de façon globale. Le nombre des variables étant con
sidérable et le déroulement des processus variant d'une aire spatiale à l'autre, l'a
pproche la plus simple consiste à choisir une région de référence par rapport à
laquelle les autres seront analysées. Ce choix liminaire n'est, bien entendu, pas
exempt d'à priori et c'est seulement en fonction de la documentation accessible
que nous avons retenu le Moyen Orient. Ce choix n'implique aucune présomption
d'antériorité ou de plus grande représentativité pour cette région.
Données relatives au Moyen Orient. La référence au Moyen Orient s'impose
dans la mesure où cet espace privilégié a servi de cadre à des recherches particuli
èrement nombreuses, certaines menées sur des bases purement archéologiques (R.
M. Adams, 1962, D. et J. Oates, 1976), d'autres sur des bases théoriques intéres
sant aussi bien le rôle des changements climatiques (G. Childe, 1928) que le rôle
des changements démographiques (Smith, Cuyler et Young, in Spooner, 1972),
d'autres enfin sur des bases techniques (RJ. Garde, 1978). La base d'investigation
ne correspond pas toutefois à la seule Mésopotamie et il faut y adjoindre les ré
gions bordières, piedmonts, montagnes et même plateau iranien.
Tout en évitant d'alourdir cet exposé par la description de paysages supposés
connus, il est nécessaire de distinguer plusieurs types d'espaces en fonction des
problèmes de l'eau. Dans cette perspective, on accordera une place de choix à la
ligne remarquable qui correspond approximativement à l'isohiète des 200 mm, et
sépare l'ensemble des plateaux et piedmonts, de la Mésopotamie proprement dite.
La zone des plateaux et piedmonts qui va de la Palestine au rebord occident
al du Zagros en passant par la haute Djezireh syrienne semble favorisée par l'
abondance relative des précipitations et surtout par leur répartition saisonnière qui
correspond à la saison végétative du blé et de l'orge. Aussi bien cette région cor
respond-elle à l'aire de distribution originelle des céréales, Hordeum spontaneum,
1 . Les noms d'auteurs et les dates entre parenthèses renvoient à la bibliographie. ORIGINES DE L'AGRICULTURE HYDRAULIQUE 9
Triticum boeoticum et Triticum dicoccoïdes. La zone de piedmont semble part
iculièrement propice à l'éclosion culturelle et à l'établissement de choix techno
logiques et spatiaux, dans la mesure où elle bénéficie de la dispersion des eaux ve
nues de la montagne, sur des cônes alluviaux, à peu près plans et bien drainés. In
versement, elle se prête mal à de puissants synœcismes, du fait de son émiette-
ment en multiples petites cellules distinctes largement ouvertes sur la plaine.
Celle-ci ne correspond nullement à un ensemble uniforme et la distinction
s'impose entre amont et aval de la Mésopotamie. Vers l'amont, les pentes sont r
elativement bien marquées et les pluies d'hiver permettent encore, avec un peu de
chance, la culture du blé. Vers l'aval au contraire, la sécheresse accrue et l'adouci
ssement des pentes sont à l'origine de paysages insolites, avec l'atterrissement an
nuel d'une masse alluviale évaluée à quelque 48 millions de tonnes. La désorgani
sation résultante du drainage expliq

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