Sur quelques aspects de la jeunesse à Rome - article ; n°1 ; vol.27, pg 663-683
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Publications de l'École française de Rome - Année 1976 - Volume 27 - Numéro 1 - Pages 663-683
21 pages

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Publié le 01 janvier 1976
Nombre de lectures 42
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

Jean-Paul Morel
Sur quelques aspects de la jeunesse à Rome
In: L'Italie préromaine et la Rome républicaine. I. Mélanges offerts à Jacques Heurgon. Rome : École Française de
Rome, 1976. pp. 663-683. (Publications de l'École française de Rome, 27)
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Morel Jean-Paul. Sur quelques aspects de la jeunesse à Rome. In: L'Italie préromaine et la Rome républicaine. I. Mélanges
offerts à Jacques Heurgon. Rome : École Française de Rome, 1976. pp. 663-683. (Publications de l'École française de Rome,
27)
http://www.persee.fr/web/ouvrages/home/prescript/article/efr_0000-0000_1976_ant_27_1_1829JEAN-PAUL MOREL
SUR QUELQUES ASPECTS DE LA JEUNESSE À ROME
«Toute ma vie j'ai entendu parler de la jeunesse. Toute
ma vie ce sujet m'a ennuyé. Non que ce soit un sujet plus
ennuyeux qu'un autre, mais il me semble qu'il inspire surtout
les imbéciles » 1.
« Un travail d'érudition prend, au moins pour celui qui
l'exécute, un intérêt singulier, s'il le peut rattacher à un
problème qui, étudié dans une époque déterminée, avec les
caractères propres à cette époque, trouve encore un écho
dans la conscience contemporaine»2.
Une affirmation péremptoire de polémiste excédé, une constatation tran
quille d'enquêteur saisi par son sujet: tels sont les jugements extrêmes que
peut susciter une étude sur la jeunesse. A tort ou à raison, nous sommes
tenté de récuser le premier, dont l'auteur devrait craindre qu'il ne fît boomer
ang: ce n'est pas parce qu'un sujet est perpétuellement actuel qu'il faut
en nier l'intérêt.
Serait-on agacé par un certain engouement de notre époque pour les
problèmes de la jeunesse, que l'étude de la jeunesse romaine n'en mériterait
pas moins d'échapper à ce discrédit. En effet, au-delà des raisons très génér
ales qui concourent à faire de la jeunesse, dans la plupart des sociétés,
une classe d'âge plus soudée que les autres, et plus apte à être considérée
isolément en tant que telle (raisons qui tiennent notamment à une autonomie
déjà acquise au sortir de l'enfance, mais pas encore obérée par la responsab
ilité d'une famille ou par le déclin physique et la dépendance qui en résulte),
ce champ d'études voit s'affronter de façon particulièrement significative
certaines contradictions propres à la société romaine: société complexe et
souvent déroutante derrière une façade faussement familière, société à la
1 J. Dutourd, Un sujet ennuyeux, dans La Revue de Paris, septembre 1969, p. 11.
2 P. Roussel, Etude sur le principe d'ancienneté dans le monde hellénique du Ve siècle
avant J.-C. à l'époque romaine, dans Mémoires de l'Institut National de France, Académie
des Inscriptions et Belles-Lettres, t. XLIII, 2e partie, 1951, p. 132. 664 JEAN-PAUL MOREL
fois « froide » et « chaude », à histoire à la fois « stationnaire » et « cumulat
ive » - pour reprendre des expressions de Cl. Lévi-Strauss 3 - selon le
domaine que l'on considère ou, mieux, selon le point de vue que l'on adopte.
Les problèmes de la jeunesse n'y apparaissent pas avec l'évidence qu'ils
présenteraient, soit dans une société très primitive (ou des classes d'âge
figées se perpétuent clairement au cours des siècles), soit dans une société à
évolution très rapide comme celle où nous vivons (où les antagonismes
entre générations renaissent d'année en année sous des traits changeants).
Chercher à les dégager de la gangue des situations ambiguës sous lesquelles
on les entrevoit, du réseau des interprétations erronées ou tendancieuses
qu'en présentent les Anciens eux-mêmes, est une entreprise passionnante
mais ardue.
Est-ce la difficulté de l'enquête? Est-ce le manque d'évidence d'une
problématique de la jeunesse à Rome? Toujours est-il que la désaffection
de la recherche historique a longtemps été si profonde que, malgré les
efforts de quelques pionniers, J. Gagé a pu parler à cet égard d'une « indiffé
rence presque complète » 4. Mais ce sont les mêmes raisons qui avaient
conduit M. Jacques Heurgon à attirer notre attention sur l'intérêt d'une
telle étude. Ce thème ne pouvait que séduire un esprit aussi sensible que
le sien à la diversité des aspects du génie latin et italique, à la combinaison
des documents et des indices les plus variés, aux échos que le monde
moderne et le monde antique se renvoient mutuellement. Si nous n'avons
pas noué la gerbe, du moins avons-nous pu constater la réalité des problèmes,
la richesse des aperçus possibles, l'enchevêtrement des voies qui s'offrent
au chercheur: et ce sont quelques lignes de force, parmi d'autres, que nous
aimerions dégager ici en hommage d'admiration et de gratitude au savant
et au maître.
Une enquête totale sur la jeunesse romaine devrait s'engager dans des
directions très diverses, et s'intéresser par exemple aux institutions politiques
comme aux composantes religieuses, à l'éducation comme aux rites de passage,
3 Le champ de l'anthropologie, Leçon inaugurale au Collège de France, Paris, 1960 =
Anthropologie structurale deux, Paris, 1973, p. 40-41; Race et histoire, Paris, 1952 (rééd. 1961),
p. 41 sq. = Anthropologie structurale deux, p. 395-401.
4 Classes d'âge, rites et vêtements de passage dans l'ancien Latium. A propos de la
garde-robe du roi Servius Tullius et de la déesse Fortuna, dans Cahiers internationaux de
sociologie, XXIV (n.s., 5e année), 1958, p. 34. SUR QUELQUES ASPECTS DE LA JEUNESSE À ROME 665
à la démographie comme à l'idéologie, à la linguistique comme à l'icono
graphie. Nous nous bornerons à évoquer ici - non pour les étudier de
façon approfondie, mais pour souligner leurs différences et leur inégale
fécondité en l'état actuel de la recherche - trois thèmes possibles: aspects
politico-littéraires, aspects institutionnels, aspects « archaïques » ou « primit
ifs ». Nous ne nous interdirons pas de recourir ici ou là à des parallèles
modernes, voire contemporains. Nous sommes en effet de plus en plus per
suadé que des textes anciens, parfois obscurs ou pris à la légère, peuvent
être éclairés par des observations incontestables effectuées près de nous,
sans la moindre référence au monde romain: échappant ainsi au reproche
de vouloir trop prouver, ces observations apportent par là même aux auteurs
antiques une caution qui n'est pas négligeable.
I - LITTÉRATURE, POLITIQUE ET PSYCHOLOGIE
Nous serions tenté d'évoquer cet aspect par prétention. Si toutes les
périodes de la littérature latine, des adulescentes de Plaute jusqu'à l'exalta
tion juvénile de saint Augustin, se prêtent à une étude psychologique, morale
ou politique de la jeunesse romaine, l'époque de Catilina, de la Correspon
dance de Cicéron, des poetae noui est manifestement cruciale à cet égard.
Le « mal du siècle » de ces jeunes gens, ou leur arrivisme, ont longtemps
constitué, et constituent encore, les thèmes de prédilection d'une certaine
forme de l'histoire littéraire, et souvent de l'histoire tout court. Ils ont donné
lieu à des observations pénétrantes, justes et stimulantes. Toutefois, nous ne
pensons pas que l'on puisse parvenir à une compréhension spécifique de la
jeunesse romaine en se contentant de poser ses pas dans ceux de Gaston
Boissier5. Affirmer, après s'être interrogé sur les causes du comportement
de la jeunesse au siècle de César, que « tous ces jeunes gens étaient simple
ment fous d'amour et de poésie », ajouter « qu'il n'y a pas, en définitive,
de bien grandes différences entre cette jeunesse du siècle de César et la
jeunesse de tous les temps » 6, c'est tenir sur ce qu'il est convenu d'appeler la éternelle, considérée du reste exclusivement sous ses dehors « révo-
5 Voir notamment Caelius et la jeunesse romaine au temps de César, dans Revue des
Deux-Mondes, 1864, p. 41-74; Cic&

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