Le poljé de Lassithi (Crète orientale). Evolution d une communauté rurale dans une dépression intra-montagnarde méditerranéenne - article ; n°4 ; vol.43, pg 395-414
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Le poljé de Lassithi (Crète orientale). Evolution d'une communauté rurale dans une dépression intra-montagnarde méditerranéenne - article ; n°4 ; vol.43, pg 395-414

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Description

Revue de géographie de Lyon - Année 1968 - Volume 43 - Numéro 4 - Pages 395-414
20 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

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Publié par
Publié le 01 janvier 1968
Nombre de lectures 39
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Extrait

Pierre-Yves Péchoux
Le poljé de Lassithi (Crète orientale). Evolution d'une
communauté rurale dans une dépression intra-montagnarde
méditerranéenne
In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 43 n°4, 1968. pp. 395-414.
Citer ce document / Cite this document :
Péchoux Pierre-Yves. Le poljé de Lassithi (Crète orientale). Evolution d'une communauté rurale dans une dépression intra-
montagnarde méditerranéenne. In: Revue de géographie de Lyon. Vol. 43 n°4, 1968. pp. 395-414.
doi : 10.3406/geoca.1968.2634
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geoca_0035-113X_1968_num_43_4_2634LE POLJÉ DE LASSITHI (Crète orientale)
EVOLUTION D'UNE COMMUNAUTE RURALE
DANS UNE DEPRESSION INTRA-MONTAGNARDE
MEDITERRANEENNE *
par Pierre- Yves Péchoux
Le poljé de Lassithi s'étend à 800 mètres d'altitude, dans le massif
montagneux qui s'élève à l'extrémité orientale du tiers médian de la
Crète et que domine le Dikti (2 148 m). La haute masse compacte de ce
dernier protège un peu le poljé des vents desséchants qui soufflent du
Sud et l'isole presque complètement du versant méridional de l'île ; le
Dikti n'est en effet traversé que par quelques sentiers de bergers, de
moins en moins fréquentés aujourd'hui. On ne pénètre aisément le Lass
ithi qu'en partant du versant nord de l'île et en suivant des itinéraires
équipés récemment mais encore malaisés ; venant d'Ayios Nikolaos et
du Golfe de Mirambello la route emprunte longuement un chapelet de
petites dépressions karstiques puis la combe de Potami - ; depuis les
plainettes littorales du Nord une autre voie carrossable doit franchir un
puissant escarpement tectonique ravivé par l'érosion régressive ; qui
monte enfin au Lassithi à partir de Kastelli de Pédiada et de Kasta-
monitsa, à l'Ouest, doit suivre un chemin muletier sur une partie du
trajet.
1. Les matériaux dont nous avons tiré cette brève étude furent recueillis pendant
le mois de juillet 1967. Nous tenons à remercier tous ceux qui nous ont accordé leur
aide : M. Roussos Koundouros, M. l'Ingénieur agricole de l'arrondissement de Lass
ithi, MM. les Secrétaires des Communes, les montagnards du Lassithi et leurs repré
sentants élus, et Mme Ismini Ioannidou. Aux notes d'enquête et aux éléments
d'information historiques et statistiques élémentaires nous avons eu la chance de
pouvoir ajouter plusieurs données précieuses communiquées par Y. Kolodny dont on
lira ailleurs un article très documenté : La mise en place de la population et son
évolution dans une montagne crétoise : le polje de Lassithi, Revue du Centre de
recherches sociales, Athènes, 1969.
2. J.-C. Bonnefont a donné de tout ce secteur une précieuse description morphos
tructurale : Note sur la morphologie du massif de Lassithi, Bull. Ass. de géogc.
français, nos 334-335, 1965. Le poljé de Lassithi y est appelé poljé de Tzermiadès. 396 P.-Y. PÉCHOUX
L'isolement n'a pas empêché la dépression et ses bordures d'être
mises en exploitation depuis longtemps : le poljé montagnard fut sou
vent un site de refuge. Le pâturage, les défrichements, les coupes de
bois dont certaines étaient rendues inévitables par la nécessité de payer
la capitation à l'administration ottomane bien que le poljé lui-même
n'ait jamais été occupé par les Turcs, les incendies, enfin, à l'occasion
de diverses insurrections Cretoises, expliquent l'appauvrissement immé
diatement sensible du tapis végétal. Le poljé reçoit assez régulièrement
900 à 1 200 mm de précipitations par an ; la valeur de cette tranche
augmente avec l'altitude sur le versant nord du Dikti qui est pourtant
entièrement déboisé. Les conditions écologiques paraissent favorables
au chêne à feuilles caduques (Q. pubescens et Q. macrolepis) : on n'en
retrouve pourtant que de rares exemplaires ; faut-il voir de même une
relique de la forêt de chênes à feuilles caduques dans les quelques
poiriers sauvages (P. amygdaliformis) du Lassithi ? Le kermès est beau
coup plus représenté et sans doute a-t-il mieux résisté aux brûlis des
pâtres ; mais son association, qui pourrait se confondre avec celle du
pubescent de l'étage oro-méditerranéen, semble elle-même fort dégra
dée : euphorbes, asphodèles, thym, origan, lentisque, cistes... Tout
indique une longue occupation humaine dont plusieurs indices laissent
supposer qu'elle fut le fait d'une population parfois assez dense pour
détériorer l'équilibre végétal. Au-dessus de la dépression, la forêt mon
tagnarde de cyprès et de pins est elle-même réduite à quelques individus.
Quant au paysage rural, la première impression est celle d'une adapt
ation rigoureuse des terroirs aux conditions naturelles. Mais une ana
lyse plus poussée permet ensuite de comprendre que les différents
terroirs n'ont pas toujours eu la même importance dans les systèmes
de culture ni le même poids économique ; leur usage a varié en fonction
des moyens techniques dont disposait la société rurale et en
des relations qu'elle entretenait avec l'extérieur.
L'observateur retrouve immédiatement dans le poljé de Lassithi quel
ques alternatives méditerranéennes suivant lesquelles s'organise l'espace
agricole : ager et saltus, cultures irriguées et cultures sèches... Les
paysans opposent les terrasses et la plaine, mais distinguent dans cette
dernière la plaine par excellence de la plaine sèche : Kambos et Xiro-
kambos.
Les versants méridionaux et orientaux du poljé sont élevés et les
schistes y apparaissent à la base des calcaires 3. Les pentes portent des
3. Il s'agit des schistes subordonnés aux calcaires de Tripolitza ; mais les col
lines de flysch schisteux d'Avrakondé correspondent sans doute au matériel d'une
nappe de la série Pinde-Olonos (Cf. Bonnefont, op. cit., et Aubouin et Dercourt,
n° Sur 7). la géologie de l'Egée : regard sur la Crète (Grèce), C.R. Soc. Géol. Fc, 1965, POLJE DE LASSITHI 397 LE
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sols qui sont du type des rendzines, d'une structure plus ou moins
évoluée et d'une couleur brune plus ou moins dense.
Ces sols ont attiré les défrichements : des terrasses de culture sont
construites sur presque tout le versant jusqu'à 1 400 mètres d'altitude.
Le versant nord de la dépression, au contraire, n'a guère pu être cultivé :
les croupes calcaires qui limitent le poljé dans cette direction ne portent
que des sols minces et discontinus ; la végétation clairsemée s'enracine
dans les fissures des lapiés ; les conquêtes agricoles se sont limitées
aux seules dépressions où s'accumule la terra rossa : fonds de vallons,
vallées sèches, dolines.
Le Dikti alimente les torrents les plus abondants et commande par
là une autre dissymétrie majeure du paysage ; elle intéresse le poljé lui-
même. Deux gros torrents saisonniers débouchent dans l'angle sud-est
de la dépression ; ils y construisent des cônes aplatis et coalescents où
leurs lits sont en partie fixés artificiellement. Le secteur oriental de la
dépression correspond donc à un plancher alluvial qui s'incline légè
rement vers le Nord-Ouest et qui ennoie progressivement quelques
hums calcaires. Ce secteur est comme celui des terrasses presque enti
èrement consacré aux cultures sèches : la terra rossa transportée et
mélangée d'une proportion importante de graviers et de sables y donne
des sols vite égouttés et relativement acides car décalcifiés en surface ;
ici les talus d'épierrement permirent de rajuster la pente originelle des
cônes et de ralentir le transit vers l'aval des eaux d'infiltration superf
icielle ; les parcelles sont plantées d'arbres fruitiers car les cultures
sont réparties en deux étages : un étage inférieur traditionnellement
consacré aux céréales, et l'étage des arbres, pommiers en majorité, dont
les racines peuvent atteindre en profondeur à la fois les couches moins
lessivées des alluvions et l'eau d'inféro-flux qui circule lentement d

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