Théories linguistiques, modèles informatiques, expérimentation psycholinguistique - article ; n°40 ; vol.9, pg 30-40
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Description

Langages - Année 1975 - Volume 9 - Numéro 40 - Pages 30-40
11 pages
Source : Persée ; Ministère de la jeunesse, de l’éducation nationale et de la recherche, Direction de l’enseignement supérieur, Sous-direction des bibliothèques et de la documentation.

Informations

Publié par
Publié le 01 janvier 1975
Nombre de lectures 21
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Extrait

M. Bernard Py
Théories linguistiques, modèles informatiques, expérimentation
psycholinguistique
In: Langages, 9e année, n°40, 1975. pp. 30-40.
Citer ce document / Cite this document :
Py Bernard. Théories linguistiques, modèles informatiques, expérimentation psycholinguistique. In: Langages, 9e année, n°40,
1975. pp. 30-40.
doi : 10.3406/lgge.1975.2297
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/lgge_0458-726X_1975_num_9_40_2297Daniele DUBOIS
Université de Paris VIII
Equipe de recherches « Etudes des acquisitions
chez l'homme, » associée au CNRS.
THÉORIES LINGUISTIQUES,
MODÈLES INFORMATIQUES,
EXPÉRIMENTATION PSYCHOLINGUISTIQUE
Certains aspects des recherches récentes en linguistique et en informa
tique ont des incidences plus ou moins directes sur le développement de la
psycholinguistique expérimentale, ou constituent des elaborations que le
psychologue peut utiliser comme hypothèses heuristiques. Notre analyse de
l'évolution même des domaines de la linguistique et de l'informatique sera,
dans cet article, nécessairement schématique ; nous supposons en effet le
lecteur plus informé des développements des recherches linguistiques que de
celui de la psychologie. En outre, nous ne retiendrons que certains aspects
des recherches linguistiques et des recherches en informatique : ceux qui ont
retenu l'attention des psychologues ou qui ont influencé leur démarche
expérimentale.
Historiquement, la psycholinguistique, sous cette dénomination, s'est
développée sur la base des théories psychologiques associationnistes, d'une
part, et des théories linguistiques distributionnalistes, d'autre part : sa
naissance « officielle » est marquée par le colloque tenu en 1953 aux Etats-
Unis, dont le compte rendu est publié dans Osgood et Sebeok (1954). Les
références théoriques de la linguistique sont alors celles d'une conception
séquentielle et probabiliste de la chaîne verbale. L'unité de base est le mot,
comme résultat des opérations de segmentation et comme unité de sens.
Cette conception du langage se trouve en accord avec les présupposés des
théories psychologiques béhavioristes. En conséquence se développe une
problématique psycholinguistique expérimentale, dans laquelle les dimens
ions du langage sont dégagées à partir de la description d'un corpus et
traitées comme un ensemble de variables indépendantes dans la procédure
expérimentale. C'est en fonction du repérage des valeurs de ces différentes
variables que sont analysées les régularités des comportements verbaux.
Ces variables donc essentiellement des décomptes (quantifications)
d'unités linguistiques de différents niveaux : fréquence d'occurrence des
mots dans différents échantillons de corpus, probabilités séquentielles et
transitionnelles des différentes catégories grammaticales, etc. Ceci permet, en
particulier, la définition des phénomènes linguistiques en termes de « niveaux
d'approximation de la langue » (Shannon, 1948). Sur le plan du fonctionne
ment psychologique, les corrélations entre ces mesures objectives du signal
et les comportements sont interprétées en termes d'habitudes verbales,
concept compatible avec les hypothèses psychologiques générales (loi de
l'effet) et avec les conceptions linguistiques de l'époque (voir sur ce point les
textes détaillés de Hormann, 1972 ; Amy, 1973 ; D. Dubois, 1975).
On remarque, à cette étape du développement de la psycholinguistique,
que les concepts sont d'abord analysés dans le domaine linguistique, puis
interprétés en termes psychologiques. Chronologiquement, on note en fait
un décalage entre les conceptualisations linguistiques et les résultats expé
rimentaux :
30 Bloomfield Shannon et Wealer Osgood et Sebeok
1933 1948 1954
Seule la fonction de signification est abordée en psychologie, sans réfé
rence explicite à une formulation linguistique préalable. La signification est
traitée comme substitution de l'étiquette verbale à l'objet de référence ou à
l'événement, à la suite d'associations répétées (selon les lois du conditionne
ment). La signification trouve sa genèse dans le processus psychologique de
dénomination, c'est-à-dire en liaison avec l'aspect référentiel du langage.
Ici aussi, c'est le mot qui est privilégié, en accord avec les théories linguis
tiques de l'époque, comme réponse intériorisée porteuse de signification.
Cette revue serait incomplète si on ne mentionnait pas les recherches
d'OsGOOD (1952 et 1963) qui nuancent nettement cette position béhavioriste
stricte. Dans le schéma médiationnel, la signification n'est plus assimilée à
une simple réponse globale, mais elle est élaborée à partir d'éléments frac
tionnels d'une globale. Ces éléments, d'origine sensorielle et/ou émot
ive, sont constitutifs d'une représentation mentale. La signification ainsi
« atomisée » permet, formellement, l'articulation des éléments introduits par
chaque item lexical avec la structure syntaxique des énoncés (Osgood, 1966,
1968). La signification reste néanmoins traitée dans une perspective d'acquis
ition des significations, c'est-à-dire de l'acquisition d'une liaison (associa
tion) entre une réalité extérieure et un lexique, et non comme sens, en tant
qu'ensemble de relations internes au système linguistique lui-même.
En marge de ces développements, la diffusion des travaux des linguistes
générativistes modifie radicalement les relations entre théories linguistiques
et recherches psychologiques. On assiste en effet au cours des années 1965 à
1970 à la naissance d'une nouvelle psycholinguistique, largement développée
dans l'ouvrage dirigé par Mehler (1969). Les recherches générativistes
déplacent en effet les objectifs de la théorie de la langue et fondent explicit
ement celle-ci sur des présupposés psychologiques :
« Nous tentons de développer l'étude de la structure linguistique comme
un chapitre de la psychologie humaine » (Chomsky, 1968, p. 101).
« La première [tâche du psychologue] est de découvrir le schéma inné
qui caractérise la classe des langues potentielles qui définit l'essence du
langage humain. Cette tâche est du ressort de la branche de la psychologie
humaine connue sous le nom de linguistique ; (...) La seconde tâche est
l'étude détaillée du caractère réel de la stimulation et de l'interaction org
anisme-environnement qui fait fonctionner les mécanismes cognitifs innés.
(...) La troisième tâche est d'étudier ce que nous pourrions appeler le pro
blème de la « confirmation » — dans ce contexte, le problème de la relation
qui doit exister entre une grammaire potentielle et un ensemble de faits
pour que cette grammaire soit confirmée comme la théorie effective de la
langue en question » (Chomsky, pp. 128-129).
La problématique expérimentale est alors de tester la réalité psycholo
gique des règles antérieurement mises en évidence par les recherches li
nguistiques. Il s'agit de la réalité psychologique de la segmentation de
l'énoncé sur les bases de sa description syntagmatique, et de la réalité psy
chologique des règles de transformation. Sur le premier aspect, ces recherches
utilisent principalement des procédures qui mettent en œuvre des processus
de perception du langage (Mehler et Carey, 1967 ; Bever, Lagkner et
Kirk, 1969). La segmentation de la chaîne sonore s'établit en fonction de
l'organisation syntaxique sous-jacente des énoncés. Les exemples utilisés
sont des cas dans lesquels des structures de surface identiques correspondent
à des structures sous-jacentes différentes, du type they are growling lions vs
31 are growing flowers (Mehler et Cahev, 1967), ou des cas d'ambiguïtés they
du type they are flying planes. En ce qui concerne la réalité psychologique
des règles de transformation, on a pu estimer, à partir de paramètres psycho
logiques (temps de réaction, fréquence des restitutions exactes et inexactes,
(...) que les sujets percevaient et utilisaient, principalement dans des tâches
de mémorisation, les similitudes de phrases dérivées à partir

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